Je me prépare psychologiquement à ce que tous ceux que je méprise sur Terre ou qui sont objectivement moins vertueux ou intelligents que moi me passent devant au Paradis. Et je peux alors travailler dès maintenant ma joie et la pauvreté de mes grandes actions !
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Code n°123 – Milieu homosexuel paradisiaque (sous-codes : Bande de copains / Applaudissements / Cuculand)
Milieu homosexuel paradisiaque
NOTICE EXPLICATIVE :
L’artillerie lourde de la guimauve arc-en-ciel
Certains intellectuels homosexuels se plaisent à présenter la communauté homosexuelle comme un mouvement identitaire puissant, une famille ultra-soudée, qui donne au monde une nouvelle façon de faire la fête, de s’affirmer, de s’aimer. Lassés des productions artistiques au message sinistre qu’ils avaient jadis construites eux-mêmes, ils créent sur papier ou sur pellicule des épopées extraordinaires où tout le monde rigole et applaudit, où les happy end parachèvent l’utopie identitariste ou amoureuse, où l’homosexualité a forcément le dernier mot. Ils essaient de faire de la révolte de Stonewall une nouvelle Prise de la Bastille, le déclenchement d’une révolution homosexuelle prometteuse. Quant aux personnes homosexuelles moins lettrées, elles ont tendance à se persuader qu’elles ne sont elles-mêmes et heureuses qu’entre les quatre murs du « milieu homosexuel » (… tout en se déclarant hypocritement « hors milieu » quand cela les arrange). Ceci est dû en général à l’influence de certains films visant à démontrer que le coming out est le summum de la réconciliation de soi avec soi-même, que les couples homosexuels filent l’amour parfait, que la camaraderie homosexuelle est là à tout instant, que « les » homos sont d’infatigables fêtards, une bande de copains inséparables et toujours prêts à s’épauler dans l’épreuve. Mais la première phrase de Dennis, l’un des personnages homos du film « Le Club des cœurs brisés » (2000) de Greg Barlanti vient nous ramener les pieds sur terre : « Je ne peux pas me décider à savoir si mes amis sont la meilleure ou la pire chose qui me soit arrivée. » Dans la réalité concrète, nous découvrons que la révolution homosexuelle n’est souvent qu’un joli concept romantique sorti des cerveaux des universitaires queer.
Quand la révolution que les sujets homosexuels défendent adopte un sourire qui n’est pas de circonstance, puisqu’il dissimule énormément de drames vécus au sein du « milieu homosexuel » et dans le vécu individuel de ses membres, elle apparaît dans toute son horreur. Les talk show télévisés actuels, promettant un bonheur parfait aux personnes homosexuelles, correspondent rarement à la réalité, et causent bien des dégâts dans la vie des intervenants gay qui, par narcissisme ou inconscience, ont déballé leur « joie d’être homos/malheur d’être rejetés en tant qu’homos » devant les caméras (il finissent pour la plupart en dépression, abandonnés par leurs amis, séparés de leur compagnon de l’époque, démolis par leur(s) tentative(s) de suicide, etc.). La révolution festive homosexuelle a son cynisme et sa violence. Avant de les lâcher sur la place publique, la communauté homosexuelle dorlote ses porte-drapeaux, les décore, les épile, leur oxygène les cheveux, les place sur un char, leur ordonne d’être reconnaissants et d’arborer un visage de fierté afin de lui faire honneur. Les plus fragiles d’entre eux se réfugieront dans un anonymat de consommation et d’amours sans lendemain. Les moins fragiles, ravis d’occuper pendant un quart d’heure le haut de l’affiche et de défendre une utopie collective, deviennent souvent des militants « agressivement heureux d’être gay ». C’est une manière comme une autre pour eux de se venger de leur propre naïveté.
La majorité des personnes homosexuelles demandent à leur société le contraire de ce qu’elles prétendent vouloir agressivement. Et elles sont déçues qu’à l’heure actuelle celle-ci applaudisse de plus en plus à leurs provocations adolescentes ou à leurs simulations d’amour pour éviter de les comprendre. Déjà, au cours des premières années de la visibilité homosexuelle, les militants gays les plus charismatiques s’étonnaient de voir exaucer aussi facilement leurs rêves superficiels : « On voulait juste s’amuser. On ne pensait pas avoir autant de succès. On s’attendait même à provoquer plus d’indignation, de scandale en affichant notre homosexualité. » (Jimmy Somerville interviewé dans le documentaire « Sex’n’Pop, Part IV » (2004) de Christian Bettges). Encore aujourd’hui, la communauté homosexuelle fait grise mine. La plupart de ses membres ne verront jamais leur reconnaissance sociale comme une victoire, tout simplement parce qu’elles ne veulent pas vraiment être reconnues, en tout cas pas comme ça, en tant qu’« homos » s’aimant d’un amour idéal équivalent à l’union femme-homme désirante, et sans que la société ait identifié le désir de viol qu’elle a suscité en elles – plus rarement encore le viol qu’elle leur a fait subir.
N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Amoureux », « Déni », « Manège », « Planeur », « Faux révolutionnaires », « Cour des miracles », « Bobo », « Milieu homosexuel infernal », « Innocence », « Couple homosexuel enfermé dans un cinéma », « Fresques historiques », « Humour-poignard », « Douceur-poignard », et « Mère gay friendly » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.
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FICTION
a) Le Gay Paradise ovationné :
Souvent, dans les fictions homosexuelles, le milieu homosexuel est comparé à un paradis : cf. « Big Eden » (2000) de Thomas Bezucha, le film « Eden’s Curve » (2003) d’Anne Misawa, la B.D. Kiwi au Paradis (1999) de Teddy of Paris, le film « Paradisio Inferno » (1994) de Jean-Daniel Cadinot, le film « Rue des Roses » (2012) de Patrick Fabre, le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, le spectacle musical Rendez-vous au Paradis (2015) du groupe vocal gay Podium, le film « Plus on est de fous » (« Donde caben dos », 2021) de Paco Caballero (avec le club échangiste Paradisio), etc. « C’est donc à cela que ressemble le Paradis ? à un camping ? » (Max, le campeur homo, dans la pièce 1h00 que de nous (2014) de Max et Mumu) ; « Y’a trop plein d’homos : on va bien s’amuser ! » (Ingrid dans le film « Pédale douce » (1996) de Gabriel Aghion) ; la série et téléfilm It’s a Sin (2021) de Russell T. Davies (avec la boîte gay Heaven) ; etc.
On essaie de nous faire croire que la communauté homosexuelle est une grande bande de copains ultra-soudée, toujours prête à s’épauler dans l’épreuve : cf. le film « Harvey Milk » (2009) de Gus Van Sant, le film « Another Gay Movie » (2006) de Todd Stephens, le film « Boy Culture » (2007) de Q. Allan Brocka, le film « Le Club des cœurs brisés » (2000) de Greg Berlanti, le film « Cabaret » (1972) de Bob Fosse, le film « Satreelex, The Iron Ladies » (2003) de Yongyooth Thongkonthun (avec l’équipe de volley interlope), le film « Pédale douce » (1996) de Gabriel Aghion, le film « Edge Of Seventeen » (1998) de David Moreton, le film « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin, le film « L’Attaque de la moussaka géante » (1999) de P. H. Koutras, le film « Priscilla, folle du désert » (1995) de Stephan Elliot (avec le trio de trois travestis en vadrouille), le film « Chouchou » (2003) de Merzak Allouache (surtout dans le club travesti), les séries Queer As Folk (présentant les aventures et les déboires amoureux d’une bande de copains homos, avec tous les profils de caractère), le film « Go Fish » (1994) de Rose Troche, le film « Some Of My Best Friends Are… » (1971) de Mervyn Nelson, le film « Arch Brown’s Top Story » (1993) d’Arch Brown, le film « Changing Face » (1993) de Robert Tate et Robert Roznowski, le film « I’ll Love You Forever… Tonight » (1992) de Michael Edgar Bravo, le film « Get Over It » (1995) de Nicholas Katsapetses, le film « Relax… It’s Just Sex » (1998) de J. P. Castellaneta, le film « Punks » (2000) de Patrick-Ian Polk, le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, le film « Ice Men » (2002) de Thom Best, le film « Esprit d’équipe » (2005) de Robert I. Douglas, le film « Uomini Uomini Uomini » (1996) de Christian De Sica, le film « Gulabi Aaina » (« The Ink Mirror », 2003) de Sridhar Rangyan, la pièce Confidences (2008) de Florence Azémar, le one-man-show Elle est pas belle ma vie ! (2012) de Samuel Laroque (le comédien demande à son public, à la toute fin du spectacle, de se faire un grand baiser de paix, « comme à l’église »), le film « The Family Stone » (« Esprit de famille », 2005), de Thomas Bezucha, le film « Shortbus » (2005) de John Cameron Mitchell (avec la messe profane du travesti M to F), le film « Vecinas » (2012) d’Eli Navarro (avec la grande collocation de quatre lesbiennes), le roman Down There On A Visit (L’Ami de passage (1962) de Christopher Isherwood (avec la bande d’amis qui gravite autour d’Ambrose), le one-(wo)man-show Charlène Duval… entre copines (2011) du travesti M to F Charlène Duval, le film « Les Crevettes pailletées » (2019) de Cédric le Gallo et Maxime Govare, le film « Le Bal des 41 » (« El Baile de los 41 », 2020) de David Pablos (avec le club d’amis gays qui font des spectacles travestis qui les tordent de rire), la série et téléfilm It’s a Sin (2021) de Russell T. Davies, etc. Par exemple, dans son one-man-show Tout en finesse (2014), Rodolphe Sand finit par décrire la grande diversité du « milieu homo », avec un regard pseudo lucide et attendri sur les travers et les richesses de ses membres (« les ridicules, les maqués, les pestes, les refoulés, les hystériques, les rebelles homos, les fans de Femmes avec un grand F, les bien introduits dans les meilleures sociétés, les politisés… et moi, folle et sensée, sans préjugés »). On assiste à la même typologie d’homosexualités mi-grinçante mi aimante dans la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel)
Dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus, tout est quasiment filmé comme des succès de la communauté homosexuel : lors de la fête au village, Jonathan, l’un des héros homosexuels, fait un malheur ; le groupe de militants homosexuels partage d’incroyables moments de convivialité ; les actions politiques des mouvements LGBT et ouvrier s’annoncent comme de véritables chamboulements historiques (« On écrit l’histoire. Gays et hétéros ensemble ! » s’exclame solennellement Dai, le père de famille gay friendly) ; et la fin du film s’achève en apothéose, avec les images euphoriques et émouvantes du défilé de la Gay Pride londonienne de 1985 où tout le monde est heureux. Dans le docu-fiction « 120 battements par minute » (2017) de Robin Campillo, on nous montre le groupe Act-Up comme une grande famille, tant pendant les fêtes que les combats (zap), les engueulades, les moments de soutien dans l’épreuve (la maladie, le deuil). Tout cela est filmé au ralenti, avec des confettis.
Dans la série Faking It (2014) de Dana Min Goodman et Julia Wolov (cf. l’épisode 1 « Couple d’amies » de la saison 1), Karma et sa meilleure amie Amy ont fait croire à leur lycée qu’elles étaient lesbiennes afin de sortir de l’ombre et de devenir populaires. Cela rend triste Amy, mais Karma la force à trouver leur imposture géniale : « Aujourd’hui, tout le monde nous adore. Tu dois admettre que c’est génial ! » Et en effet, elles sont élues reines du bal de rentrée du lycée et célébrées par une pluie de confettis et par l’ovation d’une foule gay friendly en délire. Dans le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan, Diane, la mère de Steve (le héros homosexuel), et son fils, apparaissent comme une école de bonne humeur et de savoir-vivre. Leur voisine mère au foyer, Kylia, revit grâce à eux, s’ouvre à la « liberté » : « C’était plaisant hier. » Dans le film « Mine Vaganti » (« Le Premier qui l’a dit », 2010) de Ferzan Ozpetek, le monde gay est présenté comme coloré et rafraîchissant, surtout pendant la scène de la choré maritime « délire » des potes homos de Tommaso, lui-même homosexuel.
Les protagonistes homosexuels ont en général l’esprit de famille, mais un esprit qui dépasse la famille de sang (la famille réelle, donc) : « Entre traînées, on s’entraide ! » (le pote noir homosexuel de Paul, dans le film « The Big Gay Musical » (2010) de Casper Andreas et Fred M. Caruso) ; « René, Georges, mes copines » (Zamba, le travesti M to F, dans le film « 30° couleur » (2012) de Lucien Jean-Baptiste et Philippe Larue) ; « Si moi, je m’entendais bien avec Kévin, ma mère s’entendait super bien avec la sienne. Il avait raison, nous étions une vraie famille unie ! J’avais deux mamans géniales et un petit frère magnifique que j’aimais comme un malade. » (Bryan en parlant de son couple avec Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 409) ; « Et si on construisait une maison à deux niveaux avec Aysla et Dom ? » (Marie s’adressant à son mari Bernd, concernant le couple hétéro Dom/Aysla, alors que Marie a une liaison lesbienne secrète avec Aysla, dans le téléfilm « Ich Will Dich », « Deux femmes amoureuses » (2014) de Rainer Kaufmann) ; « J’ai fait un repli communautaire avec mes semblables. » (Océane Rose-Marie dans son one-woman-show Châtons violents, 2015) ; « Tu nous as donné une vraie famille. » (Lettie, la femme-à-barbe transgenre, s’adressant à Phineas, dans le film « The Greatest Showman » (2017) de Michael Gracey) ; « Je suis sa famille. » (Adrien, le héros homo, mettant le grappin sur Eva, sa meilleure amie et Fille-À-Pédés, dans le film « Pédale douce » (1996) de Gabriel Aghion) ; « Nous sommes une grande famille ! » (Seb, homo parlant de sa bande, dans le film « Pédale dure » (2004) de Gabriel Aghion) ; etc. Par exemple, dans les films « Como Esquecer » (« Comment t’oublier ? », 2011) de Malu de Martino, le film « Nés en 68 » (2008) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, le film « Tableau de famille » (2002) de Ferzan Ozpetek, le film « Pourquoi pas moi ? » (1999) de Stéphane Giusti, les héros homosexuels, tous sexes confondus, décident de vivre une vie communautaire dans une baraque retapée, une sorte de « Maison du Bonheur » où il serait possible de guérir de toutes ses peines de cœur. Dans le one-(wo)man-show Zize 100% Marseillaise (2012) de Thierry Wilson, Zize, le travesti M to F, se compare, avec ses 4 amis, aux « Desperate Housewifes » : « C’est important les amis. » Dans la série Y’a pas d’âge diffusée sur France 2 le mardi 15 octobre 2013, le « couple » Luc et Yoann croit emménager dans « une coloc d’homos » et sont déçus de leurs nouveaux voisins d’immeuble. Dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha, Rudolf, le héros homo, débarque dans le chalet chambres d’hôtes autrichien de Johanna, sa tante, et sur un malentendu (parce qu’elle croyait qu’en arrivant à trois, il venait avec une famille mari-femme-enfant), Rudolf et ses deux potes gays Nicolas et Gabriel sont hébergés dans une chambre formatée « famille ». Et pendant tout le film, le réalisateur essaie de nous montrer que le trio forme une famille ultra-soudée et inséparables : « Vous êtes tout pour moi. Sans vous, je ne suis rien. » déclare Nicolas à ses copains. Dans le film « L’Objet de mon affection » (1998) de Nicholas Hytner, Nina rêve de faire appart commun avec George et son copain Joley. Puis, une fois qu’elle a un bébé avec Vince, et que George n’est plus en couple avec Joley, elle veut continuer de vivre en colocation avec George : « On peut très bien vivre comme ça si on en a envie. On se fiche des schémas conformistes. » (Nina s’adressant à George) Dans le film « Die Mitter der Welt » (« Moi et mon monde », 2016) de Jakob M Erwa, Phil, le héros homo, dit que sa vraie famille n’est pas sa famille biologique, mais un mix de sa mère (Glass), du compagnon de celle-ci (Michael), de sa sœur jumelle (Dianne) et du couple lesbien ami (Tereza et Pascale).
Ils créent parfois une sorte de vie communautaire amico-amoureuse : « Nous étions maintenant trois complices, et, toutes femmes que nous étions, nous avions su construire un espace d’harmonie, entièrement voué à notre sensualité. […] Le lendemain nous montâmes au premier pour organiser au mieux l’installation de la bonne. Je dis à Marie qu’elle pouvait s’y établir également, ainsi nous y serions toutes les trois. La maison était grande et conçue pour une famille que je n’aurais jamais. » (Alexandra, la narratrice lesbienne parlant de ses domestiques-amantes fricotant ensemble, dans le roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, pp. 127-128) ; « Dans la jardin, je les voyais souvent se parler et rire au milieu des roses, Marie la regardait avec des yeux d’amoureuse, et, quand elles rentraient après leur petite promenade, il me semblait que d’un coup la pièce s’emplissait d’un fraîcheur et d’un bonheur qui me ravissaient l’âme. La maison entière était vouée au désir des femmes. » (idem, p. 132-133). Dans le film « Miss » (2020) de Ruben Alves, la collocation de Yolande (Isabelle Nanty), c’est vraiment l’auberge espagnole multiculturelle : il y a un rebeu, un Noir, un prostitué transsexuel, Alex (le héros transgenre M to F qui candidate pour être Miss France) ainsi que deux femmes indiennes. Cette communauté interlope, bien que pas facile à superviser tant elle ne paye pas toujours ses loyers (à temps) et tant elle est le théâtre de chamailleries « fraternelles », est présentée comme la vraie famille d’Alex, et un havre de paix, de soutien et de rigolades.
Dans énormément de films pro-gay, le personnage homosexuel et le couple qu’il forme avec son copain, ou bien le groupe de potes homos, sont applaudis comme de véritables héros au moment du happy end : c’est le cas par exemple dans le film « Satreelex, The Iron Ladies » (2003) de Yongyooth Thongkonthun (c’est la folie dans le stade lors du match final), le film « Priscilla, folle du désert » (1995) de Stephan Elliot (le play-back des protagonistes déclenche l’hilarité et l’admiration générales), le film « A Family Affair » (2003) d’Helen Lesnick, le film « Eating Out » (2004) de Q. Allan Brocka, le film « Philadelphia » (1993) de Jonathan Demme, le film « Chouchou » (2003) de Merzak Allouache, le film « Tous les papas ne font pas pipi debout » (1998) de Dominique Baron, le film « The Prom Queen » (« La Reine du bal », 2004) de John L’Écuyer, le film « Beautiful Thing » (1996) d’Hettie Macdonald (avec la danse collective finale), le film « Adam et Steve » (1995) de Craig Chester, le film « Je m’voyais déjà » (2008) de Laurent Ruquier, le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso (avec l’euphorie du groupe de prostitués masculins au concert de la cantatrice trans M to F Louvre), etc. « C’était le plus beau jour de ma vie. » (Zize, le travesti M to F parlant du Concours de Beauté qu’il a gagné, dans le one-(wo)man-show Zize 100% Marseillaise (2012) de Thierry Wilson)
Par exemple, dans le film « Ma Mère préfère les femmes » (2001) d’Inés Paris et Daniela Fejerman, tout le monde applaudit et rigole au moment du mariage gay final. Le film « Elena » (2010) de Nicole Conn s’achève par un grand pique-nique collectif avec la « famille » homosexuelle nouvellement constituée (par les amis, les couples homos et hétéros mélangés, le bébé né de leur copinage). Dans le film « Hôtel Woodstock » (2009) d’Ang Lee, tous célèbrent le baiser homo entre Elliot et Paul par des applaudissements. Dans le film « Saisir sa chance » (2006) de Russell P. Marleau, chaque prestation scénique de Chance, le héros homo, soulève une ovation systématique dans la salle de concert. Dans le film « Le Fil » (2010) de Mehdi Ben Attia, c’est la happy end au moment du mariage, tout le monde est content. Dans le film « Howl » (2010) de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, la récitation orale par Allen Ginsberg de son poème « Howl » suscite les éclats de rire et les applaudissements d’un public bobo médusé (là aussi, très vraisemblable…). Dans le film « Keep The Lights On » (2012) d’Ira Sachs, à la fête d’anniversaire d’Erik, tout le monde applaudit le baiser homosexuel que s’échangent Paul et Erik (le couple qui se défera assez vite). Dans le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche, une fête d’artistes bobos dans le jardin est organisée en l’honneur de la formation du couple Emma/Adèle. Dans la pièce Mon frère en héritage (2013) de Didier Dahan et Alice Luce, c’est la happy end où tout le monde se réconcilie et célèbre « tous les amours » et « toutes les identités ». Dans la pièce Ma double vie (2009) de Stéphane Mitchell, c’est également la fin heureuse ouverte sur la « tolérance » généralisée. Dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz, on nous montre des applaudissements hystériques autour de l’Oscar décerné à l’acteur Cameron Drake pour son rôle de gay dans le film « Servir et protéger ».
b) Cuculand :
Si l’on en croit les œuvres cinématographiques qu’on nous présente actuellement du « milieu homosexuel », celui-ci serait le Pays des Bisounours. Ceci est particulièrement saillant à travers le traitement à l’image de ses représentants – les couples homosexuels – et des rituels de drague, banalisés ou idéalisés à l’extrême. On nous fait voir par exemple des Apollons homosexuels compatissants, et même carrément séduits par leur « amant-plus-moche-ou-plus-vieux-qu’eux », comme dans les films « Hellbent » (2005) de Paul Etheredge-Ouzts, ou bien encore « Comme un garçon » (1998) de Simon Shore, … scenari qu’on ne voit quasiment jamais dans la réalité. Dans un registre similaire, à la fin du film « Les Témoins » (2006), André Téchiné nous fait croire que l’âgisme homosexuel n’existe pas toujours entre personnes homosexuelles : Adrien, l’homosexuel âgé, trouve miraculeusement chaussure à son pied avec un jeune éphèbe avec qui il peut construire une relation stable. Top crédibilité… À la fin de son film « In & Out » (1997), Frank Oz laisse croire aux spectateurs que Peter et Howard se préparent à leur propre mariage à l’église… avant de nous révéler que finalement, ce sont les parents âgés d’Howard (ou plutôt la mère et son nouveau mari) qui officialisent leur union.
Le quotidien intime des membres de la communauté homosexuelle n’est quasiment jamais abordé dans les fictions… ou alors il sera présenté sous un jour étonnamment idyllique. On retrouve le couple homosexuel publicitairement heureux avec son labrador dans la petite maison dans la prairie ou dans sa belle cuisine équipée, dans le film « Urbania » (2004) de Jon Shear, le film « 200 American » (2003) de Richard Lemay, le film « Sex Revelations » (2000) d’Anne Heche, le film « Dimanche matin » (2001) de Robert Farrar, le film « Making Love » (1982) d’Arthur Hiller, le film « When Night Is Falling » (1995) de Patricia Rozema, le film « Niño Pez » (2009) de Lucía Puenzo, le vidéo-clip de la chanson « The Edge Of Glory » de Lady Gaga (avec la cérémonie de mariage gay sur la plage, sous une pluie de pétales de rose), le film « Homme au bain » (2010) de Christophe Honoré (Omar et Emmanuel baladant le chien en couple, sous le soleil de la « téci »), la chanson « Fantastic Shine » du groupe Love Of Lesbian, le film « Lilting » (« La Délicatesse », 2014) de Hong Khaou (avec les fous rires complices entre la mère Junn et son fils homo Kai, les regards attendris entre amants, les danses, etc.), le film « Imagine You And Me » (2005) d’Ol Parker (avec la course finale des retrouvailles des deux amantes au milieu des embouteillages), le film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini, la pièce Commentaire d’amour (2016) de Jean-Marie Besset, etc.
Par exemple, dans le film « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne, la mère de Guillaume lit des romans Harlequin hétérosexuels, et son fils finit par rêver des mêmes histoires en les transposant dans leur version homosexuelle sur sa propre vie sentimentale, avec une naïveté incroyable. Dans le film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini, pendant qu’elles sont au lit toutes nues, Carole et Delphine écoutent une chanson rétro parlant du « paradis ». Dans le film « Jongens » (« Boys », 2013) de Mischa Kamp, il y a plein de ralentis, de Nature, de soleil et du banjo, pour nous entraîner à croire en l’idylle entre Marc et Sieger. Dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes, l’amourette immature entre Thérèse et Carol est complètement enrobée de musique rétro des années 1950, de clichés romantiques et jazzy.
Dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H., qui raconte une histoire sentimentale (« longue » mais finalement éphémère, je rappelle) entre Mathieu et Jonathan, on entend quand même pendant toute l’intrigue les personnages se persuader que ce qu’ils ont vécu était quand même « l’Amour avec un grand A » : « Je pourrais citer chaque premier baiser de mes relations. » (Matthieu… qui plus tard trompera Jonathan) ; « Avez-vous déjà remarqué que lorsque deux visages s’embrassent, ça forme un cœur ? » (idem) ; « J’trouve ça mignon. » (idem) ; « Il suffisait d’un seul regard pour nous comprendre. » (Jonathan et Matthieu) ; etc. Jonathan a écrit « Je t’aime » sur des centaines de post-it disséminés partout dans l’appartement, et Matthieu trouve à nouveau ça magnifique : « C’est mignon, non ? » L’espace d’une réplique, Matthieu a un éclair fugace de lucidité : « Je devrais porter plainte contre ma mère de m’avoir fait aussi cucul. »
L’idéalisation justificatrice de l’amour homo se veut plus subtile que de simples applaudissements : les défenseurs bobos du couple homo utilisent plutôt la simulation de pudeur, l’esthétique naturaliste minimaliste, et la sacralisation du silence ou de l’art, comme moyens de concrétiser discrètement leurs fantasmes amoureux : « Elles [le couple lesbien Angela Crossby et Stephen Gordon] marchaient en silence, tandis que la lumière changeait et devenait plus profonde, de plus en plus dorée et plus fantasmagorique. Et les oiseaux, qui aimaient cette étrange lumière, chantèrent un à un, puis tous ensemble : ‘Nous sommes heureux, Stephen !’ Et, se tournant vers Angela, Stephen répondit aux oiseaux : ‘Votre présence ici me rend si heureuse.’ » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 189) ; « Le prince charmant existe-t-il ? » (le narrateur homosexuel du roman La Nuit des princes charmants (1995) de Michel Tremblay, p. 23) ; etc.
Par exemple, dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier, Georges, après avoir été pourtant absent de son couple avec William, assure vivre « l’amour véritable ». La fin de cette œuvre théâtrale qui restera dans les annales (ou pas, d’ailleurs) continue de cultiver le mythe : la happy end kitsch (avec boule à facettes) et l’annonce de la reformation du couple William/Georges sont totalement forcées dans le cynisme auto-parodique.
La beauté des cadres naturels est censée illustrer/rehausser la grandeur « sobre » (bobo en fait) des amours homosexuelles (cf. le film « Le Secret de Brokeback Mountain » (2006) d’Ang Lee, le film « L’Homme de sa vie » (2006) de Zabou Breitmann, le téléfilm « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure, le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, le film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald, entre autres). Par exemple, dans les films « Un Amour à taire » (2005) de Christian Faure, « Sancharram » (2004) de Licy J. Pullappally, et « My Summer Of Love » (2004) de Pawel Pawlikovsky, les amants homosexuels s’aspergent d’eau dans une rivière. Dans le film « Keep The Lights On » (2012) d’Ira Sachs, le couple Paul et Erik est filmé à la prairie, à la plage, à la campagne, etc. Les deux amoureuses lesbiennes du film « Les Filles du Botaniste » (2006) de Daï Sijie courent au ralenti le long des rizières, accompagnées d’un orchestre symphonique de violons. Dans le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs, la place omniprésente du piano est censée illustrer la vie merveilleusement simple du couple homosexuel Ben/George. Dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, on retrouve la totale du film carte-postale pour encadrer l’idylle homosexuel entre les deux héros Johnny et Roméo : l’île paradisiaque avec la plongée, les crépuscules, les vacances, les plages de sable fin, etc. Les amants du film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau font du cerf-volant ensemble. Le couple homosexuel du film « Maurice » (1987) de James Ivory savoure son « amour » au milieu de la prairie aux petits oiseaux et aux jolies pâquerettes. Le film « A Moment in the Reeds » (« Entre les roseaux », 2019) de Mikko Makela est un film érotique déguisé en Harlequin gay à la sauce bobo et nature. Dans le film « Une chose très naturelle » (1973) de Christopher Larkin, les amants homosexuels courent nus devant un coucher de soleil. La scène en rollers du film « A Family Affair » (2003) d’Helen Lesnick n’est pas mal dans le genre « cucul qui fait semblant de forcer le cucul pour ne pas ‘faire cucul’ ». On a même droit au remake de la scène des spaghettis de « La Belle et le Clochard » dans le film « Adam et Steve » (1995) de Craig Chester !
L’idéalisation médiatique de l’amour homosexuel a tout du cliché publicitaire, de l’image d’Épinal poétique à deux balles. Il n’a que la sincérité (ou l’humour) pour la sauver du ridicule : « Au moment où elle grimpait dans son car, elle se retourna pour me lancer un grand sourire. On aurait cru un mannequin dans une pub de shampoing. Les femmes s’éloignaient dans le lointain puis virevoltaient pour montrer leur visage au public. J’avais l’impression qu’il y avait du glamour dans ma vie. » (Anamika, l’héroïne lesbienne parlant de Sheela, une camarade de classe dont elle est secrètement amoureuse, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, pp. 166-167) ; « J’ai rêvé en m’endormant, hier soir, que je te chantais une chanson douce, une chanson française, et que nous nous endormions près d’une cascade en pleine nature, à la belle étoile, l’un contre l’autre – l’un dans l’autre… » (Chris s’adressant à son amant Ernest dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, pp. 119-120) ; « Mes désirs étaient aussi forts que les bruits de la cloche de l’église. » (le héros du film « Dans le village » (2009) de Patricia Godal) ; « Cette chambre est un navire. Un navire à bord duquel nous naviguons, sur des mers calmes ou déchaînées, à la recherche de rivages paisibles ou accidentés. Il y a des soleils impressionnants et puis des coups de sirocco. Il y a des étendues d’eau à perte de vue et puis, brusquement, la côte. Il y a ce roulis incessant, qui nous berce ou nous secoue, qui nous accompagne toujours. Nous sommes des marins égarés, à bord d’un bateau ivre. » (la figure de Proust à son jeune amant Vincent, dans le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, p. 83) ; « Nous avons fait un détour par Montmartre pour voir les peintres. Sur la Place du Tertre, une fille faisait des tatouages. Nous nous sommes fait tatouer un cœur chacun, dans la paume de la main gauche. » (Kévin et son amant Bryan dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 145) ; « Je pense à toi tout le temps, tout le temps. Tout est là pour m’y faire penser : deux amoureux qui s’embrassent, une moto qui passe, le soleil… » (Bryan s’adressant à son amant Kévin, op. cit., pp. 328-329) ; « C’était comme au cinéma. C’était au bord de la plage. C’est alors qu’il m’est apparu. Un petit air de Ryan Goslin… avec le corps d’Élie Sémoun. » (Benjamin racontant sa première rencontre avec Arnaud, à qui il a fait volontairement un croche-patte, dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit) ; etc. Bienvenue à Cuculand !
De plus en plus dans les fictions homo-érotiques, ce pays imaginaire se voit crédibilisé par le témoignage des personnages hétéros, filmés comme des témoins de quelque chose qui les dépasse, et que pourtant ils verraient de leurs propres yeux d’aveugles : « Je n’ai jamais vu un amour comme Stella et Dotty. Si l’amour est votre idéal, prenez exemple sur ces deux vieilles gouines. » (Prentice, le jeune et bel auto-stoppeur hétérosexuel, face à une assemblée d’un bar plein à craquer et qui finit par l’ovationner pour son « courage » gay friendly, dans le film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald)
c) Un paradis réel ?
Comment voit-on que ces images de couples homosexuels médiatiques « tout sourire », et plus globalement cette vision de la communauté homosexuelle ultra-heureuse, s’éloignent de la réalité ? D’une part en observant les faits (on le verra dans la seconde partie de ce code). Et d’autre part, parce que beaucoup de héros homosexuels eux-mêmes finissent par dénoncer leur propre comédie. Par exemple, dans la comédie musicale À voix et à vapeur (2011) de Christian Dupouy, on nous chante que le Marais est « un quartier où ce n’est pas si rose ». Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Tassos, la grande tata, tient une boîte rétro gay baptisée Paradiso… mais l’insigne lumineuse du lieu bat de l’aile…
La communauté homosexuelle fictionnelle a tendance à se chercher un ailleurs (temporel ou spatial) paradisiaque pour se prouver qu’elle n’est heureuse que lorsqu’elle ne se trouve pas à sa place. Mais cette démarche de diversion ne la convainc pas elle-même : « Ailleurs, est-ce mieux ? Tu dis qu’ailleurs c’est toujours mieux. » (cf. la chanson « Les Passagers » d’Étienne Daho) ; « Aide-les à construire une Nation : celle du cœur. Vous êtes un Peuple fier et ancien. Aide ces garçons à construire leur propre Nation. » (Scrotes s’adressant à son amant Anthony, à propos du couple homo naissant Jim/Doyler, dans le roman At Swim, Two Boys, Deux garçons, la mer (2001) de Jamie O’Neill) ; « Je dois quitter le paradis en vitesse. » (la figure de Sergueï Eisenstein, homosexuel, ayant vécu son homosexualité clandestinement au Mexique, dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway) ; etc.
Les réalisateurs homosexuels avouent parfois très inconsciemment l’envers du décor de leur tableau enchanteur du « milieu ». Ils se trahissent en général par l’agressivité. Le bien-être au sein du « milieu homosexuel » ressemble davantage à un cri guerrier, à un élan combatif, qu’à une réalité concrète : « Tribu, qu’est-ce que nous voulons ? Paix et liberté maintenant ! […] L’enfer n’est pas pour nous ! » (le chef de la bande de la comédie musicale HAIR (2011) de Gérôme Ragni et James Rado) Le bonheur dans le couple homo fictionnel tient majoritairement de l’auto-persuasion, de la méthode Coué, de la bonne intention : « Ce n’est pas une situation que nous subissons. C’est une situation qui tous les deux nous ressemble. » (Denis s’adressant à son amant semi-virtuel Luther, dans le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta) Le sourire bienveillant et l’accueil social de l’homosexualité s’affichent par la sacralisation de concepts flous et planants comme la « tolérance », l’« égalité », le « respect », l’« ouverture », la « solidarité », dont on ne sait pas trop quelles réalités ils recouvrent : « Alors vous aussi, Serge, vous aimez les hommes ? Vous inquiétez pas. J’suis tolérante. » (Mousse dans le film « Le Refuge » (2010) de François Ozon) ; « C’est tendance d’avoir un couple de gays comme voisins ! » (Cathy – Arielle Dombasle – dans la série Y’a pas d’âge diffusée sur France 2 le mardi 15 octobre 2013) ; etc. Or, les intentions ne suffisent pas à construire le réel.
Dans beaucoup de films gay friendly, l’identité et l’amour homosexuels sont tellement saturés de larmes et de victimisation qu’on finit par douter de leur soi-disant beauté : cf. le film « Prayers For Bobby » (« Seul contre tous », 2009) de Russell Mulcahy (avec le plaidoyer émouvant pro-gay de Mary, la maman du défunt Bobby, face aux caméras de télévision) ; le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman (avec le discours final émouvant d’Esti devant sa communauté juive lors de la soirée de commémoration de la mort du Rav, son père, qui sonne comme un coming out) ; les discours violonneux de la tolérance dans le film « The Prom Queen » (« La Reine du bal », 2004) de John L’Écuyer ; etc.
L’environnement gay friendly des couples homos fictionnels veut tellement leur bien qu’il finit par leur forcer la main. Dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy, Thomas se retrouve forcé par son copain François au mariage : « Je me marie dans quinze jours, et je suis le dernier à le savoir ?? » Par exemple, dans le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs, le couple homosexuel, vieux de 39 ans, formé par Ben et Georges, est totalement idéalisé et couvert d’éloges. Leurs amis gays friendly assistent, émus, à leurs noces, et tout le monde se trouve magnifique : « Vous êtes magnifiques tous les deux. » (Eugenia s’adressant à Ben et George,) ; « Tu es superbe. » (George à Ben) L’assemblée des convives répond même « oui » à la place des « mariés » et ne les laisse pas libres de formuler leur échange de consentements : pression gay friendly de malade ! Dans le film « Toute première fois » (2015) de Noémie Saglio et Maxime Govare, lors d’un diaporama d’enterrement de vie de garçon juste avant que Jérémie passe la bague au doigt d’Antoine (précisément au moment où Jérémie tombe amoureux d’une femme), toute l’assistance d’amis gays friendly contraint Jérémie et Antoine à s’embrasser publiquement : « Le baiser ! Le baiser !! »
Paradoxe : l’impression de paradis homosexuel va être d’autant plus clamée qu’on nous montrera à l’écran une série noire (… comme pour nous prouver implicitement que l’enfer est pavé d’intentions paradisiaques) : « Je crois pas en Dieu et encore moins à Satan. Adieu, bande de tarlouzes imaginaires ! » (Bill dans la pièce Bill (2011) de Balthazar Barbaut) C’est le cas par exemple du film « Notre Paradis » (2011) de Gaël Morel, qui décrit une lente descente aux enfers du couple d’amants homosexuels évoluant dans le monde prostitutif homo. Dans le roman La meilleure part des hommes (2008) de Tristan Garcia, Willie baptise la période précédant l’arrivée du Sida dans la communauté homosexuelle « la Grande Joie » (p. 66). Dans le roman Des chiens (2011) de Miko Nietomertz, Dominique présente cyniquement à Benoît un sauna comme le cadre idyllique de la rencontre de l’amour vrai : « Tu vois, ici, c’est le paradis ! Il n’y a que des mecs, des dizaines de mecs offerts qui attendent l’amour ou une bite (il se touche la bite en le disant), il n’y a pas d’horloge parce que le temps n’existe plus, pas de lumière naturelle (en désignant une fenêtre calfeutré de tafta noir), pas de stress ni de choses qui viennent de l’extérieur. Tu viens, tu te fous à poil et tu laisses au vestiaire tout ton stress et tes soucis. Ici, c’est le paradis de l’amour, de la détente. » (pp. 37-38) Dans le film « Torch Song Trilogy » (1989) de Paul Bogart, l’entrée des backrooms du bar cuir porte un écriteau lumineux « Paradise ». Dans le film « Nos Vies heureuses » (1999) de Jacques Maillot, François retourne à la première boîte homosexuelle où il a atterri quand il est arrivé à Paris, et dit au patron qu’il regrette la fermeture prochaine de celle-ci. Dans une ambiance de piano-bar rétro vide, à la lumière des stroboscopes déglingués, ils se parlent à un comptoir et se rappellent avec nostalgie le bon vieux temps. François, perdu dans ses pensées, dit d’une manière tellement pathétique « On s’est bien amusés quand même… » que cela ne provoque qu’un acquiescement timide et peu convaincu de son ami. Oui, il y a des paradis bien tristounets, quand on les regarde en face… Dans son one-man-show Jefferey Jordan s’affole (2015), Jefferey Jordan entraîne sa maman dans le milieu homo : « Ma mère a voulu que je l’emmène en boîte gay. Elle voulait découvrir mon univers. Elle n’a pas été déçue du voyage. » C’est visiblement scabreux : « Comme les chiens à l’entrée, on s’démerde ! », même si Jefferey ironise et angélise ce qu’il voit : « C’est féérique. » Il la fait pénétrer dans une backroom où visiblement elle est possédée par le diable : « Elle nous rejoue la scène de l’Exorcisme dans la backroom. »
Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, tous les lieux fréquentés par les héros homosexuels qui sont gays et teintés d’un parfum paradisiaque se révèlent finalement infernaux, car ils s’y font ou tuer ou tabasser. Par exemple, dans le club gay Boys Paradise, Nathan et son amant Jonas sont refoulés à l’entrée, et finissent par être accostés par un prédateur qui les amènent dans un autre club au nom céleste, La Dolce Vita, qui se trouvera être une discothèque homo fictive qu’ils ne verront jamais. Sur le trajet, le prédateur homo, qui a l’air pourtant d’avoir des goûts musicaux de midinette (il écoute à fond la chanson « T’en va pas » d’Elsa, et ne veut pas baisser le son), refuse de faire descendre les deux jeunes garçons et donne un coup mortel à Nathan. Dix-huit ans plus tard, Jonas retourne au Boys Paradise, mais cette fois pour y déclencher une baston, se faire blesser au visage et être expulsé. Enfin, il y a un troisième lieu « paradisiaque » teinté de mort dans le film : c’est le parc d’attractions nommé Magic World où Nathan, à l’âge de 9 ans, a subi un lynchage collectif aux autos tamponneuses, qui l’a éjecté de sa voiture et coupé le visage : il s’est pris la tête sur la barrière de sécurité et a failli en mourir.
L’idéal que nous propose Cuculand, c’est au fond un amour beau PARCE que mort ou empêché par la cruauté homophobe « des autres » (= l’homophobie). Un amour synonyme de mort. Il n’est jamais expliqué la violence intrinsèque à la pratique homosexuelle. Mais pour le coup, celle-ci apparaît brutalement et par surprise de ceux qu’on n’attendait pas : les défenseurs de la banalisation/sacralisation de « l’amour » (homo). Par exemple, dans le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche, on voit que l’euphorie sociale et gay friendly pour le coming out fait vite place à l’indifférence violente, au poncif collectif de l’outing précipité et forcé : en effet, au lycée, les amies gay friendly d’Adèle (l’héroïne lesbienne) la harcèlent afin qu’elle fasse son « coming out » (« Juste assume ! »), pour ensuite lui reprocher qu’elle n’obtempère pas et pour finalement se retourner contre elle. Dans le film « Indian Palace » (2011) de John Madden, Graham, le vieil héros homosexuel, veut retrouver son amour de jeunesse, Manadj, avant de mourir, alors qu’il se sait malade d’une maladie incurable. C’est sa dernière volonté. Graham montre ses mois d’« amour » avec Manadj comme un « pur bonheur » : « On était au bord d’un lac. On regardait un coucher de soleil. Soudain, tout s’est écroulé. On s’est endormis. Et ils nous ont trouvés. »
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :
a) Le Gay Paradise ovationné :
À de rares occasions, dans les discours des personnes homosexuelles, le « milieu homosexuel » est comparé à un paradis : je vous renvoie au fameux drapeau arc-en-ciel rainbow flag, à la vision idyllique de la communauté homo dans l’article « Crónica Auténtica De Lo Acontecido En Un Pub De Chueca Una Noche De Verano » de J. A. Herrero Brasas (cité dans l’ouvrage collectif Primera Plana (2007), pp. 121-124), aux images télévisées des différentes Gay Pride à travers le monde, au traitement éthéré et humoristique du film « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne, aux noms que se sont choisis certaines revues de la presse LGBT (cf. la revue Gai-Pied, magasine homosexuel français fondé en 1979 par Jean Le Bitoux, et suspendu en 1992), à la B.D. Le Monde fantastique des gays (1986) de Copi (titre ô combien ironique vu les drames qu’elle raconte), aux délires forcés et dégoulinants des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence (qu’on entend parfois faire ce genre de blagues éculées : « Plus on est de folles, plus on rit ! »), au documentaire « Bear Nation » (2011) de Malcolm Ingram, etc. Par exemple, dans le documentaire « Desire Of The Everlasting Hills » (2014) de Paul Check, Paul raconte comment, dans les premiers temps de son entrée dans le « milieu homo » de New-York, tout lui était facile et il a vraiment pu « toucher le Ciel » étant donné qu’il était beau physiquement. Je vous renvoie aussi au risible compte à rebours euphorique du lancement de la chaîne câblée Pink TV, en direct du Palais Chaillot, à une heure de grande écoute au Journal Télévisé de 20h, sur TF1, le 25 octobre 2004. Dans le documentaire « Tellement gay ! Homosexualité et Pop Culture, Out » (2014) de Maxime Donzel, il est question de « la découverte d’une communauté où on peut s’épanouir ».
À en croire certains communautaires homosexuels (et autres personnes gay friendly en voie de bisexualisation), le « milieu homosexuel » serait nettement plus convivial et détendu que les vulgaires milieux femme-homme : « Je m’emmerde dans les dîners d’hétéros, ça manque d’humour. » (Claude, homosexuel, dans l’autobiographie Le Privilège des jonquilles, Journal IV (2006) de Pascal Sevran, p. 16) ; « C’est la révolution la plus incarnée qui ait existé sur la planète. Amantes ou non, nous étions en amour les unes avec les autres. Nous étions en amour avec les idées et avec tout ce qui était possible… » (Lise Weil témoigne à propos d’un rassemblement international lesbien, dans le documentaire « Lesbiana : une Révolution parallèle » (2012) de Myriam Fougère). Leurs copains – comprendre « potes », ou plus souvent « ex » – constitueraient « cette seconde famille choisie » dont parle Jean-Luc Lagarce dans sa pièce Le Pays lointain (1999). On serait plus libre et plus détendu dans le « milieu homo » qu’ailleurs : « Je vais dans ce genre d’endroits parce que toute la journée, on a une tension, une carapace, et qui fait que dans ce milieu-là, c’est enfin la liberté. Y’a que dans ces endroits-là qu’on peut vraiment être libres. » (Corinne, femme lesbienne interrogée dans l’émission Ça se discute, sur la chaîne France 2, le 18 février 2004) ; « Ici, c’est le paradis ! » (Laura, une femme lesbienne parlant du rassemblement lesbien de Dinah Shore, dans l’article « Dinah Shore : Lesbian Paradise » sur la revue Têtu, n° 135, juillet-août 2008, p. 148) ; « Le monde gai, c’est comme un univers différent. Les bars, c’est l’unique endroit où l’on peut rencontrer d’autres semblables. C’est le paradis pour bien du monde quand on découvre ça. » (un témoin homosexuel cité dans l’essai Mort ou Fif (2001) de Michel Dorais, p. 73) ; « C’était l’Éden pour moi. C’était extraordinaire. » (Irène, une femme lesbienne de 65 ans jadis mariée avec un homme, parlant de sa première entrée dans un troquet lesbien strasbourgeois, dans le documentaire « Homos, la haine » (2014) d’Éric Guéret et Philippe Besson, diffusé sur la chaîne France 2 le 9 décembre 2014) ; « Les bains de vapeur qui existent[à Berlin] sont à mon avis le sommet de la félicité humaine. En tout cas, j’ai particulièrement apprécié la façon dont les relations s’y nouent. » (lettre de Ernst Röhm, à 42 ans, le 11 août 1929) ; « Dès qu’on arrivait, on sentait qu’on n’était pas du tout dans une ambiance de bar très froide, avec des gens sur la défensive. Là, on venait vers vous pour vous parler. Quel bonheur ! » (Perry Brass, vétéran gay, parlant des dancings homos dans les années 1970 à New York, dans le documentaire « Stonewall : Aux origines de la Gay Pride » de Mathilde Fassin, diffusé dans l’émission La Case du Siècle sur la chaîne France 5 le 28 juin 2020) ; etc. Mais l’euphorie « paillettes » de la découverte du « milieu », le champ des possibles qui s’ouvre au nouvel arrivant, l’exaltation de la nouveauté, passent vite et ne dure qu’un temps… car la communauté homosexuelle pratiquante, on n’en fait vite le tour ! et nul ne peut prétendre trouver durablement le bonheur dans la marginalité.
De même au niveau de la conjugalité et de la sphère amoureuse. Comme une majorité de couples homosexuels éprouvent, sur la durée, leur manque de joie et de solidité, ils cherchent très souvent à s’agrandir par l’amitié avec d’autres couples homosexuels amis/amants. Ils veulent nous prouver qu’une vie communautaire LGBT est possible… par exemple dans une grande ferme du Larzac, dans un club de massage zen ou de randonnée pédestre, au sein de couples à 3-4-+ + +. « Angéla était une belle fille d’une trentaine d’années qui voulait former un groupe de goudous. Elle détestait aller traîner en boîte à des heures indues et préférait participer à des petites bouffes entre copines, faire des randonnées, bref vivre au grand jour. Son projet m’a enthousiasmée et je l’ai rassurée que je serais un des piliers de son groupe. Je rêvais, moi aussi, comme beaucoup de mes semblables, d’une grande famille amicale où, peut-être, il me serait possible de rencontrer un jour l’âme sœur. » (Paula Dumont, La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), p. 208) ; « L’idée nous est venue que nous pourrions, à notre retraite, acheter chacune une maison dans un hameau, et être à l’origine d’une oasis pour goudous. » (idem, p. 239) Le mythe de la vie communautaire homosexuelle sous forme de grande famille d’amour élargie trouve un grand succès dans les rangs LGBT. Par exemple, dans le documentaire « Cet homme-là (est un mille-feuilles) » (2011) de Patricia Mortagne), Xavier, le père de famille jadis marié et avec des enfants maintenant adultes, projette, après son coming out, de réunir tous ses amants, ses « ex » et sa famille sous le même toit : no problem ! Dans le roman semi-autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, Ednar, le héros, avec son compagnon indien, décide de vivre en communauté avec Grégoire et son nouveau petit copain Serge : « Pratiquement à chaque fin de semaine et durant les vacances nous nous retrouvions tous les quatre dans le pavillon. Cette cohabitation se passait sans anicroches et dans une ambiance plutôt festive et surtout amoureuse. À la maison, chacun avait son domaine : jardinage, ménage, repassage ; d’emblée, je m’imposais à la cuisine. » (p. 197) Ces projets de vie communautaire ne sont en général pas viables à long terme, et finissent en événements ponctuels (universités d’été, vacances, club de rencontres autour d’un événementiel LGBT, engagement associatif plus ou moins régulier…).
Face au décalage entre leurs bonnes intentions gays friendly et la montée de l’homophobie ou bien de leur insatisfaction de couples qu’elles connaissent concrètement, beaucoup de personnes homosexuelles finissent par découvrir dans la révolte et dans la bouderie agressive qu’elles se sont construites une prison d’auto-satisfaction collective : « J’ai bien peur qu’on vive vraiment dans notre microcosme, protégés et aimés par nos amis et nos parents. Et je crois que ce n’était qu’une illusion. » (Luca s’adressant à son amant Gustav, après leur micro-trottoir leur prouvant que leurs concitoyens italiens ne valident absolument pas leur monde Bisounours homosexuel, dans le documentaire « Homophobie à l’italienne » (2007) de Gustav Hofer et Luca Ragazzi.
b) Cuculand :
Si l’on en croit les discours des militants homosexuels, le « milieu homosexuel » serait le Pays des Bisounours. Un endroit sans frontière, où on accueille tout le monde dans sa différence, où la parité femme-homme serait parfaite (les femmes n’en seraient pas moins nombreuses de ne pas se rendre visibles), où on aurait le choix de rencontrer n’importe quel type de personnes qui correspond à nos goûts, où on pourrait « être totalement soi » et rencontrer l’amour vrai et durable. « Je me sentais tellement libre. J’étais qui je voulais. Le paradis était certes loin mais, il avait le mérite d’exister dans mon cœur. Les anges me le rappelaient de temps en temps. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 115)
Dans les premiers temps de la relation, certains mettent des post-it « Je t’aime » partout dans la maison : ils trouvent ça génial, original, « trop mimi ». Et quand les rares couples homos qui passent le cap des 7 ans de vie commune sont encore motivés par Cuculand et leur utopie d’amour, ils font, pour les télés, la demande en « mariage » sous forme de flashmob (on respire un coup avant de regarder l’affichage adulescent de la sincérité…).
Le « bonheur d’aimer et d’être aimé » homosexuellement est exhibé actuellement dans les talk show télévisés, dans les cérémonies de PaCS ou de faux mariages dans les mairies, ou bien lors des kissing géants organisés devant l’église Notre-Dame de Paris et sur les places des grandes villes.
La communauté homosexuelle met le paquet pour que ses représentants – les couples homosexuels – soient mis en valeur, et donnent une image positive, conviviale, et paradisiaque, du « milieu ». On nous plonge dans un bain de guimauve. Par exemple, pendant un kissing parisien montré dans le documentaire « Des Filles entre elles » (2010) de Jeanne Broyon et Anne Gintzburger, Jeanne se ballade avec un ballon « Action Bisounours » gonflé en forme de cœur. Le kitsch assumé n’en reste pas moins kitsch…
L’idéalisation justificatrice de l’amour homo ne se fait pas toujours en grandes pompes. La propagande se veut plus subtile que de bruyants applaudissements : les défenseurs bobos du couple homo utilisent plutôt la simulation de pudeur, l’esthétique naturaliste minimaliste, et la sacralisation du silence ou de l’art, comme moyens de concrétiser discrètement leurs fantasmes amoureux : « Plus personne ne compte à leurs yeux. […] Tout se tait. Le temps s’est arrêté. Moment de silence et de bonheur dans le tumulte de la guerre. » (Louis-Georges Tin sublimant « quelque peu » l’amitié chevaleresque entre Roland et Olivier, dans la Chanson de Roland, citée dans son essai L’Invention de la culture hétérosexuelle (2008), p. 21) ; « Il y avait énormément de femmes qui vivaient dans cette région, et qui avaient des fermes. Il n’y a jamais eu aucun problème. Jamais jamais jamais. » (Catherine, vivant elle aussi dans une ferme avec sa compagne, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; etc. On nous chante la beauté, la sobriété, et la pseudo simplicité des sentiments homosexuels. Par exemple, dans son essai Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010), Natacha Chetcuti s’applique à conter des « tranches de vie » (elle dira des « histoires de vie », p. 35), à retracer béatement des portraits de couples lesbiens qu’elle juge sobres et merveilleux, et qui sont censés illustrer « la place donnée à l’autre ».
Dans le film « Hoje Eu Quero Voltar Sozinho » (« Au premier regard », 2014) de Daniel Ribeiro, les spectateurs ont de quoi ne pas en croire leurs oreilles : dans la scène de fin, lorsque les deux héros Léo et Gabriel s’échangent leur premier vrai baiser long et consenti, il n’y a aucun violons, mais juste le gazouillis des petits oiseaux. On croit rêver. Les petits zoziaux pendant le baiser final ! Le réalisateur brésilien s’est-il rendu compte de sa naïveté ? Je ne pense pas.
La communauté homosexuelle, à travers ses films vraisemblables mais pourtant irréalistes, avec ses documentaires scénarisés, ne semble pas se rendre compte qu’elle se crée sa propre prison dorée d’auto-persuasion, sa propre déconnection du Réel, sa propre illusion d’amour, une illusion qui accentuera la rigidité de leurs détracteurs.
En ce moment, la mode des films gays cuculand surfe sur la vague de la sobriété bobo : on entrevoit à peine de scènes de sexes, on veut nous prouver que la relation homosexuelle ne serait même pas sexuelle, que l’amour homosexuel est gratuit et touchant parce qu’il serait accidentel, circonstanciel, « pudique », parce qu’il ne serait classable ni parmi les amours hétérosexuelles ni parmi les amours homosexuelles communes du « milieu gay dépravé ». Le fameux « Nous deux c’est différent. », très immature, orgueilleux, homophobe et misanthrope.
« Un vendredi soir après une fête chez ses amis hétéros, Russell finit dans un club gay. Juste avant la fermeture, il drague Glenn, et ce qu’il croit être juste l’aventure d’un soir devient autre chose, quelque chose de spécial. » (cf. le résumé du film « Week-end » (2011) d’Andrew Haigh, sur la plaquette du 17e Festival Chéries-Chéris, le 7-16 octobre 2011, au Forum des Images de Paris)
L’idéal que nous propose Cuculand, c’est au fond un amour beau PARCE que mort, irréel, éphémère, ou empêché par la cruauté homophobe « des autres » (= l’homophobie) : « Après avoir subi une greffe cardiaque qui lui a sauvé la vie, Simon apprend que le donneur est en fait son compagnon François décédé dans un accident de voiture. […] Ils se sont mutuellement sauvés la vie et bien que séparés, ils vont finir leurs jours ensemble. » (cf. le résumé du film « La Dérade » (2011) de Pascal Latil, sur la plaquette du 17e Festival Chéries-Chéris, le 7-16 octobre 2011, au Forum des Images de Paris) Un amour synonyme de mort.
c) Un paradis réel ?
Comment voit-on que les couples homosexuels « tout sourire », et plus globalement le mythe de la communauté homosexuelle ultra-heureuse et soudée, s’éloignent de la réalité ? Tout simplement en observant les faits (j’aborde très largement les dégâts et la cruauté qui sévissent au sein du « milieu homosexuel » dans le code « Milieu homosexuel infernal » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Et d’autre part, parce que beaucoup d’individus homosexuels eux-mêmes finissent par dénoncer leur propre comédie et vendre la mèche. Cette démarche d’auto-persuasion d’un bonheur qui finalement ne se vit/voit pas vraiment, finit par ne pas convaincre même les plus optimistes : cf. je vous renvoie au documentaire « Il n’est pas facile d’être homosexuel, même à New York » (1974) de Bill Daughton. « L’Allemagne serait-elle donc un paradis pour les homos ? » (Peter Gehardt dans son documentaire « Homo et alors ?!? », 2015) ; « La première chose que me disent les Français qui me savent à Londres est : ‘Tu as de la chance : Londres, c’est trop bien pour les gays !’ S’il est vrai que Londres est probablement l’endroit d’Europe où l’on peut vivre le plus librement son orientation sexuelle, il n’en reste pas moins que l’homophobie a la peau dure là-bas aussi. » (Julien, 22 ans, dans la revue Têtu, 2002)
La communauté homosexuelle a tendance à se chercher un ailleurs (temporel ou spatial) paradisiaque pour se prouver qu’elle n’est heureuse que lorsqu’elle ne se trouve pas à sa place. Quand on demande à ses membres où se cachent les couples homos solides qui s’aiment vraiment, ils nous rient au nom comme si on avait posé une question bête… mais après mûre réflexion, ils sont bien coincés pour nous répondre ! On les voit faire mentalement les fonds de tiroirs, se focaliser sur le fait que « c’est possible » (en zappant la question de savoir si c’est idéal en même temps que possible), et nous parler vaguement de l’existence d’un ou deux couples lointains et invisibles dont ils ont perdu mystérieusement la trace (… ils auraient déménagé dans la Creuse… mais seraient quand même magnifiques et durables, assurément !). Par exemple, dans le documentaire « Les Homophiles » (1971) de Rudolph Menthonnex et Jean-Pierre Goretta, la Hollande est présentée comme un paradis gay : « La tolérance hollandaise n’est pas une légende : 50 000 homos à Amsterdam, et 700 000 en Hollande. » ; « Sans vouloir être un paradis de l’homosexualité, la ville d’Amsterdam est la plus concernée et la plus engagée en Europe dans ce mouvement anti-discriminations. »
L’amour homosexuel merveilleux a tout l’air d’une projection narcissique nourrie à deux (et, en amont, promue par la société publicitaire bisexuelle gay friendly, et l’ensemble de la communauté homosexuelle), un roman-photos reposant majoritairement sur les goûts (musicaux surtout) et les sensations individuelles : « J’ai rêvé un instant (puisque tout le monde rêvait, pourquoi aurais-je dû être la seule à coller à des réalités triviales ?) à 8 jours de vacances, en ce lieu, avec Catherine. Je l’ai entrevue, devant son chevalet de peintre, sous le soleil méridional, dans l’odeur du thym, de la menthe et du romarin. Là ou ailleurs, arriverais-je un jour à vivre une semaine entière auprès d’elle ? » (Paula Dumont, La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), p. 164) ; « Une fois rentrées à la maison, nous avons écouté Jessye Norman en nous serrant tendrement l’une contre l’autre sur le vieux canapé du salon où nous avions pris place. » (Paula et Catherine, op. cit., p. 46) ; « Après plusieurs jours sans nouvelles, je reçois une vidéo. Vianney filme une carte postale de Paris avec nos deux adresses reliées par un tracé rouge, et ses lèvres qui murmurent ‘je t’aime’. De mon côté j’achète une boîte à musique avec La Vie en rose, que je lui envoie. Il me répond avec la reprise du Coup de Soleil de Vincent Delerm et Valérie Lemercier que je me repasse en boucle. […] Nous nous regardons. Nous cherchons l’un dans le regard de l’autre celui qu’on aime, celui à qui on parle chaque jour au téléphone depuis plusieurs jours, celui à qui on envoie des petits cadeaux guimauves. Tout mais surtout moins de froideur, moins de déception. […] Je dis ‘Je t’aime Vianney’, parce que c’est la dernière fois que je le lui dirais, et pendant une seconde, dans ma tête, c’est le souvenir du garçon que j’aime qui me revient. Ce garçon qui est tellement Vianney et pas du tout lui dans une adéquation à laquelle je n’arrive pas à me faire. » (Mike et son amant Vianney, dans le roman Des chiens (2011) de Miko Nietomertz, pp. 86-87) ; « J’aime Sébastien à la folie. Le parking de la mairie d’Évreux est facile à trouver, je me gare. Et j’attends. […] J’aperçois la Cooper de mon homme. Il se gare. Je descends à sa rencontre. C’est un film qui se déroule maintenant devant moi. […] Je marche vers lui. Au ralenti. Tout se passe comme si mon corps anticipait ce qui allait arriver. » (Gaël-Laurent Tilium, Recto/Verso (2007), pp. 234-235) Bienvenue à Cuculand !
Après ce constat d’échec dénié, ils feuillettent (… pour les plus érudits d’entre eux…) leurs manuels d’Histoire ré-écrits aux goûts gay friendly, et se plaisent à réveiller le papou gay dormant dans une contrée-fantôme ou dans une tribu ignorant la civilisation capitaliste. « L’homosexualité masculine a, depuis les origines du monde, existé dans plus de 40 cultures. À l’ombre des pyramides (2500 avant notre ère) les pharaons possédaient des réserves de jeunes garçons. La prostitution masculine se pratiquait en Chine vers l’an 2200 avant notre ère. […] La pédérastie est ouvertement pratiquée en Océanie (Hawaii) ou aux Antilles, aussi bien qu’en Afrique (Nigeria, Dahomey) ou au Japon par les samouraïs. Dans les cultures chamaniques, Indiens des plaines d’Amérique du Nord, Tchouktches d’Asie centrale, Scythes, etc. » (Michel Larivière, Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres (1997), pp. 15-16) Beaucoup d’individus homos extériorisent leurs problèmes amoureux sur la croyance qu’un paradis homosexuel merveilleux existe… même s’ils en sont encore loin : ils ne seraient pas nés dans le bonne famille, à la bonne époque, dans le bon milieu social, dans le bon pays, avec le bon sexe et le bon âge. L’herbe serait toujours plus tendre dans la pré d’à côté ! : « J’aimerais bien avoir vingt ans aujourd’hui… » (Christophe, un témoin homo de 40 ans, dans l’émission Jour après Jour, sur la chaîne France 2, novembre 2000) ; « C’est épouvantable ce que j’ai pu entendre. Dans ces milieux-là, en usine, ça n’existe pas l’homosexualité. Un milieu de cols blancs, un milieu universitaire, c’est probablement une fourmilière pour les gais, c’est le paradis. » (un témoin ayant grandi dans un milieu ouvrier, cité dans l’essai Mort ou Fif (2001) de Michel Dorais, p. 73)
Certains intellectuels homosexuels actuels (Claude Puzin, entre autres) font de la Grèce antique (l’Athènes du Ve siècle av. J.-C.) ou de la Rome Antique (Ier au Ve siècle ap. J.-C.) un temps béni pour la communauté homosexuelle. Or la civilisation de la Grèce homosexuelle n’a duré qu’un ou deux siècles tout au plus – l’amour homosexuel qui y est vanté n’a donc rien d’éternel, de social, ou de durable ; il existe surtout littérairement – ; et de plus, il faut quand même rappeler que les sociétés grecque et romaine se rangent dans la catégorie des civilisations esclavagistes, excusez du peu (les individus homosexuels passifs étaient des esclaves que les hommes homosexuels actifs achetaient, vendaient, se prêtaient parfois)… donc on est bien loin d’un modèle idéal de société et d’amour ! « Pas de bévue plus monumentale que de faire de la Grèce antique le berceau, la patrie, et le paradis de l’homosexualité. Ni le mot ni la chose n’existaient. Ce que nous appelons homosexualité, le rapport entre deux adultes consentants, il n’y a rien qui ne fût autant réprouvé à Athènes. » (Dominique Fernandez, L’Amour qui ose dire son nom (2000), p. 16) ; « Rien ne distingue à Rome un séducteur adultère d’un travesti passif. C’est le même être dépravé et assoiffé de plaisirs, cibles d’insultes et de plaisanteries cruelles. » (cf. l’article « L’Eros romain » de Florence Dupont, dans le Magazine littéraire, n°426, décembre 2003, pp. 31-32) Désolé aussi pour les nostalgiques de la Renaissance italienne, française, ou anglo-saxonne : à cette époque-là non plus, le couple homosexuel n’a jamais été célébré comme modèle social d’amour (cf. voir également l’article « Une Renaissance homosexuelle ? » de Louis-Georges Tin, idem, p. 35). Plus proche de nous, on entend parfois les personnes homosexuelles se trouver un Éden dans les bois et les plages nudistes, dans les pays d’Asie du Sud-Est, ou dans le Maghreb (où pullule le tourisme sexuel… c’est une manière bien personnelle de voir la « liberté » et le « paradis »…). La légende veut que la Thaïlande soit un « gay paradise ». Mais le sociologue australien Peter Jackson, auteur de Male Homosexuality In Thailand (1995), offre une vision plus réaliste sur le degré d’acceptation sociale du phénomène gay thaïlandais. « Même si les relations homosexuelles sont moins sanctionnées socialement en Thaïlande qu’en Occident, cela ne signifie pas qu’elles soient considérées comme un comportement normal ou acceptable. Les rejets culturels traditionnels restent très forts. » (cf. la revue Actualité des religions, n°5, mai 1999, p. 41) ; « Mais pour les gays, la fête va bientôt tourner court. » (la voix-off du documentaire « Lesbiennes, gays et trans : une histoire de combats » (2019) de Benoît Masocco, parlant de l’arrivée du Sida qui met un cran d’arrêt aux frasques sexuelles des années 1970) ; etc.
Paradoxe : l’impression de paradis homosexuel va être d’autant plus clamée par certains militants homosexuels que ces derniers vivront individuellement (ou bien dans leur couple) une série noire. « Aujourd’hui, je connais des bars un peu glauques, qui ressemblent un peu à Cruising. Je trouve ça marrant. Même excitant. » (Rich Juzwiak, homo, dans le documentaire « Tellement gay ! Homosexualité et Pop Culture », « Out » (2014) de Maxime Donzel). Le déni prend alors la forme du discours béat et banalisant de l’amnésie… : cf. le documentaire « Les Mille et un soleils de Pigalle » (2006) de Marcel Mazé (au titre faussement prometteur puisqu’il retrace en réalité l’enfer quotidien de deux jeunes Maghrébins travaillant comme gigolos dans des sex-shops parisiens). Un discours aussi décousu et contradictoire que, par exemple, celui de l’écrivaine lesbienne Nina Bouraoui dans l’émission Culture et Dépendances le 9 juin 2004 : « Cette violence-là, c’est la violence de la nuit, parce que lorsqu’on pense qu’on va trouver l’amour, qu’on va trouver des amis, qu’on va trouver l’amour chez des gens qui soi-disant vous ressemblent, on est terriblement déçu. Parce qu’il n’y a pas une homosexualité : il y a des homosexualités. Il y a des rencontres. C’est pour ça que moi je suis toujours du côté de l’individu. J’pense que le milieu c’est important parce que ce sont des refuges. C’est là qu’on peut embrasser, c’est-à-dire rencontrer, c’est là qu’on peut partager. On se sent moins seul. » Autre exemple de déni mièvre de l’horreur (avec des cœurs et des étoiles dans les yeux) : celui de l’écrivain Jean Genet, envoyé jusqu’à sa majorité dans la Colonie pénitentiaire de Mettray en Touraine, une sorte de prison pour adolescents où il connaît ses premières expériences homosexuelles. À sa sortie, il dira qu’il y a vécu l’« enfer », mais aussi qu’il y a été « paradoxalement heureux » et que ce n’est qu’une fois libre qu’il s’est cru perdu (cf. l’extrait non publié du roman Journal du voleur (1949) de Jean Genet, dans le Magazine littéraire, n°313, septembre 1993, p. 20).
Dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, est filmé un repas de famille autour de Thérèse, une femme lesbienne de 70 ans, et ses enfants devenus adultes. Et tout le monde rigole, banalise l’homosexualité, voire dit qu’elle a épanoui l’intéressée (qui aurait été forcément malheureuse et menteuse avant son coming out). Thérèse se met à raconter la vague de liberté qu’elle a vécue dans les années 1970, même si on lit en filigrane qu’elle a énormément souffert en amour homosexuel. Et quand elle évoque qu’elle a pratiqué des avortements de femmes chez elle en créant une cellule clandestine, elle déclare avec un aplomb apaisé qui ferait presque frémir : « C’était une période fabuleuse. »
Qui veut faire l’ange fait la bête. La violence de l’idéalisation de l’« amour » homosexuel – qui n’a pas lieu d’être idéalisé – s’observe également sur le terrain politique et associatif LBGT. Plus les méthodes de ces groupes de pression homosexuels s’annoncent sous les auspices de la paix, de la justice et de l’amour, plus ils frappent d’une manière particulièrement violente (car elle est sincérisée) et peu aimante. Je pense par exemple aux groupes de militants pro-gays, déguisés en angelots, qui organisaient en 1999 des « Actions de l’Ange » pendant l’enterrement du jeune Matthew Shepard aux États-Unis, en encerclant leurs opposants pour les mettre hors d’état de nuire).
Beaucoup d’artistes homosexuels essaient de se venger de leur propre naîveté en pratiquant un art de la destruction qui garantirait soi-disant leur maturité et leur recul. Rien n’y fait. Dans son excellent article « Le Style Camp » (1968), Susan Sontag explique que, même dans le monde artistique trash et iconoclaste du camp (une sorte de kitsch inversé, sali), on retrouve une forme de naïveté angéliste, de « goût pour le sensationnel et le pittoresque » : « Les objets camp portent en eux une certaine tranquillité – une naïveté plutôt, comme dans un décor de pastorale. L’expression de William Empton, ‘pastorale urbaine’, s’appliquerait très bien à une bonne partie du Camp. »
Cette illusion de paradis s’applique également à la condition transgenre, transsexuelle et intersexe. Par exemple, dans l’émission Aventures de la médecine spéciale « Sexualité et Médecine » de Michel Cymes diffusée sur la chaîne France 2 le 16 octobre 2018, Léonie, homme transsexuel M to F de 29 ans, décrit ses séances d’orthophonie pour transformer sa voix et prendre surtout confiance en lui, comme « son petit paradis de transition ». Mais on voit bien à l’écran que son isolement relationnel et existentiel reste inchangé.
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