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Les retombées homophobes de la loi du « mariage pour tous »

Les Français sont-ils devenus sourds et ont-ils perdu leur libre arbitre ? Pro ou anti « mariage pour tous », pour l’instant, pas un camp pour rattraper l’autre ! Nous avons un mal fou à comprendre que le projet de loi qui arrive en grande pompe dans notre pays n’est absolument pas porté par un « lobby gay », n’émane pas du tout « des » homos, mais que c’est plutôt l’ensemble de la société libertaire, hyper-libérale et bisexuelle – dont nous sommes tous héritiers et acteurs – qui veut faire porter le chapeau de sa conception à la fois sucrée et totalement désincarnée, désenchantée, matérialiste et désunie de l’Amour, aux personnes homosexuelles réelles. Cette société bobo, chantant un « amour libre » ouvert à tout type de sentiments (oublie-t-elle que la haine est aussi un sentiment ? ou bien que les sentiments sont l’autre nom donné aux pulsions par l’Homme qui a quitté le Réel ?) va se retourner contre elles une fois qu’elle leur aura donnée ce qu’elles n’ont jamais demandé. Quand prendrons-nous conscience que la communauté homosexuelle ne profitera absolument pas de ce changement sociétal mais qu’au contraire il le lui sera imputé, et que la note risque d’être salée ? Ce n’est pas moi qui l’invente. Toute loi universelle particulariste, inutile ou inadaptée à la réalité des personnes qu’elle est censée servir, s’est révélée historiquement catastrophique pour elles.

Pensons par exemple aux mouvements féministes, qui ont contribué encore plus à transformer les femmes en objets.

Dans les débats sur le modification du mariage, nos politiciens ne se focalisent que sur les rares couples homosexuels qui sont prêts à jouer temporairement le rôle de « sincères utiles » qui les confirmeront dans leurs promesses électorales démagogiques. Ce que sont vraiment les personnes homosexuelles, ce qu’elles vivent en couple, leur difficulté à trouver l’amour, les drames sociaux dont leur orientation homosexuelle est le reflet, nos gouvernants s’en contrefichent. Eux, ils aiment la personne homo sous forme de « droit » ou de « contrat » ou de faire-valoir politique. Non en tant que PERSONNES. La société gay friendly veut le bien des personnes homosexuelles sans le faire. C’est bien là tout le paradoxe de ces lois bien intentionnées !

Mais réveillons-nous ! Tout autant que les enfants, voire peut-être plus, la loi du « mariage pour tous », si elle est appliquée, portera un lourd préjudice aux personnes homosexuelles, même si la plupart d’entre elles ne s’en rend pas encore compte car elles se laissent flatter, infantiliser et applaudir pour un temps comme les reines du carnaval télévisuel… sans deviner l’immolation qui attend leur char. En effet : non seulement nos législateurs socialistes ne reconnaissent pas le désir homosexuel comme spécifique (la loi ne s’appelle pas « le mariage homosexuel » ou « le mariage pour les couples homosexuels », rappelons-le) mais ils placent le désir individuel (individualiste, au fond) comme unique critère de Vérité et d’Amour : il s’agit bien d’offrir le titre de « mariage » à TOUS CEUX QUI LE DÉSIRENT. Or, d’aucuns savent que si tous les désirs individuels priment sur le bien commun et le Réel du moment qu’ils se présentent comme « sincères » et « progressistes », c’est le début d’une belle anarchie de réclamations, d’une inflation ingérable des fantasmes. Et même les désirs homophobes auront dans ce cas-là droit de cité ! Logique ! N’oublions pas que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.

Le projet de loi sur le « mariage pour tous », qui dans un premier temps n’impactera la réalité de l’Amour et de la filiation que symboliquement et minoritairement (c’est pour cela qu’il a l’air banal et qu’il ne semble pas mérité, à première vue, de fortes oppositions), est avant tout une négation de l’existence humaine dans sa globalité (surtout en ce qui concerne sa  conception et son incarnation ; la différence des sexes étant la condition sine qua non de cette existence, que l’union entre deux personnes de même sexe à l’évidence ne remplit pas et éjecte). Mais plus gravement et invisiblement – car il prend l’apparence d’un bien –, il constitue une négation de la singularité des personnes homosexuelles, une négation de la spécificité de leurs unions, une négation de la fragilité de leur état de vie, une négation du désir homosexuel (qui n’est absolument pas analysé), bien avant de s’étendre à l’ensemble de la société et des enfants. Non seulement le « mariage pour tous » n’accueille pas concrètement les personnes homosexuelles – il ne les accepte que si elles sont prêtes à jouer pendant cinq minutes d’antenne télévisuelle le rôle de militants qu’on attend d’elles – mais en plus, il vient leur prendre le micro de la bouche, parler à leur place, car sur le terrain, une extrême minorité de couples homosexuels souhaite se marier. Les plus solides parmi eux sont justement ceux qui ne veulent pas du mariage ! C’est dire si ce « mariage pour tous » ne dit pas l’authenticité des unions homosexuelles, mais au contraire vient prouver/accentuer leur vanité !

Les menaces qui pèsent sur les personnes homosexuelles ne sont pas des vues de l’esprit.

À travers ce projet de loi, on constate en premier lieu que les personnes homosexuelles ne sont pas soutenues par ceux qui se présentent comme leurs défenseurs et leurs justiciers. Soit ils intercèdent pour elles avec une agressivité suspecte et inefficace, soit ils les exaucent dans leur soi-disant souhait d’« égalité de droits » par mollesse, dans un relativisme d’indifférence : « Après tout, s’ils s’aiment… Moi, ça ne me dérange pas qu’ils se marient. Ils ne feront pas pire que les couples hétéros, de toutes façons. » Mais quel mépris, quelle condescendance, quand on y pense, dans cette adhésion distante, ces jolies formules apprises et publicitaires sans fond ! Les sujets homosexuels sont les poubelles de table, les cautions morales de la société bisexuelle qui ne croit plus en l’Amour et qui leur donne le mariage précisément au moment où elle le dévalue le plus et où il ne veut plus rien dire pour elle. Elle ne se préoccupe pas d’eux : d’ailleurs, la loi qui risque de passer n’est même pas un mariage « pour les personnes homosexuelles » mais un mariage pour un « tous » anonyme, lisse, inconsistant, uniformisant, qui ne reconnaît pas la singularité et les inégalités de fait/ d’identités entre les individus qu’elle prétend télévisuellement accueillir à bras ouverts. C’est une législation d’indifférence et d’indifférenciation complètement déshumanisée et asexuée. Comment peut-on trouver ça beau et défendable ?

De plus, si la loi est promulguée, les législateurs français mettront les personnes homosexuelles dans une position très inconfortable d’« époux » et de « parents » (sans parler du bordel sans nom que sera la « co-parentalité » à rallonge en cas de divorce !), époux et parents qu’elles ne sont pas et qu’elles ne seront jamais en couple homo, non parce que la société le leur interdirait, mais parce que leur corps et leur amour ne peuvent objectivement pas les porter, et aussi parce que les réalités humaines de la conjugalité, de l’adoption, et de la filiation, ne tiennent pas à coup de bonnes intentions, ne sont pas uniquement affaire de sentiments ou d’éducation : elles concernent la Réalité anatomique et symbolique de l’être humain dans sa globalité ! N’oublions pas que par nature, le couple homosexuel n’est pas procréatif, et que concrètement, les couples homos réels sont dans leur grande majorité compliqués, usants, insatisfaisants, parfois même violents, en tous cas fragiles (et qu’on le veuille ou non, plus fragiles que beaucoup de couples femme-homme aimants : vous lirez mon livre L’homosexualité en vérité et les passages sur l’infidélité et le manque d’incarnation des unions homosexuelles si vous en doutez encore). Qui ose reconnaître les limites objectives de la structure conjugale homosexuelle, à part les couples homos les plus stables ? Quand je dis qu’à travers une loi pareille, la société fera porter aux personnes homosexuelles des réalités conjugales et filiatives qui sont trop lourdes pour leurs épaules, je pense non  seulement à la complexité du mariage (qui a dit que le mariage et les devoirs d’époux étaient faciles à tenir ?), à la complexité de l’adoption (rares sont les procédures d’adoption, puis les cas d’adoption réussis et simples, qu’on se le dise !), mais aussi aux risques réels de l’agencement de ces deux réalités « mariage + filiation » (infidélité, lourdeurs de l’union homosexuelle amplifiées par la paperasse et le matériel, enfants rebelles, complexité du partage de la garde de l’enfant en cas de divorce, ambiguïté de la co-parentalité, micmac de l’éducation d’enfant dont on prive des vraies origines, etc.). Pourquoi chercher à mentir aux personnes homosexuelles ?

Comme l’étiquetage « mariage » ne correspond pas à la réalité existentielle, conjugale et sociale des unions homosexuelles, il risque en plus, à long terme, d’être à la fois totalement banalisé, mais (pire encore) réclamé et retiré sous forme de dette aux personnes homosexuelles, dans un élan social d’homophobie qui va surprendre tout le monde, y compris les « friendly » (qui leur avaient fait jadis des courbettes) et les militants LGBT qui se verront cracher sur leurs jouets cassés et sur les membres de leur communauté qu’ils n’assument déjà pas du tout (la plupart d’entre eux se disent « hors milieu » et anti-communauté homosexuelle). Le monde découvrira les atteintes à la dignité humaine, aux vrais pauvres, aux enfants, à la société, aux personnes homosexuelles elles-mêmes, que des mythologies identitaristes et amoureuses (telles que le coming out, le « couple » homosexuel) et que des lois carnavalesques et irréalistes (telles que le mariage ou l’adoption) ont poussé les individus homos à commettre. Et le retour de boomerang homophobe ne se fera pas longtemps attendre ! Les personnes homosexuelles seront, comme au bon vieux temps du Berlin homosexuel des années 1930-1940, jetées en pâture à la vindicte populaire. On les suspectera d’opportunisme, d’arrivisme, d’avoir joué les victimes pour satisfaire des caprices qui ne rendent pas service à la société (parce qu’il y a quand même un monde entre la « discrimination » de se voir refuser un « droit à se marier » irréaliste et les discriminations sociales concrètes engendrées par la crise économique, par exemple !). Les communautés culturelles étrangères présentes en France, très centrées sur la perpétuation des générations, et culturellement pas du tout sensibles aux sentiments dans la composition des couples, verront d’un très mauvais œil l’impasse généalogique du couple homosexuel, le non-accomplissement de sa dette humaine sociale : certaines sont du genre à traîner la communauté homosexuelle en procès de Crime contre l’Humanité, contre la Nature et même contre Dieu ! Pour elles, l’union homosexuelle est un « individualisme à deux » qui joue le jeu des riches, des impies, de la débauche, des divorces, de la prostitution, de la société matérialiste, des dictatures humaines idolâtres à éradiquer.

L’homophobie qui s’abattra comme une foudre sur la communauté homosexuelle n’arrivera évidemment pas que de l’extérieur. Elle viendra précisément de l’intérieur, comme c’est déjà le cas actuellement dans le panier de crabes qu’est la communauté LGBT internationale. Leurs ex-amants traiteront les personnes homosexuelles de tous les noms, les maudiront, les ignoreront. Et le cortège d’agneaux carnivores bêlants (devenus adultes !) frappera violemment à la porte du Centre LGBT le plus proche pour se plaindre de l’irréalité de l’amour homosexuel, de la supercherie de l’homoparentalité (qui ne sera jamais une parenté), des nombreux manquements à l’Amour des personnes homosexuelles (viols, incestes, pédophilie, agressions homophobes entre personnes homosexuelles, suicides, prostitution, corruption, tourisme sexuel, marchandage des corps, mutilations chirurgicales, dictature et censure politiques, etc. : je renvoie les sceptiques ou les outrés à mon Dictionnaire des Codes homosexuels sur le site www.araigneedudesert.fr). « Vous nous avez trompés sur l’Amour, sur l’identité humaine, sur l’homophobie, sur la victimisation ! Ne vous plaignez pas, engeances d’hypocrites ! » vocifèrera la communauté hétérosexuelle. « Ne vous qualifiez plus  d’homosexuels ! Vous êtes comme nous : des amoureux indifférenciés, et même pas sexuels ! Vos gueules ! Ne rentrez pas dans le ghetto communautariste marchand gay ! » s’insurgera la société bisexuelle queer secrètement homophobe. « Vous m’avez menti sur la réalité de ma conception. Vous m’avez privé de la Réalité, de mon père, de ma mère, de l’amour dans la différence des sexes ! » incriminera l’enfant né dans un couple de même sexe. « Vous m’avez exploitée et volé mon bébé ! » dira la mère-porteuse qui, quelques années auparavant, avait pourtant accepté bon gré mal gré le chèque donné par le couple homosexuel pour entamer une GPA. « Vous m’avez utilisé et violé ! » s’exclamera le prostitué. « Vous avez détruit mon couple et ma famille ! » menacera le père de famille bisexuel. « Tu ne m’as jamais vraiment aimé tel que je suis ! » hurlera l’amant vexé et vengeur. Oui, le désir homosexuel pratiqué et banalisé par une civilisation en perte de repères n’engendre pas de petites frustrations ni de guerres mineures ! C’est un ouragan. Tenons-nous-le pour dit !

Nous devons donc protéger les personnes homosexuelles de cette loi inique et inadmissible du « mariage pour tous » qui rentre dans ce grand mouvement soixante-huitard de justification de la pratique homosexuelle (tout comme l’avait fait auparavant la propagande pro-coming- out, anti-Sida, pro-PaCS, etc.). Sans dramatisme, sans jouer les prophètes de malheur, mais avec fermeté et lucidité sur ses conséquences homophobes logiques. En ayant conscience que ce sont les sujets homosexuels les véritables individus menacés par elle.

À l’approche des manifestations françaises contre le projet de loi du « mariage pour tous » (la manif régionale du 17 novembre 2012, la manif nationale de janvier 2013), il nous faut réfléchir sur l’esprit de notre opposition, et sortir d’un conflit « hétéros VS homos », « anti-mariage VS pro-mariage », « fachos VS progressistes » pré-orchestré par une minorité de militants homosexuels et une majorité de médias malveillants qui cherchent à court-circuiter les débats et à imposer leur censure. Que les choses soient claires : nous devons défiler, il me semble, POUR les personnes homosexuelles, et non pas CONTRE elles. C’est mon principal appel et leitmotiv, en tant que personne homosexuelle déclarée.

Ne nous fions pas au discours paranoïaque « anti-lobby gay » de certains groupuscules familialistes pro-life et pseudo « cathos » (qui ne sont pas cathos du tout, en réalité : Civitas, si tu nous regardes…). Arrêtons avec ça. Les personnes homosexuelles ne sont pas les instigateurs de la loi sur le mariage inconditionnel, ni au fond ses bénéficiaires, ni des capricieux, ni des méchants, ni des destructeurs volontaires de la famille et du mariage, ni celles qui tirent souterrainement les ficelles de la propagande médiatique pour l’« ouverture » du mariage. Elles sont utilisées comme moyens de persuasion sentimentalo-électoralistes, tout au plus, et dans quelques années, sous la pression d’autres nations et civilisations beaucoup moins laxistes et « démocratiques » que la nôtre, les mêmes hommes de loi qui leur auront donné des bagues, confectionné leur tulle, lancé du riz, signé des faux diplômes et confié des enfants, les ignoreront, les mépriseront, retourneront leur veste, déchireront les preuves gênantes de leur collaboration gay friendly aux mythologies identitaires-amoureuses-filiatives bisexuelles sur l’Amour portées par leurs petits protégés homosexuels.

Suis-je un oiseau de mauvais augure, qui entrevoit dans cette loi du « mariage pour tous » un péril homophobe démesuré uniquement parce qu’il le rêverait, par homophobie inconsciente ? Tout le laisse croire puisque je suis l’une des rares personnes homosexuelles à crier haut et fort au risque de naufrage alors que la communauté homosexuelle va objectivement droit vers l’iceberg qui le coulera si elle ne réagit pas maintenant. Et pourtant, les risques que je soulève sont réels et imminents ! Ils n’ont rien d’une prophétie paranoïaque. Je ne suis pas en train de rêver le malheur des personnes homosexuelles, de sombrer dans un catastrophisme déplacé,  ou d’attiser un feu allumé davantage par mon alarmisme que par le réel. Seulement voilà, je ne peux pas ignorer les conclusions qui s’imposent sur les actes homophobes violents qui ont lieu partout dans le monde, et en particulier dans des pays gay friendly où on ne les attendait absolument pas. Les bars gay incendiés récemment par des islamistes à Rotterdam, ce n’est malheureusement pas du mythe : ça se passe aujourd’hui ! Je ne peux pas non plus garder pour moi les découvertes que j’ai faites sur les mécanismes paradoxaux de l’homophobie, et sur les crimes homophobes, si rarement analysés et problématisés.

Donc par pitié, au nom de mes frères homosexuels, dont beaucoup sont aveugles et ne voient pas le cadeau empoisonné qui leur est fait, protégez-nous de cette loi ! Nous en serons les premières victimes (consentantes) !

Erwann Binet : l’entêtement orgueilleux et populiste appelé « engagement »

En lisant les propos du député PS de l’Isère Erwann Binet dans le Journal du Dimanche du 3 novembre 2012, j’écarquille les yeux. Déjà, quand nous étions réunis tous les deux sur le même plateau-télé de la chaîne KTO il y a un mois de cela, ce père de famille de 39 ans m’avait sidéré par son refus d’écouter les arguments construits de ses détracteurs, par son déni de réalité, et par son mépris de ceux qui tentaient de le ramener à la réalité, aux personnes dont il se disait défenseur, aux situations humaines concrètes que son discours « anti-discriminations » niait. Mais là, j’avoue qu’il a atteint des sommets dans la lâcheté et le goût de l’image.

 

 

Il va falloir expliquer à ce rapporteur officiel du projet de loi du « mariage pour tous ceux qui le désirent » que l’engagement humble au service de l’État, cela implique d’être persévérant, certes, mais pas rigide, y compris quand on s’annonce sous les auspices de la « solidarité ». Socialiste ou pas, un homme politique démocratique digne de ce nom doit accepter parfois de se contredire, de sortir de l’image, de ne pas être toujours populaire, de tenir tête aux chantages affectifs qui risquent de nous faire oublier le bien commun, et de ne pas s’entêter dans un projet de loi qui ne fait pas l’unanimité, y compris dans les rangs de gauche. Un programme électoral n’est pas une table de la Loi, un diktat, une promesse rigide qui s’impose à nous et au reste du monde. Il n’est pas un jurement sur l’honneur dans lequel on joue notre personne : c’est une ligne d’horizon qui peut être affinée, voire même qu’on doit contourner si les actes qu’elle nous fera poser seront incertains, peu réalistes, inhumains, indifférents aux plus fragiles (les enfants et les personnes homosexuelles, entre autres) et à l’ensemble de la société. Car il faut bien percevoir une chose dans les mots de Monsieur Binet : le député PS ne s’intéresse ni aux enfants en tant que PERSONNES, ni aux sujets homosexuels en tant que tels non plus. Il ne les aime que sous forme de « droits LGBT », de « preuves de progrès », de « certificats de valeurs éducatives et d’amour », de « rôles sociaux », de « signes latents que le gouvernement tient ses promesses électorales », d’« arguments politiques », de « labels Solidarité et Émotivité », bref, de « preuves d’engagement ». Le Peuple réel et souverain, concrètement, il n’en a rien à cirer. D’ailleurs, sur les plateaux-télé et dans les articles de journaux dans lesquels il est interviewé, Erwann Binet ne nous parle pas des enfants ni des personnes homosexuelles : il reste dans l’émotionnel, la bonne intention, la victimisation et l’agressivité policée. Son but est de défendre son idée de « progrès » et d’« engagement », tout en méprisant les générations (ceux qui ne pensent pas comme lui, il laisse poliment entendre que ce sont des vieux cons : « La société bouge, les Français évoluent avec elle. Le clivage est surtout générationnel. »). Cela s’appelle diviser pour mieux régner (« Même les catholiques sont très partagés. » embraye-t-il).

 

Erwann Binet parle au nom d’un « tous » indéterminé, au nom d’un Peuple français qu’il n’écoute pas (car s’il l’écoutait vraiment, il tiendrait compte de sa diversité, il entendrait sa contestation croissante du projet de loi sur le mariage pour tous) : « Une majorité de Français est favorable au mariage et à l’adoption pour les couples de même sexe. » ; « Le texte qui est proposé aujourd’hui à l’Assemblée nationale et au Sénat est attendu par une majorité de Français. » Il reprend les bonnes vieilles méthodes traditionnelles du dictateur ou du censeur : il fait semblant d’écouter pour ensuite n’en faire qu’à sa tête, il se prend pour le Peuple (en toute bonne foi, générosité et « désintérêt » affiché, en plus !) et essaie de faire croire que tout le monde pense comme lui, pour finalement imposer son propre point de vue, un point de vue individualiste et particulariste que seule sa petite cour gay friendly – très bisexuelle et désenchantée de l’Amour et du mariage – applaudit : « C’est un texte qui a une dimension très personnel, intime même. » (Égocentrique et intentionnellement universelle, je dirais même…). Au lieu d’asséner franchement ses ordres, il les applique en douce, avec le sourire socialiste du « Cause toujours, tu m’intéresses ». En deux mots : Redoutable et despotique.

Au fond, sa seule motivation pour faire appliquer la loi du « mariage pour tous » obéit à un poncif intime qu’il impose à toute la France : celui de ne jamais se contredire et trahir ses promesses. Le poncif du paraître, en quelque sorte. « Il faut respecter les engagements pris devant les électeurs. » conclut Erwann Binet. Il ne développe pas pourquoi il faudrait absolument respecter les engagements, car en réalité, mis à part pour des questions d’image et d’égo personnel, il serait bien en peine de répondre. Et j’aurais envie de lui dire : Qu’est-ce qui, mis à part l’orgueil mal-placé et la soif de pouvoir, vous fait dire que tous les engagements humains doivent être tenus, et seraient irréprochables et justes en soi ? L’entêtement, appelé démagogiquement « engagement », n’a jamais été un dieu, un fétiche sacré qu’on brandit pour blanchir et innocenter toutes nos actions et pensées. Les êtres humains, on le voit bien au cours de l’Histoire, ne sont entêtés pour des belles causes, mais parfois aussi pour des Eldorado d’une violence inouïe, pour des chimères bien destructrices. Le jusque-boutisme de principe n’a jamais été une réussite et un gage de justice. Il n’y a pas de dictature humaine qui ne se soit pas avancée et imposée sous la bannière du « progrès », du « changement », de la « promesse », de l’« engagement » et de la « liberté ».

 

 

Amis gouvernants socialistes, vous est-il possible, de sortir des mots-slogans et des bonnes intentions pour appliquer l’Amour en conformité avec les réalités singulières des personnes ?

 

SVP, ne nous donnez pas le mariage

SVP, ne nous donnez pas le mariage

 
 

Chers amis politiques français,

 
 

Nous voilà en route pour les présidentielles de 2012, à un virage décisif. Et comme vous devez le constater, la proposition de loi pour imposer le « mariage homo » comme légal – et tacitement « normal » – dans notre pays se fait de plus en plus pressante, impérieuse, surtout en ces temps de Gay Pride où certains preux défenseurs de la Cause homosexuelle s’activent à se trouver un nouveau cri de ralliement accrocheur, une excuse percutante à leur déni identitaire et amoureux, une légitimité médiatique, pour recoller les morceaux d’une communauté homo pourtant en mille morceaux. Ça circule déjà partout sur internet, sur Facebook. Ça se présente comme une évidence incontournable et logique. On s’indigne sur le « retard français » (tout dépend de ce qu’on met derrière le mot « progrès »…), sur « l’homophobie d’État » (nouvelle trouvaille idéologique, suite au tout récent NON de l’Assemblée Nationale il y a 4 jours, le 14 juin 2011 dernier). Et ça accule aux décisions hâtives.

 

C’est pourquoi je me permets de vous écrire cette lettre pour que vous entendiez une autre voix que celle de vos interlocuteurs homosexuels habituels. Quitte à passer pour un homophobe de première ou un traître à mon propre camp, je vous demande de ne pas défendre dans votre programme électoral le « mariage homo » pour les prochaines élections présidentielles. Peut-être que le cas français concernant l’avancée des droits des couples homos, qui vous est montré comme une eau stagnante et moribonde, n’est pas si honteux et désespéré que cela… Peut-être même qu’il est réellement révolutionnaire ! Moi, en tout cas, je le crois. Et j’aime chez certains membres de la classe politique – dont vous faites peut-être partie – la résistance, l’inquiétude intellectuelle, la prudence, l’entêtement, l’insupportable « lenteur ». Sans rien perdre de leur fougue révolutionnaire et de leurs ardents désirs de changement, quelques politiciens n’oublient pas que le vrai Révolutionnaire est aussi celui qui résiste aux slogans publicitaires du soi-disant « progrès », qui tient tête aux fausses révolutions de notre époque si gourmande de droits… et si réfractaire aux devoirs.

 

Alors, comme ces dirigeants souples et fermes à la fois, n’ayez pas peur d’être impopulaires, de rester lucides, et ne mettez pas toutes les personnes homosexuelles dans le même panier, je vous prie. Les membres de la grande famille Rainbow ne sont pas tous d’accord pour soutenir le projet de loi du « mariage homo », et loin de là ! (moi par exemple, je suis homosexuel, et je trouverais aberrant que l’Etat français donne aux personnes homosexuelles – même aux couples fidèles et durables – ce droit), et il est important que vous entendiez ces dissonances, car elles peuvent être plus justes que la partition simpliste des premières personnes auditionnées.

 

Avec force, je vous appelle à NOUS résister, nous, personnes homosexuelles. Je vous enjoins à tenir bon, à ne pas tout nous céder, même si notre chant coloré de sirènes pleurnichardes (« Avez-vous pensé à tous ces enfants malheureux dans les orphelinats ?… à tous ces malheureux ‘parents’ stériles, surtout…? ») a ses délices et offrira pour certains d’entre vous de nombreux avantages et applaudissements émus ! Je me doute que vous êtes en ce moment particulièrement pressionnés à créer un PaCS amélioré : pressionnés par votre conscience et votre narcissisme déjà… mais aussi par un entourage amical et politique de plus en plus « arc-en-ciel » ; tannés par certains médias (qui vous menacent de vous afficher comme des « réac’ » si vous n’applaudissez pas des deux mains au passage des sympathiques chars pink), par l’image séduisante de la « tolérance made in Gauche » (et par son antithèse, le Spectre du Conservatisme nommé « Christine Boutin et sa clique »), par les slogans Bisounoursscandés par les haut-parleurs des militants homosexuels hargneux, par de nombreux pays dits « démocratiques » et qui ont baissé leur garde pour « faire plaisir » à la minorité homosexuelle. Mais malgré tout, gardez la tête froide, suivez votre conscience et votre bon sens, en prenant toujours assise sur le Réel, et vous serez les plus forts. Durablement.

 

La Formalité

 

Pourquoi je vous demande avec insistance de ne pas nous accorder la loi du « mariage homo » ? Ne croyez pas que ce soit par pure provocation ou pour faire parler de moi. Ne croyez pas non plus que je refuse cette loi du fait que je la trouverais mauvaise. À mon avis, elle n’est ni mauvaise, ni impossible, ni désastreuse. Elle est juste inadaptée. Si je dis non à la loi du « mariage homo », c’est uniquement parce que d’une part, nous, personnes homosexuelles, nous ne la voulons pas vraiment (demandez-nous dans les yeux si notre requête est réellement réfléchie, ou le fruit d’un discernement longuement mûri, et vous aurez la réponse… : ceux d’entre nous qui réclament le mariage à cor et à cris le veulent en réalité « pour le droit de le refuser », ou bien « pour les autres mais pas pour eux-mêmes », et n’ont pas compris ce qu’était la réalité du mariage : un engagement ouvert sur la vie à travers la procréation, et non un petit arrangement entre amis, un banal contrat bourgeois et individualiste signé entre deux êtres non-procréateurs ensemble), et d’autre part parce qu’elle est inutile. Tout comme le PaCS, une telle loi n’apportera pas plus d’amour aux couples homos, ne changera rien à leur quotidien ni à la dualité déréalisante du désir homosexuel. Mais, en revanche, à échelle plus large, l’universalisation par voie légale du couple homosexuel, entériné socialement en tant que « famille » alors qu’il n’est objectivement pas une famille – puisque la vraie famille est fondée sur la procréation et la différence des sexes -, peut avoir, pour le coup, des conséquences beaucoup plus dramatiques que les récits idylliques ficelés par les quelques couples homos soutenant mordicus l’évidence qu’il est POSSIBLE qu’un binôme homo élève convenablement un enfant : quand le Droit s’éloigne du Réel, Il laisse le champ libre à des formes nouvelles de violence, et on s’en rend compte généralement sur le long terme. Le couple homo et le couple femme-homme aimant sont deux réalités sociales bien différentes – l’un est fermé à la vie donnée par la procréation, l’autre largement moins -, et n’aboutissent pas aux mêmes résultats, contrairement au couple homo et au couple hétéro qui sont des modèles conjugaux qui engendrent des violences et des divisions absolument similaires. Par conséquent, vous n’avez pas à les traiter de la même manière, ni à leur donner les mêmes droits/statuts sous couvert d’une égalité concrètement inexistante.

 

De plus, je crois que ce projet de loi du « mariage gay » est principalement le cache-misère de problèmes internes à la communauté homosexuelle que celle-ci ne veut pas regarder en face et régler… car la demande répétée de « droits presque inutiles » n’est chez elle qu’une stratégie du déni de souffrances. Comprenez bien que les personnes homosexuelles, en réclamant avec insistance des droits qui ne leur sont pas essentiels, qui sont surtout inadaptés à leur réalité et au bonheur de la société, trouvent la bienveillante indifférence sociale à leur égard finalement insupportable. C’est pourquoi elles en viennent à faire des appels inconscients, maladroits, capricieux, et de plus en plus agressifs, à leur société pour qu’elle leur dise enfin la vérité sur leur désir homosexuel. Aussi contradictoire que cela puisse paraître, elles ne demandent pas ce qu’apparemment elles demandent. Elles veulent plutôt que les ambiguïtés et les limites de leur désir homo-érotique soient démasquées. Elles espèrent (autant qu’elles craignent !) qu’on leur parle du viol réel qu’elles ont minoritairement subi, ou au moins du fantasme de viol qu’elles partagent toutes unanimement. Elles s’impatientent de voir dénoncés tous les manquements d’amour qu’elles ont vus dans les couples hétéros et les couples homos de leur entourage, toutes les souffrances que certaines lois « pro-minorités » irréalistes (qui fleurissent autour d’elles comme des champignons censés les combler… mais ça n’amuse/n’anesthésie qu’un temps Bébé) camouflent démagogiquement au nom de la tolérance et de l’égalité.

 

Le Cliché « profond »

 

Selon la poignée de militants homosexuels et de leurs démagogiques suiveurs gay friendly, qui se plait à nous caricaturer – nous les personnes homos réfractaires à cette loi du « mariage gay » – en obsédés de la famille ou de la procréation que nous ne sommes pas (il n’y a pas plus défenseur du célibat temporaire que moi ! ; et je précise que je n’idéalise absolument pas les familles avec enfants, ni tous les couples femme-homme, puisque pour moi la différence des sexes et la présence des enfants ne sont pas positives en soi, ni des absolus de bonheur), qui rêve de se racheter une image d’intellectuels progressistes tolérants et d’utiliser la communauté homosexuelle pour flatter leur narcissisme (… et surtout faire gonfler leur capital sympathie et leur porte-feuille !), le « mariage gay » s’impose comme la prochaine étape législative à conquérir en France. La « communauté homosexuelle », qui n’en est plus à son premier déni de souffrances ou cheval de bataille de pacotille, s’est trouvée le mariage comme marotte pour opérer un nouveau chantage aux sentiments… voire un chantage au spirituel, puisque l’institution du mariage entretient des liens étroits avec la religion (La corruption par la foi, c’est la plus sincère mais aussi malheureusement la plus malhonnête de toutes les corruptions ! Si les personnes homosexuelles étaient vraiment croyantes et pratiquantes, jamais elles ne demanderaient le « mariage »). Ne rentrez donc pas vous aussi dans le jeu de notre militantisme agressif gay. Vous le savez déjà, mais je le redis : ce qui doit présider à l’établissement des lois d’une société, ce n’est pas le sentiment, ni la compassion : c’est le Réel et le service du bien commun. Et dans le cas du « mariage gay », le Réel n’est pas respecté, étant donné que le couple homo n’est pas, par nature, procréatif ; et le bien commun n’est pas recherché par des individus homosexuels qui en règle générale méprisent la société et toute forme d’institution humaine traditionnelle. Si la justice et la loi française, pour faire comme « tout le monde » (mais quelle doxa se cache derrière cette soi-disant « Voix du Peuple » ?), s’amusent, sous la pression d’un certain lobby homosexuel et gay friendly (moi, je dirais plutôt inconsciemment homophobe !), si peu représentatif de ce que pensent réellement toutes les personnes homosexuelles, à donner artificiellement/législativement corps à un semi-mensonge anthropologique (je dis « semi-mensonge », car pris individuellement, les deux membres d’un couple gay pourraient très bien procréer chacun de leur côté, et fonder une famille), c’est le non-contrôle des fantasmes assuré, et la porte ouverte à l’expression sociale de la pulsion. Voulez-vous d’une société qui fonctionne à l’envie individuelle, où chacun fait ce qui lui plaît, où les limites civilisationnelles humanisantes qui nous rappellent la primauté et le respect de la Nature, du Réel, et des Autres, soient gommées ? Voulez-vous d’une barbarie institutionnalisée, dont on ne pourrait plus arrêter la course folle parce que les juges en seraient les gardes-fous ? Par pitié, ne soyez pas « sympas » avec nous les personnes homosexuelles ! Ne cherchez pas à nous faire plaisir ! Arrêtez de nous ménager ! Responsabilisez-nous plutôt ! C’est le meilleur moyen de nous respecter et de nous reconnaître vraiment. Ne nous enlevez pas notre identité. Réveillez les victimes de nous-mêmes que nous sommes devenus ! Vous ne devez pas cautionner nos revendications particularistes, même si elles s’avancent sous les hospices de la solidarité, du respect, et de l’ouverture universelle. Ce qui compte, ce ne sont pas les intentions : c’est la bonté en acte.

 

Depuis le début de mes recherches sur l’homosexualité, et dans toutes mes actions auprès des personnes homos, je n’ai de cesse de lutter en faveur de tous les exclus du « milieu homo », ceux dont la communauté homosexuelle ne parle jamais, et qu’elle maltraite, en plus : les hommes et les femmes bisexuels, les personnes transgenres et transsexuelles, les sidéens, les jeunes qui souffrent d’être exploités ou mal acceptés par le reste de leurs pairs homosexuels, les prostitués, les internautes malheureux, les pères de famille, les personnes homos discrètes (et fustigées par les militants), les mecs « casés » mais si seuls et si mal accompagnés. J’écris pour tous les coeurs brisés, pour les hommes homos maltraités non pas tant par la société « hétérosexiste et homophobe » que par leurs frères homosexuels, pour les suicidaires, pour tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans le « milieu homosexuel » (… et pour ceux qui s’y reconnaissent trop pour ne pas s’y noyer). Je prête ma plume à tous ces sans-voix. Certainement pas pour leur inventer un « Malheur homosexuel » – qui, concrètement, n’existe pas -, ni pour m’écrire un destin de Pasionaria des Homos. Juste parce que cette souffrance-des-personnes-homos-créée-par-les-personnes-homos-elles-mêmes (et qui s’appelle homophobie) existe vraiment et reste intolérable ! Une loi en faveur du « mariage gay » enfonce encore plus dans le silence toutes ces personnes que je viens de citer. Alors de grâce : réfléchissez avant de proposer une loi qui efface nos repères anthropologiques fondamentaux.

 

Merci de m’avoir lu.

 

Courage ! La politique, c’est beau si vous l’exercez vraiment.

 
 

Philippe Ariño