La plus grande peur-panique des personnes homosexuelles, c’est qu’on leur apprenne que les véritables personnes homophobes, ce sont elles. Elles crient au scandale, mais c’est la vérité : Leur désir homosexuel est homophobe.
La plus grande peur-panique des personnes homosexuelles, c’est qu’on leur apprenne que les véritables personnes homophobes, ce sont elles. Elles crient au scandale, mais c’est la vérité : Leur désir homosexuel est homophobe.
Ce que notre société a du mal à comprendre, c’est qu’il n’y a pas plus homophobes que les personnes homosexuelles (assumées ou refoulées) car le désir homosexuel est contre lui-même. Littéralement, homophobie veut dire « peur du même », haine de soi.
Le plus important dans mon livre (Homosexualité intime + Homosexualité sociale) n’est pas tant la description du lien entre le viol (ou plutôt le fantasme de viol) et le désir homosexuel que la distinction que je fais entre le couple hétérosexuel et le couple femme-homme aimant non-hétérosexuel. Je me permets d’insister sur ce point car il est capital. Il faut bien comprendre que dans ma bouche, le terme d’hétérosexualité est extrêmement négatif. Le couple hétérosexuel est aussi irréel et violent que le couple homosexuel, et il n’y a pas lieu de faire du couple homosexuel et du couple hétérosexuel des opposés : je me bats pour qu’on les reconnaisse comme des jumeaux fantasmatiques. Après avoir compris cela, mon discours sur l’homosexualité vous paraîtra beaucoup plus aimant et intelligible.
J’ai remarqué que l’un des sujets de société qui partageait actuellement le plus la population mondiale était l’homosexualité. Peu de personnes semblent avoir vraiment une idée ou une opinion précise là-dessus. La majorité ne sait pas quoi en penser. Même les responsables des grandes religions tiennent un discours encore trop flou et maladroit à ce propos. On se contente de dire qu’on est « pour » ou « plutôt contre » sans chercher à comprendre pourquoi, ni à s’en justifier.
Un soir que je me trouvais à une soirée organisée par mon groupe catho de jeunes adultes de Savigny-sur-Orge, en 2007, on avait décidé de traiter d’un sujet plutôt difficile : les prises de position de l’Église catholique qui nous posent le plus problème ou question. Pendant ce débat improvisé, on est arrivés à trouver ensemble un brin de réponses sur tous les thèmes de société possibles inimaginables, même les plus épineux (le cas des divorcés remariés, l’euthanasie, l’avortement, le préservatif, etc.)… Tous les thèmes sauf un seul : l’homosexualité ! Comme par hasard ! Même en fin de soirée, personne n’est arrivé à se mettre d’accord. Comme s’il s’agissait d’une question ultra difficile, insoluble. Et quand elle est un peu abordée dans les émissions de télé, tout le monde s’excite en un rien de temps. Ceux qui se disent « hétéros » ont peur de gaffer et de blesser quand ils en parlent ; ceux qui se disent « homos » la défendent avec une assurance trop assurée et agressive pour s’appuyer sur une vraie réflexion sur le désir homosexuel (d’ailleurs, quand on leur demande de mettre des mots sur leur homosexualité, la discussion tourne vite court… On arrive très vite à les coller sur des points pourtant hyper connus de la culture générale homosexuelle). Que se passe-t-il donc avec le désir homosexuel ? Si vous voulez mon avis, je crois qu’il ne déchaînerait pas autant les passions et ne diviserait pas autant les gens s’il ne portait pas déjà en lui la trace ou les germes du viol.
Scoop saisissant que la majorité des personnes homosexuelles mettra des années à comprendre : il y a autant de personnes homophobes chez les ennemis affichés ou masqués des personnes homosexuelles que chez les personnes homosexuelles fières de leur homosexualité et qui barrent l’accès à la réflexion sur leur désir homosexuel pour défendre la soi-disant vérité de leur identité homo ou de leur amour homosexuel par les arguments passe-partout de la tolérance, du « genre », de la beauté de la diversité et de l’égalité. Les Queer et Gender Studies sont des nids d’homophobie, même si elles défendent en apparence les personnes homosexuelles et leur liberté.
Samedi 25 septembre 2010. Je lis les propos du groupe Sexion d’Assaut à propos des personnes homosexuelles dans le magazine International Hip Hop (« Pendant un temps, on a beaucoup attaqué les homosexuels parce qu’on est homophobes à 100 % et qu’on l’assume. Mais on nous a fait beaucoup de réflexions et on s’est dit qu’il était mieux de ne plus trop en parler parce que ça pouvait nous porter préjudice. Pareil pour les autres religions, on ne les attaque pas parce qu’on respecte quand même un minimum les autres et qu’on ne peut pas les forcer à être dans le vrai et musulmans comme nous. (…) Il y a quand même des gays qui viennent nous voir ! On ne peut pas se permettre de dire ouvertement que pour nous, le fait d’être homosexuel est une déviance intolérable. »). Ce qu’ont du mal à comprendre ces rappeurs musulmans qui clament fièrement leur homophobie, c’est d’une part qu’originellement l’Islam n’est pas une religion de la haine mais une religion de l’amour, et d’autre part que l’affichage de l’hétérosexualité n’est pas une preuve de sa non-déviance sexuelle (les couples femme-homme solides et qui s’aiment vraiment ne se définissent pas comme « hétérosexuels » mais comme des couples d’êtres humains, tout simplement) mais au contraire un aveu inconscient de sa déviance, une preuve non pas toujours d’une homosexualité refoulée (quoi que… parfois, on a des surprises…) mais en tout cas d’une sexualité violente, machiste, déséquilibrée, dans le cadre pourtant classique des relations femme-homme. Il ne suffit pas qu’un couple intègre la différence des sexes ou la durée pour qu’il soit aimant. L’hétérosexualité et l’homosexualité sont jumelles. Je me tuerai à le dire. Je crois beaucoup plus un homme marié qui refuse de s’étiqueter « hétérosexuel » mais qui aimera véritablement sa femme qu’un homme à la sexualité incertaine qui va se précipiter à se définir comme « hétérosexuel » ou « 100 % homophobe » pour nier les violences qu’il inflige à sa femme dans le cadre normé et apparemment légitime du mariage religieux.
Pendant l’été 2002, alors que je venais de faire mon coming out à mes parents et que j’apprenais à découvrir le « milieu homosexuel » à travers les associations, les établissements gay friendly, et Internet, j’avais décidé de partir à la rencontre de mes amis internautes de Caramail en faisant un petit Tour de France, parfois en stop, parfois en train, entre Paris, Orléans, Montpellier, et Marseille. La dernière étape de mon parcours était Marseille. Le « carapote » que je devais voir n’avait pas de quoi me loger. Me retrouvant à la rue, j’ai donc pris sur moi pour aller sonner au couvent des frères dominicains de Marseille, car mon grand-frère fait partie de l’ordre, et donc j’espérais que mon lien de parenté avec ma « presque-belle-famille » et l’hospitalité chrétienne me serviraient de passeport… ce qui fut en effet le cas ! Le frère Jean, un type super, m’a accueilli chaleureusement au portail et m’a laissé une chambre sans me demander aucune explication ni argent. En toute gratuité (…bref, en clair, le frère Jean est un homme de Dieu !) Comme il m’avait en plus laissé les clés de cette oasis spirituelle en plein cœur de la cité grouillante, je pouvais sortir à loisir le soir dans les bars homos marseillais et revenir à l’heure que je voulais : le pied !
Un midi, les six frères dominicains qui résidaient à cette période dans le couvent m’ont gracieusement offert le repas. Comme je ne pouvais pas donner la vraie raison de ma mystérieuse présence, et que les religieux qui m’entouraient n’osaient pas, par pudeur ou par indifférence, me la demander, ils ont commencé à me poser tout un tas de questions inintéressantes sur la pluie et le beau temps : quels sont les coins de ma région natale choletaise et angevine intéressants à visiter ? quels sont les plats typiques à déguster là-bas et quelle est l’histoire de la Vendée et du Maine-et-Loire ? quels sont les intellectuels espagnols que j’ai lus ? etc. etc. Les références qu’ils me citaient m’étaient inconnues. Je n’étais pas, je le voyais bien, à la hauteur de l’érudition qu’ils attendaient de moi. En plus, je n’ai jamais eu l’esprit très pratique ; pour me repérer géographiquement dans l’espace, par exemple, mémoriser le nom des rues, les marques de voitures ou de fringues, ou bien pour retenir des anecdotes historiques précises de sujets qui ne m’intéressent pas, j’ai toujours été une bille… J’avais envie de leur répondre qu’à part la marque du dernier vernis à ongles d’Alizée, je ne connaissais pas grand chose… Je sais juste que Dieu est amour pour tous les Hommes, et que je suis aimé spécialement par Lui : ça me suffit pour vivre heureux ;-). Comme les dominicains sont un ordre prêcheur et intellectuel, certains frères aiment étaler leur science et vous démontrer qu’ils connaissent mieux votre vie (qui est censée pourtant leur être étrangère) que vous-même, pour gagner la joute verbale, pour vous transformer en imbécile, et ne pas vous écouter. C’est exactement ce qui s’est passé avec le jeune frère asiatique Patrick Nguyen qui, en me voyant aussi peu affable sur le cours de la maugette (= le haricot blanc de la Vendée) et le classement des ventes de Coteaux du Layon en France, m’a demandé devant tout le monde si je comptais un jour publier mes mémoires. J’avais déjà songé à l’écriture d’un livre après la rédaction de mes travaux universitaires, mais je me suis bien gardé de le dire et de dévoiler que je venais à Marseille pour sortir dans les établissements gay, rencontrer des internautes homosexuels, et nourrir ma réflexion sur le « milieu homo ».
C’est alors que ce gentil ecclésiastique, fier de son cerveau, sûr de ses bons mots et de sa supériorité intellectuelle, a rajouté : « Quel nom pourrions-nous leur donner, à tes mémoires ?… Ah oui ! Je sais ! Et si on les appelait « Memorias de un Burro » ? » (traduction de l’espagnol : « Mémoires d’un Âne ») Sa question acerbe ne demandait pas de réponse. Un seul des frères l’a entendue, comprise, et s’est montré choqué par la méchanceté gratuite de son confrère. Les autres n’ont pas relevé. Sur le coup, il m’a fallu dix bonnes secondes pour comprendre que je venais de me faire « casser » sévère… donc c’était trop tard pour répliquer. Je m’en suis voulu, après-coup, de ne pas avoir répondu du tac o tac, et d’avoir laissé ce cher frère Patrick Nguyen dans une arrogance que j’ai malheureusement observée chez un certain nombre de frères dominicains (arrogance qui me semble d’autant plus inacceptable qu’elle vient de personnes qui ont pour vocation première l’écoute et l’humilité).
Mais avec quelques années de recul, aussi bizarre que cela puisse paraître, cette histoire me plait énormément, et arrive même à me faire rire. Je me dis que si un jour, dans 50 ans, j’avais à écrire ma vie (chose qui semble peu probable… en tout cas difficile à dire du bas de mes 30 ans), ou si un essayiste avait l’idée de se pencher un jour sur ma vie pour en faire une biographie, le titre choisi par ce frère dominicain serait parfait. Car c’est tout à fait ça ! Je suis un véritable âne, dans tous les sens du terme ! Têtu comme un Aragonais, inculte comme un teen-ager, incapable comme un mec homo ! Tu avais raison, Patrick.
Ce qu’on a du mal à comprendre (…et pourtant, les faits homophobes viennent sans cesse le rappeler), c’est que le désir homosexuel est par nature homophobe. Il est à la fois pour et contre lui-même car il est le signe d’une idolâtrie. Quand la société aura compris cela, elle fera un très grand pas vers la compréhension de l’homosexualité ! Quand elle verra que l’homophobie n’est pas seulement, comme on se rassure de le penser, un refoulement de son désir homosexuel, mais aussi et surtout une acceptation sans limite et irréfléchie du désir homosexuel, elle ne sera même plus tentée de l’appeler « désir ». Le désir homosexuel est plus un refoulement du Désir que réellement un désir. Les personnes homophobes se trouvent autant chez les personnes qui refoulent leur homosexualité que du côté des individus qui disent « assumer totalement et fièrement leur homosexualité » pour ne pas avoir à se remettre en cause.
Mon livre (Homosexualité intime + Homosexualité sociale) traite des liens entre désir homosexuel et viol. Cela peut choquer si on en reste à la définition sociale du mot « viol ». Mais en réalité, elle est plus vaste. Par « désir de viol », je n’entends pas seulement le désir de posséder quelqu’un sexuellement ou d’être possédé sexuellement, mais aussi le désir d’être objet ou fétiche sacré, d’être double, d’être quelqu’un d’autre, d’être une moitié d’Homme, d’être Dieu, d’aimer d’un amour fou.
Je ne suis pas d’accord pour qu’on dise que les personnes homosexuelles ne PEUVENT pas être de bons parents. Ce n’est pas en termes de « capacité », de « possibilité » qu’il faut voir la chose, mais d’idéal : d’une part, tout ce qui est possible n’est pas forcément idéal ; et d’autre part, il est intellectuellement tout à fait envisageable qu’un enfant grandisse avec plus d’amour dans une famille monoparentale ou homoparentale que dans une famille intégrant la différence des sexes. La présence de la différence des sexes dans un couple est importante mais ne suffit pas à elle seule pour décréter que l’unique forme de famille possible pour accueillir un enfant est le couple femme-homme. C’est l’expérience aimante et joyeuse de la différence des sexes qui est idéale. Pas la différence des sexes seule. C’est pourquoi je dirais que le couple homosexuel n’est pas idéal pour l’accueil d’un enfant, même si dans les faits, il PEUT très bien le faire. Je ne dis pas que les couples homosexuels ne sont pas capables d’élever correctement des enfants. C’est qu’ils ne « doivent pas forcément, dans l’idéal ». Ce n’est pas pareil. Pour être un bon parent, cela ne dépend pas que de l’individu ou du couple : cela dépend aussi de la structure conjugale où cet individu s’inscrit, et des bienfaits non-négligeables du respect de la différence des sexes.