La jalousie, c’est le déni de son propre désir de se substituer à l’autre et de le détruire dans cette fusion. Qu’il chante et danse juste, on lui dira qu’il « se la pète ». Qu’il se montre et se donne, et on le taxera d’exhibitionniste, de narcissique, de victime de l’image et de la starification. Qu’il dise des vérités, et on lui inventera un orgueil démesuré ou le résultat de leurs pires instrumentalisations. Qu’il soit jeune, et on lui reprochera son manque d’expérience ou de recul, son idéalisme mièvre. Qu’il soit âgé et on le dira passéiste, conservateur. Qu’il soit homme et on lui dira qu’il ne peut pas comprendre les femmes, et inversement. Qu’il soit croyant, et on le déguisera de fondamentaliste aliéné par sa propre religion. On lui demande au fond d’être les autres, d’être Tout, et de renoncer à être simplement quelqu’un. Quelqu’un d’unique, avec un passé, une éducation, une histoire, des croyances, des désirs, des convictions, des amis divers, une vie faite de ratés et de réussites. Oui, le seul tort que le jaloux a à faire porter à celui qu’il jalouse, c’est d’exister.