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NON, je ne dirai pas pour faire plaisir à Canal + que Mika est un chanteur engagé !

Je viens de décliner l’offre télé et de rebrousser chemin. Tant pis pour eux. On ne me fera pas dire n’importe quoi.

 

Mika

Ça a eu lieu juste ce matin. Un jeune journaliste d’Anal + me contacte à 9h30 sur mon portable – il a eu mon numéro par ma maison d’édition – pour une interview à 10h30 à l’autre bout de Paris : interview sur le chanteur Mika et son nouvel album (présenté comme « engagé » et « révolutionnaire » surtout parce qu’il comporte une chanson pour moucher les anti-mariage gay, chanson intitulée « Boum boum boum », et dans laquelle le chanteur souhaite dire au monde combien « l’amour et la tolérance sont importants » : véridique). Aussi naze que « La Colère » de Yannick Noah.

Je m’étais dit : chic ! Pour une fois qu’on me sollicite sur le domaine artistique, pour mes vraies compétences de connaisseur de la culture homo, et pas juste pour me demander « pourquoi t’es homo et contre le mariage gay ? », ça fait plaisir ! Un peu de justice !

Je traverse tout Paris en quatrième vitesse. Je tombe sur le jeune homme (la caricature du journaliste Canal bobo : proche de la trentaine, barbu, chemise débraillée, poils en or qui brillent, pro-égalité et pro-tolérance, il me dit qu’il est homo ; un gars très gentil, au demeurant).

On commence à marcher et à discuter ensemble en chemin avant de faire la prise caméra en extérieur. Il aura suffi de 5 minutes pour que lui et moi comprenions que « ça n’allait pas le faire » et qu’il n’y aura pas d’interview.

Je vois très vite que le journaliste veut m’obliger à dire que Mika est un artiste engagé, courageux, qui se mouille… alors que je pense précisément l’inverse. Mika est un faux révolutionnaire, un mouton qui se donne l’air de l’engagement en se présentant comme un défenseur « festif » de mots-slogans « égalité » « tolérance » « amour », qui ne veulent rien dire et qui sont en plus des concepts qui nous font vivre la grande crise morale et économique que nous connaissons actuellement (il n’a toujours pas compris que l’égalité n’était pas toujours souhaitable ni réelle ; que la tolérance est neutre et pas positive en soi – tout dépend de ce qu’on tolère ; et quand on tolère le mal, la tolérance devient une trahison et une violence ! – ; que l’Amour a des corps différemment sexués parce qu’Il aime concrètement les différences concrètes).

Le journaliste veut quelque chose de court, de simplifié. Il trouve que c’est « trop compliqué » de commencer à expliquer le mot « tolérance », que les concepts d’« amour » et de « tolérance », « c’est uniquement ça qui parle aux jeunes » (je lui réponds que ça n’a jamais parlé aux jeunes ; ça les rassure et leur anesthésie le cerveau, tout au plus !). Et intérieurement, je m’étonne de la naïveté de ces journaleux de Canal +, qui se targuent d’être anti-Système et anti-conformistes (alors qu’il n’y a pas plus conformistes qu’eux !. Ils sont prêts à applaudir un chanteur et à lui décerner la couronne du « révolutionnaire engagé » uniquement sur la base de ses intentions (= une chanson contre les opposants au « mariage pour tous »), de jolis idées vidées de Réel (« amour », « tolérance »), et parce que ça prend la forme d’une bombe qui fait « boum boum ». Pathétique.

Tant pis. Ciao les copains. Je préfère garder ma liberté pour la Vérité. Personne ne peut me forcer à justifier de la merde.

Difficile de retourner aux gros concerts

Plus je me rends à des concerts (des concerts de grande envergure, comme celui du groupe Indochine ou de Mika à Bercy, de Mylène Farmer au Stade de France), plus je trouve ma position complètement déplacée. Je vois ces chanteurs jouer aux dieux qu’ils ne sont pas, accueillir des applaudissements excessifs, susciter des cris hystériques qu’ils ne méritent pas, s’émouvoir d’une communion pas si effective et conviviale que cela, contenter leur propre narcissisme. Et je n’arrive plus à jouer au fan. Je les trouve tellement plus fades que mon Dieu!