Qui a dit que le métro parisien était inhumain et froid ? Un jour que je me trouvais assis sur un strapontin situé à proximité d’une porte automatique, en train de lire un livre, un jeune père et son fils de 4 ans sont entrés dans mon wagon à la station suivante. Le père a laissé le petit se mettre sur le siège à côté de moi, et s’est placé à peu de distance de lui : le couloir les séparait. Je fixais toujours ma lecture, en feignant de ne pas les avoir vus, tout en esquissant un léger sourire de politesse (car c’est plus fort que moi : je souris souvent !;-)). Et là est arrivé un geste que je n’attendais pas du tout… Le père non plus, d’ailleurs ! En effet, le petit garçon, sans prévenir, tout en gardant les yeux ouverts, a penché progressivement sa tête contre mon bras pour la garder durablement posée, comme on fait un gros câlin. J’essayais de ne pas bouger, mais j’étais mort de rire!!! Son père, à la fois gêné à la place de son fils, et aussi mort de rire que moi, s’est quand même senti obligé de corriger l’adorable audace par une remontrance pleine de douceur : « Beh dis donc… Totof… Qu’est-ce que tu fais au monsieur, là ? ». J’avais adoré recevoir ce bouquet de tendresse saine, chaste, drôle, inattendue, en pleine face, sans avoir rien calculé. J’y reconnaissais tout l’amour du Seigneur pour moi. Et ce n’est pas la première scène de connivence que je vis dans le métro de Paris. Avec des gens de tous les âges, toutes les nationalités, toutes les classes sociales, les échanges de regards, les sourires gratuits, les traits d’humour, peuvent fuser au moindre instant si on y met un peu du sien, si on ne passe pas bêtement ses nerfs dans le fait que le métro « serait comme ça et pas autrement ». Le métro, comme tout lieu où il y a de l’humain, est ce qu’on en fait.