L’infidélité amoureuse au sein de la communauté homosexuelle, c’est toujours le diable sur qui tout le monde crache pour mieux la pratiquer et la banaliser dans les faits. Mais en gros, personne n’en parle…
Cela va peut-être vous surprendre, mais j’ai une grande envie de la dédiaboliser et de la désacraliser, cette déesse, pour lui rendre ses lettres de noblesse une fois qu’elle se sera convertie et canalisée en Christ.
Parmi mes frères homosexuels qui sont en couple, j’ai une empathie et, étrangement, une proximité et une admiration particulière pour ceux qui sont soit super possessifs, soit super infidèles (généralement, les deux vont ensemble : ces gens deviennent infidèles et imbuvables avec leur compagnon parce que précisément leur sonnette d’alarme, leur insatisfaction en amour, et leur soif de grandeur ne sont pas entendues !). Je préfère de loin l’entièreté des garçons et des filles infidèles à la mollesse de leur partenaire dévoué et consommateur, passivement fidèle, parce que dans leur écart de conduite, on peut encore trouver un soubresaut d’énergie recyclable, une emprise ou une intelligence (l’intelligence du désespoir), y lire un appel fort à la sainteté, un cri prometteur, un possible réveil, une future décision d’arrêter les conneries et de se prendre au sérieux. Quelqu’un de très infidèle est capable, dans un autre cadre conjugal, de tout plaquer pour être « fidèle à plein temps ». Quand les personnes homosexuelles vont « voir ailleurs », elles puisent au moins une énergie qui les aident à assumer d’être les salauds de l’histoire, les excessifs, les incompris, les révolutionnaires qu’elles ont toujours rêvées d’être. Et cette intention, j’aime ! Elles s’élèvent contre le confort ronflant et généralisé des couples homosexuels (même si, par l’infidélité, elles le résolvent et le problématisent mal). Elles ont le courage de dire tout haut (et pour deux !) l’insatisfaction d’un état de vie amoureux peu comblant dont leur partenaire se serait facilement accommodé. Les hommes homosexuels infidèles et libertins sont de grands idéalistes au fond (sinon, ils n’en seraient jamais venus à tordre le cou à leur romantisme avec une telle désinvolture et un tel cynisme !). J’exècre l’infidélité, mais j’aime la promesse de force dont elle peut être témoin si sa radicalité est retournée vers le Seigneur.