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L’Expo « Zizi Sexuel » : les pédophiles qu’elle dénonce, ce sont ses organisateurs

Zizi (pornographie 7)
 
Zizi (affiche)
 

Sonnez trompettes dans tout Paris ! On nous annonce à quasiment tous le coins de rue et les panneaux publicitaires le « grand Retour » de l’Exposition Zizi Sexuel, financée par vos impôts et par notre gouvernement socialo-bobo-libertaire en pleine chute « libre » (Et si vous n’applaudissez pas, vous n’êtes que des « intégrisses » coincés et homophobes ! Na !) J’ai voulu aller voir de mes propres yeux le « Phénomène », en visitant ce Musée des horreurs version bobo guimauve avec des cœurs partout, mercredi 25 février 2015 dernier… Enjoy.
 
 
 
Zizi sexuel - le retour
 

Après une tournée européenne « triomphale » de 7 ans, l’Expo Zizi Sexuel fait son Revival à la Cité des Sciences et de l’Industrie, du 14 octobre 2014 au 2 août 2015. « Une expo abordant avec finesse et humour les questions des 8-14 ans sur l’amour et la sexualité. » Oui… Finesse, je crois que c’est le mot.
 
Zizi (pornographie 4)
 
 

I – Je ne vais pas m’offusquer une énième fois : d’autres l’ont fait avant moi

 

Dire que cette exposition constitue une honte nationale, un des nombreux arrêts de mort que nos Hommes politiques socialistes signent contre eux-mêmes sans même s’en rendre compte, une énième provocation gouvernementale orchestrée par des obsédés sexuels qui ont en plus le culot de prétendre nous apprendre ce qu’est la sexualité et le véritable amour, ne sera pas d’une grande nouveauté ni d’une grande utilité : l’article de S.O.S. Éducation « Zizi sexuel : l’Expo qui tue l’amour » pourrait déjà largement suffire. Je n’ai pas grand-chose à y rajouter.
 

Si j’avais juste voulu susciter l’indignation irréfléchie ou la réaction offusquée, je me serais abstenu d’écrire l’article suivant. Mais par ce biais, j’ai envie d’essayer de rajouter une analyse qui permettra de faire raisonner les quelques parents français encore dotés de bon sens, de foi en l’amour durable et unique, de respect envers leurs enfants. Il est temps que les bobos qui nous gouvernent cessent d’abrutir les faibles et de créer des beaufs. Car oui, ceux qui se rendent à l’Expo Zizi Sexuel sont bien braves mais se font visiblement avoir comme des bleus. Ça me fait mal au cœur pour eux et pour ceux qui les imiteront. Je me suis d’autant plus rendu compte de la misère culturelle et affective que notre gouvernement socialiste exploite que j’ai eu la bonne idée de me rendre à cette Expo un mercredi après-midi, pile au moment où ça fourmille de familles. Celles de que j’ai vues, en grande partie monoparentales, ne semblaient absolument pas se rendre compte de la violence de l’Expo. Je dois avouer que les réactions des parents accompagnateurs m’ont encore plus affligé que celles des enfants. C’était vraiment Beauf-Land en direct. Certains parents, pour faire bonne figure face à moi qui prenais des notes et recensais tout dans le moindre détail, et pour reconquérir leur « autorité » paternelle perdue, simulaient avec leurs enfants un cours sérieux d’éducation sexuelle (« Regarde, chéri, ne passe pas ton chemin. ») ou un dialogue filial profond sur la sexualité (« Il faut communiquer sur ces sujets-là. C’est important. »), ou bien par mimétisme prenaient en photo ce que je capturais sur mon téléphone, en feignant de trouver ça hyper pertinent ou hyper drôle (… alors que moi, ça me glaçait le sang).
 
Zizi (changement de sexe)
 

J’ai vu des parents encourager leurs enfants à « changer de sexe » en se mettant derrière un décor animé, à s’abaisser à faire des jeux dégradants avec leurs mômes, à lire des conneries. J’ai vu des parents et des enfants se parodier les uns les autres dans la médiocrité. J’ai vu des parents se vanter de leur « audace » de montrer « de l’interdit », du pseudo « informatif » et « de l’intime » à leurs enfants en les emmenant voir une Expo pareille… puis dans le même mouvement, quand on les met devant leur imprudence ou leur immaturité mimétique, on voit ces mêmes géniteurs reculer de trois pas et ne pas assumer leur prétendu « courage », leur démarche « pédagogique ». Je les ai vus jouer les enfants et les lâches. Par exemple, tandis que je mitraillais l’Expo de photos et que je faisais chauffer mon crayon devant un écriteau montrant que les banques de sperme « existaient » et que c’était « normal » (la déproblématisation froide d’un fait mercantile honteux, c’est bien vu : c’est du péché par omission), une petite fille demanda à sa maman : « Pourquoi il prend des notes, le monsieur ? ». Sa mère lui répondit : « Parce que c’est intéressant, ma chérie. Lisons donc comme lui. » Je me suis alors tourné vers la fillette en corrigeant sa mère : « Non. Je prends en note cet article qui défend les banques de sperme car je suis scandalisé que cette exposition en fasse la promotion. » Là, la mère est montée mollement au créneau, en a parte : « Ouais… mais ça, elle comprendra quand elle sera plus grande. Là, elle est trop petite. Et c’est pas le but de cette expo de montrer tout aux enfants. » J’avais envie de lui répondre : « Ben si, justement. Cette expo en a la prétention. Et vous aussi, madame, même si, juste après, vous bottez en touche. » Mais j’ai laissé cette pédagogue de bazar à sa contradiction, en rabattant mon indignation sur le Livre d’Or où il n’y avait presque que des messages d’enfants super gentils « C’était trooop bien ! »…
 
 

II – Le paradoxe de cette Expo : Les pédophiles qui préviennent contre les pédophiles

 

Plutôt que de cracher sans fin ici mon effarement et de m’enfermer dans la réaction, je trouve plus pertinent de centrer mon article sur un seul point : l’ambivalence paradoxale de cette Exposition. Les deux visages (rose et noir) d’une même violence qui s’habille en science et en bons sentiments. Je souhaite, de la manière la plus synthétique possible (car sinon, je suis parti pour en écrire des tartines !) expliquer l’ambivalence criante qu’est ce parc d’attractions à prétention universitaire, humoristique et pédagogique (il y a même un coin « École » !). Je veux surtout par mon article que nous comprenions tous que l’Expo Zizi sexuel, malgré ses bonnes intentions, crée exactement ce qu’elle dénonce : l’inceste, la viol, la pédophilie, la prostitution, le libertinage, le sadomasochisme, l’infidélité, l’avortement, les divorces. Vous comprendrez en me lisant que mon accusation n’est en rien exagérée.
 
Zizi (Pornographie 6)
 
Zizi (inceste)
 
Zizi (cougar)
 
Zizi (pornographie 12)
 

En effet, les adultes pervers (il faut bien appeler certaines personnes par leur nom) semblent avoir mis toute leur énergie, leur humour et leur inventivité, à monter une galerie qui vise à prévenir inconsciemment l’être le plus fragile et le influençable qui soit (= l’enfant) contre eux-mêmes, de sorte qu’à travers l’affichage sincérisé de leur propre contradiction ou de leur peu de lucidité par rapport à eux-mêmes, ils croient s’innocenter, voire même faire œuvre de charité et d’honnêteté auprès de lui. On trouve par conséquent à chaque recoin de ce lieu d’« éducation et de prévention à la sexualité » qu’est Zizi Sexuel des messages qui portent ce curieux mélange entre bonne intention et acte verbal ou visuel froidement violent, entre franchise et mensonge ou non-dit, entre chérissement des causes et dénonciation de leurs conséquences désastreuses.
 

Il y a comme deux expositions en une, en réalité : l’Expo rose et l’Expo noire.
 

1) L’Expo rose, bien intentionnée, qui passe son temps à… :

 

– promouvoir une sexualité amuse-gueule, ludique, « cool » et rassurante.
 
Zizi (ludique)
 
Zizi (drague)
 

– promouvoir une sexualité cinématographique… comme si les couples du cinéma étaient la réalité, étaient des modèles d’amour à imiter. D’ailleurs, dans la liste des films censés illustrer l’Amour universel, il y en a, je dirais, à peu près 1/5 qui défendent l’« amour » homosexuel.
 
Zizi (cinéma 2)
 
Zizi (Amour cinématographie 2)
 

– promouvoir une sexualité rose bonbon, avec des cœurs et des fleurs partout, des nuages qui planent, de la musique mièvre et des niaiseries à droite à gauche. Exemple : Tina Arena chantant « Aimer jusqu’à l’impossible », la fleur avec les degrés de passion amoureuse « un peu/beaucoup/à la folie/pas du tout », les canapés en forme de cœur, etc.
 
Zizi (cinéma)
 
Zizi (cucul)
 
Zizi (irréel)
 
Zizi (Irréel 2)
 

– promouvoir une sexualité poétique. Par exemple, Maud Gouy, la commissaire de l’Exposition, est sincère quand elle se défend d’avoir créé un Événement non-violent et non-choquant : « On rentre dans l’exposition par le sentiment amoureux. On se met sur un lit pour regarder des scènes romantiques au cinéma. L’exposition livre une approche poétique avec la ‘machine à déclarations’ qui délivre des poèmes personnalisés. »

 

– promouvoir une sexualité banale et sans effort : « La sexualité, c’est méga facile ! » s’exclame Titeuf dans le Quizz du Zizi Sexuel.

 
Zizi (fastoche)
 

– promouvoir une liberté sans limite, une sexualité irréelle (noyée dans les métaphores et les clichés graveleux ou coquins), un amour asexué/bisexuel/monosexuel.
 
Zizi (métaphore 2)
 
Zizi (métaphore)
 
Zizi (misogynie)
 
Zizi (métaphores 3)
 

– promouvoir une sexualité qui fait l’apologie du fameux « consentement mutuel », bref, de l’« individualisme à deux », de la consommation érotique en couple… exactement comme le font les prostituées et leurs clients ; exactement aussi comme le font les violeurs (cf. la conclusion du Quizz du Zizi Sexuel : « L’essentiel, pour que ça soit bon, dit Nadia, c’est que les deux soient d’accord ! »). L’amour serait le résultat de la recette du couple seul, qui « fait l’amour » et le créerait par lui-même. La sexualité serait de l’ordre du strictement privé, du « fait-maison ». Jamais une construction sociale, et encore moins un don de Dieu !

 

– promouvoir l’envie comme critère central d’amour vrai. Là encore, c’est la logique du violeur ou du consommateur, qui veut faire les choses « parce qu’il en a envie » et non parce qu’il respecte vraiment la liberté de chacun des deux partenaires du couple.

 
Zizi (envie bon)
 
Zizi (violeur)
 

– promouvoir le relativisme culturel, pour uniformiser et valider tous les actes sexuels/affectifs à partir du moment où ils sont intentionnellement amoureux et consentants, pour prouver qu’il n’y a pas de règles en amour ni de choses objectivement « bizarres » en matière de sexualité : ça dépendrait des cultures, des générations, des points de vue, de l’éducation, de l’intention, de chaque pays et de chaque époque, etc. (Ce relativisme culturel, c’est aussi le discours caractéristique du violeur : rien n’est étrange… même l’étrange. C’est juste une question de perceptions…). Les concepteurs du Zizi Sexuel, comme tout promoteur du Gender qui se respecte, instrumentalisent le Papou-du-bout-du-monde ou l’Homme préhistorique en lui faisant dire n’importe quoi, en multipliant les anachronismes ou les raccourcis transhistoriques dignes des blagues Carambar, en feignant l’érudition et l’ouverture de la page culturelle, tout ça pour donner raison à leur ignorance post-moderne, pour ne pas porter la responsabilité de certaines de leurs pratiques sexuelles dites « amoureuses », pour gommer l’universalité et le sens de certains gestes, pour enfermer le public dans la surréaction et l’empêcher de raisonner : « Il y a 100 ans, les grosses étaient considérées comme des top-models. » ; « Dans certaines tribus aborigènes, pour montrer à une fille son amour, le garçon lui passe un doigt sous l’aisselle puis se le met sous le nez pour le sentir. » ; « Les Amazones étaient un peuple de guerrières qui vivaient il y a très longtemps. Elles tiraient à l’arc en montant à cheval ; alors, pour ne pas être gênées dans leur tir, elles se coupaient un sein. » ; « Les célèbres lutteurs sumotori qui peuvent peser 300 kg sont les idoles des femmes japonaises. Plus ils sont énormes, plus elles les aiment. »
 
Zizi (mépris parents 3)
 
Zizi (l'amour n'est plus lié à l'intelligence, la responsabilité)
 
 

2) L’Expo noire qui, concrètement, tombe… :

 
 

– dans l’illustration mimétique (et non la dénonciation explicitée et explicite !) de la gravité de cette liberté et de cette sexualité rose sans limite. Voilà toute la contradiction et la perversion de la démarche du Zizi Sexuel

 
Zizi (pornographie 3)
 

– dans la pornographie voilée. Les enfants de l’Expo sont invités à appuyer sur une pédale pour faire éjaculer un mannequin, le faire bander, le faire ovuler, etc. Ils voient de la pornographie vulgarisée sous forme de dessins enfantins simplistes. Et en plus, ils s’entendent dire que « regarder du porno, ce n’est pas grave » (véridique).
 
Zizi (Pornographie 8)
 
Zizi (Pornographie 5)
 

– dans l’exhibitionnisme… qui se fait passer pour de la « franchise », du « sans concession », de la vérité, du militantisme. Démagogie, quand tu nous tiens…

 
Zizi (pornographie 2)
 

– dans le voyeurisme gratuit.
 
Zizi (pornographie 10)
 

– dans les fausses questions soulevant des évidences qui font diversion sur les vraies réponses, ou bien rapportant des infos anecdotiques, inutiles, intrusives, voire mensongères et dénuées d’intériorité, posant des questionnements binaires (dits « à choix multiples ») qui obligent mine de rien l’enfant à cautionner des pratiques violentes, ou à rentrer dans un système de pensée unique sans s’en rendre compte : « Le zizi des garçons se ratatine dans l’eau froide ou si on le met à l’air à très basse température. » ; « Le plus grand soutien-gorge… fabriqué dans le monde mesure 15 mètres de long ! » ; « C’est nul de se moquer des homosexuel-le-s. Es-tu d’accord ? », etc.

 
Zizi (questions binaires)
 
Zizi (binaire)
 
Zizi (info inutile)
 
Zizi (info inutile 2)
 
Zizi (fausse question)
 

– dans le non-dit. L’Expo ne rentre pas toujours dans tous les détails les plus compromettants des actes sexuels violents des adultes, et pourtant, l’air de rien, elle parle en filigrane de réalités – sodomie, fellation, implants mammaires, procréation médicalement assistée, films pornos, etc. – sans poser aucun diagnostique moral, livrant ainsi les enfants à leur propre libre arbitre, précisément à un âge où ils ne savent pas ce qui est bon ou mauvais, ni la frontière entre ce qui existe et ce qui mérite d’être vécu ou laissé de côté. Par exemple, rien n’est dit sur l’existence (pourtant bénéfique) des méthodes de régulation naturelle des naissances et la responsabilisation des futurs parents : tout le discours de l’Expo à propos de la procréation humaine est focalisé sur l’avortement et sur la nécessité absolue d’utiliser les préservatifs et la pilule. Rien n’est dit non plus sur les drames du porno (alors que, paradoxalement, juste après, on nous fait tout un laïus insistant sur les nouveaux risques d’Internet !) : la voix-off enfantine près de « l’arbre à confidences graves » demande : « Est-ce que c’est grave de regarder des films pornos ? » Réponse pré-enregistrée de l’adulte : « Non. Mais ce sont des films pour adultes. » Qui peut s’attendre logiquement à découvrir derrière cet Arbre de la Franchise l’immense Forêt de la Langue-de-bois ? Personne, à part l’esprit averti.
 
Zizi (arbre)
 
Zizi (possibilité)
 
Zizi (non-dit)
 
Zizi (mensonge)
 

– dans le mensonge. Exemple : La « pilule du lendemain » – qui concrètement constitue un véritable tsunami pour le corps des femmes, aussi bien sur le plan physique que moral – est totalement banalisée, mise sur le terrain de la « possibilité », du « pouvoir », du « droit » : « Il existe aussi la pilule d’urgence. Si on fait l’amour et qu’on a oublié de se protéger, la femme peut prendre cette pilule très vite. Celle-ci empêche soit l’ovulation de se faire, soit à l’ovule fécondé de se loger dans l’utérus et donc empêche d’avoir un bébé. » Idem pour la banque de sperme : « Les femmes qui ne peuvent pas avoir de bébé avec le sperme de leur amoureux, peuvent demander du sperme dans une banque prévue pour ça ! La première banque du sperme date de 1973. [point final] » De plus, on nous fait croire dans cette Expo que l’amour ne serait qu’une question de technique et d’émotion, de responsabilité avant tout individuelle ; pas une question de sexuation humaine, d’engagement, de durée, de sacré, de responsabilité collective, de volonté aussi. Ce n’est pas une Expo sur l’Amour, mais une Expo qui désapprend à aimer.
 
Zizi (banque)
 

– dans la victimisation légaliste. Selon les concepteurs gays friendly de cette Expo, une chose ne serait pas « bonne » ou « juste » du fait qu’elle soit concrètement violente : elle est jugée injuste et mauvaise uniquement parce qu’elle est « contraire à la loi ». « C’est ça l’inceste : l’inceste est un crime puni par la loi. » ; « On met les pédophiles en prison ou dans un hôpital psychiatrique car ils sont dangereux. » ; etc. Ainsi, zéro explication morale ! Zéro recherche de Vérité ou de compréhension des faits ! Zéro Sens ! L’inceste, « c’est pas bien parce que c’est punissable par la loi ». L’homophobie, la pédophilie, « c’est pas bien parce que c’est passible de prison et parce que c’est dit dans la loi ». Et une fois que la loi change, on fait quoi ? Une fois que la loi protège des actes mauvais, comme c’est le cas du « mariage pour tous » concernant les actes homos, la GPA, la PMA, on fait quoi de ce légalisme moraliste à la noix ?
 
Zizi (légalisme)
 

– dans la diabolisation (déresponsabilisante, démobilisatrice) des violeurs, avec en prime la création aberrante et grotesque d’une espèce étrangère immonde, d’un Méchant de dessin animé presque innommable, d’un Troisième Type – « le Pédophile » – qu’il conviendrait d’expulser sans chercher à comprendre les ressorts psychologiques et sociaux de l’acte pédophile (à commencer par la promotion et l’existence d’expos telles que le Zizi Sexuel !). La voix-off du speaker près de « l’Arbre de la Connaissance », justement, nous somme avec insistance de reconnaître que la pédophilie c’est « mal » et que l’adulte qui satisfait ses envies sur un enfant est « crès méchant » : « L’adulte qui a fait ça est un pédophile. Quel que soit le moyen, il ne faut pas se laisser faire. Il faut se débattre, fuir en courant ! Il n’y a pas à réfléchir. C’est NON ! NON ! NON ! On met les pédophiles en prison ou dans un hôpital psychiatrique car ils sont dangereux ! »

 
Zizi (violeur)
 

– dans le mépris des parents et des adultes, carrément censurés ou dénigrés pendant l’Expo… alors que la destruction de la différence des générations (qui participe de la destruction de la différence des sexes), la ridiculisation de la transmission généalogique adulte, la flatterie de la supposée maturité des enfants par rapport à l’immaturité de leurs géniteurs, c’est le discours et la démarche typiques du violeur ou des États totalitaires prétendant se substituer aux parents sur le terrain de l’éducation et de la sexualité !
 

Espace "interdit aux adultes"

Espace « interdit aux adultes »


 
Zizi (mépris parents 1)
 
Zizi (mépris adultes)
 

– dans le mépris des enfants. Durant toute l’Expo, ces derniers sont pris pour des potes (qui doivent parler bobo comme « çô », et « pô » comme de enfants naturels), pour des confidents royaux, pour les adultes qu’ils ne sont pas encore, pour des adolescents à conneries, pour des fruits d’une « belle histoire »… mais ils ne sont pas aimés ni respectés dans leur innocence et leur réalité générationnelle, ils ne sont pas considérés comme le fruit d’un amour humain unique et éternel : « Un bébé, ça doit être le résultat d’une histoire d’amour »… et c’est tout. Misère de misère…
 
Zizi (l'amour n'est pas unique. Confusion entre être amoureux et aimer)
 
Zizi (vulgarité)
 
Zizi (mépris des enfants)
 

"Rigolez ! Moi, au moins, j'aurai pô un bébé !"

« Rigolez ! Moi, au moins, j’aurai pô un bébé… »


 

– dans la misandrie (haine des hommes, des pères) et la ridiculisation des garçons. C’est normal : ils sont présentés comme des gros dégueulasses, des violeurs en puissance. L’Expo Zizi sexuel résonne à bien des reprises comme un appel à candidatures inconscient.
 
Zizi (misandrie)
 
Zizi (misandrie 3)
 

– dans la misogynie (haine des femmes, des mères). Les filles sont traitées comme des poupées Barbie caractérielles, des poules pondeuses (… d’un seul œuf… parce que deux, faut pas déconner non plus) et des salopes en devenir… avec tous les accessoires de la pétasse qui irait se faire sauter en boîte ou qui doit savoir au plus vite faire la nique aux mecs.
 
Zizi (salope)
 

– dans l’orchestration de la guerre des femmes contre les hommes (sous couvert d’égalité des sexes, et de défense des droits des femmes, des enfants et des z’homosexuels). Par exemple, on donne aux filles plusieurs astuces pour jarter les mecs qui les draguent « lourdement » en une phrase dite « cassante », dans la rubrique « La Réplique qui tue ». En effet, Titeuf, le jeune garçon gaffeur et intrépide, demande à sa copine Nadia « Vous habitez chez vos parents ? », et celle-ci répond : « Non. Je vis dans les égouts et je croise ton sosie tous les jours. » (Cassééé !) ; Titeuf demande « Tu danses ? » ; Réponse de sa douce et tendre : « Non… J’ai oublié mes bottes blindées. » Il ne manquait plus que : « Tu veux ma photo ? / Oui, pour la mettre dans mon album de singes. »
 
Zizi (misandrie 4)
 
Zizi (jarter)
 
Zizi (jarter 2)
 

III – Mais vous allez niquer, oui !?!

 
Zizi (technique)
 

En matière de sexualité (spectaculairement réduite au triptyque romantico-libertaire hétérosexiste suivant : sentiment/génitalité/procréation), cette Expo cherche à démontrer au jeune visiteur que tout ce qui nous est POSSIBLE (« Pour faire l’amour sans avoir de bébé, il existe plusieurs moyens. Les garçons peuvent mettre un préservatif. » ; « Les femmes qui ne peuvent pas avoir de bébé avec le sperme de leur amoureux, peuvent demander du sperme dans une banque prévue pour ça ! » ; etc.) est PERMIS et FAISABLE à partir du moment où chacun serait « fidèle à lui-même » (= Écoute ton corps. Contrôle-le et protège-le pour un maximum de sécurité et de jouissance. Connais par cœur son fonctionnement technique et tes cycles hormonaux.) et que l’acte sexuel se ferait entre deux pré-adultes consentants. Pas question de parler de vraie liberté ! Pas question de considérer les actes réels qui se cachent derrière les intentions ou les perceptions subjectives des acteurs de la pratique sexuelle ! Pas question de lier la sexualité à la complémentarité des sexes, ni à l’engagement ni à la vie de couple sur la durée ni au mariage ni à une quelconque dimension morale ou sacrée de la sexualité, cela va de soi ! Pas question, plutôt que de laisser le POSSIBLE faire loi d’amour universel, de nous présenter l’éventail plus réduit de ce qui nous est SOUHAITABLE et le plus PROFITABLE, le plus HUMANISANT pour aimer sur la durée et la fidélité à l’autre ! Comme si nous étions des bêtes humaines ou des robots conviés à tester tous les gadgets d’un grand supermarché de la consommation sexuelle soft rempli d’accessoires pour intensifier nos émotions.
 
Une jeune fille et sa grande soeur devant la marguerite de l'amour.
 

Et comble du comble, le spectre de nos « possibles », de nos probabilités émancipatrices, que nous exhibe cette Expo s’impose aux enfants sous la forme d’ordres à exécuter, de poncifs tacites, de nécessités absolues, de sécurités obligatoires pour se prémunir de risques décrits comme inéluctables, d’obligation à niquer… pardon, à « faire l’amour » et à se mettre en couple à tout prix. « Le célibat, c’est pas bien. Quoi que vous fassiez, les enfants, un jour ou l’autre, tout le monde devra passer à la casserole ! » Voilà le merveilleux message implicite laissé à notre jeunesse. C’est effrayant.
 
Zizi (mépris du célibat)
 
Zizi (régulation 2)
 
Zizi (supermarché)
 
Zizi (ordre)
 

L’Expo Zizi sexuel s’affaire à nous prouver que l’être humain serait son propre objet de plaisir sexuel, sa propre « machine à jouir, à ressentir des émotions amoureuses », sa propre « usine à procréer » quand il veut et comme il veut, un robot qui se consomme lui-même ou qui fonctionne/aime/jouit de telle manière (souvent violente et pulsionnelle, d’ailleurs : cf. je vous renvoie à l’atelier auditif de l’Expo où, simplement en pressant une manette, le visiteur est invité à entendre différents types de bisous, tous plus artificiels et déshumanisés les uns que les autres : « baiser agressif », « baiser passionné », « baiser métallique », « baiser baveux », « baiser contagieux », etc.).
 
Zizi (baiser agressif)
 
Zizi (sexuel Coeur)
 
Zizi (robot)
 
Zizi (homme-objet)
 

Plus grave : cette Expo nous fait même croire qu’on peut tout aussi bien faire l’amour à un Homme qu’à une machine… et comme cette machine ce serait nous-même, qu’on peut très bien se faire l’amour tout seul sans l’aide de personne. Question de savoir-faire technique !
 
Zizi (robot 2)
 

Il suffit d’appuyer sur tel ou tel bouton. C’est écrit noir sur blanc : Mesure ton amour à l’« amouromètre » ; regarde ton futur couple à travers les couples hétéros et homos des écrans de cinéma ; change de sexe en te regardant au « pubertomatic » ; presse le cœur-punching-ball pour entendre tous les chanteurs bobos du moment – Anaïs, Tryo, Manu Chao, Amadou et Mariam, etc. – te dicter combien tu aimes et quelle est « l’intensité de ton amour » ; exerce-toi – avec la langue ou avec le doigt – sur un mannequin pour devenir un pro du roulage de pelles, positionne-toi comme ça pour embrasser ou pour troncher/te faire troncher (ça te permettra de ne pas avoir mal), etc. Il ne manque plus que l’atelier poupée gonflable et sextoys ! Et franchement, on est à la frontière…
 
Zizi (comment rouler une pelle)
 
Zizi (robot 4)
 

"Allez, avec la langue ! Trop marrant !"

« Allez, avec la langue ! Trop marrant ! »


 

Et le pire, c’est qu’après tout ça, la conclusion de l’Expo, c’est : « Ne te laisse pas consommer. C’est très grave ! Tu n’es pas un objet de jouissance. Tu ne seras pas l’instrument des pédophiles ! Tu dois connaître les dangers d’Internet ! » Vous vous foutez de la gueule de qui ? a-t-on envie de dire aux concepteurs et aux hommes politiques qui soutiennent cette Expo immonde. Regardez-vous en face. Les pédophiles, ce ne sont pas « les autres » : c’est vous !
 
 

IV – Malgré les intentions déculpabilisatrices, une incitation à la peur de la sexualité

 
Zizi (peur)
 

En somme, aussi paradoxal que cela puisse paraître (car ils jouent aux « cools » qui connaissent tout sur tout de la sexualité, et qui vont briser tous les tabous du passé par leur « humour » décalé), les exposants du Zizi Sexuel sont bien plus frustrés en amour et bien plus effrayés par leur appareil génital que les soi-disant « cathos coincés », qui eux savent contrôler un peu mieux leurs pulsions et envisager la sexualité comme quelque chose de plus grand et noble qu’un bien de consommation. À force de regarder leur zizi (réel ou fantasmé) de trop près, par la lorgnette de leur microscope nombriliste, et d’en faire un mauvais usage masturbatoire, les bobos socialistes et leurs méthodes communistes « égalitaristes » finissent étonnamment par faire vivre à tout le monde, à commencer par eux-mêmes, l’angoisse de l’adolescent attardé qui réveille les complexes corporels humains les plus enfouis et les plus archaïques, et qui alimente socialement toutes les violences de la sexualité régressive adulte. Ils prétendent tout dévoiler de la sexualité et de l’amour parce qu’en réalité ils en ont une frousse terrible et que la génitalité les dégoûte (à tort… sauf quand ce sont eux qui la mettent en pratique d’une façon inhumaine et irrespectueuse). En dépit des apparences, leur purisme positiviste et leur langage clinique cru sur la sexualité sont angoissés et anxiogènes.
 
Zizi (animaux)
 
Zizi (émotion:génitalité:positivisme)
 
Zizi (émotion:génitalité:chimie)
 
Zizi (émotion:génitalité:amoureux c'est hormonal)
 

D’ailleurs, l’Expo Zizi Sexuel parle sans arrêt de la peur (même si ses concepteurs la projettent ensuite sur les enfants et prétendent les en délivrer), de la croyance que le sexe c’est sale et mal (même s’ils attribuent celle-ci aux prétendus « ignorants » qu’étaient leurs ancêtres, ou aux bourgeois coincés), de l’angoisse de la castration. Ils n’ont pas compris que la pudeur, c’est la condition et la limite de l’Amour vrai. Que la sexualité, c’était beau (et pas qu’un phénomène chimique ou mécanique qui « fait du bien » !). Et que c’est Dieu qui leur a donné leur zizi, pour l’honneur de son nom et de sa beauté.
 
Zizi (peur 2)
 
Zizi (peur 3)
 
Zizi (peur 4)
 
Zizi (peur 5)
 
Zizi (peur 6)
 

L’Expo Zizi sexuel, c’est finalement les pédophiles qui préviennent la jeune génération contre le risque de leurs propres attaques, en commençant par agresser celle-ci visuellement et verbalement sous le prétexte du jeu. C’est un peu le Parc d’attractions michaeljacksonien, et l’antithèse du Aimer en vérité de Pierre-Hervé Grosjean. Ces expositions libertaires me font penser à ces parents qui montrent des films pornos à leurs ados, en ayant la sincérité et l’inconscience de leur dire « C’est la Nature ! ». J’y suis allé pour que vous n’y alliez jamais. Merci de suivre mon conseil.
 

Code n°56 – Élève/Prof

élève:Prof

Élève/Prof

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Il est très fréquent dans les œuvres de fictions traitant d’homosexualité, que le personnage homosexuel (si c’est un élève) tombe amoureux de son professeur, ou qu’il charme (si c’est un professeur) son élève. Le désir d’union charnelle entre l’apprenant et son éducateur montre bien la nature incestuelle du désir homosexuel, nature qui peut parfois s’actualiser réellement.

 
ÉLÈVE Martine
 

Dans leurs œuvres et en désir, beaucoup de personnes homosexuelles cherchent à gommer la frontière entre maître et élève, par mépris/adulation de l’autorité, du service, et de la jeunesse. Leur passion des éducateurs n’est pas qu’une provocation ni un désir explicite de déshonorer la différence des générations. Elle est sincère. Dans leur cursus scolaire, les personnes homosexuelles se sont souvent senties très solidaires de leurs professeurs, au point d’être parfois taxées de « lèche-bottes » par l’ensemble de leur classe. Elles en sont même parfois tombées amoureuses. Et il arrive que certains enseignants, pris dans leurs élans de chaperonnage, aiment un élève en particulier plus que de raison

 

Le lien entre désir homosexuel et relation incestueuse élève/prof n’est pas souvent analysé par les membres de la communauté homosexuel, car il renvoie directement au thème épineux de la pédophilie (cf. je vous renvoie évidemment au code « Pédophilie » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels), et à l’immaturité violente de l’homosexualité.

 

Je précise par ailleurs que ce code n’invite en aucune façon à ce que les personnes homosexuelles soient tenues à l’écart des métiers de l’encadrement et de l’éducation de la jeunesse.

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Parodies de Mômes », « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu », « Inceste », « Inceste entre frères », « Adeptes des pratiques SM », « Éternelle jeunesse », « Infirmière », « Pédophilie », « Faux intellectuels », « Pygmalion », « Doubles schizophréniques », « Androgynie Bouffon/Tyran », « Tomber amoureux des personnages de fiction ou du leader de la classe », « Défense du tyran », « Entre-deux-guerres », à la partie « Amoureux du médecin » du code « Médecines parallèles », et à la partie sur les « profs de lettres » du code « Bovarysme », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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FICTION

 

a) École, lieu de la découverte de l’homosexualité:

Souvent, le héros des fictions homo-érotiques est un personnage qui vit son initiation homosexuelle avec un autre de ses camarades de classe, dans le cadre scolaire : cf. le roman L’Amour comme on l’apprend à l’école hôtelière (2006) de Jacques Jouet, le film « Ma vraie vie à Rouen » (2002) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, le film « Sancharram » (2004) de Licy J. Pullappally, le film « Get Real » (« Comme un garçon », 1998) de Simon Shore, le film « Thomas trébuche » (1998) de Pascal-Alex Vincent, le film « Prom Queen » (« La Reine du bal », 2004) de John L’Écuyer, le film « La Mala Educación » (« La mauvaise éducation », 2003) de Pedro Almodóvar, le film « Circumstance » (« En secret », 2011) de Maryam Keshavarz, le film « Le cercle des poètes disparus » (1989) de Peter Weir, le film « Was Nützt Die Liebe In Gedanken » (« Parfum d’absinthe », 2004) d’Achim Von Borries, le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos, etc.

 

« Il paraît que c’est plein de pédés, les pensionnats. » (Antonin, l’un des héros homosexuels du film « J’ai tué ma mère » (2009) de Xavier Dolan) ; « Deuxième choc, mon voisin de table, Esteban. Un redoublant. Un cancre. Le bon élève tombe amoureux du cancre. C’est bien connu. […] Je lui montrais comment faire une explication pour le bac en français. On avait un groupement de textes tiré des Fleurs du mal. Quand je relisais avec lui Parfum exotique, j’avais des frissons des pieds à la tête. J’avais l’impression que ça parlait de lui, de nous. » (Mourad, l’un des personnages homosexuels, parlant d’Esteban, un camarade de classe, dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, pp. 338-339) ; « Des chéris du lycée… » (le psychanalyste du campus s’extasiant face à Jenko et Schmidt qui jouent aux amoureux, dans le film « 22 Jump Street » (2014) de Phil Lord et Christopher Miller) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche, Adèle, l’héroïne lesbienne, étudiante en classe de 1ère L (Littéraire), boit comme du petit lait tout ce que lui disent ses profs de lettres, et transpose son cadre scolaire sur sa relation amoureuse homosexuelle : il est d’ailleurs montré qu’elle aurait fait des progrès spectaculaires en classe depuis qu’elle sort avec Emma ; et Emma se présente ironiquement comme la prof secrète et privée, qui allie jouissance sexuelle et cours particuliers…

 

Dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz, le coming out d’un prof d’université, Howard Beckett, provoque chez Jack, un de ses étudiants, un grand trouble identitaire. Et à la fin, pour défendre l’enseignant, l’élève et tous ses élèves finissent par faire croire qu’ils sont tous devenus gays par contamination.

 

Dans le film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini, Carole est prof d’espagnol, et en profite pour dire à son amante Delphine qui ne comprend rien à cette langue : « Me gustan tus pechos. » (= j’aime tes seins).
 
 

b) Le prof homosexuel :

Film "Olivia" de Jacqueline Audry

Film « Olivia » de Jacqueline Audry


 

Mais il arrive aussi que le héros homosexuel soit membre du corps professoral : cf. le film « En 80 jours » (2010) de José Mari Goenaga et Jon Garaño (avec Maïté, la prof de piano lesbienne), la comédie musicale Hairspray (2011) de John Waters (avec la prof de basket lesbienne), la pièce Parfum d’intimité (2007) de Michel Tremblay (avec Jean-Marc, professeur de lettres homosexuel), le film « Jeffrey » (1995) de Christopher Ashley (avec Steve, le prof de gym), le roman Le Professeur (1930) de Jaroslaw Iwaszkiewicz, le film « The Children’s Hour » (« La Rumeur », 1961) de William Wyler, le film « Dirty Talk » (2012) de Jeff Sumner (avec Nathan, le prof d’anglais « conservateur »), le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche (Adèle est professeur des écoles), le film « Mauvaise Passe » (1998) de Michel Blanc (avec Pierre, le prof agrégé louant les services de prostitués), le roman La Dette (2006) de Gilles Sebhan, le film « Marguerite » (2015) de Xavier Giannoli (avec Atos Pezzini, homosexuel, prof de chant de l’héroïne), le téléfilm « Baisers cachés » (2017) de Didier Bivel (avec Catherine, la prof de maths lesbienne), etc.

 

Par exemple, dans le film « Cours privé » (1986) de Pierre Granier-Deferre, Jeanne Kern, la jeune et jolie prof, voit sa vie privée mise en cause par le biais de lettres anonymes puis des photos compromettantes diffusées dans l’établissement où elle enseigne. Dans la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand, Xavier, le prof de gym de Thibault, devient son amant. Dans la série Les Filles d’à côté (1993-1995) de Jean-Luc Azoulay, Gérard, le prof de musculation de la salle de sport, est l’archétype de la grande folle. Dans le film « La Passion d’Augustine » (2016) de Léa Pool, Augustine, mère supérieure d’un couvent-conservatoire, transpose sur sa nièce Alice, virtuose en piano, tous ses fantasmes esthétiques, amoureux et carriéristes, inachevés. Dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti, Madame Albright, la prof de théâtre du lycée, est lesbienne et « n’aime pas les hommes ».

 

Le milieu professoral est présenté comme un vivier homosexuel : « Y’en a beaucoup dans le corps enseignant. » (la mère de François, le héros homo, dans le one-man-show Hétéro-Kit (2011) de Yann Mercanton) ; « Madame, t’es gouine comme une dorade ! » (les élèves de la mère de François, idem) ; « Pour une fois qu’un prof de danse n’était pas pédé… » (Océane Rose-Marie dans son one-woman-show La Lesbienne invisible, 2009) ; « Berlot, le prof de sport, si soucieux de la propreté des corps qu’il vient jusqu’aux douches donner un coup de main aux plus lents. » (Vincent Garbo, le héros homosexuel du roman éponyme (2010) de Quentin Lamotta, p. 42) ; etc.

 
 

c) La liaison amoureuse entre l’élève et le prof :

Film "Sapore Del Grano" de Gianni Da Campo

Film « Sapore Del Grano » de Gianni Da Campo


 

D’abord, profs et élèves commencent à se flairer de loin… « Elle a mis ses bras autour de moi, la tête appuyée contre ma poitrine. Je lui ai caressé le dos et l’ai embrassée sur le front. Au loin, de l’autre côté de la cour, je voyais des institutrices et des rangées d’élèves dans leurs classes. Certaines fixaient le tableau ou leurs livres, d’autres nous observaient, Esti et moi, debout dans la cour. Je me suis tue. J’ai serré Esti contre moi et l’ai tenue comme ça, dans mes bras. » (Ronit, l’héroïne lesbienne parlant d’Esti, sa camarade de jeunesse, dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, p. 253) ; « Stephen [l’héroïne lesbienne] choyait Mlle Duphot […]. C’était en vain que Mlle Duphot essayait d’être sévère, son élève trouvait toujours moyen de la séduire. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 74) ; « Tu es un élève. C’est interdit. » (Emily draguée par Cameron Drake, un ancien élève d’Howard son presque-mari qui a fait son coming out, dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz) ; « Il faut au moins un mentor et un disciple pour réussir une quête. » (la voix-off d’Audrey, l’agresseur homophobe, parlant d’Anton ou de Vlad, dans le film « Stand » (2015) de Jonathan Taïeb) ; « J’suis amoureux de Monsieur Hendricks mais il sais même pas que j’existe. Comment je fais pour qu’il me voie ? » (un élève homo demandant conseil à Otis, dans l’épisode 3 de la saison 1 de la série Sex Education (2019) de Laurie Nunn) ; etc.

 

Puis c’est carrément l’histoire d’amour scolaire inter-générationnelle ! : cf. le film « Sapore Del Grano » (1986) de Gianni Da Campo (où un jeune professeur et un de ses élèves de 12 ans tombent amoureux), le film « Une dernière nuit au Mans » (2010) de Jeff Bonnenfant et Jann Halexander (avec le professeur de mathématiques particulier et son élève), le film « Mauvaises Fréquentations » (2000) d’Antonio Hens (avec Guillermo qui se fait sodomiser par l’étudiant qui est censé lui donner des cours particuliers), le roman Alcibiade, enfant à l’école (1651) d’Antonio Rocco, le roman Sexy (2007) de Joyce Carol Oats (avec la relation entre Darren et Mr Tracy), le film « A Single Man » (2009) de Tom Ford (avec la liaison à peine consommée entre George, prof de lettres à la fac, et son jeune élève Kenny), le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand (avec la liaison entre Suzanne et son élève Erika), le roman Gaieté parisienne (1996) de Benoît Duteurtre (avec la liaison entre Pierrot et Nicolas, son prof de français), le film « Blood Of Dracula » (1957) d’Herbert L. Strock, le film « Ami/Amant » (1998) de Ventura Pons, la pièce Confidences (2008) de Florence Azémar, le film « Walk A Crooked Path » (1970) de John Brason, le film « Blue Jeans » (1976) d’Hugues Burin des Roziers, le film « Hot Spot » (1990) de Dennis Hopper, le film « The Servant » (1963) de Joseph Losey, le film « Un Élève doué » (1998) de Bryan Singer, le film « Picnic à Hanging Rock » (1975) de Peter Weir, le film « Whole New Thing » (2005) d’Amnon Buchbinder, le film « Only The Brave » (1994) d’Ana Kokkinos, le film « Allemagne année zéro » (1948) de Roberto Rossellini, le film « Emporte-moi » (1998) de Léa Pool, le film « Beonjijeonpeureul Hada « (2000) de Kim Dae-seung, le roman La Mort à Venise (1912) de Thomas Mann, le film « Le Jardin des délices » (1967) de Silvano Agosti, le roman Corydon (1924) d’André Gide, le roman Julia (1970) d’Ana Maria Moix, le film « Eden’s Curve » (2003) d’Anne Misawa, le film « Good Will Hunting » (1997) de Gus Van Sant (avec la relation très proche entre le prof de mathématiques M. Lambeau et Will, un petit génie sans le sou, qu’il prend sous son aile), le film « My Fair Lady » (1964) de George Cukor (revisitant le mythe du Pygmalion), le film « Almost Normal » (2005) de Marc Moody (avec la liaison entre Steven et le professeur Brad Jenkins), le film « Araignée de satin » (1985) de Jacques Baratier, le film « À cause d’un garçon » (2001) de Fabrice Cazeneuve (avec Vincent et son prof de littérature, tous deux homosexuels), le film « Cercle intime » (2001) de Samantha Lang, le film « Le Conformiste » (1970) de Bernardo Bertolucci, le film « Jeunes filles en uniforme » (1931) de Léontine Sagan et Karl Froelich (avec la liaison entre Manuela et Mademoiselle de Bernburg), le film « Olivia » (1950) de Jacqueline Audry, le roman Pasión Y Muerte Del Cura Deusto (1924) d’Augusto d’Halmar, le roman L’Élève (1891) d’Henry James, le film « Autre que les autres » (1919) de Richard Oswald, le film « Zéro de conduite » (1933) de Jean Vigo, le film « Olivia » (1950) de Jacqueline Audry (avec la liaison entre Mademoiselle Julie et Cara), le film « Holy Matrimony » (1943) de John M. Stahl, le film « La Vie en jeu » (1972) de Gianfranco Mingozzi, le film « Solamente Nero » (1978) d’Antonio Bido, le film « Giornata Nera Per L’Ariete » (1971) de Luigi Bazzoni, le film « Frontière chinoise » (1965) de John Ford, le film « The Getting Of Wisdom » (1978) de Bruce Beresford, le film « Fighting Tommy Riley » (2005) d’Eddie O’Flaherty, le film « Loving Annabelle » (2006) de Katherine Brooks, le film « Showboy » (2002) de Christian Taylor et Lindy Heyman, le film « A Strange Love Affair » (1985) d’Éric De Kuyper et Paul Verstraten, le film « Le Maître de musique » (1988) de Gérard Corbiau, le film « Les Lunettes d’or » (1987) de Giuliano Montaldo, le film « Liv Og Dod » (« Vie ou mort », 1980) de Svend Wam et Peter Vennerod, le film « Gutten Som Kunne Fly » (1993) de Svend Wam, le roman Un Garçon parfait (2008) d’Alain Claude Sulzer, le film « History Boys » (2005) de Nicholas Hytner, le film « Les Équilibristes » (1991) de Nico Papatakis, le film « Extrasystole » (2013) d’Alice Douard, le film « Die Frau » (2012) de Régina Demina (avec le schéma SM entre la femme-enfant et sa surveillante d’internat), etc.

 

On ne sait pas trop qui, de l’élève ou du prof, a commencé le jeu amoureux. Par exemple, dans le film « La Robe du soir » (2010) de Myriam Aziza, Mme Solenska, dont la jeune Juliette tombe amoureuse, est le stéréotype de la femme libérée : elle est prof de français, chante en cours, est habillée légèrement et en tenue moulante, se la joue jeune (elle mange à la cantine avec ses élèves de 3e), se maquille, a des vêtements colorés, parle « sexe » et « ménopause » en cours, fait les cours dehors quand il fait beau. Étant jeune, elle excellait en danse et était la préférée de sa prof de danse. On a l’impression que l’enseignante tout comme son élève ont vécu la même histoire d’amour passionnelle. Dans le film « The Last Girl : The Girl with all the Gifts » (2017) de Colm McCarthy, Melanie, une gamine zombie noire, tombe amoureuse de sa prof humaine Miss Helen Justineau, et leur « amour » chevaleresque est montré comme indestructible, authentique, durable « jusqu’à la fin des temps ».

 

Dans le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza, Zach, le « vieux beau », va être prof dans un jury d’élèves en fac de cinéma (d’ailleurs, il se fait charrier par son meilleur ami homo, Toph, qui deviendra à la fin son amant : « Tu adores les films… et les étudiants sont sûrement mignons… ») ; et il tombe amoureux d’un jeune étudiant Danny, qui le drague sans détour en boîte et avec qui il passe une nuit torride. Dans le film « L’Objet de mon affection » (1998) de Nicholas Hytner, Joley sort avec un jeune étudiant et trompe son amant George. Dans le film « 20 ans d’écart » (2013) de David Moreau, Vincent Khan, le rédacteur en chef homosexuel de la revue de mode féminine Rebelle avoue à Alice, l’héroïne, que lorsqu’il était jeune, « il s’est tapé son prof d’anglais renforcé ».

 

Dans le manga Professor Strange Love (2008) de Chie Sasahara, Hayama, un jeune élève dont la scolarité est un peu en péril, décide d’aider le professeur Shiina pour ses expériences, afin d’échapper au redoublement. Malheureusement pour lui, ce professeur invente des médicaments plutôt douteux. C’est ainsi que Shiina lui fait avaler (par un bouche à bouche) un médicament qui le transforme en gaffeur.

 

Manga "Professor Strange Love" de Chie Sasahara

Manga « Professor Strange Love » de Chie Sasahara

 

Dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio, Lola a flashé sur Vera quand celle-ci, maître de conférence à la fac, a parlé avec verve au micro et que Lola était étudiante dans les années 1970. Vera dit qu’elle a voulu Lola à cause de ses grands pieds…
 
 

d) Transgression plutôt à l’initiative du prof :

Parfois, l’acte homosexuel élève/prof naît sous l’impulsion de l’enseignant vers son jeune apprenti : « Je pensai à mon séjour au pensionnat et à une conversation surprise entre deux grandes. L’une racontait à l’autre que la surveillante l’avait entraînée dans son lit pour faire des choses qu’il ne fallait dévoiler à personne. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 224) ; « Madame Simpson, j’aime votre fille ! » (Madame Garbo, prof de piano parlant Irina, son élève, à la mère de celle-ci, dans la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1972) de Copi) ; « Mon prof d’éducation physique… Moi, il m’a tout appris. C’est lui qui disait : ‘Un hétéro, c’est un homo qui s’ignore tant qu’il n’a pas goûté au fruit défendu.’. » (Fabien Tucci, homosexuel, dans son one-man-show Fabien Tucci fait son coming-outch, 2015) ; etc. Par exemple, le roman A Glance Away (1961) de John Edgar Wideman entrelace les monologues intérieurs d’un ex-drogué noir et d’un professeur de littérature blanc et homosexuel. Dans la pièce Chroniques des temps de Sida (2009) de Bruno Dairou, un prof viole son élève. Dans le film « Food Of Love » (2002) de Ventura Pons, Richard, un célèbre pianiste, tombe amoureux de son jeune et talentueux élève, Paul. Dans le sketch « Club 69 » d’Élie Sémoun, le gérant des établissements 69 raconte qu’il a été dépucelé par son professeur de français, « Madame Bernard ».

 
 

e) Transgression plutôt à l’initiative de l’élève :

Mais il ne faut pas croire que l’élan amoureux prof/élève n’est qu’une initiative pédophile. Bien souvent, c’est l’élève qui drague son professeur et tresse des scenari amoureux/incestueux avec lui : cf. la nouvelle Le Sac de Mlle Godfroy de Violette Leduc, le roman Le Dragueur de Dieu (1981) de Conrad Detrez, le film « En colo » (2009) de Pascal-Alex Vincent, etc.

 

Film "For More Years" de Tova Magnusson-Norling

Film « For More Years » de Tova Magnusson-Norling


 

« Premier choc, donc, mon prof d’éco, M. Dambrières. Un blond aux yeux marrons, âgé d’environ trente-cinq ans. […] Pour ne pas le décevoir, je travaillais comme un fou et j’avais presque toujours les meilleures notes. » (Mourad, l’un des deux héros homosexuels du roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, p. 338) ; « Je travaillerais beaucoup plus parce que je ne voudrais pas la décevoir. Je ne pensais à rien d’autre, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sinon à avoir des aventures. » (Anamika, l’héroïne lesbienne parlant de sa prof Mrs Pillai, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 226) ; « Tanguy était premier en tout, mais tenait à obtenir des notes très élevées, car il savait que cela faisait plaisir au Père Pardo et il aurait fait n’importe quoi pour lui faire plaisir. » (Michel del Castillo, Tanguy (1957), p. 199) ; « Quand j’étais au lycée, j’étais un peu amoureuse de ma prof d’anglais, Madame Miller. » (Fanny dans la pièce Un Lit pour trois (2010) d’Ivan Tournel et Mylène Chaouat) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « Como Esquecer » (« Comment t’oublier ? », 2010) de Malu de Martino, Carmen, étudiante, « chauffe à fond » sa prof de littérature à la fac, Julia, lesbienne aussi. Dans le film « 120 battements par minute » (2017) de Robin Campillo, Sean, l’un des héros homos, raconte qu’il a eu sa première expérience à 16 ans avec son prof de maths, monsieur Hervé Ducas. Et c’est ainsi qu’il a été contaminé par le VIH. Dans le film « James » (2008) de Connor Clements, le jeune James tombe amoureux de son professeur M. Sutherland. Dans la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel, l’un des personnages dit avoir découvert précocement son homosexualité en tombant amoureux de son professeur des écoles. Dans le film « Le Jupon rouge » (1986) de Geneviève Lefebvre, Claude confie qu’à 14 ans, elle était folle amoureuse de sa professeure d’anglais. Dans le film d’animation « Piano Forest » (2009) de Masayuki Kojima, Shûhei est troublé par son prof de piano, Ajino. Dans le film « Ausente » (« Absent », 2011) de Marco Berger, Sebastián, un élève en cours de natation, se méprend sur les intentions pourtant gratuitement altruistes de son prof qui l’héberge chez lui pour une nuit. Dans le roman La Confusion des sentiments (1928) de Stefan Zweig, Roland, jeune étudiant de 19 ans, voue une admiration frisant l’idolâtrie pour son vieux professeur de philologie. Dans le roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, le narrateur en hypokhâgne tombe sous le charme de son athlétique professeur de mathématiques. Dans le film « Another Gay Movie » (2006) de Todd Stephens, Andy est amoureux de son prof M. Puckov (avec qui il finira par faire des séances SM). Dans le film « Ma vraie vie à Rouen » (2002) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Étienne filme en cachette son beau prof d’histoire-géo, Laurent (qui sera finalement son futur beau-père). Dans le film « Atomes » (2012) d’Arnaud Dufeys, Hugo, un éducateur de 34 ans à l’internat, voit son quotidien perturbé par Jules, un adolescent provocateur. Dans le roman Si tout n’a pas péri avec mon innocence (2013) d’Emmanuelle Bayamack-Tam, la jeune Kim tombe amoureuse de sa prof de GRS.

 

Il existe parfois un rapport ambigu, passionnel, fusionnel, fanatique, d’adoration/concurrence, entre le monde de l’adolescence scolaire et le monde enseignant. On le voit bien dans « la colère contre le Corps Enseignant » (p. 74) qu’exprime par exemple le personnage homosexuel de Vincent Garbo dans le roman éponyme (2010) de Quentin Lamotta (les profs sont décrits comme « des monstres géants difformes »). Le prof est chargé de tellement d’espoirs inappropriés qu’il finit par décevoir.

 

La relation élève/prof tourne au vinaigre. Par exemple, dans le film « Je te mangerais » (2009) de Sophie Laloy, Marie, prof de piano au conservatoire de Lyon, vit une passion dévorante avec Emma, jeune étudiante en médecine, qui lui « bouffera la vie ». Dans le film « Les Voleurs » (1996) d’André Téchiné, Marie, prof de lettres à la fac, ne pourra pas empêcher la tentative de suicide de son élève et amante Juliette.

 
 

f) La transposition du couple élève/prof dans le couple homosexuel :

Le fantasme incestuel du schéma amoureux élève/prof peut également être partagé entre les deux amants du même âge, pourtant en dehors de tout contexte scolaire. Le couple homosexuel joue « au papa et à la maman », ou plutôt « à l’élève et au maître » : « T’es le maître et je suis l’élève. » (Jack à son amant Paul, dans la pièce La Dernière Danse (2011) d’Olivier Schmidt) ; « Kévin avait raison, nous fîmes plein de choses ensemble. À commencer par la peinture, nous y consacrions tous nos mercredis après-midi… puis tous nos week-ends… puis n’importe quand ! C’était un fabuleux prétexte pour nous retrouver. Comme promis, il fut très patient même si, au début, il prenait un peu trop au sérieux son rôle de professeur. Je n’en avais jamais eu d’aussi beau. Pour la première fois de ma vie, j’étais amoureux de mon prof. » (Bryan, le héros homosexuel du roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 82) ; « Je suppose que tu lui donnes un coup de main… » (le père de Claire s’adressant à sa fille lesbienne au sujet de la thèse de Suzanne, la copine de Claire, dans la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener) ; etc. Par exemple, dans la pièce En ballotage (2012) de Benoît Masocco, Georges est prof de français ; lui et Édouard, son amant, se sont rencontrés pour la première fois lors d’une conférence de Georges sur la montée du néo-nazisme en Europe occidentale. Dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, Esti, l’une des deux héroïnes lesbiennes, tombe l’espace d’un instant sous le charme d’une jeune prof d’histoire : « Elle voulait saisir le bras de mademoiselle Schnitzler, l’attirer et la serrer contre elle. » (p. 82) Dans la comédie musicale La Belle au bois de Chicago (2012) de Géraldine Brandao et Romaric Poirier, Bernard essaie de draguer Philippe en lui apprenant à jouer du xylophone. Dans le film « Corps à corps » (2009) de Julien Ralanto, Raphaëlle découvre dans les bras de sa prof de flamenco les plaisirs lesbiens. Dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha, Gabriel, fasciné par un moniteur de colo d’enfants, Andreas, commence à imaginer qu’il retombe sur son « ex » Franz, et projette totalement son désir d’être éduqué par son amant sur Andreas. Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Doyler et Jim, les deux jeunes amants, se prennent à rêver qu’ils vivront ensemble et monteront une école où ils seront tous les deux maîtres d’école (Jim a d’ailleurs eu pour prof de natation maritime Doyler, puis plus tard le pédéraste Anthony).

 

La transposition du binôme élève-prof sur la rencontre homosexuelle prend alors un tour sadomasochiste autant qu’infantilisant et salace. « Madame, est-il vrai que certaines femmes aiment la violence ? » (Anamika, élève lesbienne qui rêverait de poser cette question à une de ses profs qui l’attire, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 113) ; « Quelque chose de ce livre [Le Petit Chose d’Alphonse Daudet] était entré dans mon cœur directement […]. » (Omar, le héros homosexuel s’identifiant au professeur maltraité par ses élèves, dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 85) ; etc. Par exemple, dans le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin, Emory, le héros homosexuel efféminé, se présente ironiquement comme une vieille instit qui va infliger à ses futurs prétendants une bonne leçon (sexuelle) d’arithmétique ; et lorsqu’Alan se présente comme prof de maths, il saisit la balle verbale au bond : « Ça donne envie d’acheter une règle à calcul, hein ? » Dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, Johnny a peur de s’abandonner, et donc son amant Romeo lui apprend à faire « la planche » dans la mer : « Pour flotter, il faut lâcher prise et tout oublier. » Dans le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, Adam apprend aussi à Lukacz à faire la planche pour qu’il sache nager.

 

Et quand les amants scolarisés jouent « aux homos », on cesse de rire. Par exemple, dans le film « Camionero » (2012) de Sebastián Miló, on voit toute la violence de l’expérience homosexuelle vécue entre camarades lycéens : Randy subit les assauts et un bizutage sexuel qui le conduiront au suicide. Dans le roman La Ciudad Y Los Perros (1963) de Mario Vargas-Llosa, les relations entre les jeunes cadets de l’école militaire sont d’une brutalité et d’une animalité rares. Dans la pièce Gouttes dans l’océan (1997) de Rainer Werner Fassbinder, Franz a connu ses premières expériences homos dans un foyer de jeunes garçons, expériences qui l’ont humilié : « Je me suis senti très mal. » Dans le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, une loi du silence extrêmement violente unit deux des jeunes résidents (Rudy et son maître-chanteur Adrian qui le sodomise clandestinement) du centre tenu par le père Adam.

 

Film "Camionero" de Sebastián Miló

Film « Camionero » de Sebastián Miló


 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

a) École, lieu de la découverte de l’homosexualité:

En écoutant les personnes homosexuelles, on entend souvent que l’école, le collège, ou le lycée, ont été le théâtre de leurs premiers émois amoureux, de leurs premières expériences homosensuelles voire homosexuelles. Je vous renvoie au chapitre sur les « Espaces clos » dans le code « Entre-deux-guerres » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

« Mon ancien camarade de classe me met sous les yeux deux photos de Janson, cinquième et quatrième, toute la classe. […] Moi, mince, l’air silencieux, innocent d’une innocence évidente. Cela m’a ému, car depuis… Et tout à coup, le visage de Durieu que j’avais oublié et qui m’a arraché un cri : un visage d’ange résolu. Silencieux aussi celui-là, on ne le voyait pas, il disparaissait, je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir sa beauté comme une brûlure, une brûlure incompréhensible. Un jour, alors que l’heure avait sonné et que la classe était vide, nous nous sommes trouvés seuls l’un devant l’autre, moi sur l’estrade, lui devant vers moi ce visage sérieux qui me hantait, et tout à coup, avec une douceur qui me fait encore battre le cœur, il prit ma main et y posa ses lèvres. Je la lui laissai tant qu’il voulut et, au bout d’un instant, il la laissa tomber lentement, prit sa gibecière et s’en alla. Pas un mot n’avait été dit dont je me souvienne, mais pendant ce court moment il y eut entre nous une sorte d’adoration l’un pour l’autre, muette et déchirante. Ce fut mon tout premier amour, le plus brûlant peut-être, celui qui me ravagea le cœur pour la première fois, et hier je l’ai ressenti de nouveau devant cette image, j’ai eu de nouveau treize ans, en proie à l’atroce amour dont je ne pouvais rien savoir de ce qu’il voulait dire. » (Julien Green, L’Arc-en-ciel, Journal 1981-1984, avril 1981, pp. 23-24) ; « Je suis arrivée au pensionnat à l’âge de 14 ans. J’étais très naïve. Et je me suis retrouvée très tôt face à ces problèmes. Et j’ai été choquée. Il ne se passait que ça autour de moi, et je ne voulais pas le voir. Et j’en étais choquée. Depuis la surveillante qui couchait avec la surintendante, jusqu’aux élèves qui partageaient ma chambre, il n’y avait que ça autour de moi. J’étais la seule à ne pas être informée et à ne pas trouver que c’était épouvantable. Je me suis d’autant plus braquée que je sentais confusément en moi une attirance. Mais je voulais absolument la nier. » (Germaine, femme lesbienne suisse, dans le documentaire « Les Homophiles » (1971) de Rudolph Menthonnex et Jean-Pierre Goretta) ; etc.
 
 

b) Le prof homosexuel :

Beaucoup de personnalités homosexuelles ont exercé ou exercent le métier de prof : Paul Verlaine, Michel Foucault, Jean Le Bitoux, Jean-Louis Bory, Henri Chapier, etc. Par exemple, dans le documentaire « Ma Vie (séro)positive » (2012) de Florence Reynel, Vincent, 28 ans, homosexuel, rêve de devenir prof d’histoire. « Certains universitaires homosexuels, alors honnis et secrets, m’accordaient pleinement leur confiance et leur société, qui était instructive ; car, marginalisés par leur ‘vice’ comme moi par ma difformité, ils avaient spécialement développé leur culture, leur originalité ou leur talent ; ils faisaient généralement d’excellents professeurs. Passant moi-même pour un peu excentrique aux yeux du vulgaire, je me sentais comme normal en leur société. » (Paul Veyne, atteint d’une difformité physique à la tête, dans son autobiographie Et dans l’éternité, je ne m’ennuierai pas (2014), p. 159)

 

Dans son autobiographie La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), Paula Dumont se présente comme une « consciencieuse prof de Lettres qui a passé sa vie à compulser des dictionnaires » (p. 136) et qui aurait été sans cesse réfrénée dans sa sexualité et son identité.

 

Film "Ausente" de Marco Berge

Film « Ausente » de Marco Berger


 

J’ai rencontré au sein de l’Éducation Nationale beaucoup de professeurs hommes homosexuels (peut-être est-ce dû à la forte féminisation actuelle du métier de prof ?), mais aussi de nombreuses professeures lesbiennes. D’ailleurs, il existe des associations LGBT regroupant le personnel enseignant et éducatif (par exemple, CLEF en France)… mais elles ont du mal à se faire un nom ou à durer. L’amalgame entre pédophilie et éducation est tellement craint, l’homosexualité tellement mal pratiquée par les enseignants homosexuels, que le désir homosexuel a du mal à s’afficher ouvertement, devient un secret de polichinelle. Je ne crois pas que la raison n°1 de l’invisibilité homosexuelle dans le monde de l’éducation soit d’abord l’âge des élèves, ni même la gêne sociale par rapport au thème de l’homosexualité. Elle me semble être plutôt le fruit de l’homophobie des personnes homosexuelles envers elles-mêmes, homophobie qui se traduit par une homosexualité pratiquée.

 
 

c) La liaison amoureuse entre l’élève et le prof :

D’abord, profs et élèves commencent à se flairer de loin… : « Ce n’est un secret pour personne que, quelle que soit l’honnêteté et la vigilance des surveillants, les pensionnaires des collèges, les internes des lycées, les novices des couvents, dans un besoin inné d’affection, sont portés les uns vers les autres par des intimités presque toujours particulières. […] Très souvent, avant, ou après la contamination des élèves, il y a celle des maîtres. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 269)

 

Puis c’est carrément l’histoire d’amour scolaire inter-générationnelle ! Par exemple, dans l’essai Folies-Fantômes (1997) d’Alfredo Arias, le prof d’art dramatique et l’élève le plus macho du lycée militaire sortent ensemble.

 

On ne sait pas trop qui, de l’élève ou du prof, a commencé le jeu amoureux. Sûrement les deux. Certaines personnes homosexuelles ont eu une relation privilégiée avec un professeur en particulier : James Dean et le révérend James A. Deweerd, Luis Cernuda et le père López, Violette Leduc et sa prof de musique Herminone, etc. Par exemple, la romancière lesbienne nord-américaine Carson McCullers tomba amoureuse de sa prof de piano Marie Tucker.

 
 

d) Transgression plutôt à l’initiative du prof :

Parfois, l’acte homosexuel naît sous l’impulsion de l’enseignant vers son jeune apprenti.

 

« Je devins distant avec mes camarades, de même qu’avec le père Basile, nos rapports s’orientèrent sur la voie des remises en question. Je lui reprochais de s’être épris de moi d’une manière excessive, et pensais que c’était une faute de m’avoir fait découvrir ses pulsions sexuelles ; je lui reprochais également l’initiative, qu’il avait prise de me combler de petits cadeaux, de me parler souvent avec douceur par rapport aux autres élèves, et de s’appliquer à m’expliquer que j’étais beau et tout rose, comme un bébé qui vient de naître. […] Cet amour était devenu une abjection qui m’étouffait à la manière d’une proie exposée aux griffes de son prédateur. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), pp. 40-41)

 

Par exemple, quand Pier Paolo Pasolini avait 27 ans, il a eu des démêlés avec la justice pour une affaire de détournement de mineurs (3 élèves) ; à ce sujet, le documentaire « L’Affaire Pasolini » (2013) d’Andreas Pichler embellit un peu le tableau : « Pasolini développait de vraies amitiés avec ces garçons : il jouait au foot avec eux, fait des virées nocturnes avec eux, danse et va à la plage avec eux. »

 

Certaines personnes homosexuelles exerçant le métier de prof se sentent mises en danger par leurs penchants homosexuels, qui les exposent à briser la différence des générations, ou bien à faire chaque année l’expérience angoissante du fossé grandissant qui les éloigne des objets de leur fantasme homosexuel (qui, eux, ne changent pas d’âge ! c’est ça le pire pour un prof qui enseigne toujours au même niveau !) : « J’ai enseigné pendant quatre ans à des adolescents et aucun ne m’a appelé au secours. Ensuite, j’ai été nommée en École Normale où tous mes élèves étaient majeurs. Mais je me suis souvent demandé ce que j’aurais fait si j’avais été sollicitée par des collégiens ou des lycéens à la dérive, voire désespérés. » (Paula Dumont, Mauvais Genre (2009), p. 97)

 
 

e) Transgression plutôt à l’initiative de l’élève :

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Mais il ne faut pas croire que l’élan amoureux prof/élève n’est qu’une initiative pédophile. Bien souvent, c’est l’élève qui drague son professeur et tresse des scenari amoureux/incestueux avec l’adulte : « J’avais six, sept ans. Je sentais que je n’étais pas comme les autres, que j’aimais mes maîtresses. » (Anne, témoin lesbienne citée dans l’essai L’Homosexualité dans tous ses états (2007) de Pierre Verdrager, p. 283) ; « Ce fut vraisemblablement en deuxième – j’avais alors quatorze ans – que je remarquai, un jour, un professeur qui avait omis de mettre son pantalon en ordre. Pendant toute la durée du cours, comme captivé, je regardai cet endroit et j’en vins, pour la première fois, à la triste conscience de ma vie sexuelle. Dès ce jour, j’observai ce professeur qui m’attirait par son regard très doux, sa voix, son charme, bien que je n’en fusse pas aimé. » (Jean-Luc, 27 ans et homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 78) ; « Quelle lesbienne ne se souvient pas avoir été (au moins un peu) amoureuse d’une de ses profs ? » (Anne Delabre, Le Cinéma français et l’homosexualité (2008), p. 190) ; « Je redoutais la sonnerie qui annonçait l’heure de la récréation. Alors que tout le monde dévalait l’escalier en courant, je traînais, j’hésitais à quitter la classe et la proximité des maîtres. » (Christophe Tison, Il m’aimait (2004), p. 35) ; « Mon travestissement en garçon a duré jusqu’à l’âge de 12 ans, âge où ma mère m’a mise à l’internat pout fille. Le jour de la rentrée, j’entends encore raisonner en moi la parole méchante et ironique dite avec un rictus moqueur ainsi qu’un léger pouffement de rire de la part du père d’une fille ‘Tiens, y’a des garçons dans cet internat ?’. Là, je me suis dit : ‘C’en est trop, je veux être une fille. Quelques mois après, je suis tombée follement amoureuse de ma prof de français à l’internat. Belle femme douce, féminine et ferme. Tout l’opposé de ma mère. Et ça a été le point de départ d’une lutte tenace pour m’affranchir de la méchanceté de ma mère. Mais j’ai réussi à devenir une belle femme. Dans mon entourage, personne ne connaît mon combat et cet attrait si puissant pour les femmes. » (Valérie, 31 ans, qui m’a écrit un mail en 2012) ; « C’étaient pas des femmes homosexuelles. C’étaient des professeurs. » (Thérèse, femme lesbienne de 70 ans, parlant de la découverte de son homosexualité au collège quand elle avait 14 ans, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « J’étais prisonnier, entre le couloir, mes parents et les habitants du village. Le seul répit était la salle de classe. J’appréciais l’école. Pas le collège, la vie du collège : il y avait les deux garçons. Mais j’aimais les enseignants. […] Je ne maîtrisais pas ce qu’on appelle les ‘bases’. […] Pourtant je m’attachais aux enseignants et je savais qu’il fallait obtenir de bons résultats pour leur plaire. » (Eddy Bellegueule dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, pp. 85-86) ; etc.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Par exemple, dans son autobiographie Mauvais Genre (2009), l’essayiste lesbienne Paula Dumont, encore écolière, raconte comme elle est tombée amoureuse de sa maîtresse, mademoiselle Levreau, âgée de 20 ans : « Est-il besoin d’écrire que j’en tombe aussitôt éperdument amoureuse ? Et qu’on ne vienne pas m’objecter qu’à sept ans, les enfants ne savent rien de l’amour. […] J’avais trouvé à l’école une mère de substitution. » (pp. 43-45)

 

L’écrivain Berthrand Nguyen Matoko, quant à lui, était montré comme un exemple par ses profs de collège, et jouait sans le savoir le rôle du « lèche-botte ».

 

Pour ma part, si mes souvenirs sont bons, je n’ai jamais été amoureux ou attiré sexuellement par un instituteur ou un prof (sauf peut-être mon beau professeur de maths de 5e, le parfait père de famille…). En revanche, il est certain que pendant toute ma scolarité – un peu moins en fac –, j’avais tout du parfait élève, soucieux de plaire à ses professeurs, et de leur rendre la classe agréable, quitte à se mettre à dos tous les élèves un peu perturbateurs de ma classe. Je ne sais pas si c’est le fait d’avoir eu des parents profs tous les deux, mais d’office, très jeune, je me mettais spontanément du côté des profs. Tout petit déjà, je considérais mes maîtresses comme des mamans de substitution. Et les récréations en collège ou en lycée, je préférais les passer avec mes profs que sur la cour d’école. À l’âge adulte, j’ai plus ou moins « choisi » d’être professeur d’espagnol (comme mon papa !)… Suis-je tombé une fois amoureux d’un élève ? Jamais. J’ai la chance de ne jamais avoir été tenté de séduire mes élèves tout simplement parce que physiquement, je ne suis attiré que par des hommes avec des poils, donc ayant minimum 25-30 ans (d’ailleurs, je plains mes collègues qui sont attirés sexuellement par les jeunes éphèbes, car ça existe). Moi, je serais tenté de citer le romancier français Jean-Louis Bory, professeur de lettres, qui coupait court aux rumeurs de pédophilie, en disant que si, dans le cadre de son métier, les seules personnes qui pouvaient craindre ses avances, ce n’était pas ses élèves… mais les papas de ses élèves !

 
 

f) La transposition du couple élève/prof dans le couple homosexuel :

Beaucoup d’artistes homosexuels aiment rentrer dans la peau d’un professeur, et jouer à la « mécresse », pour eux-mêmes, ou avec leurs amants : cf. le one-man-show Raphaël Beaumont vous invite à ses funérailles (2011) de Raphaël Beaumont (avec la scène du prof faisant une visite de cimetière à sa classe de collégiens), le one-man-show Petit cours d’éducation sexuelle (2009) de Samuel Ganes (où un professeur d’éducation sexuelle très efféminé enseignant la vie à son public pendant tout le spectacle), les fameux sketchs d’Élie Kakou en prof d’anglais, etc. « La seule chose qui me fait peur, c’est de tomber amoureux de mon instructeur ! » (Mateo, homosexuel et séropositif, en boutade, avant de sauter en parachute en tandem, dans le documentaire « Vivant ! » (2014) de Vincent Boujon) (dans le documentaire « Vivant ! » (2014) de Vincent Boujon) Et les humoristes qui ont interprété des profs sont parfois devenues icônes gays : pensez à Julie Ferrier, Sophie Forte, entre autres.

 

Et quand le binôme élève/prof se transpose dans les couples homosexuels réels, cela donne souvent des mises en scène d’infantilisation qui font pitié à regarder… voire même des scènes de viol concrètes. On peut penser par exemple au bizutage homosexuel qu’a vécu le romancier Eddy Bellegueule au collège, et qu’il relate dans son autobiographie En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis.

 

Dans l’essai Le Rose et le Brun (2015) de Philippe Simonnot, un peu avant et pendant l’Allemagne nazie, beaucoup d’idéologues allemands étaient persuadés des vertus pédagogiques de l’homosexualité. Par exemple, Hans Blüher expliquait « pourquoi donc les pédérastes feraient-ils de meilleurs chefs et de meilleurs éducateurs » : « Bien qu’il n’y ait pas de différences essentielles entre homosexuels et non homosexuels, il y a des différences marquées dans l’efficacité de l’éducation et de l’enseignement de la jeunesse. Maintes et maintes fois, des cas historiques ont montré que l’efficacité d’un chef était directement proportionnelle au degré de son inversion sexuelle. […] Du point de vue éducatif, il y a cinq types sexuels d’hommes, depuis l’hétérosexuel exclusif jusqu’à l’homosexuel complet. L’homme hétérosexuel exclusif est le moins bien habilité à enseigner la jeunesse. La seconde catégorie, à savoir des hommes qui satisfont leurs besoins sexuels avec des femmes, mais sont socialement dépendants de leur propre sexe, fait d’excellents éducateurs, de même que les bi-sexuels. […] Un quatrième type, c’est l’homme qui satisfait ses besoins sexuels avec des hommes, mais remplit la plupart de ses besoins sociaux avec des femmes. . […] Le cinquième et dernier type d’homme est l’homosexuel exclusif. De tels hommes sont le point focal de toutes les organisations de jeunesse, et sont souvent des figures révolutionnaires. » (p. 149) Dans sa Libre École de Wickersdorf, Gustav Wyneken essaiera de mettre en pratique son idéal d’éros pédagogique. Il écrit : « Seulement un bon pédéraste peut être un pédagogue complet. Les amitiés les plus sérieuses et les plus fortes que j’ai pu observer furent toujours entre professeur et élèves. Une troupe de garçons et de jeunes peut devenir le cœur le plus vivant de l’ordre sacré de la jeunesse que la communauté de la Libre École veut être. » (pp. 161-162) En 1920 il est accusé d’actes immoraux avec quelques-uns de ses élèves. Il aurait embrassé deux d’entre eux, totalement nus. Otto Kiefer enseignait que par l’amour homosexuel l’individu était porté à son plus haut niveau, les différences sociales effacées, et la relation hiérarchique professeur/élève remplacée par une affection mutuelle. Elisar von Kuppfer prétendait que le professeur qui ne voit les garçons que comme des élèves est un mauvais pédagogue. « Qui regarde les garçons simplement comme des objets d’école, qui est incapable de les aimer, ne sera jamais un bon professeur. Et les jeunes le savent. », écrivait-il encore. Hans Blüher, on l’a vu, croyait aussi en l’excellence pédagogique des pédérastes.
 
 

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Code n°95 – Inceste (sous-code : Père et fils homos tous les deux)

Inceste père

Inceste

 

 

NOTICE EXPLICATIVE

 

« Ça n’existe pas chez nous, l’inceste, de toute façon. »

(Pascale Ourbih, présentateur transsexuel M to F, juste avant la projection du documentaire « Et ta soeur » au Festival Chéries-Chérie du 15 octobre 2011 au Forum des Images de Paris)

 

Film "Boy Culture" de Q. Allan Brocka

Film « Boy Culture » de Q. Allan Brocka


 
 

Telle famille, tel fils homosexuel ?

 

Pourquoi le cliché de la mère possessive, ou la thèse du gène gay qui se transmettrait de père en fils, agacent tant la communauté homosexuelle ? Parce qu’il met en lien direct l’homosexualité avec l’interdit majeur de l’Humanité : l’inceste. Ce rapport charnel et sexuel entre deux parents de sang.

 

Le désir homosexuel renvoie aussi bien à la transgression de la différence des sexes qu’à celle de la différence des générations. Il semble succéder au désir d’inceste : en réalité, il n’en découle pas causalement mais « coïncidentiellement », pourrait-on dire. Ce n’est pas par hasard si Christine Angot écrit au tout début de son roman L’Inceste (1999) que « L’inceste, c’est l’homosexualité ».

 

Bien qu’il soit évident que l’homosexualité n’est pas le résultat immédiat et causal d’une « mauvaise éducation » comme dirait Pedro Almodóvar, il n’empêche qu’il peut exister des ponts entre l’environnement familial et le désir homosexuel. Quand je regarde autour de moi, je constate que les situations familiales des personnes homosexuelles, sans être plus extraordinaires ni catastrophiques que d’autres, sont souvent complexes, et parfois perturbées. Même s’il est impossible, fort heureusement, de dresser un portrait-robot de LA famille d’où émergera une ou plusieurs personnes homosexuelles, nous pouvons tout de même définir des terrains porteurs, car oui, ils existent. Ce sont certaines coïncidences (une possible possessivité maternelle, un supposé absentéisme paternel, une certaine expérience de la gémellité, une influence écrasante des frères et sœurs, une éducation ressentie comme trop rigide ou trop laxiste, etc.) qui me le font dire.

 

Par exemple, la majorité des personnes homosexuelles sont orphelines de père ou de mère, symboliques surtout, réels parfois. C’est pourquoi certaines se définissent comme des enfants bâtards – alors même qu’ils ont leurs deux parents –, des « presque orphelins » pour reprendre la charmante expression de Tamsin dans le film « My Summer Of Love » (2004) de Pawel Pawlikovsky.

 

Par ailleurs, on rencontre un certain nombre de cas où plusieurs frères d’une même famille se disent « homosexuels », ou bien un des parents avec son fils (la famille Ackerley, la famille Mann, la famille Schwarzenbach, la famille Cocteau, etc.). Ce n’est pas rare, bien qu’en effet, personne dans le « milieu » ne le crie sur les toits par peur d’alimenter l’argument de la dégénérescence, c’est-à-dire d’une « hérédité homosexuelle », ou bien l’idée d’une « homosexualité éducationnelle » qui pourrait, si elle existait, être désapprise ou éradiquée.

 

Beaucoup de personnes homosexuelles rejettent avec véhémence le concept de dégénérescence, parce qu’elles défendent inconsciemment, dans le rejet, le lien causal entre parents et enfant homosexuels. Il arrive que certains individus reconnaissent en leur père ou en leur fils un amant homosexuel, ou, sans aller jusque-là, leur propre désir homosexuel. Cette correspondance leur déplaît énormément, parce qu’elle renvoie à un autre interdit que celui de la transgression de la différence des sexes par le couple homosexuel ou par le viol génital : celui du viol de la différence des générations, donc de l’inceste. La similitude d’orientation sexuelle entre fils homosexuel et père est parfois troublante dans la réalité, non pas dans la mesure où elle serait causale ou exactement symétrique (tous les pères d’enfants homosexuels ne sont pas systématiquement homosexuels, et tous les fils homosexuels ne sont pas amoureux de leur père, bien entendu), mais parce qu’elle est imparfaitement gémellaire. La société actuelle a trop souvent coutume d’envisager cette possible gémellité dans les désirs incestueux sur le mode de la rupture ou de la fusion, pour ne pas la reconnaître telle qu’elle est : uniquement symbolique, fantasmatique, irréelle, et actualisable si elle n’est pas conscientisée.

 

Il est parfois fascinant d’observer les réactions saugrenues de certains pères au moment du coming out de leur fils, ou à l’inverse, la gêne ressentie de la part du second par rapport à son propre père. Les personnes homosexuelles qui affirment détester leur père ou leur mère, mais qui à côté de cela, choisissent souvent des partenaires amoureux qui ressemblent plus ou moins à leurs parents et à l’image idéalisée qu’elles s’en font, ne sont pas des cas isolés. Quelquefois, c’est vertigineux de voir les copies conformes ! (Ça m’est arrivé personnellement !) Un rapport idolâtre entre les générations peut s’instaurer à travers l’affirmation d’une homosexualité, paradoxalement sur le mode de la rupture, comme l’illustre l’incroyable remarque que j’ai entendue un jour de la part d’un ami homosexuel concernant sa position ambiguë entre son père et lui : « Avec mes parents, on a été un couple… un ‘trouple’ plus exactement… J’ai toujours été la chose de mon père. »

 

Pour terminer, je signale au passage que je ne parlerai pas dans ce code de l’inceste entre frères (ou entre cousins). Je réserve l’étude de ce sujet pour le code « Inceste entre frères » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels (j’y aborde entre autres le cas des familles où il y a plusieurs individus qui se déclarent « homos », ainsi que le rapport de jalousie au sein d’une même fratrie comme facteur d’homosexualité).

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Mère possessive », « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu », « Pédophilie », « Orphelins », « Élève/Prof », « Éternelle jeunesse », « Clonage », « Parricide la bonne soupe » et « Inceste entre frères », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

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FICTION

 

Le personnage homosexuel entretient une relation incestueuse avec un proche parent :

 

INCESTE PÈRES 13 Lanoux

Film « La Triche » de Yannick Bellon


 

On retrouve la thématique de l’inceste dans énormément de créations à thématique homosexuelle : cf. le roman L’Amant de mon père (2000) d’Albert Russo, le roman Le Fou du père (1988) de Robert Lalonde, la chanson « My Heart Belongs To Daddy » (1938) de Cole Porter, le film « Premier amour, version infernale » (1968) de Susumu Hani (avec l’inceste père/fils), les films « Les Damnés » (1969) et « Sandra » (1965) de Luchino Visconti, le roman Le Vieillard et l’Enfant (1954) de François Augiéras, le roman Le Neveu (1964) de James Purdy, les films « Belle Maman » (1999) et « Ma Mère » (2003) de Christophe Honoré, le film « Mon Fils à moi » (2006) de Martial Fougeron, le film « Volver » (2006) de Pedro Almodóvar, le film « Luster » (2001) d’Everett Lewis, le film « Alice » (2002) de Sylvie Ballyot, le film « The Maids » (1975) de Christopher Miles, le film « Ostia » (1970) de Sergio Citti, le film « Sexe fou » (1973) de Dino Risi, le film « Sitcom » (1997) de François Ozon, le film « L’Enfer d’Ethan » (2004) de Quentin Lee, le roman La Confusion des sentiments (1928) de Stefan Zweig, le film « Jin Nian Xia Tian » (« Fish And Elephant », 2001) de Yu Li, le film « La Classe de neige » (1997) de Claude Miller, les films « Sonate d’automne » (1978), « Le Silence » (1962), et surtout « À travers le miroir » (1961) d’Ingmar Bergman (avec la relation ambiguë père/fils), le film « Le Langage perdu des grues » (1991) de Nigel Finch, le roman Joli Papa (2003) d’Alain Meyer, la pièce Soudain l’été dernier (1958) de Tennessee Williams, la pièce Le Retour au désert (1988) de Bernard-Marie Koltès (avec la figure du père possessif et omniprésent), le roman L’Inceste (1999) de Christine Angot, la pièce Mon beau-père est une princesse (2013) de Didier Bénureau, le film « Le Bal des Vampires » (1967) de Roman Polanski, le roman El Retrato Amarillo (1956) de Manuel Mujica Lainez, le film « Twist » (2004) de Jacob Tierney et Adrienne Stern, le film « El Amor Del Capitán Brando » (1974) de Jaime de Armiñán, le film « Priscilla folle du désert » (1995) de Stephan Elliot (l’un des personnages a été abusé par son oncle), les chansons « L’Amour naissant » (« C’est un revolver, père, trop puissant ») et « Regrets » de Mylène Farmer, la chanson « Celui que j’aimerai » de Cindy dans le spectacle musical Cindy (2002) de Luc Plamondon, le film « Après lui » (2007) de Gaël Morel (où une mère tombe amoureuse de l’assassin de son fils, Franck), le film « Une Soirée étrange » (1932) de James Whale, le roman L’Espace mortel (2005) de Patricia Duncker, les films « Madame » (1997) et « Le Temps qui reste » (2005) de François Ozon, le roman Dream Boy (1995) de Jim Grimsley, la nouvelle Adiós Mamá (1981) de Reinaldo Arenas, le film « Jeux de nuit » (1966) de Mai Zetterling, le film « Agostino » (1962) de Mauro Bolognini (traitant de l’inceste avec la mère), le film « Sex » (1971) de Paul Morrissey, le film « La Couleur pourpre » (1985) de Steven Spielberg (avec Celie, violée par son père), le film « L’Histoire de Pierra » (1982) de Marco Ferreri, le film « Smukke Dreng » (« Joli Garçon », 1993) de Carsten Sonder, le film « The Everlasting Secret Family » (1988) de Michael Thornhill, le film « Only The Brave » (1994) d’Ana Kokkinos, le spectacle de marionnettes L’Histoire du canard qui voulait pas qu’on le traite de dinde (2008) de Philippe Robin-Volclair (avec la mention de Lolita), le film « Billy’s Dad Is Fudge-Packer » (2004) de Jamie Donahue, la pièce Baby Doll (1956) de Tennessee Williams (où un homme âgé vit avec une femme trop jeune pour lui), le film « Souffle au cœur » (1971) de Louis Malle (avec l’inceste entre la mère et le fils), le film « Chéri » (2009) de Stephen Frears, le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot (avec lady Philippa, violée par son père), le film « La Vie intermédiaire » (2008) de François Zabaleta (racontant l’histoire d’amour impossible entre une domestique de château sexagénaire et un photographe homosexuel de vingt ans son cadet), le téléfilm « Le Clan des Lanzacs » (2012) de Josée Dayan (où le personnage d’Anne, 55 ans, interprétée par Muriel Robin, vit avec Marcello qui n’a que 25 ans), le film « Túnel Russo » (2008) de Eduardo Cerveira (avec une grande différence d’âges entre les deux amants), la pièce Doris Darling (2012) de Ben Elton (où Doris, l’héroïne lesbienne, détourne sexuellement le jeune Santiago), le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau (dans lequel est raconté la relation d’un homme de 50 ans avec une fillette de 14 ans), les films « Mommy Is Coming » (2012) et « My Baby’s Daddy » (2004) de Cheryl Dunye (où on assiste à un coming out croisé entre mère et fille), le film « Little Gay Boy, Christ Is Dead » (2012) d’Antony Hickling (Jean-Christophe et sa mère, une prostituée anglaise, prennent leur bain ensemble), le film « Honey Killer » (2013) d’Anthony Hickling, le film « Gerontophilia » (2013) de Bruce LaBruce, le film « Far-West » (2002) de Pascal-Alex Vincent (avec le papy de Ricky, en couple avec son jeune assistant-fermier), la pièce Un cœur de père (2013) de Christophe Botti, la chanson « La Maison en bord de mer » de Patricia Kaas (une fillette violée par son oncle), etc.

 

Film "Hannah Free" de Wendy Jo Carlton

Film « Hannah Free » de Wendy Jo Carlton


 

L’homosexualité se double d’inceste dans le roman Les Hors Nature (1897) de Rachilde. Dans le roman Harlem Quartet (1978) de James Baldwin, mis en scène par Élise Vigier en 2018, Jimmy, un des personnages homos, a été violé par son père, Joël. Dans le roman The Girl On The Stairs (La Fille dans l’escalier, 2012) de Louise Welsh, le Dr Alban Mann est qualifié par Jane, l’héroïne lesbienne, de « pédophile incestueux » (p. 76)… et les faits donneront raison à Jane car Mann viole sa jeune fille Anna : « Le dossier accusant Alban Mann d’avoir abusé d’Anna parlaient d’eux-mêmes. » (idem, p. 251). Dans le roman Confidence africaine (1930) de Roger Martin du Gard, Léandro Barbazano, le héros homo, est né d’un rapport incestueux, et meurt au commencement du livre. Dans le roman L’Obligation du sentiment (2008) de Philippe Honoré, Martin est violé à 14 ans par son père Louis. Dans la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1967) de Copi, quasiment tous les membres de la famille de la jeune Irina lui sont passés dessus (l’oncle Pierre, la mère – présentée comme « l’amour de la vie d’Irina » –, la prof de musique Mme Garbo, etc.). Dans la pièce Psy Cause(s) (2011) de Josiane Pinson, Madame Gras a connu l’inceste avec son père puis son frère. Dans le film « Après lui » (2006) de Gaël Morel, Camille tombe amoureuse du meilleur ami de son fils homo Matthieu. Dans le film « Mon Arbre » (2011) de Bérénice André, Isabelle, une des héroïnes lesbiennes, trouve sa fille « canon ». Dans son one-man-show Bon à marier (2015), Jérémy Lorca se jure qu’après la mort de son père (qui rêvait de le marier), il trouvera l’homme de sa vie pour le remplacer. Dans le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent, le père de Charlène (l’héroïne lesbienne) surnomme sa fille « Princesa » et la chatouille de manière excessive et déplacée. Dans la pièce L’Héritage était-il sous la jupe de papa ? (2015) de Laurence Briata et Nicolas Ronceux, Géraldine idéalise la grande tante Lucie : « Sa tante Lucie est restée vierge. » avant de découvrir la vérité : « Cette salope… Elle a couché avec son fils. Moi qui la croyais vierge ! » Dans le one-man-show Jefferey Jordan s’affole (2015) de Jefferey Jordan, lorsque Jefferey fait son coming out à ses parents en pleine fête de famille, il s’étonne de voir son propre père lui demander « d’embrasser son parrain José », un homme de 58 ans ! Mais plus tard, il se soumet à cette projection : « Oui Madame, j’aime les hommes plus vieux. »
 

Dans le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan, la différence des générations est gommée : mère (Diane) et fils homosexuel (Steve) s’imitent dans le jeunisme, la délinquence, les bêtises… ou dans l’âgisme (« Traite-moi comme un adulte ! » récrimine le jeune homme). Le fils embrasse la mère sur la bouche, et est désespéré (au point de se tailler les veines) parce qu’elle ne le suit pas jusqu’au bout de sa passion incestueuse : « Toi et moi, on s’aime encore, hein ? » (Steve) ; « Je vais t’aimer de plus en plus fort, et c’est toi qui vas m’aimer de moins en moins : c’est la nature. » (Diane)

 

Dans son one-man-show L’Arme de fraternité massive ! (2015), Pierre Fatus nous fait croire qu’il a couché avec une femme… mais on découvre qu’il s’agit de sa mère biologique : « La première femme avec qui j’ai couchée : la bombe ! Avec des seins… »
 

B.D. "Le Monde fantastique des gays" (planche "Minitel") de Copi

B.D. « Le Monde fantastique des gays » (planche « Minitel ») de Copi


 

L’inceste a la violence du viol. « Je suis une fille de l’inceste. Voilà pourquoi je meurs. » (Antigone dans la pièce Antigone (1922) de Jean Cocteau) ; « Vous avez un problème de violence dans la famille ou quoi ? » (Kévin, le héros homosexuel, s’adressant à son amie lesbienne Sana, dans la pièce Carla Forever (2012) de Samira Afaifal et Yannick Schiavone) ; « Mon père est un salopard et un manipulateur. Il a trompé ma mère même la dernière année de sa vie. Il a baisé ma prof de théâtre et il m’a… » (Zach, le héros homosexuel qui ne termine pas sa phrase, dans le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza) ; « Papa lui fourre sa bite dans la chatte. » (le skinhead efféminé Peter Pan, parlant d’Anna, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 96) ; « Maman a dit qu’il n’est jamais trop tard pour s’intéresser à la notion d’inceste. » (Océane Rose-Marie, l’héroïne lesbienne dans son one-woman-show Chaton violents, 2015) ; etc. Par exemple, Dans le film « Judas Kiss » (2011) de J.T. Tepnapa et Carlos Pedraza, Danny est un homosexuel abusé (symboliquement) par son père, et reproche à ce dernier d’« avoir eu envie de lui » ; et dans ce même film, le petit Jude se fait violer par son père. Dans le film « Festen » (1998) de Thomas Vinterberg, Christian s’est fait violer par son père, Helge, et l’annonce en pleine fête d’anniversaire de mariage de ses parents. Dans le film « Laberinto De Pasiones » (« Le Labyrinthe des Passions », 1983) de Pedro Álmodóvar, Queti a été violée par son père Michele. Dans le film « Black Swan » (2011) de Darren Aronofsky, c’est au moment où Nina se masturbe dans son lit qu’elle a la vision horrifique de sa mère l’observant à côté d’elle. Dans le film « Lonely Boat » (2012) de Christopher Tram et Simon Fauquet, une prostituée couche avec le père de son copain. Dans le one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show (2013) du travesti M to F David Forgit, la mère-prostituée transsexuelle fait l’amour avec un client octogénaire qui meurt pendant l’acte sexuel : elle atteint l’orgasme en faisant l’amour avec ce cadavre.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Dans la pièce Ma belle-mère, mon ex et moi (2015) de Bruno Druart et Erwin Zirmi, Yoann découvre que son amant Julien a couché avec sa belle-mère Solange, la cougar : « Tu t’es tapé la vieille ??? » Julien, lui-même, se révolte contre celle-ci en découvrant la vérité : « Pourquoi vous m’avez violé ?? » La belle-mère ricane : « Violé… Tout de suite les grands mots… » Finalement, Solange se rabat sur Yoann. Elle lui fonce dessus, et ce dernier, au départ, résiste : « Elle voulait me violer ! C’est elle ! C’est moi qui était en-dessous. » Puis Julien et Zoé, ex-amants qui se remettent ensemble, poussent Yoann dans les bras de la belle-mère de Julien. Yoann fait un gosse à la quinquagénaire…
 

Dans le téléfilm « Clara cet été-là » (2003) de Patrick Grandperret, le téléspectateur assiste à un chamboulement complet des générations, des rapports d’autorité entre jeunes et adultes. Les moniteurs qui encadrent la colo se font complètement menés par le bout du nez par des ados qui se comportent comme les grands qu’ils ne sont pas et qui pourtant ont déjà une sexualité d’adultes. Cette inversion crée du dégoût et donc du lesbianisme chez la protagoniste principale, Clara.

 

Spectacle contemporain au "Invisible Dog" de Brooklyn

Spectacle contemporain au « Invisible Dog » de Brooklyn


 

Cependant, l’inceste n’apparaît pas nécessairement comme brutal et choquant aux personnages qui le vivent. En général, quand il est vécu, le père et le fils se flattent l’un l’autre de gommer leur différence générationnelle et leur lien du sang, en toute bonne foi. Par exemple, dans le téléfilm « Ich Will Dich » (« Deux femmes amoureuses », 2014) de Rainer Kaufmann, le laisser-aller sexuel de la mère (Marie découvrant son lesbianisme) correspond à celui de la fille (Lili vivant ses expériences sexuelles trop tôt avec un gars peu fréquentable, Freddie)… et leur réconciliation s’instaure sur leur propre négligence. Dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi, Ahmed se qualifie lui-même comme « le fils et le père » de son fils Ali. L’éloignement et la négation du Réel, par la violation de la différence des générations, prend chez les héros homosexuels une dimension poétique, ludique, littéraire, affective. « Y’a que dans l’inceste qu’on ne trahit pas. » (le héros homosexuel de la pièce Chroniques des temps de Sida (2009) de Bruno Dairou) ; « La grenouille comprit que la Sigogne s’interrogeait sur l’Inseste avant d’être avalée par elle. » (cf. les mots inscrits sur une stèle de la Cité des Rats, dans le roman La Cité des Rats (1979) de Copi, p. 146) ; « Un monsieur aimait un jeune homme, et parfois lui payait ses cahiers. Il était écolier. […] Il est si doux d’être papa. » (cf. la chanson « Le Monsieur et le jeune homme » de Guy Béart) ; « Un fils dormant avec son père, c’est normal ! » (Léopold parlant à son fils Roger, dans la pièce À toi pour toujours, ta Marie Lou (2011) de Michel Tremblay) ; « C’est toi que j’aurais dû épouser. » (Heck, le mari trentenaire ayant épousé une femme lesbienne Rachel qui l’a trompée, et s’adressant à Hache la petite sœur de cette dernière, qui a 7 ans, Dans le film « Imagine You And Me » (2005) d’Ol Parker) ; « Kévin, ça se passe bien à la maison ? Ton père te viole-t-elle ? […] Ô bel éphèbe issu de la diversité ! […] Kévin, je suis ton père. » (le flic dans une parodie de film français sur la drogue, dans le one-man-show Blanc et hétéro (2019) de l’humoriste Arnaud Demanche) ; etc.

 

B.D. "Femme assise" de Copi

B.D. « Femme assise » de Copi


 

Par exemple, dans la pièce Nietzsche, Wagner, et autres cruautés (2008) de Gilles Tourman, Leni Riefenstahl évoque la « beauté tragique de l’inceste ». Dans la pièce Les Vœux du Cœur (2015) de Bill C. Davis, Tom dit qu’il « aime » son père. Dans le film « Catilina ou le venin de l’amour » (2012) d’Orest Romero, Catalina, fils d’un ancien militaire propriétaire d’un supermarché, décide de se faire passer pour son père pour conquérir Marcus, un jeune garçon qui vient d’être embauché. Dans la pièce Mi Vida Después (2011) de Lola Arias, l’héroïne lesbienne souffre d’avoir été traitée par son père militaire comme « la fille chérie », le « faire-valoir ». Dans le film « J’ai tué ma mère » (2009) de Xavier Dolan, Hubert, le héros gay en costume de marié, court dans une forêt après sa mère, elle-même en robe de mariée, pour lui demander de l’épouser en tant que « roi » et de « le rejoindre dans son Royaume ». Dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi, « L. » veut se marier avec le Rat alors qu’ils ont une grande différence d’âges : « Je pourrais te faire passer pour mon fils adoptif. » Dans la pièce Un Tango en bord de mer (2014) de Philippe Besson, Stéphane, le héros homosexuel quinquagénaire, a 20 de plus que son partenaire de 30 ans, Vincent. Dans le film « Test : San Francisco 1985 » (2013) de Chris Mason Johnson, Todd et Frankie, deux amis du même âge qui viennent de coucher ensemble, se font au réveil le même constat : « Je couche rarement avec les mecs de mon âge. » (Todd) ; « Moi aussi. » (Frankie) Dans la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand, Hugues, le médecin bourgeois, sort avec Fabien, un petit jeune. Dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes, Carol, l’héroïne lesbienne bourgeoise et déjà mère, vit le « grand amour » avec une femme nettement plus jeune qu’elle, Thérèse. Abby, l’ancienne amante de Carol, s’en étonne auprès d’elle : « Elle est jeune. Sais-tu ce que tu fais ? » Dans le film « Freeheld » (« Free Love », 2015) de Peter Sollett, Laurel, femme mûre, sort avec Stacie, la petite jeunette.

 

Il arrive que le héros homosexuel, d’âge mûr, soit attiré par son fils pour par ceux qui ont l’âge de son fils (cf. je vous renvoie au code « Pédophilie » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). « Ton père adorait vraiment nous regarder nager à poil. » (un ami de Daniel se référant à l’homosexualité du père de ce dernier, découverte post mortem, dans le film « Joyeuses Funérailles » (2007) de Franz Oz) Par exemple, dans la pièce Mon Amour (2009) d’Emmanuel Adely, le père de Franck, le héros gay, dit qu’« il a trop aimé son fils ». Dans le film « C’est une petite chambre aux couleurs simples » (2013) de Lana Cheramy, Mister Jones, vieux peintre aveugle et admirateur de Van Gogh, est soigné dans une maison de repos par Bob, un jeune infirmier dont il tombe amoureux. Dans le film « Patrik, 1.5 » (« Les Joies de la famille », 2009) d’Ella Lemhagen, Göran, le héros homosexuel, succombe au charme d’un jeune homme au commissariat, avant de découvrir que c’est son futur fils adoptif. Dans la pièce La Cage aux Folles (1973) de Jean Poiret, George, le héros homosexuel, drague son fils hétéro Laurent.

 

Beaucoup de héros homosexuels racontent leur émoi sexuel pour leur père (ou leur fils) : « Mon cœur est à papa. » (cf. une réplique de la pièce My Scum (2008) de Stanislas Briche) ; « Pendant quelques minutes, il me sembla que j’étais son préféré. » (Zac à propos de son père, dans le film « C.R.A.Z.Y. » (2005) de Jean-Marc Vallée) ; « Seul homme de la maison, j’oubliais avec une étrange facilité les liens du sang, faisant ainsi du géniteur aux yeux indiscrets un objet de convoitise et la cause première de nos maladies respectives ! » (la narratrice lesbienne du roman La Voyeuse interdite (1991) de Nina Bouraoui, p. 96) ; « Père… J’aimerais tellement avoir votre assentiment. J’ai pourtant tout fait pour vous plaire. » (Stuart, l’un des héros homosexuels, s’imaginant qu’il rencontre son père, dans le film « Cruising », « La Chasse » (1980) de William Friedkin) ; « Le papa, c’est toujours Dieu. » (Thierry, le héros homosexuel de la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche, dans l’épisode 8 « Une Famille pour Noël ») ; « Je regardais toujours mon père se déshabiller. » (Jacques Nolot dans le film « La Chatte à deux têtes » (2002) de Jacques Nolot) ; « J’ai eu honte j’ai souffert. Je ne vais pas sortir les violons même si pour mon père c’est l’instrument de prédilection. […] Mais j’ai toujours eu en tête d’un jour lui reconnaître que j’aime profondément son dos pour rendre justice aux mots. » (cf. le poème « Un Autre Dos » (2008) d’Aude Legrand-Berriot, p. 46) ; « Mon amant était Madame Lucienne ! […] J’aimais ma mère ! » (la Comédienne dans la pièce La Nuit de Madame Lucienne (1986) de Copi) ; « J’ai enterré l’alliance de mon épouse juste à côté du corps de Chris : ces deux-là étaient si proches. » (Randall, le père de Chris, le héros homosexuel, dans le roman La Synthèse du Camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 234) ; « Aujourd’hui, c’est moi l’homme. Un homme pour mon père. Beau et fort pour mon père. » (Omar dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 35) ; « Je ne crois pas [que ma mère va revenir]. Elle est partie… pour toujours… cette fois-ci. Je passerai désormais ma vie avec mon père. Seul avec mon père. À m’occuper de lui. Homme à homme. Je serai la femme de mon père. » (idem, p. 126) ; « Tu as été mon fils et en même temps l’amour de ma vie. Tu es sûrement l’homme que j’ai le plus embrassé ! […] Quand tu étais petit, on s’embrassait toujours sur la bouche. Quand tu as grandi, tu n’as plus voulu. Tu ne voulais même plus que je te tienne par la main. » (la mère de Bryan à son fils gay Bryan, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 353) ; « La seule et unique fois où j’aurais pu conclure avec une femme, j’ai pensé à ma mère. » (François, le héros homo du one-man-show Hétéro-Kit (2011) de Yann Mercanton) ; « J’étais si jalouse de vous. » (la mère de Kai, le héros homo, s’adressant à Richard l’amant de celui-ci, dans le film « Lilting », « La Délicatesse » (2014) de Hong Khaou) ; « Mon père était l’agaçant quarterback beau gosse qui avait épousé la major sexy de la promotion. » (Simon, le héros homosexuel, en parlant de son père, dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti) ; etc.

 

Film "Tell Me A Memory" de Jon Bryant Crawford

Film « Tell Me A Memory » de Jon Bryant Crawford


 

Vianney – « Non, je ne fume pas, mais ça ne me dérange pas, j’aime bien les bouches qui sentent le tabac froid, ça me rappelle mon père.

Mike – T’as couché avec ton père ?

Vianney –

Mike – C’était de l’humour, bon, ok, je me tais. »

(Mike racontant son « plan cul » avec un certain, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 85)

 

Film "Gerontophilia" de Bruce LaBruce

Film « Gerontophilia » de Bruce LaBruce


 

Par exemple, dans le film « Funeral Parade Of Roses » (1969) de Toshio Matsumoto, Eddie tombe amoureux de son père. Dans le film « L’Île des amours interdites » (1962) de Damiano Damiani, Arturo, à 15 ans, voue une passion dévorante à son père. Dans le film « Le Secret d’Antonio » (2008) de Joselito Altarejos. Antonio, à 15 ans, tombe amoureux de son oncle Jonbert. Dans la pièce Happy Birthday Daddy (2007) de Christophe Averlan, le fils cherche à séduire sadiquement son père, considéré comme un dieu diabolique : « Ouvre-moi ta porte pour l’amour de Daddy. » Dans le film « Niño Pez » (2009) de Lucía Puenzo, le père d’Ailín est tombé amoureux de sa fille. Dans le film « A Single Man » (2009) de Tom Ford, George, le héros homosexuel, porte au doigt l’alliance de sa mère. Dans le film « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne, Guillaume, le héros bisexuel, établit une relation très étrange avec son père : à la fois il le fuit et il le drague : « Oh mon papili, emmène-moi dans la forêt ! » Il parvient même, en se faisant passer pour sa mère (et la femme de son père, donc), à s’introduire dans la salle de bain de ce dernier et à le voir cul nu. Dans le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, les rapports d’éducation s’inversent : ce sont les enfants qui éduquent leurs parents. Dans le film « Le Maillot de bain » (2013) de Mathilde Bayle, le jeune Rémi, 10 ans, ressent son premier émoi homosexuel pour un beau papa de 35 ans. Dans son concert Free : The One Woman Funky Show (2014), Shirley Souagnon se moque de la réaction post-coming out de sa mère qui s’interroge avec horreur sur les pratiques lesbiennes de sa fille (« Mais qu’est-ce que vous faites ??? »), en lui rétorquant : « Qu’est-ce que vous faites ? Eh bien viens ! Je vais te montrer ! » Dans le film « Mon Père » (« Retablo », 2018) d’Álvaro Delgado Aparicio, Segundo s’endort contre son père Noé qu’il découvre homosexuel (il surprend ce dernier en train de masturber un conducteur de camionnette) : « Tu seras toujours dans mon cœur papa. » L’homosexualité paternelle finit par déteindre sur la sexualité du jeune garçon de 14 ans, qui se met à être dégoûté des femmes.

 

Film "Le Maillot de bain" de Mathilde Bayle

Film « Le Maillot de bain » de Mathilde Bayle


 

 

Dans le roman The Well Of Loneliness (Le Puits de solitude, 1928) de Marguerite Radclyffe Hall, Stephen, l’héroïne lesbienne, entretient dès son adolescence une ambiguë relation fusionnelle avec son père (Sir Philip), une connivence très homosexuelle, qu’Anna Philip, la mère, détecte assez vite et ne voit pas d’un très bon œil : « J’ai découvert que mon père savait tout à mon propos, seulement… Peut-être m’aimait-il trop pour m’en parler. » (Stephen par rapport à son homosexualité latente, p. 549) ; « Stephen grimpait sur son dos. Sir Philip prétendait être grisé pour avoir eu son saoul d’avoine, sautait, bondissait et ruait sauvagement, de sorte que Stephen était obligée de s’accrocher à ses cheveux ou à son col, tout en le frappant de ses petits poings insolents et durs. Attirée par ce vacarme étrange, Anna les surprenait ainsi et indiquait du doigt la boue sur le tapis. Elle disait : ‘À présent, Philip, à présent, Stephen, c’est assez ! c’est l’heure du thé’, comme s’il s’agissait de deux enfants, alors Sir Philip se redressait, se dégageait de Stephen, après quoi il embrassait la maman de Stephen. » (idem, p. 21) ; « Sir Philip aimait Stephen, l’idolâtrait. » (idem, p. 23) « Stephen adorait son père […] ; il faisait partie d’elle-même […] elle ne pouvait envisager le monde sans lui. » (idem, p. 24) Quand Anna tente d’empêcher l’incestueux couple à trois – le fameux « trouple », ou triangle œdipien papa/maman/enfant – (« Stephen, ma propre enfant… elle s’est jetée entre nous » dit-elle à son mari), Sir Philip la renvoie à sa responsabilité : « C’est vous-même qui l’avez jetée entre nous, Anna. » (idem, p. 148)

 

Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Dany, le héros homosexuel, s’imagine en amant miniature dormant sur le gazon puis le torse velu de son père. On ne sait pas trop s’il s’agit de son père réel dont il n’a aucun souvenir (il semble se rappeler d’un souvenir d’enfance quand il avait 2 ans et qu’il était blotti contre lui : « Je m’endormais sur son torse. Il était hyper poilu. ») ou bien s’il s’agit de son père fantasmé, cinématographique. Sûrement les deux.

 

Dans la pièce Gouttes dans l’océan (1997) de Rainer Werner Fassbinder, le jeune Franz se met en « couple » avec Léopold, de quinze ans son aîné. Il lui raconte que, lorsqu’il était adolescent, il avait rêvé que son beau-père (le nouveau mari de sa mère, avec « ses grandes jambes de footballeur ») pénètre dans son lit et lui fasse l’amour : « Puis il est venu dans mon lit. J’avais l’impression de devenir de plus en plus petit. Comme une fille. Puis il est rentré en moi. » Et plus tard, s’il a des enfants avec sa copine Ana, il dit qu’il les appellera « Franz et Leopold »…

 

Dans le film « Alone With Mr Carter » (2012) de Jean-Pierre Bergeron, John, jeune homme de 15 ans, est amoureux d’un papy de 70 ans, Mr Carter : il lui écrit des lettres d’amour, essaie d’attirer son attention par tous les moyens… et sans succès. Dans le one-man-show Raphaël Beaumont vous invite à ses funérailles (2011) de Raphaël Beaumont, le protagoniste homosexuel « nique » avec « beau papa » et finit par lui faire une éjaculation faciale ; plus tard, il se rend sur un site internet nommé Le Syndrome de Stockholm, dans lequel on peut retrouver la trace de son violeur : « Quand j’étais enfant, j’ai été violé. Franchement, c’était génial. Et ce site m’a permis de retrouver la trace de mon violeur. Et je suis drôlement content d’avoir retrouvé mon grand-père ! »

 

Dans le roman L’Amant des morts (2008) de Mathieu Riboulet, la première phrase commence par l’aveu de l’inceste paternel du héros, Jérôme, 16 ans, qui ensuite deviendra homo : « Tout commence avec le père. Avec le commerce sexuel d’un père avec son fils, tout juste adolescent. Un père bûcheron de la Creuse, à la sex/sensualité brute, quasi primitive. C’était arrivé un jour, au petit matin, sur le carreau de la cuisine, et le fils, que son père bichonnait depuis sa naissance, s’était laissée prendre sans réticence. […] Le père de temps en temps couchait avec le fils. Le fils de temps en temps couchait avec le père. » Dans le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot, Marcel est amoureux de son oncle homo Alain ; il s’imagine même faire l’amour avec lui pendant la nuit ! : « Il passa de plus en plus de temps devant son écran, se créant tout un univers de rêve. Il avait ainsi un père qui ne l’eut pas abandonné et une mère qui ne chercha pas tant à le contrôler en voulant trop le protéger. Son oncle n’hésiterait pas à lui offrir son corps et sa beauté, car Marcel adulait son oncle, homme séduisant toujours entouré de beaux mecs aussi attirants que lui. Il lui arriva souvent de se branler en rêvant à ce type au charme irrésistible qui dormait dans la chambre d’à côté, ou en train de lui faire l’amour. » (p. 19)

 

Dans l’œuvre du dramaturge argentin Copi, le traitement de l’inceste comme facteur d’homosexualité passe par le motif récurrent de la relation conflicto-fusionnelle mère/fille. « Voici la mère de Lou, mère-fille ou fille-mère, la Reine de l’Atmosphère ! » (Martin dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) On a avec lui l’illustration qu’une possessivité maternelle peut encourager la recherche fiévreuse et passionnelle d’un père absent.

 

Dans certaines œuvres homosexuelles, les jeux de mots et les calembours coquins sur l’inceste s’enchaînent : « Un zeste de citron dans l’eau… » (cf. la chanson « Veni Vedi Vici » d’Alizée) ; « Hello, helli, t’es à moi… Lolita » (cf. la chanson « Moi… Lolita » d’Alizée) ; « Qu’aussitôt, tes câlins/Cessent toute ecchymose […] Optimistique-moi, papa. » (cf. la chanson « Optimistique-moi » de Mylène Farmer) ; « Pense à ton père. » (Robbie incitant Ezri à pénétrer Effi, dans le film « Dérive » (1983) d’Amos Gutmann) ; etc.

 

Généralement, le personnage homosexuel idéalise ses parents pour mieux se substituer à eux ; et inversement, ses parents le mûrissent excessivement et font passer cet abus pour une confiance et une responsabilisation incroyables. Il arrive très fréquent que les coming out entre le père et le fils adultes se croisent, voire même que le père et le fils aient une liaison amoureuse ensemble ! « Je pense à mon oncle souvent. Lui, il vivait chez sa maman. » (un protagoniste homo à propos de son tonton gay et mort du Sida, dans la comédie musicale À voix et à vapeur (2011) de Christian Dupouy) ; « Je comprends, car avant, j’étais moi aussi homosexuelle. » (Marina à son fils homo Fred dans la pièce Des Bobards à maman (2011) de Rémi Deval) ; « Moi-même, j’avais eu pour amant, il y a bien longtemps, un homme mature. » (Randall, père du héros homosexuel Chris, dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 235) ; « J’ai couché avec ma mère. » (l’héroïne lesbienne à Bérénice, dans le one-woman-show La Lesbienne invisible (2009) d’Océane Rose Marie) ; « Ma femme sait tout de moi, et notre fils […] saura tout lui aussi. Et il apprendra à respecter les autres et à se respecter lui-même. » (cf. la phrase de conclusion du père homo, dans le film « Alang Lalaki Sa Buhay Ni Selya », « The Man In Her Life » (1997), de Carlos Siguion-Reyna) ; « Peut-être que mon père se maquillait un petit peu moins [que moi]. » (Roberto le trans dans la pièce Amor, Amor, En Buenos Aires (2011) de Stéphan Druet) ; « Si ces pulsions animales sont génétiques, ça ne peut venir que du côté de ton père. » (la mère parlant à sa fille Bénédicte de l’homosexualité de son fils Laurent, dans le one-man-show Gérard comme le prénom (2011) de Laurent Gérard) ; « Vous savez que chez moi (faire l’amour à sa mère) c’est une coutume ? » (Jarry dans son one-man-show Atypique, 2017) ; etc. Par exemple, dans le film « Mine Vaganti » (« Le Premier qui l’a dit », 2010) de Ferzan Ozpetek, Vincenzo est obsédé par le qu’en-dira-t-on à propos de l’homosexualité de son fils Antonio : dans les lieux publics, il est persuadé que tout le monde l’a identifiée et en rient. Il s’est complètement identifié à la caricature qu’il s’est faite de son fiston.

 

 

Film "Big Mama, de père en fils" de John Whitesell

Film « Big Mama, de père en fils » de John Whitesell

 

Le père et le fils sont tous les deux gays dans la pièce L’Anniversaire (2007) de Jules Vallauri, le film « The Boy Next Door » (2008) d’un réalisateur inconnu, la pièce Gai Mariage (2010) de Gérard Bitton et Michel Munz (Henri et son père), le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson (Marcel et Arthur Proust), le film « Crustacés et coquillages » (2005) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau (avec Marc et son fils Charly), le film « A Ferret Calles Mickey » (2003) de Barry Dignam, le film « Los Abrazos Rotos » (« Étreintes brisées », 2009) de Pedro Almodóvar, le film « Odd Sock » (2000) de Colette Cullen (une mère et son fils se révèlent mutuellement leur homosexualité autour de la machine à laver familiale), le film « Un Arrangement » (1998) de Didier Blasco, le film « Le Langage perdu des grues » (1991) de Nigel Finch, le roman Las Locas De Postín (1919) d’Álvaro Retana (avec Polito et son père), le film « Quelque chose en son temps » (1965) de Roy et John Boulting, le film « La Résidence » (1969) de Narciso Ibañez-Serrador (la « fille à pédés » lesbienne surprotège son fils unique gay), le film « Père, Fils » (2003) d’Alexandre Sokourov, le film « Simon, El Gran Varón » (2002) de Miguel Barreda, le film « Respire ! » (2004) de Dragan Marinkovic (où le père et la fille sont homosexuels), le film « Caresses » (1997) de Ventura Pons, le film « Merci… Dr Rey ! » (2001) d’Andrew Litvack, le film « Burlesk King » (1999) de Mel Chionglo, le film « Choujue Dengchang » (2001) de Cui Zi’en, le film « La Rivière » (1996) de Tsai Ming-liang, la B.D. Dads And Boys (2007) de Josman (avec des images crues d’un père et d’un fils qui couchent ensemble, parfois avec le grand-père en prime !), etc.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

« Ton père est différent des autres pères. » (le père, travesti M to F, faisant son coming out à son fils Peter, dans le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau) ; « Moi aussi, j’ai une préférence pour les garçons. » (le père du transsexuel M to F Jessica, dans la pièce Y a comme un X (2012) de David Sauvage) ; « Je dirai que ton père était un pédé. » (Hervé Nahel lors de son concert aux Sentiers des Halles le 20 novembre 2011) ; « Si ce que j’aime le plus au monde est gay, alors moi, je suis… [Rideau. Toute dernière réplique de la pièce] » (le père de Chris, le héros homosexuel en couple avec le joueur de foot dont son père est fan, dans la pièce Happy Birthgay Papa ! (2014) de James Cochise et Gloria Heinz) ; « Je suis le père d’Howard et je suis gay ! » (le père d’Howard, le héros homosexuel, en soutien pour son fils homo privé de son titre de meilleur prof de son lycée, dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz) ; « Homos de père en fils depuis cinq générations ! » (Francis, le héros homosexuel de la pièce Hors-Piste aux Maldives (2011) d’Éric Delcourt) ; « Dans la famille, on est gays de père en fils ! » (le père homo d’Henri, le héros qui feint l’homosexuel, dans la pièce Le Gai Mariage (2010) de Gérard Bitton et Michel Munz) ; « C’est pas parce qu’elle avait de la moustache que c’était un gars. » (la grand-mère de Rodolphe, lui parlant de son père qui serait allé vers sa mère parce qu’il aurait cru que c’était un homme, dans le one-man-show Tout en finesse (2014) de Rodolphe Sand) ; « Depuis l’armée, j’ai toujours pensé qu’il avait été un peu fiottasse. » (idem) ; « Le plus délicat, c’est de faire son coming out à son père. » (Fabien Tucci, homosexuel, dans son one-man-show Fabien Tucci fait son coming-outch, 2015) ; « Qu’est-ce que je vais trouver ? Peut-être que c’est un marin, un cow-boy dans un ranch, un hippie, un travesti, un taulard ou bien qu’il vend des armes. Va savoir ? » (Phil, le héros homo, parlant de son père inconnu qu’il va rejoindre aux États-Unis, dans le film « Die Mitter der Welt », « Moi et mon monde » (2016) de Jakob M Erwa) ; « Tel père tel fils. » (Grace, la mère folle de John le héros homo, à propos de l’homosexualité de ce dernier, dans le film « Ma Vie avec John F. Donovan » (2019) de Xavier Dolan) ; etc.

 

Film "Beginners" de Mike Mills

Film « Beginners » de Mike Mills


 

Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, pères et fils ont tous en couple homosexuel : nous est dépeint un monde sans différence des sexes, où la différence des générations s’est substituée à la différence des sexes à travers le clonage. Dans le sketch « Sacha » de Muriel Robin, la mère se présente comme « l’amie » de son fils homo Bruno, et rêve finalement qu’elle forme un couple lesbien avec la Tante Claudette. Dans le film « Kazoku Complete » (« La Famille au grand complet », 2010) d’Imaizumi Koichi, Shusaku a des relations sexuelles avec Koichi, son père. Dans le film « Uncle David » (2010) de Gary Reich, Ashley et son oncle ont une liaison. Dans la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand, Georges de la Ferrinière, le présentateur télé, et son fils homo Éric, découvrent qu’ils ont tous les deux le même amant : Jean-Loup ! Dans la pièce Moi aussi, je voudrais avoir des traumas familiaux… comme tout le monde (2012) de Philippe Beheydt, Eddy rêve, en tant qu’acteur, de jouer une Princesse byzantine, et que son « fils » Édouard soit gay (d’ailleurs, il lui offre le livre Père manquant, fils manqué). Dans le roman La Cité des Rats (1979) de Copi, Vidvn suce le sexe de son père Mimile. Dans le film « Ma Mère préfère les femmes (surtout les jeunes…) » (2001) d’Inés Paris et Daniela Fejerman, Sofía aime les femmes de l’âge de ses filles, et ces dernières se demandent si elles ne sont pas, elles aussi, lesbiennes comme leur mère. Dans le film « Beginners » (2010) de Mike Mills, quand Hal, un homme âgé, fait son coming out à son fils Oliver, cela provoque chez ce dernier énormément d’interrogations… Dans le film « Torch Song Trilogy » (1989) de Paul Bogart, David, homosexuel de 15 ans, est adopté par le couple homosexuel Ed et Arnold. Dans le film « Días De Boda » (2002) de Juan Pinzás, on apprend que Rosendo, le marié, et son beau-père ont eu une liaison homosexuelle. Dans le film « A Family Affair » (2003) d’Helen Lesnick, Rachel, l’héroïne lesbienne, rêve qu’elle fait l’amour avec sa propre mère, au moment du coït avec sa copine (les visages se transposent les uns aux autres). Dans le film « My Own Private Idaho » (1991) de Gus Van Sant, Scott s’imagine faire l’amour à sa mère. Dans la pièce La Reine morte (1942) d’Henry de Montherlant, la relation entre le père (le roi Ferrante) et son fils (Don Pedro) est très ambiguë : « Vous savez bien que je vous aime » dit Don Pedro à son père ; « On devrait pouvoir rompre avec ses enfants comme on le fait avec ses maîtresses » rétorque ce dernier. Dans le roman El Día Que Murió Marilyn (1970) de Terenci Moix, Jordi et son oncle sont tous deux homos. Dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, Jean-Marc est homosexuel comme son oncle Édouard. Dans le film « Another Gay Movie » (2006) de Todd Stephens, Andy va « tailler une pipe » à son père dans les toilettes. Dans le film « Almost Normal » (2005) de Marc Moody, Brad, le héros, vit dans un monde où l’homosexualité est la norme sociale, et où son père comme sa mère vivent chacun en couple homosexuel de leur côté. Dans le film « C.R.A.Z.Y. » (2005) de Jean-Marc Vallée, Zac, le héros gay, aperçoit avec effroi (et comme un « flash ») son père en tant que client régulier dans la boîte gay qu’il a coutume de fréquenter ! Dans le roman J’apprends l’allemand (1998) de Denis Lachaud, Rolf, le personnage bisexuel, a un oncle homosexuel, Peter, « celui qui vit dans la forêt, l’excentrique de la famille » (p. 62). Dans le film « Néa » (1976) de Nelly Kaplan, Sybille a surpris sa mère Helen au lit avec sa tante Judith. Dans le film « The Parricide Sessions » (2007) de Diego Costa, Diego tente de convaincre son propre père de jouer devant sa caméra le rôle de ses différents amants. Dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi, on apprend que « L. » s’est fait sodomiser par son père avant qu’elle/il ne l’étrangle avec ses bas de soie. Dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, la tante d’Omar a dit à son neveu – qui dort avec des poupées – qu’« il était exactement comme son père »… et on découvre que Ralph, le père en question, est secrètement homo. Dans le film « Pride » (2014) de Matthew Warchus, la mère de Reggie (l’un des personnages homos) est homosexuelle comme son fils… ce qui fait mourir de rire ses comparses LGBT. Dans l’« Histoire de Kamaralzamân avec la Princesse Boudour » des Mille et une Nuits, « l’homosexualité latente du père à l’égard du fils et du fils à l’égard du père, est fortement indiquée. » (Christian David, « Les Belles Différences », Bisexualité et différence des sexes (1973), p. 382) Dans son concert Free : The One Woman Funky Show (2014), Shirley Souagnon raconte comment elle a fait son coming out auprès de ses parents ; face aux larmes de tristesse de son père, elle décrit celui-ci comme un semblable d’orientation sexuelle : « Arrête, papa. On dirait un pédé ! » Dans la pièce L’Héritage était-il sous la jupe de papa ? (2015) de Laurence Briata et Nicolas Ronceux, Nicolas, en couple avec son demi-frère, rend responsable son père décédé de leur homosexualité à tous les deux (et, du coup, à tous les trois !) : « Tu vas voir tes deux fils s’aimer. Mais tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. » Dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti, après que Simon a révélé à son père son homosexualité, ce dernier, pour montrer qu’il est ouvert et qu’il accepte son fiston tel qu’il est, lui propose sérieusement de l’aider à trouver avec lui l’âme-frère : « On pourrait peut-être s’inscrire sur Grindr ensemble… »

 

Dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino, on assiste à un spectaculaire coming out croisé entre père et fils. Sammy, le père d’Elio (jeune homo de 17 ans), a deviné l’aventure homosexuelle qui a impliqué son fils et son collègue de travail Oliver (la trentaine). Sammy non seulement encourage son fils à l’homosexualité (en lui assurant que ce qu’il a vécu avec Oliver était « bien plus qu’une magnifique amitié ») mais en plus lui dit qu’« il l’envie », et que même s’il s’est marié à 30 ans avec sa maman, il a failli faire son coming out : « Je n’en ai pas été loin… » Sidérant. Elio demande à son père si sa mère est au courant de son homosexualité secrète… et ce dernier dit qu’il « ne croit pas ».
 

Dans la pièce Drôle de mariage pour tous (2019) de Henry Guybet, Raymond découvre que son père, Marcel (70 ans), s’est marié avec un homme, Dominique, et s’inquiète de se découvrir lui-même homosexuel… et son homosexualité est latente : « J’espère que ce n’est pas héréditaire. Parce que je ne suis pas du tout comme ça ! Mais alors pas du tout comme ça ! […] J’espère… j’espère que ce n’est pas héréditaire. » D’ailleurs, Dominique essaie de l’en persuader, en s’approchant dangereusement de lui, et en sous-entendant que Marcel et lui sont tous deux homos : « Au fond de vous, je sais que vous êtes comme lui : les mêmes attirances ! » De plus, suite à un quiproquo, Caroline, la fille de Dominique, s’imagine, en voyant Raymond, que c’est lui le « mari » de son père (donc son beau-père), et est scandalisée que son papa « ait réussi à séduire un jeune ». Elle finira par découvrir que Dominique a signé un « mariage pour tous » blanc avec Marcel, et par se mettre en couple avec Raymond, donc pour le coup son « demi-frère » par alliance. L’incestuel arrive à son paroxysme dans cette pièce.
 

Dans le film « Strella » (2009) de Panos H. Koutras, Yiorgos découvre avec horreur que Strella, l’homme transsexuel de 25 ans avec qui il a couché et dont il commençait à tomber amoureux, était en réalité son fils… Ce dernier l’a piégé en connaissance en cause, et s’était déjà illustré dans un autre cas d’inceste, puisqu’à l’adolescence, lui et son oncle (le frère de Yiorgos) avait eu une liaison : « Les hommes plus âgés me rassurent… » avoue-t-il. Strella est même traité par ses amis homosexuels de « gérontophile ». L’un de ses collègues transsexuels, Mary, a également eu pour amant son oncle Atonis.

 

Film "Strella" de Panos H. Koutras

Film « Strella » de Panos H. Koutras


 

Dans la violence de la répression de l’homosexualité de son fils, on lit parfois chez le père fictionnel une homosexualité latente : c’est le cas par exemple dans le film « Gun Hill Road » (2011) de Rashaad Ernesto Green (entre Enrique et son fils trans Michael), le film « K@biria » (2010) de Sigfrido Giammona (entre Giovanni et son fils gay Francesco), le film « Le Fils préféré » (1994) de Nicole Garcia, etc. « Un soir, il s’en est pris à moi. J’étais en CP, j’avais ramené un bulletin de notes un peu moins bon que d’habitude. Il m’a mis tout nu, m’a allongé sur le lit… j’étais terrifié. Il a défait sa ceinture et a commencé à me frapper, sans tenir compte de mon âge, comme si j’étais un adulteou un criminel. Mais le bulletin, ce n’était qu’un prétexte. Il trouvait que j’avais l’air efféminé. À six ans ! Il me traitait de petit pédé, qu’il allait faire de moi un homme. » (Kévin dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 422) Dans la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphan Druet, Alba, avant de se découvrir lesbienne, a jeté son fils Roberto dehors parce qu’il était homo. Dans le film « Mourir comme un homme » (2009) de João Pedro Rodrigues, au moment ou Ze María, le héros homosexuel, tue son copain d’une balle, il dit symboliquement que « son père est mort » ; il avouera après à ce dernier (qui est trans) : « J’ai tué un pédé comme toi qui méritais pas de vivre. »

 

Pièce "Gai Mariage" de Gérard Bitton et Michel Munz

Pièce « Gai Mariage » de Gérard Bitton et Michel Munz


 

Le personnage homosexuel critique parfois le lien d’hérédité – qu’on appelle « de dégénérescence » – qui est fait entre son homosexualité et celle de son père. « Il est exactement comme notre père, mais il le déteste. » (SDF parlant de son frère homo, dans le bâti Lars Norén (2011) d’Antonia Malinova) ; « T’as ça [= la politique ou l’homosexualité ?] dans le sang ! Tu as le sang de ton père ! » (Sofia s’adressant à Édouard le héros homo, dans la pièce En ballotage (2012) de Benoît Masocco) ; etc. Mais pourtant, qui, sinon lui, a créé la causalité « homophobe » ? « Ça doit être mon père qui m’a fait ainsi ! Il était trop beau lui aussi ! Comme un gamin-papillon, j’étais fasciné par sa beauté d’homme solitaire. Peut-être que je m’y suis brûlé les ailes ! Je devrais jeter toutes ces photos que j’ai de lui ! Cesser de penser que j’aurais hérité de lui cette attirance pour les garçons. Un désir refoulé qu’il m’aurait transmis en quelque sorte. Et tout cela, parce qu’il nous prodiguait, à moi et à mon petit frère, la tendresse de la mère perdue. » (Malcolm dans le roman Par d’autres chemins (2009) d’Hugues Pouyé, p. 60) ; « Que signifiait le baiser qui l’avait tant troublé : défi, ou mépris ? L’homme les avait-il pris, son père et lui, pour des invertis ? » (le héros homos de la nouvelle« À l’Ombre des bébés » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 31) ; « Allais-tu me ressembler ? Si tu étais un garçon, aurais-tu les mêmes goûts que moi ? » (Bryan, le héros homo ayant fait « accidentellement » un enfant à son amie Stéphanie, et parlant à son fils qui vient de naître dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 402) Dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi, l’argument de la dégénérescence revient sur le tapis : le personnage gay de Pédé, qui a déjà un fils homosexuel, n’est pas ravi d’apprendre que Lou, la fille qu’il a abandonnée pendant 17 ans, est également homosexuelle : « Trois folles dans la famille ! »

 

L’inceste ne concerne pas que les rapports familiaux. Il s’élargit ensuite à l’écart d’âges entre les deux partenaires adultes du « couple » homosexuel : cf. le roman The Well Of Loneliness (Le Puits de solitude, 1928) de Marguerite Radclyffe Hall (entre Mary et Stephen), le film « Ma Vie avec Liberace » (2013) de Steven Soderbergh (entre Scott et Liberace), le film « Le Derrière » (1998) de Valérie Lemercier (entre Francis et Pierre), le téléfilm « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure (entre Cédric et Laurent), etc. « J’ai été surpris par le nombre de jeunes, des mecs d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années, cherchant expressément des partenaires de plus de 45 balais. » (Michael parlant des rencontres Internet, dans le roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, p. 17) ; « Dans certaines tribus de Nouvelle-Guinée, dans le cadre de rite d’initiation, on impose à de jeunes garçons de pratiquer des fellations sur leurs oncles ou leurs pères… Ah ben y’a beaucoup de papous alors, en France, non ? » (le comédien de la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier, pp. 92-93) ; « À part un Roi de la pédale [comme vous], j’vois pas qui aurait pu prendre des vieux queutards. » (les flics s’adressant à Armand, le héros homo de 43 ans, initialement attiré que par les hommes plus mûrs et plus vieux que lui… mais qui, pendant l’intrigue, finira par s’accoupler avec une petite jeune de 16 ans ; l’attraction pour les vieux va paradoxalement avec l’attraction pédophile ; c’est ce qui conclure au flic qui arrête Armand : « Le fait que vous aimiez les vieux m’incite à penser que vous aimez aussi les jeunes filles. ») ; « C’est pour ça que Lili c’est mon deuxième papa. » (une patiente lesbienne, accouplée à la vieille Lili, sa compagne de 73 ans, dans la pièce Psy Cause(s) (2011) de Josiane Pinson) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « Le Zizi de Billy », les amants se traitent mutuellement de « neveu » et d’« oncle » (« Tu es mon oncle bien aimé ? » ; « Et toi, t’es mon neveu bien aimé ? »). Dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier, William sort avec un homme marié, Georges, qui a le double de son âge. Dans la pièce Happy Birthgay Papa ! (2014) de James Cochise et Gloria Heinz, Chris sort avec un homme (Ruzy) pendant que son père sort avec une nana de 15 ans : « À 15 ans, c’est tellement mignon, tendre. » (le père de Chris) Dans le film « Il Compleanno » (2009) de Marco Filiberti, le jeune et beau Diego séduit Mateo, l’homme marié faisant sa crise de la quarantaine. Dans le film « Shortbus » (2005) de John Cameron Mitchell, Jamie, maître nageur homo, fait en vain le bouche à bouche à un homme noyé beaucoup plus âgé que lui, et ce geste le plonge dans un profond trouble. Dans la pièce Y a comme un X (2012) de David Sauvage, au départ, Jean-Louis confond le père du transsexuel M to F Jessica pour un client de celle-ci. Dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, Anamika s’imagine en train de dégrafer les soutiens-gorge des femmes qui ont l’âge de sa mère ; plus tard, elle a liaison avec Linde, une mère de famille, dans les bras de laquelle elle accède à la vie d’adulte à vitesse grand V : « Toute ma vie, on m’avait appris à vénérer mes aînés. Quiconque avait cinq ans de plus que vous était un aîné. Presser les fesses de Linde enfreignait toutes les règles de la vénération. D’aînée, je la transformais en être sexuelle, en égale. Cela faisait de moi une adulte. » (p. 36) Dans le sketch « Le Couple homo » de Pierre Palmade et Michèle Laroque, Alain, 48 ans, sort avec son jeune amant brésilien Roberto, 19 ans. Dans le film « Storm » (2009) de Joan Beveridge, Jill vit en ménage avec Nicky, une femme qui a l’âge d’être sa fille (… et qui finira d’ailleurs avec la fille de Jill, Tasha !). Dans le film « Tell Me A Memory » (2010) de Jon Bryant Crawford, Jack tombe amoureux de Finny, un grand-père beaucoup plus âgé que lui, et qui a la maladie d’Alzheimer. Dans la publicité Renault « Bien dans son époque, bien dans sa Twingo », un jeune homme drague un travesti qui a l’âge d’être son père. Dans son roman Je vous écris comme je vous aime (2006), Élisabeth Brami essaie de nous faire avaler une grosse couleuvre : la beauté de l’histoire d’amour entre deux femmes mariées, ayant 30 années d’écart (Gabrielle, 80 ans, et Émilie, 50 ans) : « Pourquoi cette femme, de trente ans plus jeune qu’elle, a pris en un soir une telle place ? » (Gabrielle, p. 12) Pourquoi… On se demande, en effet… Pour parachever l’invraisemblance de cette intrigue, c’est bien sûr la plus jeune qui se montrera la plus demandeuse et la plus accro à alimenter la liaison épistolaire avec la plus âgée.

 

Les rapports homosexuels entre personnes de générations différentes sont parfois facilités/forcés par l’argent et les règles tacites de la prostitution. Par exemple, dans le film « Homme au bain » (2010) de Christophe Honoré, Emmanuel se rend chez un de ses voisins d’immeuble et se déshabille devant lui… alors que celui-ci a l’âge d’être son papy. Dans le film « La Forme de l’eau » (« The Shape of Water », 2018) de Guillermo del Toro, Giles, le personnage homo âgé, tente de draguer le jeune barman du resto qu’il fréquente.

 

Film "Chacun sa nuit" de Pascal Arnold

Film « Chacun sa nuit » de Pascal Arnold


 

Enfin, nombreuses sont les œuvres de fiction homosexuelles où revient l’histoire incestueuse de Peau d’âne (cf. la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand, le film « La Mante religieuse  » (2014) de Natalie Saracco, le film « Naissance des pieuvres  » (2007) de Céline Sciamma, etc.) ou d’Œdipe (cf. la pièce La Pyramide ! (1975) de Copi, l’opéra-oratorio Œdipus Rex (1927) d’Igor Stravinski, le film « Edipo Re » (1967) de Pier Paolo Pasolini, etc.). « Tu es très belle avec ton poncho qui sent l’âne. » (l’héroïne lesbienne à Bérénice, dans le one-woman-show La Lesbienne invisible (2009) d’Océane Rose Marie) Par exemple, dans la pièce Lacenaire (2014) de Franck Desmedt et Yvon Martin, Lacenaire se compare à Œdipe.

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

« Mais l’amour n’a pas d’âge, enfin ! »

 

Même dans la réalité, inceste et homosexualité se rencontrent parfois, même si je n’appuie absolument pas la thèse de la dégénérescence ni de la transmission génétique de l’attirance homosexuelle. Je prends aussi le terme « inceste » dans son sens large et étymologique (incastus : ce qui est non-chaste), c’est-à-dire que je considère incestueuse/incestuelle toute relation où prédomine le rêve de fusion, de possession de l’autre, où l’espace nécessaire à la différence et à la relation/union n’est pas respecté.

 

B.D. "Le Monde fantastique des gays" de Copi (cf. planche "Le Gai-Pied")

B.D. « Le Monde fantastique des gays » de Copi (cf. planche « Le Gai-Pied », revue homo)


 

Certaines personnes homosexuelles ont réellement subi l’inceste dans leur adolescence, et celui n’a pas été opéré nécessairement par des hommes, d’ailleurs : « En général 2% des statistiques sur l’inceste mentionnent des actes mère/fils. » (Daniel Welzer-Lang, Le Viol au masculin (1988), p. 190) ; « J’ai été retrouvé la Femme lunaire. Elle m’a confié comment elle avait été violée par son père. » (Simone de Beauvoir, parlant de son amante « la femme lunaire », dans une lettre rapportée dans la pièce-biopic Pour l’amour de Simone (2017) d’Anne-Marie Philipe) ; etc. Dans l’essai Ça arrive aussi aux garçons (1997) de Michel Dorais, Jean-Philippe (28 ans) est homosexuel et a subi les abus d’un oncle de 9 à 16 ans ; André (33 ans), sodomisé sauvagement par son père à l’âge de 13 à 16 ans, se dit à l’âge adulte d’orientation homosexuelle.

 

Lors de mes voyages et entretiens avec les personnes homosexuelles libanaises et martiniquaises en avril-mai 2013, j’ai été frappé de voir combien, dans des sociétés si culturellement peu préparées à accueillir la reconnaissance du désir homosexuel, il y avait à la fois beaucoup de pratique homosexuelle clandestine et beaucoup de cas d’inceste dans les familles.

 

À propos de l’inceste au sein du cadre homosexuel, il n’est pas nécessairement caché par le père, ni subi par le fils, surtout quand ce dernier arrive à maturité d’adulte. Quand il a lieu, en général, le père et le fils se flattent l’un l’autre de gommer leur différence générationnelle et leur lien du sang, en toute bonne foi. Par exemple, dans les synonymes d’« homosexuel », on trouve « daddy » (= papa), un terme très affectueux. Comme de par hasard… L’éloignement et la négation du Réel, par la violation de la différence des générations, prend chez certains père et fils une dimension poétique, ludique, littéraire, affective. Par exemple, le père d’André Gide, appelait souvent son fils « mon petit ami ». Dans le reportage « Les Fioretti de Pier Paolo Pasolini, 1922-1975 » (1997) d’Alain Bergada, le réalisateur italien Pier Paolo Pasolini dit avoir éprouvé étant jeune « un amour sensuel pour son père urinant dans un fossé ». Dans le documentaire « Cocteau et Compagnie » (2003) de Jean-Paul Fargier, le poète français Jean Cocteau sous-entend que son père était homosexuel comme lui, et qu’il s’est suicidé pour cette raison : « Le pédéraste reconnaît le pédéraste… » Dans le film « Family Outing » (2001) de Ben McCormack (présenté comme une histoire basée sur des faits réels), un jeune adulte découvre que l’homme mûr qu’il vient de sucer à travers un glory hole n’est autre que son père ! (la seule réplique qu’on entendra juste avant la fin de ce court-métrage, c’est l’exclamation du fils face à son amant : « C’est toi papa ? »)

 

Article Têtu de mars 2021

Il est possible que dans des familles où l’homosexualité se déclare, le père et le fils se soient trop rapprochés de s’être trop vite évités : « Mon époux aimait bien Jimmie. Je crains même qu’il ne l’ait trop aimé. » (Mrs Sewell en parlant de son fils homosexuel Jimmie, citée dans l’autobiographie Palimpseste – Mémoires (1995) de Gore Vidal, p. 48) ; « De là à ce que j’aie pensé, depuis mes toutes premières années, qu’il valait mieux être un homme qu’une petite fille pour lui plaire, il n’y a qu’un pas à franchir. » (Paula Dumont, écrivaine lesbienne, à propos de sa mère, dans son autobiographie Mauvais Genre (2009), p. 35) ; « L’homosexualité féminine se dissimule encore plus que l’homosexualité masculine parce qu’elle touche au tabou le plus ancré chez tout être humain à savoir celui qui touche au corps de la mère. » (idem, p. 86) ; « J’ai besoin d’érotisme à cause du corps de ma mère, de sa vie. Souvent elle disait : ‘Je t’y prends !’ à faire ceci cela. Me surveillant. » (Annie Ernaux, Je ne suis pas sortie de ma nuit (1997), pp. 61-62) ; « Mon grand-père était un homme au sexe proéminent. […] Pendant longtemps, j’ai été jaloux de ma mère à cause de mon grand-père. » (Reinaldo Arenas, Antes Que Anochezca (1992), p. 31) ; « Quelques images me reviennent : il est assis dans l’auto. Son pénis est sorti. Il a une érection. » (Justin, 34 ans, abusé dès l’âge de 4 ans par son père, son oncle, et son frère aîné, cité dans l’essai Ça arrive aussi aux garçons (2008) de Michel Dorais, p. 244) ; « Nous rejoignons dans la nuit le lycée qui est à 20 km, route de Carhaix, celle de l’accident [de mon père]. C’est la chanson de Charlotte Gainsbourg avec son père, ‘Lemon Incest’ : ‘Je t’aime, je t’aime, je t’aime plus que tout…’, je suis certain d’avoir envie de pleurer […]. » (Christophe Honoré, Le Livre pour enfants (2005), p. 88) ; « Quand mes frères et sœurs s’étonnaient de mon absentéisme, ma mère le justifiait par le fait que j’étais l’aîné et qu’elle avait besoin de moi pour accomplir certaines tâches. Un peu comme on le dit d’un mari. » (Brahim Naït-Balk, Un Homo dans la cité (2009), p. 18) ; « Je fais en sorte de rentrer tard pour éviter cette impression de vivre en couple avec elle… » (idem, p. 90) ; « Coco devait avoir cinquante-six ou cinquante-sept ans, mais l’idée d’inceste  avec un fils fictif remplissait son imaginaire érotique. » (Alfredo Arias dans son autobiographie Folies-Fantômes (1997), p. 94) ; « C’est vrai, je suis un fantôme très sensuel. J’aime caresser les êtres chers. C’est vrai, j’aime caresser les jambes de mes filles, leurs seins. Je me permets même de caresser le sexe de mon fils. Un fantôme peut accéder aux désirs les profonds, n’est-ce pas ? » (la grand-mère d’Alfredo à son petit-fils, idem, p. 164) ; « On est descendus sur la terrasse pour sentir la fraîcheur de la nuit et on a entendu une voiture s’arrêter. On s’est déplacés silencieusement pour espionner. On a vu le beau garçon, l’athlète qui faisait de délicats dessins de fleurs. Il faisait chaud. Il était presque nu dans la voiture. Sa peau brillait, recouverte d’une fine pellicule de sueur. Le conducteur de la voiture était un homme plus âgé, aux cheveux blancs. Ils se sont embrassés sur la bouche. Et tu m’as dit que c’était son père. » (Alfredo à sa grand-mère, idem, p. 165) ; « Ma mère comptait tellement pour moi. J’ai passé ma vie à la séduire. »  (une femme lesbienne de 70 ans, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « Faut que je te dise aussi un truc, c’est que je t’aime et que t’es mon fils, quand même, mon premier gamin. Je n’avais pas trouvé ça, comme on pourrait le penser, beau et émouvant. Son ‘je t’aime’ m’avait répugné, cette parole avait pour moi un caractère incestueux. » (Eddy Bellegueule citant son père, dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 58) ; « Ton père il a un sacré engin. » (la mère à Eddy Bellegueule, op. cit., p. 77) ; « L’impudeur de mon père. Il disait aimer être nu et je le lui reprochais. Son corps m’inspirait une profonde répulsion ‘J’aime bien me balader à poil, je suis chez moi je fais ce que je veux. Jusqu’alors dans cette maison c’est moi le père, moi qui commande’. » (Eddy Bellegueule, idem, p. 77) ; « Je pourrais également être prostitué – et même travesti, navré si cela vous choque. Violé à l’âge de 12 ans, j’ai grandi dans une famille où l’inceste était monnaie courante. Les hommes de mon enfance – à commencer par mon père – n’étaient pas à la hauteur. Pire, ils auraient dû me dégoûter d’être un homme. » (Père Jean-Philippe, Que celui qui n’a jamais péché… (2012), p. 17) ; etc.

 

Planche "Les Comme ça" de la B.D. "Le Monde fantastique des Gays" de Copi

Planche « Les Comme ça » de la B.D. Le Monde fantastique des Gays de Copi


 

Dans l’émission C’est mon choix diffusée sur la chaîne Chérie 25 sur le thème « Elles ont osé sortir avec des personnes de la même famille », Léa, une femme trentenaire qui a d’abord collectionné les aventures masculines en sortant avec deux hommes qui étaient l’un vis-à-vis de l’autre oncle et neveu, s’est découverte lesbienne et est désormais en couple avec une femme. Face à l’étonnement du public, elle sort par provocation : « J’aurais dû me taper la mère ! »
 

Dans le film biographique « Girl » (2018) de Lukas Dhont, Lara/Victor, garçon trans M to F de 16 ans, et son père Mathias se traitent mutuellement de « bitch » (« Bitch toi-même. » lui répond Mathias), et dorment ensemble dans le même lit. Le spectateur met d’ailleurs un temps fou à comprendre que Mathias est le père de Lara.
 

Il arrive que les coming out entre le père et le fils adultes se croisent, voire même que le père et le fils aient une liaison amoureuse ensemble ! « Mon coming out est devenu l’outing de papa. » (Stéphane dans la revue Têtu, n°130, février 2008, p. 134) ; « Ma mère passait la soirée chez la voisine. Elle rentrait ivre avec la voisine, elles se faisaient des blagues de lesbiennes ‘Je vais te bouffer la chatte ma salope.’ » (Eddy Bellegueule dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 66) ; « Je suis né auprès de deux soixante-huitards militants. J’ai eu une enfance très très heureuse et très très libérée. Mon père est quelqu’un extrêmement excentrique. C’est un peintre. Il m’a dit qu’il avait probablement des tendances homosexuelles cachées. » (Jonathan, séropositif et homosexuel, dans le documentaire « Prends-moi » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; etc. Des exemples connus de familles où le père et le fils sont homos tous les deux ne sont absolument pas rares : cf. la famille Ackerley (père et fils homos), la famille Mann (Thomas, Klaus, et Erika), la famille Schwarzenbach (mère et fille lesbiennes), la famille Burrough (mère et fils), la famille Éribon (oncle et neveu), etc.

 

Il est étonnant de voir, même si cela n’a rien de systématique, qu’il y a beaucoup de familles où l’homosexualité est ressentie chez les parents ET chez les enfants. J’en connais personnellement beaucoup ! Ce n’est pas mathématique, ce n’est pas génétique, ce n’est pas automatique, ce n’est pas statistique, ce n’est pas publicitaire (surtout dans les débats actuels sur l’adoption)… mais je crois aux influences des modèles médiatiques/concrets qu’on propose (je n’ai pas dit « qu’on impose ») à un enfant. Par exemple, en assistant au débat « Toutes et tous citoyen-ne-s engagé-e-s, le samedi 10 octobre 2009, à la Salle des Fêtes de la Mairie du XIème arrondissement de Paris, un père témoignait publiquement – et presque avec fierté – de son homosexualité et de celle de son enfant : « Heureusement que je m’accepte en tant qu’homo parce que… ça fait 10 ans que ma fille vit avec une fille. » Apparemment, cela n’a interrogé personne. Pas même les concernés…

 

Ce coming out couplé, une fois deviné, n’est pas toujours bien accueilli par les deux parties… car l’effet-miroir peut être violent… peut même être le signe du viol même ! Par exemple, dans son ouvrage Les Deux Prostitutions (1889), François Carlier évoque le cas d’un fils parricide qui tua son père ayant abusé de lui : « Lintz, qui fut exécuté à Versailles le 31 mai 1882, après avoir porté à son vieux père les premiers coups de couteau, le traîne à terre et, avant de l’achever, se rend coupable sur lui du crime de viol. »

 

Dans la biographie Ramon (2008), Dominique Fernandez fait la prouesse de retracer la vie de son père. Ce dernier a écrit en 1924 un roman intitulé Philippe Sauveur et qui traitait d’homosexualité. Son fils s’en étonne encore, même s’il laisse échapper quelques indices d’homosexualité latente chez son père, qui était pourtant un homme marié et un coureur : « Écrire sur l’homosexualité, à cette époque, quand on était soi-même, ou qu’on passait pour l’être, un homme à femmes ! Quelle étrange curiosité poussait l’apprenti romancier ? Il est sans exemple, autrefois comme aujourd’hui, qu’un écrivain ait abordé ce sujet sans être lui-même de la famille ou tenté d’y entrer. Que devais-je donc penser ? […] Ce n’est pas que je craignais de me découvrir un père homosexuel, ou n’ayant échappé que de peu à l’inversion. Non, je redoutais plutôt le contraire : que l’inversion n’eût été pour lui qu’un objet de curiosité intellectuelle et que, comme la plupart des gens qui la considèrent du dehors, il n’y eût rien compris. » (pp. 129-130) L’homosexualité paternelle de Ramon Fernandez, habillée du vernis de l’hétérosexualité, ne semble pourtant pas faire de doutes puisque Louis Aragon a assuré à Dominique qu’il avait surpris son père au lit avec Drieu de la Rochelle. Et un peu plus tard, Dominique Fernandez semble corroborer cette thèse : « Question à laquelle je ne pourrai jamais répondre : sorti de l’adolescence, mon père avait-il renoncé aux liaisons homosexuelles ? Mûri, puis marié, eut-il encore des aventures ? » (p. 143) D’ailleurs, ce qui semble avoir facilité la transmission générationnelle d’homosexualité, c’est la rupture incestuelle qu’a imposée la mère entre le père et le fils : « J’avais intériorisé l’interdit maternel. […] Amoureux de mon père, je l’ai toujours été, je le reste. Ma mère, je l’ai admirée, je l’ai crainte, je ne l’ai pas aimée. Lui, c’était l’absent et c’était le failli, l’homme perdu, sans honneur. C’était le paria. » (idem, p. 45) ; « J’aimais mon père, j’en étais amoureux, mais c’était un amour interdit, qu’il me fallait refouler, nier, piétiner dans mon cœur – au point d’être incapable de m’intéresser à la vie de on père, incapable de l’écouter s’il parlait. » (idem, p. 36) ; etc. « Ramon Fernandez, à en croire son biographe de fils, Dominique Fernandez, est un ‘homosexuel raté’ incapable d’assumer son ‘orientation sexuelle’ comme on dit aujourd’hui. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), p. 203)

 

Il existe un lien fort entre inceste et homosexualité (ou inceste-divorce-coming out), même si bien évidemment, les ponts entre le rejet de la différence des sexes (par l’homosexualité) et le rejet de la différence des générations ne sont pas causaux ni toujours flagrants. Je vois ce lien à travers l’étrange traumatisme – et le ravissement de ce traumatisme – que crée le coming out d’un père sur sa fille de sang, par exemple. Un traumatisme proche du flou incestueux/incestuel. Dans l’émission Toute une histoire spéciale « Mon père est parti avec un homme » (diffusée sur la chaîne France 2 le 5 décembre 2013), nous en trouvons plein d’illustrations. À travers certains binômes filiaux, on nous fait croire que la relation « fusionnelle » et de copinage entre père homo et fille biologique de ce dernier (ils discutent « mecs » ensemble, font du shopping et se conseillent vestimentairement) peut très bien se substituer à l’union conjugale passée du père et de la mère biologiques (à présent séparés ou divorcés) grâce au coming out, grâce à l’homosexualité, grâce à la fusion père homo-fille hétéro. La séparation ou la rupture conjugale est maquillée et surinvestie en fusion filiale homosexualisée/asexualisée. Et cela provoque dans bien des cas chez « l’enfant embarqué dans l’homosexualité par géniteur interposé » un trouble proche de l’expérience de l’inceste ou du divorce ou de la répudiation ou du viol : « Par la suite, j’ai eu des oublis par rapport à mon enfance et tout ce qui s’est passé à ce moment-là. […] Toute cette période, je l’ai effacée. Je n’ai pas de notion de temps. […] Ça n’a pas été un souci pour moi. […] J’ai quelques séquelles de tout ça, même si je l’ai toujours bien pris et que ça se passe très bien… mais j’ai des séquelles dans ma vie de femme. Et ça, par contre, je peux pas vraiment en parler avec lui. Pour moi, tous les hommes sont un peu homosexuels, donc c’est un peu compliqué tous les jours. » (Amandine, femme quarantaine qui, à 19 ans, a appris que son père était homosexuel, dans l’émission citée.) Certains fils de parents homos finissent parfois bisexuels pour survivre à la douleur de cet attachement faussé avec leur père ou leur mère homo.

 

Sans aller jusqu’à cet extrême, il n’est pas toujours facile, dans une famille, de découvrir une parenté homosexuelle. La similitude d’orientation sexuelle entre fils homosexuel et père est parfois troublante dans la réalité, non pas dans la mesure où elle serait causale ou exactement symétrique (tous les pères d’enfants homosexuels ne sont pas systématiquement homosexuels, et tous les fils homosexuels ne sont pas amoureux de leur père, bien entendu), mais parce qu’elle est imparfaitement gémellaire. Il est parfois fascinant d’observer les réactions saugrenues de certains pères au moment du coming out de leur fils, ou à l’inverse, la gêne ressentie de la part du second par rapport à son propre père. Pour vous donner un exemple personnel, j’ai le souvenir très précis, à l’époque où je me trouvais en études à Rennes (j’avais 23-26 ans), des sueurs froides qu’un ami homo de mon âge (on va l’appeler Romain) a ressenties lors de son déménagement d’appartement. Son père et sa mère l’avaient aidé à déplacer ses affaires, même pendant son absence. Et il avait eu la désagréable surprise de découvrir que son père était tombé par hasard sur un cadeau de mauvais goût que des potes gays lui avaient offert : le calendrier sulfureux des Dieux du Stade. Le papa de Romain avait embarqué sans rien dire le calendrier de son fils. Pourquoi un tel vol ? Attendait-il que son fils vienne lui réclamer l’objet du délit pour lui infliger une véritable humiliation ? Pourquoi n’a-t-il pas d’office blâmé son fils en lui rendant aussitôt son bien plutôt que de s’enfermer dans une honte bien trop personnelle et trop intime pour ne pas être révélatrice d’une blessure plus collective ? Romain n’avait pas la réponse. Et la réaction de son papa l’avait scotché. Quand il a finalement récupéré son calendrier de rugbymen à poil (avec un ballon ridiculement niché en dessous du nombril), son père s’est juste contenté d’une lamentation désespérée : « C’est un truc de fous… C’est un truc de fous… » Mais le plus amusant dans cette attitude paternelle incompréhensible (et c’est le détail qui a le plus interloqué Romain… même si je crois qu’il a préféré ne pas mener jusqu’au bout les conclusions qui s’imposaient… pour ne pas se faire trop peur, sans doute), c’est non seulement l’acte de confiscation, mais l’endroit choisi pour cacher le calendrier : le sommet de l’armoire à vêtements de la chambre à coucher parentale. Choix infantile, qui ne trahit pas pour autant une homosexualité latente chez le papa (il ne faut pas exagérer non plus), mais en tout cas qui nous montre simplement le fort rapport d’identification et d’inversion existant entre le père d’un fils homo et son fils, le lien de coïncidence entre inceste et homosexualité.

 

En ce qui concerne mon cas personnel, je me rappelle combien mon propre papa, lors de mon coming out, s’est – excessivement, mais bien naturellement aussi – interrogé sur une probable homosexualité refoulée en lui. La question de l’homosexualité travaille beaucoup les papas. Et pour cause : l’homosexualité dit une crise de la paternité, une brisure du lien filial, et certainement aussi une jalousie de l’individu homosexuel vis-à-vis de ses parents ( = la découverte qu’il ne s’est pas créé tout seul) : « La psychanalyse a mis en évidence le fantasme commun de la ‘scène primitive’, c’est-à-dire la scène de ma création, dont je suis nécessairement exclu. » (Jean-Pierre Winter, Homoparenté (2010), p. 96)

 

Parallèlement à l’effet explosif des révélations familiales d’homosexualité groupées, il est curieux de voir que certains coming out confortent/camouflent les rapports incestueux dans les familles, et finalement arrangent à court terme parents comme enfants : « Va savoir ce qui s’est passé dans la tête de mon père, moi je n’en sais rien en fait. Je pense que ça a dû le troubler dans ses repères, enfin et puis finalement peut-être que ça l’arrange, je reste la fille à papa. Finalement, il n’y a plus de concurrence, quelque part je suis vraiment la fille à papa. » (Lise, femme lesbienne de 30 ans racontant son coming out à son père, dans l’essai Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010) de Natacha Chetcuti, p. 103) Il est très facile d’utiliser l’étiquette de « l’homosexuel » comme un sparadrap pour cacher la misère. Ou celle du « couple » et de « l’amour homosexuel »…

 

Justement, parlons-en, du couple homo. L’inceste ne concerne pas que les rapports familiaux. Elle s’élargit ensuite à l’écart d’âges entre les deux partenaires homosexuels adultes (je rappelle qu’une génération, c’est 15 ans). On constate que l’inceste est souvent un choix de couple homosexuel qui s’euphémisera par la périphrase « différence d’âges ». « J’ai jamais aimé les jeunes. » (Bernard, l’un des témoins homos, affirmant qu’il n’aime que les hommes aux cheveux gris, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz)

 

Par exemple, la romancière lesbienne Pat Califia, dans des anthologies comme The Leading Edge (1987) et Macho Sluts (1988), défend des pratiques sexuelles radicales, dont l’amour sexuel entre mères et filles. Elle n’est pas la seule. D’autres (Adrienne Rich, Luce Irigaray, etc.) envisagent le lien mère/fille comme un modèle amoureux. La Comtesse bisexuelle Mathilde de Morny, dite « Missy », qui s’habillait en homme et qui est dépeinte comme la « belle mère sensuelle » dans Le Blé en herbe (1922) de Colette, était une cougar de 46 ans qui était sortie avec le jeune Bertrand de Journel, 16 ans.

 

Dans l’émission Dans les yeux d’Olivier spéciale « Les Femmes entre elles » d’Olivier Delacroix et Mathieu Duboscq, diffusée sur la chaîne France 2, le 12 avril 2011, Stéphanie, 24 ans, se met en couple avec Tina, de 20 ans son aînée. Dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, Thérèse, un témoin lesbienne de 70 ans, raconte qu’elle a vécu une « passion » avec Emmanuelle, de 27 ans de moins qu’elle. Dans le documentaire « Cet homme-là (est un mille-feuilles) » (2011) de Patricia Mortagne), Xavier (67 ans) présente son nouveau copain Guillaume (30 ans), le plus sérieusement du monde : « Qui est-ce qui vous a dit qu’il y avait une différence d’âges ? »

 

Sans avoir connu concrètement l’inceste, car fort heureusement il s’agit d’une minorité dans la communauté homosexuelle (du moins, j’espère…), beaucoup de personnes homosexuelles sont en revanche interpellées esthétiquement par la scène de l’inceste, comme si leur désir homosexuel y trouvait son propre écho. Par exemple, le compositeur homosexuel Leonard Bernstein souhaite monter un projet d’opéra d’après Lolita (1955) de Nabokov. L’inceste est un thème omniprésent dans les films de Jacques Demy. Nombreuses sont les œuvres de fiction homosexuelles où revient l’histoire incestueuse de Peau d’âne ou d’Œdipe. Je crois d’ailleurs que le désir homosexuel, étant par nature un fantasme de viol, est aussi un élan d’inceste, ou au moins incestuel.

 

Nos sociétés contemporaines, qui tendent vers un effacement du Réel et de ses limites, encouragent à la transgression de la différence des sexes et des générations (les deux ensemble). D’ailleurs, on constate de plus en plus, dans les reportages traitant d’homosexualité, une revendication à l’inversion des générations (les fils qui jouent les pères, les enfants qui commandent aux adultes) : cf. le documentaire « Comment j’ai adopté mes parents » (2010) de Nasha Gagnebin, la chanson « Lisa tu étais si petite » de Faby (au sujet des « enfants qui grandissent plus vite que les parents »), etc. Un effacement progressif de l’humain par l’humain.

 

INCESTE PÈRE 7 Fantastique Papa (1)

 

INCESTE PÈRE 8 Fantastique Papa (2)

INCESTE PÈRE 9 Fantastique Papa (3)

INCESTE PÈRE 10 Fantastique Papa (4)

INCESTE PÈRE 11 Fantastique Papa (5)

INCESTE PÈRE 12 Fantastique Papa (6)

B.D. « Le Monde fantastique des gays » de Copi (Planche « Papa »)

Code n°140 – Pédophilie

Pédophilie

Pédophilie

 

 


(Et le premier crétin qui me sort que, parce que je parle du lien de coïncidence entre homosexualité et pédophilie, j’assimilerais toutes les personnes homosexuelles aux pédophiles, ou que je jouerais inconsciemment le jeu des homophobes en déterrant un vieil amalgame, il s’en prend une ^^…)

 
 

NOTICE EXPLICATIVE

Oui. Vous avez bien entendu. Le mot qui sert à construire des monstres humains dont on ne veut rien savoir est lâché ! « PÉDOPHILE » Alors tout le monde est prêt à se déboucher les oreilles ? Je vous propose, pour une fois, de stopper l’hémorragie de la diabolisation d’un désir présent – à différents degrés – en tout être humain, y compris les femmes, et de nous poser pour réfléchir sur le malaise SOCIAL que disent les actes pédophiles, sans tomber dans l’écueil de stigmatiser des exceptions de bourreaux pour se soulager la conscience et surtout ne jamais s’identifier à eux. Je crois que le désir pédophile est humain, et même par les personnes comme moi qui ont conscience de n’être attirées que par des personnes adultes (… voire même carrément plus âgées que moi). La pédophilie dit une violation COLLECTIVE de la différence des générations (cela semble à priori le plus évident ; et cette violation marche dans les deux sens : du côté des plus âgés comme des plus jeunes), et des autres différences du Réel (en arrière-fond : la différence des espaces et la différence des sexes). C’est la raison pour laquelle les liens entre le désir homosexuel – qui rejette systématiquement la différence des sexes, et fréquemment la différence des générations – et le désir pédophile existent. Ces liens non-causaux et non-systématiques font pousser des hauts cris aux personnes homosexuelles qui diabolisent ET le désir pédophile ET leur propre désir homosexuel. Surtout en ces temps où la demande du droit au mariage homo, à l’adoption et à l’homoparentalité, se fait si insistante de leur part. Mais ne nous laissons pas impressionner. Si le cliché de « l’homosexuel pédophile » est visible, c’est bien pour des raisons (plus ou moins justes). Et si la plupart des membres de la communauté homosexuelle se précipitent à le traiter d’« homophobe » d’un air outré et scandalisé, raison de plus pour examiner la part de réel et la part de fantasme qui se cachent derrière l’odieuse étiquette !

 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Éternelle jeunesse », « Violeur homosexuel », « Élève/Prof », « Prostitution », « Poupées », « Petits morveux », « Inceste », « Parodies de mômes », « Curé gay », « Inceste entre frères », « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 

 

1 – PETIT « CONDENSÉ »

 

Liens entre

pédophilie et homosexualité ?

 

PÉDOPHILIE 1

Don Bachardy et Christopher Isherwood (en « couple »)


 

Le lien pédophilie-homosexualité offusque beaucoup de personnes homosexuelles parce qu’il existe véritablement, même s’il est difficilement démontrable étant donné qu’il se range du côté des réalités fantasmées, donc des coïncidences et des images. C’est la raison pour laquelle il faut en parler, tout en dénonçant tous les discours qui établissent des rapports de causalité entre homosexualité et pédophilie. Les agressions pédophiles sont majoritairement le fait d’adultes (dits ou qui se disent) hétérosexuels, et il est évident que les personnes homosexuelles ne doivent pas, du fait de leur orientation sexuelle, être tenues à l’écart des structures d’encadrement de l’enfance.

 

Les personnes homosexuelles qui se livrent concrètement à des actes pédophiles sont assez rares. Leur nombre est souvent excessivement grossi par les personnes homosexuelles elles-mêmes. Il est par exemple dommageable de constater, venant d’un certain nombre de jeunes hommes gays, un amalgame quasi-systématique entre âge, homosexualité, et pédophilie : ils ont un peu trop tendance à qualifier de « vieux pervers » toute personne homosexuelle plus âgée qui s’intéresse(rait) à eux.

 

La phobie de la pédophilie concernant l’homosexualité, aussi injustifiée soit-elle, n’est pas pour autant à mépriser entièrement : elle est à analyser pour être combattue, sinon, elle risque de s’actualiser. C’est son rejet systématique, exercé massivement par la communauté homosexuelle et nos sociétés médiatisées, qui montre qu’elle correspond à une certaine réalité désirante, et parfois concrète. Par exemple, un nombre non-négligeable de couples homos se distinguent par un écart d’âge entre les partenaires nettement plus prononcé que chez les couples femme-homme (cf. Alfred Spira, Rapport Spira Bajos, 1992 ; j’aborde aussi largement le sujet des rapports amoureux homosexuels avec un écart prononcé d’âges entre les partenaires, dans les codes « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu » et « Inceste (Père et fils homos tous les deux) » sur mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Par ailleurs, parmi les personnes homosexuelles qui dénoncent à juste titre l’assimilation causale de la pédophilie à l’homosexualité, il y a beaucoup plus de fervents défenseurs et de pratiquants de la pédophilie qu’on pourrait l’imaginer. Le meilleur exemple de ce paradoxe, c’est Guy Hocquenghem, qui écrivit en 1983 Les Petits Garçons. La réalité du tourisme sexuel dans les pays du Tiers-monde, ou de la prostitution masculine à échelle planétaire, vient confirmer que les liens de coïncidence non-reconnus entre homosexualité et pédophilie peuvent se faire actes.

 

Il n’est pas rare d’entendre certaines personnes homosexuelles invoquer tous les avantages que présente la relation pédophile pour l’adulte et l’enfant (par exemple la rupture de l’isolement et de la solitude, les bienfaits pédagogiques du chaperonnage, la possibilité pour un homme mûr d’échapper à la frustration sexuelle, la relation d’affection « forte » entre l’éraste et l’éromène, l’« expérience » que peut en tirer l’initié juvénile, etc.). Elles reprennent parfois mot pour mot le discours de l’homme pédéraste qui tend toujours à la flatterie de sa victime (« il est très mûr pour son âge »), à la glorification dédramatisante des sentiments au détriment de la reconnaissance de la violence des actes.

 

Le mythe de l’éternelle jeunesse, particulièrement palpable dans le « milieu homosexuel », montre l’élan incertainement et fantasmatiquement incestueux et pédophile du désir homosexuel, quand bien même un certain nombre de personnes homosexuelles sont sûres et certaines de n’être attirées que par des individus mûrs et adultes. Il traduit en négatif une angoisse de la vieillesse. On entend celle-ci exprimée par beaucoup de sujets homosexuels, y compris chez ceux qui n’ont que la vingtaine. Même s’ils savent bien qu’il leur faudra à un moment ou un autre renoncer à finir avec un petit jeune de vingt ans, ils ne se défont pas de cette utopie pour autant. Chaperonner un éphèbe pré-pubère, c’est un moyen détourné de faire le bain de jouvence du Pygmalion, mais aussi de revivre une jeunesse perdue en se substituant aux enfants.

 
 

GRAND DÉTAILLÉ

FICTION

Le personnage homosexuel est attiré sexuellement par les enfants et la jeunesse médiatique :

 

PÉDOPHILIE 2

Film « Les Amitiés particulières » de Jean Delannoy


 

Les créations artistiques traitant d’homosexualité abordent énormément le thème de la pédophilie : cf. le film « Tendres Adolescents » (1980) de Jean-Daniel Cadinot, le film « La Conséquence » (1977) de Wolfgang Petersen, le film « Au Nom du Père » (1972) de Marco Bellocchio, le film « Solamente Nero » (1978) d’Antonio Bido, le film « L’Éveil de Maximo Oliveros » (2005) d’Auraeus Solito, le film « L.I.E. » (2001) de Michael Cuesta, le film « Peur primale » (1996) de Gregory Hoblit, le film « Happiness » (1998) de Todd Solondz, le film « Mystic River » (2004) de Clint Eastwood, le film « The Woodsman » (2004) de Nicole Kassell, le roman The White Cockades ; An Incident Of The Forty-five (1887) de Xavier Mayne, le film « Allemagne Année Zéro » (1948) de Roberto Rossellini, le film « Les 5000 doigts du Docteur T » (1952) de Roy Rowland, le film « If… » (1968) de Lindsay Anderson, le film « Les Amitiés particulières » (1964) de Jean Delannoy, le film « Amours particulières » (1969) de Gérard Trembaciewicz, le film « Bruno, l’enfant du dimanche » (1968) de Louis Grospierre, le roman Nos Plaisirs (1983) de Mathieu Lindon, le film « Short Eyes » (1977) de Robert M. Young, le film « Sapore del Grano » (1986) de Gianni Da Campo, la nouvelle « Le Travesti et le Corbeau » (1983) de Copi, le film « Jeepers Creepers » (« Le Chant du diable », 2000) de Victor Salva, le film « Souffle au cœur » (1971) de Louis Malle (avec le jésuite pédéraste), le film « Fiesta » (1995) de Pierre Boutron (avec le colonel Masagual, un officier franquiste pédéraste), le film « Scout toujours » (1985) de Gérard Jugnot (avec le personnage de Georges), les films « Les Amis » (1971) et « Un Enfant dans la foule » (1975) de Gérard Blain, le roman Sexy (2007) de Joyce Carol Oats (avec la relation entre Darren et Mr Tracy), le film « Naked Blood » (1995) de Hisayasu Satô, le film « Le Jardin des Délices » (1967) de Silvano Agosti, le roman Agostino(1944) d’Alberto Moravia, le film « Agostino » (1962) de Mauro Bolognini, le film « Tommy » (1975) de Ken Russell, le film « Blue Jeans » (1976) d’Hugues Burin des Roziers, le film « Twist » (2004) de Jacob Tierney et Adrienne Stern (avec le monde de la prostitution masculine), le film « Night Corridor » (2003) de Julian Lee, le film « Another Gay Movie » (2006) de Todd Stephens (mettant en scène des adolescents ayant parfois des ébats sexuels avec des adultes), le film « Walk a Crooked Path » (1970) de John Brason, le film « Une si jolie petite plage » (1948) d’Yves Allégret, le film « Boy Culture » (2007) de Q. Allan Brocka (la pédophilie est ici légitimée par la prostitution), le film « Whole New Thing » (2005) d’Amnon Buchbinder, le film « Huit Femmes » (2002) de François Ozon, le film « L’Exécutrice » (1985) de Michel Caputo, le film « Montreal Main » (1974) de Frank Vitale, le roman La Comunión De Los Atletas (1979) de Vicente Molina Foix, le film « La Ville dont le prince est un enfant » (1996) de Christophe Malavoy, le film « L’Île Atlantique » (2005) de Gérard Mordillat, le film « Precious Moments » (2002) de Lars Daniel Krutzkoff Jacobsen, le film « Smukke Dreng » (« Joli Garçon », 1993) de Carsten Sonder, le roman Jeux d’enfance (1930) de Giovanni Comisso, le film « La Classe de Neige » (1997) de Claude Miller, le film « La Vierge des Tueurs » (2000) de Barbet Schroeder, le roman Pasión Y Muerte Del Cura Deusto (1924) d’Augusto d’Halmar, le film « La Tendresse des Loups » (1973) d’Ulli Lommel, le film « Un Printemps sous la neige » (1983) de Daniel Petrie, le film « Charlotte For Ever » (1986) de Serge Gainsbourg, le film « Gossenkind » (1992) de Peter Kern, le film « L’Enfant Miroir » (1990) de Philip Ridley, le film « So Lange Du Hier bist » (2005) de Stefan Westerwelle, le film « Vito E Gli Altri » (1992) d’Antonio Capuano, le film « Pianese Nunzio, 14 Anni A Maggio » (1996) d’Antonio Capuano, le film « Il Sapore Del Grano » (1986) de Gianni Di Campo, le film « Det Forsomte Forar » (1993) de Peter Schröder, le film « Si Te Dicen Que Caí » (1989) de Vicente Aranda, le film « The Lost Son » (1998) de Chris Menges, le film « La Tribu » (1990) d’Yves Boisset, le film « Le Trou » (1960) de Jacques Becker (l’un des quatre détenus, homosexuel, est incarcéré pour détournement de mineurs), le film « Grâce à Dieu » (2019) de François Ozon, etc.

 

Par exemple, dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H., Jonathan propose à son amant Matthieu de regarder le documentaire « Atrocité de la pédophilie en Thaïlande ». Dans la pièce Doris Darling (2012) de Ben Elton, le vieux Douglas drague le jeune Santiago. Dans son spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012), Didier Bénureau chante une relation pédophile entre un homme de 50 ans et une fillette de 14 ans : « Être un vieux pédophile, c’est vraiment pas facile. » Dans le film « Keep The Lights On » (2012) d’Ira Sachs, Erik, le héros homosexuel, a vécu sa première expérience sexuelle à 13 ans. Dans le roman L’Ange impur (2012) de Samy Kossan, Samy a 15 ans quand il se prostitue. Dans le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, après avoir découvert son attraction homosexuelle pour les jeunes délinquants qu’il encadre, Adam se traite lui-même de pédophile. Dans la pièce Un Cœur en herbe (2010) de Christophe et Stéphane Botti, Jacques, l’écrivain quinquagénaire est totalement subjugué par la jeunesse de Mathan, un branleur de 18 ans. Dans le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche, Emma, femme mûre, sort avec Adèle, qui est mineure (au fur et à mesure de l’intrigue, cette dernière passera le cap des 18 ans : ouf, ça devient ainsi une film vachement plus moral, nous sommes sauvés… Dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha, Nicolas, homosexuel à la trentaine bien tassée, se met à draguer un petit jeune autrichien, Michael, au bord d’un lac ; et le lycéen rentre dans le jeu. Le héros homo aime visiblement la chair fraîche car il avait auparavant dragué lourdement un jeune serveur saisonnier du chalet de montagne où il s’était restauré avec ses deux autres amis homos Gabriel et Rudolf. Gabriel, quant à lui, semble attiré par les hommes mûrs (il part à la conquête d’un moniteur de colo hétéro, Andreas), mais pourtant, quand il débarque dans une église pour demander à un vieux prêtre où se trouve le groupe d’enfants d’Andreas, sans d’autres explications, sa réplique laisse entendre qu’il est lui aussi pédophile : « Je cherche des enfants. » Dans son one-man-show Tout en finesse (2014), Rodolphe Sand met avec l’application Grindr l’homosexualité sur le même plan que la pédophilie : « Grindr pour les gays. Kinder pour les pédophiles. » Dans le one-man-show Au sol et en vol (2014) de Jean-Philippe Janssens, Jeanfi, le steward homo, ironise sur ses origines natales belges en disant qu’elles ont été le terreau de sa conscience d’être homo : « J’viens d’un p’tit village du Nord. Pédophilie, ça vous dit quelque chose ? Moi, au milieu de tout ça, j’ai compris que j’étais très sensible. Trop sensible. » Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, tous les personnages homosexuels masculins sont émerveillés par la jeunesse et les éphèbes… y compris les adolescents qui tombent amoureux entre eux : « L’amour des enfants lointains… l’amour lointain des enfants rappelle à l’humanité ses origines nobles. » (Mr Mack parlant de Jim, son fils homosexuel) Anthony, l’un des pédérastes « mûrs », dirige d’ailleurs une chorale d’enfants à l’église, et il a été condamné à aux travaux forcés pendant deux ans pour pédérastie sur mineurs. Dans le film « Imitation Game » (2014) de Mortem Tyldum, Alan Turing, le mathématicien homosexuel, est arrêté par la police pour avoir des relations sexuelles avec des mineurs, et notamment un certain Murray qui le cambriole. Dans le roman Sophia House, La Librairie Sophia (2005), le Comte Smokrev, bourgeois homosexuel d’une grande perversité, vénère une sculpture, L’Hermès de Praxitèle, représentant un homme caressant un jeune homme. Dans le film « Test : San Francisco 1985 » (2013) de Chris Mason Johnson, Tyler, le coloc hétéro de Frankie, le héros homosexuel, couche avec des filles mineures de moins de 17 ans… mais s’autorise presque un écart avec Frankie lors d’une séance-massage. Le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso traite de la prostitution masculine, et pire que ça, de la prostitution juvénile. Davide, le héros homosexuel, n’a que 14 ans, et vend quand même son corps aux hommes. Les prostitués masculins parodient ironiquement la réalité de la pédophilie dans leurs rangs : « On ne touche pas aux petits garçons ! » dira l’un d’entre eux. Dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino, Oliver (la trentaine) sort avec Elio, un mineur de 17 ans : « Fais pas l’enfant. Rendez-vous à minuit. » Dans le téléfilm Fiertés (2018) de Philippe Faucon, diffusé sur Arte en mai 2018, Serge sort avec Victor, un mineur… mais ça ne l’empêche pas de prôner l’amour et la maturité de Victor devant le père de ce dernier, Charles, qui le menace de le dénoncer à la police : « Je ne me sers pas de votre fils. » Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, Nathan, le héros homosexuel, fait croire qu’il a été abusé entre l’âge de 10 à 14 ans par un prêtre pédophile de son école primaire catholique. Dans le film « Mon Père » (« Retablo », 2018) d’Álvaro Delgado Aparicio, quand Anatolia, la mère de Secundo, apprend l’homosexualité de son mari Noé, elle pense immédiatement à protéger son fils : « Si tu touches à mon fils, je te tue ! » Dans le film « Ma Vie avec John F. Donovan » (2019) de Xavier Dolan, John ironise lors d’un talk show télévisé sur sa relation épistolaire avec Rupert, un gamin de 10 ans qu’il renie publiquement : « On est faits l’un pour l’autre. »

 

Dans le téléfilm « Les Dix Petits Nègres » (2015) de Sarah Phelps, l’homosexualité est sous-jacente. William Blore, l’inspecteur, a violé dans une cellule de la prison de Dartmoor un prostitué homosexuel, James Stephen Landor, qui faisait le tapin dans les pissotières, et qu’il a fait condamner aux travaux forcés à perpétuité où il a fini ses jours : « Edward Landor était un pédéraste. Plutôt mourir que de m’approcher d’un de ces pervers ! » ; « Il était sans défense. Ce n’était qu’un gamin. »
 

Les pratiques pédophiles ne se limitent pas au monde homosexuel masculin. Les pédophiles lesbiennes ne sont pas à exclure du tableau : cf. le film « Ma Mère préfère les femmes (surtout les jeunes…) » (2001) d’Inés Paris et Daniela Fejerman, le film « Olivia » (1951) de Jacqueline Audry (avec Edwige Feuillère et Simone Simon), le film « Rome, ville ouverte » (1945) de Roberto Rossellini, le film « Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain » (2001) de Jean-Pierre Jeunet (avec la garçonne d’un certain âge, chez qui Amélie sonne à la porte par erreur), et surtout le film « Massacre pour une orgie » (1964) de Jean-Pierre Bastid. « J’avais détourné une mineure de 15 ans qui était mon élève. » (Suzanne en parlant d’Erika, dans le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 185) ; « La jeunesse qui rayonne à chaque instant de vous, voilà ce que la Reine aime chez Sidonie. » (cf. une réplique du film « Les Adieux à la Reine » (2012) de Benoît Jacquot) ; « Vous me faites à chaque fois l’effet d’un bain de jouvence. » (la Reine Marie-Antoinette à son amante Madame de Polignac, dans le film « Les Adieux à la Reine » (2012) de Benoît Jacquot) ; « Je donnerais gros pour avoir votre âge. » (Serena Merle louchant sur la jeune Isabelle, dans le film « Portrait de femme » (1996) de Jane Campion) ; « Épousez-moi, mon bonhomme. J’étais dans la chaussure pour enfants. » (Mr Chapiro s’adressant à Vince, dans le film « L’Objet de mon affection » (1998) de Nicholas Hytner) ; etc.

 

Dans le roman The Girl On The Stairs (La Fille dans l’escalier, 2012) de Louise Welsh, le Dr Alban Mann est qualifié par Jane, l’héroïne lesbienne, de « pédophile incestueux » (p. 76)… et les faits donneront raison à Jane car Mann viole sa jeune fille Anna. Cependant, Jane, pourtant en couple avec Petra, rentre exactement dans le même jeu qu’elle dénonce en s’intéressant de trop près à Anna : « Si Maria faisait courir le bruit que Jane était une espèce de prédatrice lesbienne avec un penchant pour les adolescentes, la vie à Berlin pouvait devenir impossible. » (Jane parlant de Maria la prostituée, op. cit., p. 168) Jane est fascinée par la jeune Anna au point de la rêver au pieu avec elle : « Elle rêvait d’Anna. Elles étaient seules dans le noir, les doux cheveux de la fille retombaient sur le visage de Jane. Elle eut l’impression d’être au lit avec elle et se mit à paniquer ; ce n’était pas ce qu’elle voulait, tout allait de travers. Les lèvres de la fille se posèrent sur les siennes et elles s’embrassèrent, la langue d’Anna frémissante et insistante. Jane comprit à nouveau ce qu’elle était en train de faire et tenta de la repousser mais quelque force supérieure les collait l’une à l’autre. Elle sentait le poids du corps de la fille, la douceur de ses seins, et elle se tortilla pour se dégager, tentant désespérément de s’échapper, mais elle avait beau se tourner dans toutes les directions, elle était piégée. Elle repoussa Anna de toutes ses forces, mais sans résultat, elles étaient verrouillées l’une à l’autre, et brusquement Jane comprit ce qui les retenait là. Elles étaient scellées, l’une au-dessus de l’autre, sous le plancher de l’immeuble de derrière. » (p. 222)
 

PÉDOPHILIE 3

Film « La Mauvaise Éducation » de Pedro Almodovar


 

Même si ce n’est pas systématique, le personnage homosexuel a pu être victime d’un viol pédophile dans son enfance : « Il n’avait pas 6 ans qu’il se faisait déjà attrapé par les Arabes du côté de la Huchette. » (Mme Simpson parlant au masculin de sa fille Irina, dans la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1967) de Copi) ; « J’préfère encore me faire tripoter par un prêtre comme mes copains cathos quand ils vont au caté. » (Laurent Spielvogel à propos du rabbin à qui il va rendre visite, dans son one-man-show Les Bijoux de famille, 2015) ; « L’écrivain qui ne cherchait qu’une aventure amoureuse, ne l’aurait pas regardé deux fois s’il n’avait pas été séduisant. » (Pawel Tarnowski, homosexuel continent, parlant de Goudron, l’écrivain plus âgé que lui et qui a tenté de le pervertir, dans le roman Sophia House, La Librairie Sophia (2005), p. 173) ; « Il me tire à lui, je te dis, et je ne peux pas rompre l’emprise qu’il a sur moi. » (Pawel Tarnowski parlant du jeune David qui l’attire, idem, p. 175) ; « ’Tu désires l’abomination.’ Il ne pouvait y croire au début. Lui qui avait souffert des attentions de Goudron se transformait maintenant en Goudron ! Cela ne pouvait pas être vrai. Pourtant, c’était vrai ! » (Pawel Tarnowski parlant de son élan homosexuel pour le jeune David, suite à l’attachement pédophile de Goudron, idem, p. 177) ; « Ce que j’aurais fait à cette époque de ténèbres, d’autres me l’avaient fait. » (Pawel parlant du viol pédophile qu’il a subit par son mentor Goudron, idem, p. 441) ; « C’est très perturbant de découvrir le sexe comme ça. » (Joe, un homme homosexuel obèse, très anxieux et efféminé, qui a été violé par un prêtre à l’adolescence, dans le film « Spotlight » (2016) de Tom McCarthy) ; etc. Dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, R. raconte qu’il s’est fait violer par un certain Laurent, « un fils de pute qui ne voulait pas mourir seul et qui a violé sa jeunesse » (p. 71).  Dans le one-man-show Cet homme va trop loin(2011) de Jérémy Ferrari, le Père Vert, avant de devenir un curé gay et pédophile, a jadis été violé par son père et par ses profs. Dans la B.D. La Chair des pommes (2006) de Freddy Nadolny Poustochkine, le héros homo, en pleine puberté, subit la pression d’un homme pédophile pendant qu’il découvre son homosexualité.

 

PÉDOPHILIE 4

B.D. « Kang » de Copi


 

En général, le personnage homosexuel ne fait pas secret de ses élans sexuels pédophiles. « Il a fini pédophile, comme tous ces pédérastes. » (Gérard en parlant de M. Folaste, dans le one-man-show Ali au pays des merveilles (2011) d’Ali Bougheraba) ; « Et moi, je l’aime, la jeunesse. N’est-ce pas, Jean-Ba ? » (le prêtre s’adressant à son enfant de chœur de 14 ans, dans le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau) ; « Je découvris la douceur des regards complices de ces androgynes que sont parfois les adolescents. » (le narrateur homosexuel parlant de ses années collège dans la nouvelle « La Chaudière » (2010) d’Essobal Lenoir, pp. 18-19) ; « Ce que je préfère dans ma vie de chiotte, ce sont ces groupes de potes ados à l’apogée de leur puissance génésique […] C’est tellement excitant de voir ces petits mecs jouir sans vergogne, à côté de ces kyrielles de vieillards lubriques de trente ans. » (« le chiotte » dans la nouvelle « Mémoires d’un chiotte public » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 87) ; « Marilyn possède des instantanés où on me voit embrasser les enfants sur la bouche, dormir enlacé avec eux : elle me fait un chantage. » (le héros homo marié parlant de sa harpie de compagne, dans le roman Le Bal des Folles (1977) de Copi, p. 77) ; « ‘Si j’osais, pensa M. Fruges, je l’embrasserais. J’adore les enfants. Celui-ci est enfermé en lui-même comme je l’étais à son âge, moi aussi. Il y a un regard d’une profonde admirable, avec, dans l’expression, quelque chose de blessé qui me plaît. » (Emmanuel Fruges face à Georges, 6 ans, dans le roman Si j’étais vous (1947) de Julien Green, p. 153) ; « Il aimait vraiment l’enfance ; c’était même ce qu’il y avait en lui de moins atteint, de moins suspect. Les dimanches de communion, les bons jours, comme on disait encore dans sa famille, alors qu’il s’agenouillait à la sainte table, il cherchait à se placer tout près d’un enfant, s’il y en avait un, afin de lui voler un peu de cet amour surnaturel dont il sentait que le petit être était l’objet inconscient ; et, ce soir, il surveillait du coin de l’œil le garçonnet qui chantonnait tout seul et dont il admirait l’innocence comme un spécialiste reconnaît et apprécie le spécimen parfaitement venu d’une espèce rare. » (Emmanuel Fruges,idem, p. 156) ; « Comme un coup de tonnerre, l’idée éclata dans son cerveau : devenir cet enfant. Il frissonna et fit instinctivement un pas en arrière. Jamais une tentation pareille n’avait fondu sur lui avec une telle violence, et il en éprouva un choc qui faillit le terrasser. Que pouvaient être les triviaux désirs de la chair auprès de cette concupiscence nouvelle ? Ses yeux se fermèrent. ‘On n’a pas le droit’, pensa-t-il. Pendant quelques secondes, il eut l’impression de grands coups portés à l’intérieur de son crâne et il mit les deux mains à ses oreilles. » (idem, p. 157) ; « Berlot, le prof de sport, si soucieux de la propreté des corps qu’il vient jusqu’aux douches donner un coup de main aux plus lents. » (Quentin Lamotta, Vincent Garbo (2010), p. 42) ; « Ton père adorait vraiment nous regarder nager à poil. » (un ami s’adressant à Daniel après le coming out posthume du père de ce dernier, dans le film « Joyeuses Funérailles » (2007) de Franz Oz) ; « Constant est d’un naturel extrêmement probe. […] Cependant, même les hommes dont le sens moral est des plus élevés sont extrêmement sensibles à l’influence des attraits physique d’autrui. L’histoire moderne, pas moins que celle de l’Antiquité, nous offre un grand nombre d’exemples terriblement éprouvants de ce à quoi je fais allusion… » (Gwendolen dans la pièce The Importance To Being Earnest, L’Importance d’être Constant (1895) d’Oscar Wilde) ; etc.

 

Dans la pièce Les Z’Héros de Branville (2009) de Jean-Christophe Moncys, Gérard a un « terrible secret » à révéler : son « attirance pour les jeunes hommes ». Dans le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, on entend la figure de Marcel Proust chanter les bienfaits de l’amour des jeunes garçons : « L’amour d’un homme pour une femme ne peut pas se comparer à l’amour de ce même homme pour un adolescent. L’amour pour une femme charrie tellement d’habitudes, de certitudes, de passages obligés qu’il devient rapidement quelque chose d’agréable, certes, mais qu’on maîtrise, qui n’apporte pas de réelle surprise. L’amour pour un adolescent, lui, renferme tous les émerveillements, tous les emportements ; il a cette intensité désespérée, il est menacé d’extinction à tout moment et porté au plus haut, précisément par la grâce. » (pp. 83-84) D’ailleurs, dans ce même roman, Proust vit une histoire amoureuse avec Vincent, un jeune intellectuel de seize ans, tout aussi consentant que lui, mais conscient de l’invisibilité, du confort, et de la supériorité de son statut d’éromène : « C’est plus difficile pour vous que pour moi […] de vous tenir à côté d’un jeune homme de seize ans. » (Vincent s’adressant à Proust, idem, p. 21) ; « Si la syphilis causait autant de ravages que le sida et terrorisait pareillement les pédérastes de la fin du XIXe siècle, des adolescents n’auraient certes pas enfilé de capotes pour jouer à touche-pipi ! » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « De l’usage intempestif du condom dans la pornographie » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 97) ;

 

La relation pédophile devient parfois effective, consommée. Elle sera alors très souvent euphémisée par le terme passe-partout de « couple » ou d’« amour (entre ados) ». Par exemple, dans la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand, Omar, un des personnages homosexuels, a une liaison avec un ado de seize ans. Dans le film « Tras El Cristal » (1985) d’Agustí Villaronga, un pédophile nazi paralysé vit une histoire d’amour avec le jeune infirmier s’occupant de lui. Dans le film « Mort à Venise » (1971) de Luchino Visconti, un jeu de drague ambigu s’instaure entre le vieux musicien Ashenbach (50 ans passés) et le tout jeune et blond Tadzio (14 ans). Le roman Flamand noir (2004) de Bertrand N’Guyen Matoko raconte l’histoire de pédophilie entre un curé et un jeune étudiant noir. Dans le roman Le Livre muet (2007) de Sébastien Doubinsky, le géomètre Alessandro Salomonsen vit une relation homosexuelle avec Stefano, un adolescent de 15 ans. Dans le film « Les Damnés » (1969) de Luchino Visconti, l’icône gay Helmut Berger (interprétant le personnage de Martin Essenbeck) est en réalité un pédophile ; il provoque le suicide par pendaison de la petite Lisa qu’il avait initialement attouchée et couverte de cadeaux : « Lisa, regarde ce que je t’ai apporté. Il te plaît, ce petit cheval ? Tu pourras monter dessus, puisqu’il te plaît, hein ? Il faut le caresser. Caresse-le, Lisa, il est à toi. Tu l’aimes bien ? Tu seras très gentille avec lui. Tu le soigneras bien… parce qu’il t’aime beaucoup. J’assure. » Dans le film « Rose et Noir » (2009) de Gérard Jugnot, au moment où le jeune prince Frédéric de Montmirail monte dans le carrosse de Saint Loup, le comité d’accueil qui lui est réservé par les deux mignons très efféminés Sergio et Myosothis mêle séduction et perversion (« Bonjour mon cœur… »). Dans le roman La Cité des Rats (1979) de Copi, Mimile dit qu’il est allé en taule : « La dernière fois, paraît que j’avais tué un vioque pour lui voler ses sous, la fois d’avant c’était un bambin pour le violer. » (pp. 62-63)

 

Si le personnage homosexuel renonce à la pédophilie, c’est par acquit de conscience. Quitte à en rajouter dans le rejet, il déclare que ça ne l’intéresse et ne le concerne en rien du tout. Mais c’est son mépris trop vite exposé de la jeunesse et du fantasme pédophile qui l’inculpe. « Je m’étais fait l’illusion de retrouver en vous ma propre jeunesse, mais rien en vous ne me séduit. Il y a trente ans, je vous aurais peut-être trouvé désirable, et encore je ne suis pas sûr de cela, et puis vous n’étiez qu’un nouveau-né. » (Cyrille au jeune Journaliste, dans la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi) ; « Je n’allais quand même pas me jeter à la poursuite de jeunes hommes dans la vingtaine, moi qui avais tellement toujours ridiculisé ceux qui sombraient dans le culte de l’éphèbe ! Mais je ne pouvais pas non plus aller contre mes goûts ! » (Jean-Marc dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, p. 228) Par exemple, dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier, Georges, le père de famille homosexuel, est suspecté officieusement par sa femme Christelle de pédophilie : elle l’empêche d’approcher leurs propres enfants. Il s’en indigne… mais en même temps, il sors avec William, son amant secret qui a l’âge d’être son fils.

 

C’est parfois à travers le traitement fictionnel de l’homoparentalité que surgit en toile de fond le désir pédophile des personnages gays. Par exemple, dans le film « Les Joies de la famille » (2009) d’Ella Lemhagen, Göran tombe sous le charme d’un jeune délinquant au commissariat, avant de découvrir que c’est son futur fils adoptif. Dans la pièce Try (1994) de Dennis Cooper, les deux pères adoptifs homosexuels violent le petit Ziggy. Dans le roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, le couple gay Ben et Michael « homosexualisent » le petit-neveu de 7 ans de Michael, Sumter. Ils prospectent ludiquement sur ses possibles tendances homosexuelles futures (« Tu crois qu’il est des nôtres ? », p. 104). La différence des générations est complètement banalisée et niée : « L’âge n’est pas un problème. » (Michael évoquant la différence d’âge importante avec son amant Ben, idem, p. 34)

 

La présomption de désir pédophile chez le héros homosexuel n’est pas toujours avérée : elle est parfois juste un soupçon pesant sur un bouc émissaire à qui on veut charger la barque. Par exemple, dans le film « Scènes de chasse en Bavière » (1969) de Peter Fleischmann, la Bouchère a peur pour son fils Franz et accuse Abram de pédophilie. Dans le film « Les Joies de la famille » (2009) d’Ella Lemhagen, le jeune Patrik confie à un agent de police ses craintes d’avoir comme « famille d’accueil » un couple de deux « pères » homosexuels : « Si je me fais violer, ce sera de votre faute ! » Dans le film « Une petite zone de turbulence » (2009) d’Alfred Lot Olivier, le personnage de Philippe, hétérosexuel, fait une blague de mauvais goût à son futur beau-frère Matthieu qui s’inquiète de ne pas voir revenir son petit copain de Grèce pour le mariage de sa sœur : « On ne peut toujours le retrouver. On balance une photo sur internet. Ils ont retrouvé un pédophile comme ça ! »

 

PÉDOPHILIE 5

Film « 4h30 » de Royston Tan


 

Le problème du personnage homosexuel réellement pédophile, c’est qu’il ne s’identifie pas forcément comme un pédophile puisqu’en intentions, il ne considère plus l’enfant comme un être différent de lui mais comme un semblable, un individu responsable et aimant, à qui il fait la confiance de le vieillir, l’honneur de le rendre semblable à lui, à qui il peut faire l’amour, tout simplement. On lit parfois chez les héros homosexuels le désir d’aimer les enfants avec un cœur non pas humain, ni même un cœur de maman ou de papa, mais un cœur maternaliste ou paternaliste : « Le vrai problème, ce sont les enfants. La tristesse de ne pas en avoir et de ne pas pouvoir en adopter. J’ai toujours aimé les enfants. Je crois que j’aurais été une assez bonne mère. » (Tim dans le film « De la vie des marionnettes » (1980) d’Ingmar Bergman)

 

La tentation pédophile ne va pas que dans un seul sens (de l’adulte vers l’enfant) : elle peut aussi venir de l’adolescent homosexuel vers l’adulte de qui il veut se faire protéger et éduquer. Il est curieux de voir que certains jeunes homosexuels fictionnels se passionnent pour des personnages pédophiles, de qui ils prétendent se sentir très proches, ou qu’ils reconnaissent comme des jumeaux de désir. « Oui Madame, j’aime les hommes plus vieux. » (Jefferey Jordan dans son one-man-show Jefferey Jordan s’affole, 2015) Par exemple, dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, Cédric lit un roman noir parlant d’un pédophile serial killer. Dans le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso, la pédophilie vient du jeune homosexuel (Davide, 14 ans) vers ses amants, qu’il entraîne à la chute. Dans le film « Drift » (2002) de Quentin Lee, Léo, à la vingtaine à peine sonnée, avoue à son jeune amant Ryan, qu’il a maintenu une correspondance virtuelle soutenue avec un internaute pédophile qu’il a identifié inconsciemment comme un reflet de lui-même : « J’avais un pote, un gars de 52 ans, rencontré sur Internet, qui vivait en Iowa et qui s’attaquait à son neveu. Et pourtant, je sentais un lien viscéral avec lui… à travers les mots, les e-mails. Je m’enfermais des jours entiers pour communiquer avec lui. »

 

Quand le pas de la relation charnelle est franchie, le jeune amant n’est pas toujours choqué d’entretenir une liaison illicite avec un amant qui a l’âge d’être son père. Il croit qu’en se donnant à corps perdu à l’interdit, il vaincra ses peurs, il fera preuve de courage, il « s’assumera » pleinement en tant qu’homo, il sera initié à l’amour vrai. Par exemple, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, quand Linde, une femme mûre sortant avec Anamika, une lycéenne qui s’est fait agresser par des hommes dans un bus, est prise de remords par rapport à leur union amoureuse (« Je pense que nous devrions arrêter. Parce que tu es jeune et que je suis vieille. Parce qu’ils t’ont agressée, mais que je suis tout aussi coupable qu’eux. […]C’est à peine si tu as l’âge d’être consentante. C’est du détournement de mineur. », pp. 120-121), l’adolescente s’étonne, rechigne, et refuse la rupture conjugale. Dans le film « Quels adultes savent ! » (2003) de Jonathan Wald, Roy, le jeune héros se jette désespérément dans les bras de Maurice, un homme plus âgé que lui, pour connaître le sacrifice qui lui donnerait accès à ses fantasmes homosexuels de films pornos : après s’être fait dépuceler, il tombe de haut en découvrant qu’il a idéalisé un acte que l’adulte a, pour le coup, bâclé et banalisé.

 

PÉDOPHILE 7

Film « The Blossoming Of Maximo Oliveros » de Auraeus Solito


 

Quand j’écris que même les jeunes héros gays peuvent être pédophiles, et que la pédophilie n’est pas fondamentalement une question d’âge mais bien de désir, je ne plaisante pas du tout. Par exemple, dans la pièce Happy Birthgay Papa ! (2014) de James Cochise et Gloria Heinz, la relation homosexuelle entre Chris et Ruzy, pourtant du même âge, est mise en parallèle avec la relation d’« amour » entre le père de Chris et une petite jeunette : « À 15 ans, c’est tellement mignon, tendre. » dira ce dernier.

 

Il arrive même que le jeune héros homosexuel viole son partenaire plus âgé. Par exemple, dans le roman La Vie est un tango (1979) de Copi, Silberman se fait « bourrer » par son « beau-frère » de 14 ans dans les toilettes le jour de ses fiançailles (p. 48). Dans le film « Ausente » (« Absent », 2011) de Marco Berger, un élève drague son prof. Dans le roman La Cité des Rats (1979) du même auteur, la petite Vidvn suce le sexe de son père Mimile (p. 63). Dans le film « Krámpack » (2000) de Cesc Gay, l’adolescent Dani embrasse Gérard, le romancier quinquagénaire, sur la bouche, à la dérobée, sans que celui-ci s’y attende : « C’était bien ce que tu voulais, non ? M’embrasser ? » ; après un moment d’hésitation face à la violation implicite de l’interdit de l’inceste, l’adulte lui rend alors fougueusement son baiser. Dans le film « Sils Maria » (2014) d’Olivier Assayas, Helena est subjuguée par la « jeunesse » de Sigrid, et cette dernière en profite : leur liaison pousse Helena au suicide. Dans le film « Le Maillot de bain » (2013) de Mathilde Bayle, le jeune Rémi, 10 ans, ressent son premier émoi pour un beau papa de 35 ans, et part à sa conquête. Dans le film « Atomes » (2012) d’Arnaud Dufeys, Hugo, éducateur de 34 ans à l’internat, voit son quotidien perturbé par Jules, un adolescent provocateur qui lui fait du rentre-dedans.

 

La pédophilie peut être aussi une invention créée de toutes pièces par l’éromène qui ne veut soudainement plus assumer son attrait incestueux pour son amant plus âgé. Par exemple, dans la pièce Les Miséreuses (2011) de Christian Dupouy, Jean Valjean se fait suspecter de pédophilie par le jeune adolescent qui au départ avait essayé de le draguer : le chantage à la pédophilie paraît aussi imparable et efficace que le chantage au viol exercé par une femme sur un homme, ou le chantage au racisme d’un Homme de couleur sur un Blanc. Dans le roman Le Garçon sur la colline (1980) de Claude Brami, c’est Pascal, le jeune protagoniste, qui projette des sentiments amoureux non partagés et totalement démesurés sur l’adulte, Pierre.

 

Enfin, la pédophilie peut être réversible ou aller de paire avec l’attrait pour les personnes de son sexe plus âgées. Par exemple, dans le roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, Alexandra, femme mariée, drague sa petite voisine de 13 ans (p. 21) ; jadis, quand elle était plus jeune et en pensionnat, elle avait été jadis se réfugier dans le lit d’une grande : « Une nuit, alors que tout le monde dormait, je m’étais levée et, après avoir entrouvert le rideau qui isolait le lit de la surveillante du dortoir, je m’étais glissée sous ses draps. Dans un demi-sommeil, elle me laissa faire. Je me blottis contre elle et commençai des caresses qu’elle ne refusa pas. De son côté, ses mains faisaient de même. J’étais dans un état d’émotion qui ne se pouvait imaginer. Ses doigts se portaient déjà sur mon intime, mais, dès que sa main se posa sur mes seins, à peine plus gros que ceux d’un garçon, elle me dit d’une voix qui, bien qu’étouffée, n’appelait aucune réplique : ‘Non, va-t-en, je ne veux pas, tu es trop petite.’ » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 225) Dans le film « Le Roi de l’évasion » (2009) d’Alain Guiraudie, Armand, 43 ans, aime normalement les hommes mûrs et les vieux. Mais il a été retrouvé nu dans un bosquet avec la jeune mineure Curly de 16 ans qu’il a violée : c’est ce qui donne à penser au flic qui l’arrête : « Le fait que vous aimiez les vieux m’incite à penser que vous aimez aussi les jeunes filles. »

 

Enfin, le fantasme pédophile ou incestueux compris dans le désir homosexuel se voit à travers la tromperie sur l’âge de certains personnages et sur le flou (volontaire ?) autour de la différence des sexes, flou entretenu dans beaucoup d’oeuvres de fiction homo-érotiques. C’est une récurrence par exemple chez Copi. « C’était une Indienne de 12 ans mais elle avait la poitrine d’une femme de 20 ans. » (Silvano – le héros qui croit avoir 70 ans alors qu’il en a 100 – en parlant de la bonne, dans le roman La Vie est un tango (1979), p. 156) L’inversion de la différence des générations est typiquement calquée sur la démarche et le discours du violeur (« Il est beaucoup plus mûr que les gars de son âge… »).

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 
PÉDOPHILIE causalité pub
 

Même si c’est tabou, un certain nombre de personnes homosexuelles ont été violées dans un contexte de pédophilie et d’adolescence. Et si elles n’ont pas été violées par des humains, elles l’ont au moins été par des images, images qui ont stimulé leurs élans pédophiles ou leur sexualité d’enfant : « Vivant dans ce monde de jeunes garçons, j’ai été initié tout naturellement. » (Pierre Démeron, homosexuel de 37 ans, au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 3 avril 1969) ; « Il suffit pour s’en convaincre de regarder un porno gay, certains studios (Hélix par exemple) n’emploie que des jeunes adultes mais aux corps adolescents (pas trop musclés, imberbes, visage ado, coiffure Justin Bieber, beaucoup de scènes où les garçons sont habillés – au début, évidemment – en uniforme de lycéens…) et ces films ont beaucoup de succès dans le milieu homosexuel (je dois avouer en parler en connaissance de cause). » (cf. Robin, un ami homo, dans un mail envoyé en janvier 2014) ; « Ma découverte de la sexualité, c’est d’abord au travers de photos que je l’ai faite. Des photos pornographiques que mon père cachait dans un placard et sur lesquelles j’étais tombé par hasard. Ces photos montraient des couples en train de mimer l’acte sexuel à deux ou à plusieurs : c’est à cause de ces photos que j’ai découvert la masturbation, et pour moi la sexualité s’arrêtait à cela, car je n’ai pas reçu d’éducation sexuelle de mes parents. À l’école, c’étaient les débuts de l’éducation sexuelle et ce n’est pas avec ce que l’on nous disait que j’aurais pu comprendre grand-chose… l’acte homosexuel, par contre, m’était inconnu. C’est lors de vacances scolaires que je l’ai découvert à l’âge de douze ans, avec un homme d’une trentaine d’années… Il m’a proposé de monter dans sa chambre pour me montrer quelque chose. Les choses en question, c’étaient des photos pornographiques que ce monsieur faisait venir de Suède, de Hollande, de tous ces pays qui ont une réputation de mœurs très libérales. Ces photos… il y en avait pour tous les goûts : homosexualité masculine, féminine, enfant en cours de puberté en état d’érection, et même des photos de femmes en train de ‘faire l’amour’ avec des animaux. » (Philippe, homosexuel séropositif, dans son autobiographie L’enfer est à vos portes, 1991) ; « Mon ancien camarade de classe me met sous les yeux deux photos de Janson, cinquième et quatrième, toute la classe. […] Moi, mince, l’air silencieux, innocent d’une innocence évidente. Cela m’a ému, car depuis… Et tout à coup, le visage de Durieu que j’avais oublié et qui m’a arraché un cri : un visage d’ange résolu. Silencieux aussi celui-là, on ne le voyait pas, il disparaissait, je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir sa beauté comme une brûlure, une brûlure incompréhensible. Un jour, alors que l’heure avait sonné et que la classe était vide, nous nous sommes trouvés seuls l’un devant l’autre, moi sur l’estrade, lui devant vers moi ce visage sérieux qui me hantait, et tout à coup, avec une douceur qui me fait encore battre le cœur, il prit ma main et y posa ses lèvres. Je la lui laissai tant qu’il voulut et, au bout d’un instant, il la laissa tomber lentement, prit sa gibecière et s’en alla. Pas un mot n’avait été dit dont je me souvienne, mais pendant ce court moment il y eut entre nous une sorte d’adoration l’un pour l’autre, muette et déchirante. Ce fut mon tout premier amour, le plus brûlant peut-être, celui qui me ravagea le cœur pour la première fois, et hier je l’ai ressenti de nouveau devant cette image, j’ai eu de nouveau treize ans, en proie à l’atroce amour dont je ne pouvais rien savoir de ce qu’il voulait dire. » (Julien Green, L’Arc-en-ciel, Journal 1981-1984, avril 1981, pp. 23-24) ; « C’est comme la nécrophilie : c’est un péché. Tout comme l’alcoolisme ou la toxicomanie. L’homosexualité, c’est la même chose. L’homosexualité ne conduit pas seulement à la pédophilie. Mais aussi au meurtre, à la dépression et à la toxicomanie. Les statistiques le prouvent. » (Petras Gražulis, président du groupe politique lituanien d’extrême droite Ordre et Justice, dans le documentaire « Homo et alors ?!? » (2015) de Peter Gehardt) ; etc. Par exemple, dans le roman très autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, Ednar, le héros, vit trois viols pédophiles avant de se dire homosexuel à l’âge adulte : « J’avais peut-être eu tort de lui avoir caché tous mes maux y compris mes agressions pédophiles. » (Ednar par rapport à sa mère, dans le roman très autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, p. 94) C’est ce qui est vraiment arrivé à l’auteur. Dans le documentaire « Vivant ! » (2014) de Vincent Boujon, Mateo, homosexuel et séropositif, raconte qu’il a été violé à l’âge de 15 ans, dans un bar gay, par « un type qui avait mis une saloperie dans son verre ». Il avoue que sur le coup qu’il ne se souvenait plus de rien.

 

PÉDOPHILIE 8

Oscar Wilde dans un cabaret de Paris (dessin par Jean Matet)


 

Les personnes à la fois homosexuelles et pédophiles ont de tout temps existé. En voici quelques exemples connus : Gilles de Rays, le criminel Haarmann d’Hanovre, Roger Peyrefitte, Michael Jackson, Henri de Montherlant, Jean Delannoy, Benjamin Britten, Luchino Visconti, Pier Paolo Pasolini, René Schérer, Justin Fashanu, Mariano Ramírez, Álvaro Retana, Antonio de Hoyos, Jacques Fersen, Horation Alger, James Rennie, Terrence Patrick Bean, le Dr John Money, etc. Michel Caignet fut poursuivi en 1997 dans une affaire de diffusion de films pornographiques pédophiles. John Baptist von Schweitzer séduit un garçon de 14 ans. L’acteur nord-américain Kevin Spacey, homosexuel, a harcelé un enfant de 14 ans. Même si le phénomène ne prend pas une ampleur démesurée (« Dans le monde des homosexuels, les pédérastes sont d’affreux malades dont les cas sont fort rares. » déclare Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 93), il n’est pas non plus isolé ou à ignorer. Par exemple, le romancier britannique Oscar Wilde couchait avec des mineurs. Le pasteur nord-américain Eddie Long est homosexuel et pédophile. L’écrivain français Tony Duvert dévoile son obsession pour les enfants dans tous ses romans ; il est d’ailleurs un pédophile notoire. Dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, Jean-Luc, jeune homme de 27 ans, témoigne de son parcours homosexuel tumultueux : il enchaîne les partenaires de tous les âges, et raconte même qu’il fut surpris avec un gamin de 12 ans. Dans l’autobiographie Folies-Fantômes (1997) d’Alfredo Arias, Jacques, le vieux couturier, a pour modèle et amant le jeune cadet de 16 ans, Pedro : « Il s’immobilisa, interloqué devant cette nudité inattendue. ‘C’est un rêve. C’est un ange descendu sur terre’, soupira le vieux couturier. » (p. 261) Les poésies de Luis Cernuda chantent les charmes des jeunes adolescents. Le juriste néerlandais Edward Brongersma est pédophile : il a même écrit un livre sur le sujet, La Pédophilie (1959-1964), où il explique que la pédophilie basée sur le « consentement » est tolérable. Guy Hocquenghem rédige Les Petits Garçons (1983) pour justifier la pédophilie. Yukio Mishima se met à défendre la pédérastie présente dans la tradition samouraï. André Gide plaide en faveur de la pédérastie dans son essai Corydon (1924), et tente de faire valoir qu’il existe des « pédérastes normaux », autrement dit non-efféminés. Dans les Jardins de Rome, il se livre sans complexe à des actes pédophiles en disant qu’il n’a rien à faire de la morale : « Mon Prix Nobel me couvre… » (André Gide cité par Marcel Jouhandeau dans l’émission « Apostrophe », Antenne 2, le 22 décembre 1978) En 1949, Pier Paolo Pasolini, à l’âge de 27 ans, est impliqué dans une affaire de détournement de mineurs avec 3 élèves. Dans son « Domaine des Esprits » où il habitait, le chanteur homo Charles Trénet accueillait des mineurs pour des surprises-parties sexuelles. Il a été pris en flagrant délit avec 4 jeunes Allemands de 19-20 ans. Il fut condamné à la prison pour attentat aux mœurs, à Aix (France). Jadis, le fou chantant avait vécu ce qu’il a fait subir ensuite aux plus jeunes : en 1928, à Perpignan, à 15 ans, il rencontra Albert Bausil, 50 ans, poète, comédien, directeur de journal, personnalité incontournable du Roussillon, qui est devenu son Pygmalion ; entre l’homme et l’enfant s’est noué une relation amoureuse, qui devint sexuelle (Selon Jean Edouard Barbe, dans sa préface du Coq catalan, Charlet Trénet rencontre Alfred Bausil en 1926, ils avaient donc 13 et 55 ans). Je vous renvoie également à cet article.

 

Selon Karl Heinrich Ulrichs (1825-1895), « l’Uraniste a droit à une satisfaction de ses désirs sexuels naturels et comme cela ne peut se faire qu’avec l’autorisation d’un jeune homme, cette autorisation, dans de telles conditions, non seulement est un acte moralement permissible, mais il peut être aussi un acte de charité chrétienne, et même, sous certaines circonstances, un devoir. Ulrichs va jusqu’à comparer la situation du garçon sollicité par l’Uraniste à celle d’une femme esseulée qui donne naissance à un enfant avec l’aide de deux soldats rencontrés en chemin qui, fortuitement, lui servent de sages-femmes. La pauvre a été contrainte d’exposer sa nudité la plus intime à leurs yeux. De la même façon, Ulrichs en est sûr, même si le jeune partenaire de l’Uraniste éprouve une aversion instinctuelle à l’encontre de la relation homosexuelle, il reconnaît par la raison que la pulsion amoureuse de l’Uraniste est innée, et qu’elle doit aboutir. En cette circonstance, on plaidera l’absence de péché et la pureté. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), pp. 86-87) ; « Il faut se rendre compte que l’amour des jeunes garçons à cette époque n’était pas le tabou absolu qu’il est devenu aujourd’hui. Deux personnages de la haute société, Elisar von Kuppfer et Eduard von Mayer (1872-1960), avaient bâti une philosophie et un style de vie basés sur l’esthétique pédérastique. Dans le ‘Paradis de Minusio’, situé à Locarno, en Suisse, quatre-vingts-quatre éphèbes nus s’exhibaient dans des poses variées au sein du Sanctuarium Artis Elisarion. » (idem, p. 160) ; etc.
 

La pédophilie n’est pas nécessairement la rencontre d’un adulte et d’un enfant. Elle peut tout à faite être la rencontre de deux adolescents vivant la génitalité qui n’est pas de leur âge. « C’est pendant mon adolescence que j’ai vécu les ‘mauvaises habitudes’. » (Pierre Démeron, homosexuel de 37 ans, au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 3 avril 1969) Par exemple, Charles Trénet a été trouvé nu quand il avait 15 ans, en train de s’amuser avec son camarade Max Barnes dans un jardin de l’Hôtel Mustafa Ier.
 

PÉDOPHILIE 9

Karol Szymanowski et Boris Kochno


 

Certaines personnes homosexuelles ont ouvertement parlé de leurs fantasmes pédophiles : « Moi, en filmant, je suis un pervers polymorphe ! Je veux me mettre dans la peau et le désir de l’homme qui aime les petites filles… » (François Ozon, dans l’article « La Vérité des Corps » de Philippe Rouyer et Claire Vassé, sur la revue Positif, n°521/522, juillet/août 2004, p. 42) ; « Naturellement, comme la plupart des hommes, je suis attiré par les jeunes mâles adolescents. » (Gore Vidal, Palimpseste – Mémoires (1995), p. 55) ; « Un jour, le démon de midi ou de onze heures entre en jeu, un gamin parle et c’est le scandale, plus ou moins vite étouffé : ‘M. Un-Tel, le coiffeur (ou l’antiquaire) de la Place-aux-Huiles… Qui aurait cru ça ? … Si gentil… si doux… Surpris avec un petit garçon de douze ans !’ … et papati… et patata… » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, racontant sa propre expérience pédophile, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 103) ; « J’ai un faible pour les jeunes garçons. » (Peter Gehardt, ironique, dans son documentaire « Homo et alors ?!? », 2015) ; etc.

 

L’auteur colombien Fernando Vallejo a d’ailleurs parfaitement compris la correspondance étroite qui existe entre différence des sexes (et donc sa violation : l’homosexualité) et différence des générations (et sa violation : la pédophilie), quand il s’amuse à détourner dans un jeu de mots l’adjectif « bisexuel » : « Je suis bisexuel : j’aime les mecs et les enfants… »

 

Dans l’iconographie homo-érotique, la représentation de la pédophilie saute aux yeux. Les dessins pornographiques de Roger Payne mettent fréquemment en scène des ébats sexuels entre des hommes mûrs et des adolescents. Concernant le shota japonais, c’est un genre de mangas représentant des gamins de 10 ans – montrés comme consentants et conscients de ce qu’ils font – dans des scènes homosexuelles avec des adultes : cette réalité de la pédophilie homosexuelle est occultée par les traductions, mais sur les dessins, on voit bien que les personnages n’ont pas plus de 13 ans.

 

Dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, qui retrace différents parcours de personnes homosexuelles, on apprend par exemple que Pierrot le papy fermier homosexuel a vécu sa première relation homo à 12 ans avec un homme de 40 ans : ils se sont caressés mutuellement ; Christian, le dandy homosexuel quinquagénaire dit avoir aimé toucher (chez les Jésuites) le sexe des hommes plus âgés que lui ; Thérèse, femme lesbienne de 70 ans, vit une « passion » destructrice avec Emmanuelle, de 27 ans de moins qu’elle.

 

Par ailleurs, le tourisme sexuel de par le monde est un phénomène réel et peu publicitaire pour les personnes homosexuelles, parce qu’on peut compter dans leurs rangs un certain nombre de clients pédophiles : « En Algérie, en Tunisie, la pédérastie est de pratique courante. Les jeunes cireurs maures se prostituent aux citadins. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 150)

 

PÉDOPHILIE 10

André Gide


 

Alors comment s’arrange la communauté homosexuelle pour cacher ou ignorer ce qui se passe en son sein à ce sujet ? C’est très simple : en général, elle joue l’offusquée ou l’amoureuse tolérante. La violence de la pédophilie est amortie par les bons sentiments, par une idéalisation des amitiés d’adolescence. L’homme pédophile, adulte comme pré-pubère, invoque, pour justifier l’acte pédosexuel, la beauté des sentiments, la tendresse, l’éducation, l’ouverture au monde, la protection, l’expérience, le don de soi, etc. C’est comme si l’éraste ( = l’adulte) et l’éromène ( = le jeune) ne formaient, en désir, qu’une seule et même personne, un homme-enfant fantasmatique : l’un parle à la place de l’autre, se vieillit et se rajeunit tout à la fois. « Encore une fois, on peut faire confiance à l’enfant pour dire si oui ou non il a subi une violence. » (Michel Foucault, « La Loi de la pudeur », 4 avril 1978, cité dans le recueil  Dits et Écrits II, 1976-1988 (2001), p. 776) Dans l’essai Primera Plana (2007) de Juan A. Herrero Brasas (p. 85), Armand de Fluvià souligne une différence – importante pour lui, même si en vérité elle est peu évidente… – entre la pédophilie (que par ailleurs il condamne et qu’il différencie de la « pédérastie », uniquement applicable au contexte de la Grèce antique) et l’éphébophilie (il trouve qu’un enfant de 14 ans amoureux d’un adulte, s’il est sûr de ses sentiments et de sa sexualité, est tout à fait libre de se mettre en couple avec un homme mûr attiré par « sa grâce juvénile »). L’acte pédophile englobe aussi deux adolescents qui vivent ensemble une expérience génitale à un âge où le don entier des corps est prématuré et violent, y compris s’il est vécu dans l’innocence de la gravité de l’acte.

 

PÉDOPHILIE 11

 

De fil en aiguille, c’est ainsi qu’on se retrouve parfois avec d’anciennes victimes d’inceste ou d’actes pédophiles qui, une fois adultes, ratifient l’« amour homosexuel » comme elles ratifieraient l’« amour pédophile », et partent même à la recherche de petits jeunes, en reproduisant l’ancien viol presque à l’identique. Souvent, l’homme pédophile est une ancienne victime de pédophilie : « Comment lui dire ce que j’avais en moi. Il était si jeune, je ne voulais pas lui faire ce qu’on m’avait fait. Inscrire le doute. Pourtant je le désirais. Je perdais pieds, haletant d’envie d’aimer. » (Gaël-Laurent Tilium au sujet de son amant Sébastien, dans son autobiographie Recto/Verso (2007), p. 161) ; « Nous fîmes un détour par le collège de son enfance. […] Nous fûmes reçus par le proviseur qui se souvenait de Didier et qui nous permit de visiter l’internat. Je vis qu’il voulait surtout me montrer le dortoir. Des dizaines de petits lits blancs étaient alignés dans une immense salle sombre. Il me désigna le sien puis la petite chambre du surveillant, près de la porte. Il fit des allusions à ce qui se passait la nuit dans ces dortoirs. Je compris alors, sans qu’il le dise clairement, qu’il avait subi ici la même chose que moi. Mais étrangement, il était enjoué et avait l’air de trouver que c’était un bon souvenir. » (Christophe Tison parlant de Didier, l’homme qui a abusé de lui, dans son autobiographie Il m’aimait (2004) de Christophe Tison, p. 59) Par exemple, Aleister Crowley, abusé dans sa jeunesse par un ecclésiastique de Trinity College, va, dès sa sortie de Cambridge, publier un recueil de poésies érotiques, White Stains (Taches blanches, 1898), dans lequel il fait l’apologie de la pédophilie. La transformation mentale de l’abus pédophile en amour vrai ou anodin est un mécanisme souvent mis en œuvre dans la volonté d’effacement de la violence. « Avant, je ne voyais pas tellement ce qui m’était arrivé comme un abus. Je voyais ça comme une relation homosexuelle entre un adulte et un enfant. C’est récent que je perçois qu’il pouvait y avoir un abus là-dedans, même s’il n’y a pas eu de violence. Moi, j’étais plus ou moins consentant. » (Denis, 31 ans, victime d’abus à l’âge de 8 ans, et qui a ensuite abusé de son petit cousin une fois arrivé à l’âge adulte, cité dans l’essai Ça arrive aussi aux garçons (1997) de Michel Dorais, p. 163) On entend parfois ce genre de défense de la pédophilie de la part de certaines personnes homosexuelles : il faudrait permettre aux hommes pédérastes de laisser libre cours à leur désir pédophile car « l’absence de toute sexualité conduit beaucoup plus aux abus sexuels » (Hugo sur le site http://homophobie.free.fr, consulté en octobre 2003).

 

Alors j’entends d’ici certaines personnes homosexuelles ou gays friendly s’insurger de me voir souligner ce qui pour eux ne sont que des « exceptions », et me rétorquer que la grande majorité des personnes homosexuelles se savent exclusivement attirées par des adultes voire des hommes très mûrs. Par exemple, Jean-Louis Bory (professeur de littérature de métier) disait en boutade que ce ne n’étaient pas ses élèves qui devaient craindre ses avances, mais plutôt les pères de ses élèves ! Je pourrais le plagier dans les termes, étant moi aussi prof, et attiré par les papas. J’ai, pour ma part, la « chance » que mon homosexualité ne m’oriente que vers les hommes de mon âge, et surtout plus âgés que moi : jamais je n’ai été tenté par un de mes étudiants lycéens. Y compris mes élèves de terminale ne me paraissent pas assez cuits… 😉 Cependant, j’ai l’honnêteté de reconnaître que même moi, le gars attiré exclusivement par les hommes de minimum 30 ans, je suis cependant habité, de par mon désir homosexuel, par un élan pédophile, car à mon sens, je pourrais flatter (et j’ai déjà flatté par le passé) des hommes mûrs pédophiles et subjugués par ma jeunesse. Je crois également que l’homme pédophile n’est pas pédophile tout seul, que la pédophilie est une relation et un acte ; non des personnes clairement identifiables, avec un âge et un sexe précis. L’attraction pour les hommes plus âgés que moi a quelque chose du désir incestueux ou « inversement pédophile », si je puis dire. Et cette tendance pédophile qui me pousse vers les hommes mûrs s’inversera logiquement dès que je prendrai de l’âge.

 

Quand je tombe sur certains passages de l’autobiographie d’Eddy Bellegueule (qui a vécu un acte à la fois pédophile et homosexuel avec ses cousins, à un âge – 10 ans – qui l’inscrit dans l’âge mineur), je me dis que ça ne fait pas l’ombre d’un doute que le désir pédophile et le désir d’hommes mûrs s’entrecroisent : « Pendant que mon cousin prenait possession de mon corps, Bruno faisait de même avec Fabien, à quelques centimètres de nous. Je sentais l’odeur des corps nus et j’aurais voulu rendre palpable cette odeur, pouvoir la manger pour la rendre plus réelle. J’aurais voulu qu’elle soit un poison qui m’aurait enivré et fait disparaître, avec comme ultime souvenir celui de l’odeur de ces corps, déjà marqués par leur classe sociale, laissant déjà apparaître sous une peau fine et laiteuse d’enfants leur musculature d’adultes en devenir, aussi développée à force d’aider les pères à couper et stocker le bois, à force d’activité physique, des parties de football interminables et recommencées chaque jour. » (Eddy Bellegueule dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, p. 153)

 

Parce que cela arrange tout le monde, on a tendance socialement à dérelationnaliser la pédophilie, à la cantonner uniquement du côté des personnes adultes. Certes, celles-ci sont censées être plus conscientes de leurs actes, plus libres, plus responsables, que les mineurs avec qui elles vivent une relation sexuelle et sentimentale. Mais ne perdons pas de vue qu’une personne mineure est, dans une moindre mesure, dotée de désir et de liberté aussi ; c’est un être libre en devenir. On ne comprendra véritablement la pédophilie que si on ne la réduit pas à une personne en particulier, qu’on n’en fait pas une ligne blanche traçant un trait bien net départageant les victimes éternelles d’un côté et les bourreaux éternels de l’autre, que si on l’envisage comme une relation, que si on en parle comme un désir universel non-systématiquement acté. Il est à ce titre fascinant de voir comment, sous couvert d’amour homosexuel, la victime et le bourreau d’un acte pédophile se font imparfaitement miroir, et répondent au même désir. Je prends soin de dire que cet écho existe mais n’est pas systématique (en d’autres termes, je ne justifie absolument pas le discours qui laisse entendre que l’enfant serait aussi pervers que l’adulte qui l’entraîne dans la pédophilie, et que, « quelque part » il l’aurait inconsciemment « bien cherché »). Cependant, reconnaître à la victime d’abus pédophiles sa capacité à reproduire ou non à l’âge adulte ces mêmes abus, c’est finalement défendre sa liberté, son évolution, et briser toute chaîne de déterminismes en ce qui la concerne. Plus on enferme une personne blessée sexuellement dans son enfance en éternelle victime, plus on l’encourage à devenir plus tard bourreau sans qu’elle ne s’en rende compte.

 

Le viol pédophile n’est pas unilatéral. Comme il est une relation impliquant deux individus, il peut être cultivé aussi par les personnes qu’on désigne et qui s’auto-désignent comme « victimes », ou comme « jeunes ». « À l’âge de 15 ans, se souvient Karl Heinrich Ulrichs (1825-1895), il eut sa première éjaculation nocturne. À cet âge, il aurait été séduit par un homme de trente ans. Il était très attiré par des soldats de 20 à 22 ans, dont il faisait le portrait en secret, ce qui suffisait à l’enflammer. Selon lui, l’homosexualité était prédominante dans l’armée allemande. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), p. 79) ; Clairement, je connais certains mineurs qui viennent « chercher » les adultes, qui les encouragent à la luxure, qui réveillent en eux des penchants pédophiles. « Ma première relation sexuelle, je l’ai eue, je devais avoir 15-16 ans, j’étais plus jeune. Il y avait une dame comme vous, que ma mère avait fait venir. Elle préparait une maîtrise d’espagnol et d’anglais et ma mère m’avait fait donner des cours particuliers par cette fille, elle s’appelait Dorothée. Elle était lesbienne. J’étais attirée par elle, mais j’étais attirée aussi par une collègue de ma mère, mais je me méfiais comme de la peste des gens qui la fréquentaient, parce que j’avais peur qu’elle me fasse chanter, qu’ils disent : ‘Je vais le dire à ta mère, etc.’ Avec Dorothée, ça a pu être possible, car j’étais en terrain de confiance, je savais que si ma mère l’avait su, elle aurait eu les pires ennuis, elle aurait pu être attaquée pour détournement de mineure. C’est surtout aussi ce qui m’a mise en confiance, parce que si elle en parlait, elle pouvait se mettre en danger. » (Viviane, femme lesbienne de 38 ans, dans l’essai Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010) de Natacha Chetcuti, p. 63) Quoi qu’il en soit, même si l’adulte peut être en général jugé plus sévèrement à cause d’actes de pédophilie, il n’en reste pas moins que les torts seront toujours partagés entre l’adolescent et l’adulte. Parce que tout être humain est libre, qu’il peut évoluer, et qu’il n’est pas indéfiniment victime.

 

Nous ne devrions pas négliger la place qu’occupent la pornographie d’une part, et les rapports sexuels entre adolescents d’autre part, dans l’encouragement à la pédophilie homosexuelle, au lieu de mener une chasse aux sorcières en aval, du côté des adultes. J’ai reçu récemment un mail d’un ami pédo-psychiatre qui allait dans ce sens : « J’ai rarement eu l’occasion de rencontrer des pédophiles adultes. Je dois avouer avec regret et tristesse que les rares cas qu’il m’a été donné de rencontrer m’ont paru tout à fait irrécupérables tant le désir chez eux était envahissant et au delà de toute ressource thérapeutique, fut-elle chimique.Par contre, il m’a été donné de rencontrer à de nombreuses reprises des adolescents ayant abusé de plus jeunes. Parmi ces derniers, très peu avaient été eux-mêmes abusés. Tous avaient conscience d’avoir transgressé un interdit. Une très large majorité avait abusé d’un enfant du même sexe. Souvent dans l’entourage familial, dans 2 cas il s’agissait de demi-frères issus du père (alors que la fratrie matri-linéaire avait été respectée). Un accès précoce à la pornographie avait presque toujours été le facteur favorisant du passage à l’acte. Concernant les victimes (et au risque d’en faire hurler certains) je rejoindrais l’avis d’un certains nombre de psychanalystes leur sentiment vis à vis de l’abuseur était presque toujours ambivalent, le plateau de la balance pouvant pencher du côté d’une recherche active de répétition de l’acte auprès de l’abuseur). Il va de soi que l’ambivalence est fonction du lien affectif préalablement établi entre l’auteur et la victime. Certaines victimes m’ont avoué ne pas avoir réellement compris en quoi elles avaient été victimes ou abusées. Ce sont généralement ces dernières qui ont cherché plus tard à reproduire ce qu’elles avaient subi avec d’autres enfants. Pas plus tard que la semaine dernière, un patient que je suis depuis de nombreuses années m’a avoué avec beaucoup de culpabilité qu’après avoir été abusé à l’âge de 6ans par un adolescent dans une institution où il avait été placé (faits révélés à l’entourage d’une façon banalisante et qui n’avait donné lieu à aucune suite), il avait 4 ans plus tard, à l’émergence de sa puberté harcelé un de ses frères ainés et eu pendant plusieurs mois des relations avec ce dernier qui avait fini par y mettre fin. Face à de telles situations, il me semble néanmoins primordial de garder les idées claires vis à vis des patients : même si la victime a pu avoir une part de responsabilité dans les faits, la plus grande part de responsabilité revient toujours au plus âgé, plus averti et théoriquement plus conscient du caractère transgressif de l’acte. J’en viens maintenant à la façon dont cette ambivalence, et parfois cette complaisance de la victime peut être récupérée pour servir de justification au discours pédophile. Il me semble que ce type de discours se fonde sur une conception tout à fait erronée de la liberté de l’autre et en particulier de l’enfant. L’acte libre (qui ne saurait être simplement faire ce que l’on veut) relève d’une volonté pleinement consciente et prête à en assumer pleinement les conséquences (ce que l’on n’est pas en mesure d’attendre d’un enfant ou d’un adolescent dont la maturité affective et psychologique n’est pas suffisante). Pire encore, la réalisation d’un tel acte a fréquemment pour conséquence d’entrainer une dépendance affective ou sexuelle grave qui entraveront pour longtemps sa liberté. »

 

Si l’acte pédophile n’est pas nécessairement source de tentation/séduction pour la grande majorité des personnes homosexuelles (qui savent où elles en sont au niveau de leurs envies et de leurs attirances), il arrive en revanche qu’il soit redouté, ou même qu’il se cristallise en fantasme/peur chez beaucoup d’entre elles.

 

Pour ma part, j’ai rencontré dernièrement un ami homo de soixante ans, bien conservé, qui m’a avoué malicieusement qu’il « avait cette particularité d’aimer les jeunes. » Comme j’étais en train de rédiger cet article que vous lisez à présent, je lui ai demandé de préciser jusqu’à quel âge il était capable de descendre concernant sa recherche amoureuse. Il m’a avoué en riant que « grâce à Dieu », il n’était jamais encore sorti avec des mineurs : « Je ne reproduis pas ce que j’ai vécu dans mon enfance. » (je précise qu’il s’est fait violer à trois reprises dans son enfance, par un adulte différent à chaque fois). Dans son cas, la pédophilie reste donc confinée sur le terrain des fantasmes et des désirs non-actés. Mais je crois qu’elle est quand même présente en lui, de manière larvée. D’ailleurs, sa première expérience homosexuelle, celle qui selon lui reste la plus marquante et la plus indétrônable puisqu’il la qualifie encore d’« amour véritable », cinquante ans après, c’est précisément une expérience pédophile qui remonte à ses 14 ans, avec un autre jeune du même âge.

 

Je l’écris noir sur blanc parce que je l’ai entendu de mes propres oreilles : autant les actes pédophiles sont/ont l’air minoritaires dans la communauté homosexuelle, autant les fantasmes pédophiles sont pour le coup très répandus : « Coco devait avoir cinquante-six ou cinquante-sept ans, mais l’idée d’inceste avec un fils fictif remplissait son imaginaire érotique. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 94) ; « J’ai enseigné pendant quatre ans à des adolescents et aucun ne m’a appelé au secours. Ensuite, j’ai été nommée en École Normale où tous mes élèves étaient majeurs. Mais je me suis souvent demandé ce que j’aurais fait si j’avais été sollicitée par des collégiens ou des lycéens à la dérive, voire désespérés. » (Paula Dumont, Mauvais Genre (2009), p. 97) Lors de ses émissions radiophoniques « Homo Micro » sur RFPP, l’animateur Brahim Naït-Balk fait souvent allusion à sa préférence sexuelle pour les jeunes éphèbes, même si sa morale personnelle réprime l’aveu d’élans pédophiles : « J’ai l’impression que pour moi le temps s’est arrêté à l’adolescence. Aujourd’hui, j’ai 45 ans et je suis systématiquement séduit par des très jeunes hommes d’environ une vingtaine d’années, comme si moi-même j’étais resté fixé à cet âge-là. » (pp. 47-48) écrit-il dans son autobiographie Un Homo dans la Cité (2009) ; « Étant donné qu’il m’arrivait de m’occuper d’enfants, j’étais obsédé par la crainte qu’ils me soupçonnent de pédophilie. C’était absurde, mais je ne pouvais m’empêcher d’y penser. » (idem, p. 65) ; « Pour compliquer davantage ma vie, il se trouve que je ne suis attiré que par les hommes beaucoup plus jeunes que moi. Dès qu’ils ont dépassé 25 ans, ils ne me plaisent plus. » (idem, p. 110) ; etc.

 

On peut mettre du côté du fantasme pédophile toutes les démarches actuelles de la communauté homosexuelle pour baisser l’âge de la majorité sexuelle, ses appels pressants aux coming out d’adolescents encore indéterminés dans leur orientation sexuelle (sous prétexte de prévention des suicides). Quand nous applaudissons à l’homosexualité des jeunes enfants et que nous leur facilitons l’accès au monde de la génitalité qui n’est pas encore le leur, nous cautionnons d’une certaine manière la pédophilie, que nous le voulions ou non. Je vous renvoie à la campagne visant à diffuser le dessin-animé pro-gay « Le Baiser de la Lune » (2010) de Sébastien Watel dans les écoles primaires en France ; aux vidéos circulant sur internet de jeunes ados nord-américains qui se sont suicidés, qu’on présente comme des « gays confirmés » et des martyrs de « l’homophobie » (exemple : Jamey Rodemeyer, 14 ans), ainsi qu’à la campagne « It Gets Better » aux USA ; aux articles « Le Petit Garçon qui voulait se déguiser en Daphné de Scoubidou » sur le numéro de Yagg du 8 novembre 2010 et « Angleterre : Transsexuel à 12 ans » sur l’Aleloo Magazine du 25 septembre 2011.

 

PÉDOPHILIE 12

Film « Teorema » de Luchino Visconti


 

Les personnes homosexuelles jouent et rient souvent de ce lien entre homosexualité et pédophilie, même si elles se montrent extrêmement susceptibles et agressives dès qu’il est traité par d’autres personnes qu’elles. Elles seules se donnent le droit d’en rire ; et il faut qu’il soit échangé sous cape, en comité restreint. Par exemple, dans le film « ¿ Qué He Hecho Yo Para Merecer Esto ? » (1984) de Pedro Almodóvar, la scène de la consultation chez le dentiste pédophile (célibataire, sans enfant, particulièrement complaisant avec Miguel, le jeune fils de Gloria) est savoureuse et explicite. On en rit d’autant plus qu’elle est l’œuvre d’un cinéaste homosexuel. Mais elle pourrait être jugée « homophobe » si elle venait d’un créateur non-homosexuel. Les caricatures d’homosexuels pédophiles fictionnels sont régulièrement créées et imitées par les membres de la communauté homosexuelle pour faire diversion sur leurs fantasmes pédophiles existants. Mais ont-ils conscience qu’ils donnent des bâtons pour se faire battre ? À l’évidence, non. L’auto-parodie, mâtinée de militance agressive, ne fait que confirmer le nature pédophile des désirs homosexuel et hétérosexuel.

 

Par exemple, le chanteur homosexuel Nicolas Bacchus se définit lui-même ironiquement comme un pédophile (cf. l’article « Identité Nationale : Une Chanson francophobe écrite par un pédophile »). Sur son blog, il causalise le lien entre homosexualité et pédophilie pour mieux attribuer cette caricature aux « homophobes » non-homosexuels (alors que c’est quand même lui qui la fait !), et noyer le poisson de la pédophilie homosexuelle en soutenant de manière assurée que « les » homosexuels ne sont ni plus ni moins pédophiles que les autres : « Il y a ce fameux fantasme du couple de pédés pédophiles qui ‘enfile’ sa progéniture. Le gamin ou la gamine atterrissant chez un couple homosexuel risque de tomber sur des détraqués. Le risque sans doute existe. Comme il existe pour n’importe quel enfant d’avoir un père pédophile et une mère complice. C’est triste à dire, mais les homosexuels sont des hétérosexuels comme les autres. » Je ne suis d’accord qu’avec sa dernière phrase ; et cependant, je ne dis certainement pas que le risque de passage à l’acte pédophile soit le même pour tout être humain. Bien au contraire. Je postule que ce risque est plus fort chez les personnes à sexualité blessée : autrement dit les individus homosexuels ET les individus hétéros-bisexuels (ne formant qu’une seule et même personne, au final) ; pas les personnes non-hétérosexuelles et non-homosexuelles.

 

PÉDOPHILIE 13

Film « Mysterious Skin » de Gregg Araki


 

Ce sont les personnes homosexuelles qui font elles-mêmes implicitement le lien de causalité entre homosexualité et pédophilie… pour ensuite dire que ce sont ceux qui ont identifié leur manège qui ont l’esprit mal tourné. Par exemple, je suis allé voir dernièrement la comédie musicale « Chantons dans le placard » (2011) de Michel Heim, qui retrace un panorama des chansons françaises parlant de manière plus ou moins voilée d’homosexualité ; et une place spéciale a été consacrée à la chanson de Guy Béart « Le Monsieur et le Jeune Homme », louant in extremis la beauté de la relation père-fils : l’ambiguïté homosexuelle a été cultivée quasiment jusqu’au bout, ET par l’auteur, ET par les comédiens homosexuels qui ont repris sa chanson (« Un monsieur aimait un jeune homme. Surtout, ne nous affolons pas : regardons autour de nous comme chaque amour va son propre pas. […]. Un monsieur aimait un jeune homme. Cela n’a rien que de banal. Les habitués des hippodromes font des folies pour un cheval. Ai-je dit qu’ils vivaient ensemble, ensemble une même maison ? […] Un monsieur aimait un jeune homme. Méprisant toute précaution ils allaient dans les vélodromes : le vélo, c’était leur passion. […] Un monsieur aimait un jeune homme, il lui payait tous ses cahiers. Le monsieur était économe, le jeune était écolier. Il lui payait aussi ses livres, lui donnait parfois quelque argent. […] Un monsieur aimait un jeune homme, ils marchaient la main dans la main […]. Ils échangèrent un baiser. Où croyez-vous que nous en sommes ? Jusqu’où nous conduisent nos pas ? Un monsieur aimait un jeune homme. Il est si doux d’être papa ! ») Il est donc bluffant de voir une nouvelle fois l’origine de l’homophobie. Car elle provient des personnes qui se disent attaquées par les clichés qu’elles créent et qu’elles diabolisent.

 

Minitel

Planche « Minitel » dans la B.D. « Le Monde fantastique des gays » de Copi

 

Pour conclure, je tiens à souligner que les personnes homosexuelles âgées n’ont pas le monopole du ressenti du désir pédophile. Tout récemment, j’ai eu l’occasion de lier amitié avec un garçon de mon âge, homosexuel, et qui m’a révélé qu’il était malgré lui attiré par des mineurs. Grâce à son humour, à sa distance par rapport à l’homosexualité (il ne la pratique plus et essaie de vivre la continence), j’ai pu comprendre que pédophilie et personne équilibrée pouvait très bien se marier ensemble… même si j’imagine que leur alliance ne se fait pas sans combat ! J’admire les personnes pédophiles qui ne passent pas à l’acte.

 
 

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Code n°180 – Viol

viol

Viol

 

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Et si le secret de l’homosexualité,

c’était « juste » le viol (au pire) ou la peur de la sexualité (au mieux) ?

 

« Est-ce que c’est vraiment une vraie question inné ou acquis ? Je trouve que c’est une question absurde. C’est une manière très violente d’essayer de savoir le vrai secret de l’homosexualité, comme si la sexualité avait un secret. Non. Le secret de la sexualité, c’est d’être heureux » prétend dogmatiquement l’essayiste-historien homosexuel Jean Le Bitoux au micro de l’émission Homo Micro du 13 février 2007, sur RFPP. On voit bien ici la politique de l’autruche menée par la grande majorité des personnes homosexuelles et leur société à propos du désir homosexuel. Alors pour commencer, si vous le voulez bien, je vais lâcher cette bombe: Et si le secret de l’homosexualité, c’était minoritairement le viol, et majoritairement le fantasme de viol ? Ne vous inquiétez pas. Au début, ça choque ; et une fois qu’on regarde les faits, on arrête de s’offusquer, on respire, on boit frais, et tout le flou artistique qui entourait le concept d’homosexualité se dissipe.

 

Comment ça ? On ne vous a pas mis au courant ? On ne vous a pas dit pourquoi il faut « un peu » arrêter d’applaudir au coming out des personnes homosexuelles comme on le fait, arrêter de banaliser l’amour homosexuel comme s’il était équivalent à n’importe quel type de relations humaines à deux sous prétexte qu’on l’appelle « Amour », arrêter de vouloir faire signer à une nation entière le « mariage gay » comme s’il allait de soi ? Moi qui ai amorcé depuis l’an 2000 une étude (qui n’en est qu’à ses balbutiements, en plus) sur les liens non-causaux entre désir homosexuel et viol, moi qui suis parfois le dépositaire de confidences d’amis homos ayant été abusés sexuellement dans leur enfance (j’en connais au moins 70, ce qui est énorme ! mais comme ces confidences sont soumises en général au secret amical ou médical – dans le cas des thérapeutes –, tous ceux qui « savent » ferment leur gueule !), je vous demande pour une fois de redescendre sur Terre et d’ouvrir bien grand vos oreilles au lieu de jouer aux hypocrites ou aux ignorants.

 

Mais pour qui se prennent-ils, tous ces anciens amis homosexuels qui me tournent actuellement le dos parce que je passe à la télé pour dénoncer les failles du Système propagandiste pro-gay ? Ils ont de la merde dans les yeux pour se planter ainsi de cible, c’est pas possible ! À quel jeu pervers jouent tous ces pseudos « intellectuels » homosexuels, confortablement assis sur leur fauteuil universitaire (salut Louis-George Tin ! salut Natacha Chetcuti !), derrière leurs stands associatifs LGBT, dans leur studio radiophonique, à la tribune d’honneur face aux caméras pour la défense des droits des homos et la lutte contre l’homophobie, et qui osent me juger comme « un dangereux homophobe » et me regarder d’un œil torve comme si j’étais un criminel, pour la simple et bonne raison que j’ose parler de ce lien (évident mais mal connu) entre viol et homosexualité, un lien dont personne ne parle, pas même les victimes concernées !?! On marche sur la tête !

 

Ce sont ces militants homosexuels qui font preuve d’une véritable homophobie ! puisqu’ils sont capables d’une violence inouïe pour préserver leurs images de marque et leurs utopies amoureuses personnelles, pour censurer ces réalités violentes dont une minorité d’entre eux a été victime, et pour désigner comme « homophobe » tout individu qui révèlera au grand jour leur petite comédie de la croisade contre l’homophobie. Honte sur eux ! Et honte à ceux qui me conseillent, face à mes recherches, de « parler d’autre chose que d’homosexualité » (parce que ce thème m’enfermerait et qu’on en fait vite le tour, parce que je parlerais au nom et à la place des autres) ! Honte à ceux qui me demandent de me taire parce que ce que je peux dire, « même si c’est juste, donne du grain à moudre » à ceux qui font l’amalgame entre homosexualité et pédophilie, ou homosexualité et criminalité ! Honte à ces censeurs qui me mettent un scotch sur la bouche et qui me haïssent parce que je donnerais une mauvaise image des couples homos, des cathos homos, et que je pousserais même des jeunes en quête d’une image positive de l’homosexualité au suicide ! Honte à ces chroniqueurs-radio qui ricanent derrière mon dos et gloussent à propos de mes « codes » qu’ils ne comprennent pas ! Honte à ces critiques qui disent que mes livres seraient mal écrits, qu’ils seraient trop universitaires, « à la limite de la probité intellectuelle », et que je me sers du thème sensationnaliste du viol pour faire parler de moi ! Honte à tous ces gens ! Leurs actes parlent contre eux ! C’est leur silence sur l’homosexualité qui tue véritablement nos frères homosexuels, et non ce que je dis sur le viol !

 

Leur faut-il un dessin pour qu’ils comprennent ? Ne voient-ils pas qu’ils se servent du Sida, de l’« Homophobie », du soi-disant « devoir de cohésion communautaire », ou de la course aux « droits des homos », comme des cache-misère pour nourrir leur propre homophobie intériorisée et continuer à haïr leurs « amis » homosexuels dans un parfait semblant de camaraderie ? Par leur désinvolture, leur mollesse, leur ignorance, leur relativisme, ils cultivent le déni et le mensonge. J’ai envie de hurler ! OUI, j’ai la haine ! Je suis en colère devant tant d’hypocrisie sociale sur le viol, hypocrisie qu’ils nourrissent en prétextant toujours que ce sont les autres les fautifs et eux les victimes !

 

En 2009, j’ai reçu un mail très long d’un pédopsychiatre qui est tombé par hasard sur le site de l’Araignée du Désert, et qui m’encourageait à continuer d’écrire sur le viol, à diffuser mon message, parce qu’il suit beaucoup de patients homosexuels ; et il m’assure que la plupart d’entre eux ont été violés ou ont subi des attouchements sexuels dans leur jeunesse. Quand je lis ce genre de témoignages, qui viennent à moi sans que j’aie eu à les réclamer, je respire, parce que le vent de censure sur la souffrance est tel dans la communauté homosexuelle actuelle qu’à certains moments, j’en arriverais à douter de moi-même, à me dire que j’y vais un peu trop fort en parlant du viol en lien avec l’homosexualité, même si j’ai toujours veillé à minoriser ce thème à une poignée de personnes homosexuelles pour ne pas le transformer en généralité sur « les » homos.

 

Ce n’est pas la première fois qu’un membre du personnel soignant m’interpelle vivement à ce sujet. Déjà, en 2010, dans un hôpital public de Paris, lors d’une prise de sang pendant laquelle j’avais sympathisé avec une infirmière spécialisée dans les maladies infectieuses (et qui, m’a-t-elle dit, voyait défiler une flopée de personnes homosexuelles dans son cabinet), m’a coupé la parole : « Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de patients homosexuels que je rencontre ici et qui me racontent leur viol ! C’est hallucinant ! » À chaque fois qu’on me confirme dans mes découvertes, je tombe des nues. J’ai beau y être préparé, je n’arrive jamais à m’y faire ! C’est quand même fou ! Je suis pris entre la révolte de devoir taire ces révélations par respect de la confidentialité, et l’immense joie de recevoir le cadeau de la confiance que je n’attendais absolument pas et qui m’est spécialement offert, même s’il concerne un sujet très grave. Alors au fur et à mesure que j’avance dans la vie, j’emmagasine les preuves d’amour, j’emmagasine… (dans mon coffret à araignées étincelantes)… et à un moment donné, je n’en peux plus de garder tous ces bijoux pour moi ! Il n’y a plus de place. Ça déborde ! J’en détiens, des secrets lourds, qui bien souvent sont ignorés du conjoint de ces mêmes amis (qui ne lui ont rien dit du viol qu’ils ont vécu !), au point que je passe parfois aux yeux de leur « moitié » pour un dangereux « briseur de couples » ou un « fouteur de merde » si je tente ne serait-ce que de soulever un peu le couvercle de leur tambouille conjugale explosive ! Mais je sais de quoi je parle, puisque j’ai entendu les choses de mes propres oreilles, vu en tête à tête des amis me parler du drame de leur vie (que parfois ils banalisent pour « aller de l’avant », pour « croire en l’amour homo quand même »). Et ça, ça ne s’oublie jamais. J’ai écrit d’ailleurs un article du Phil de l’Araignée sur ce site, intitulé « Ari-Baba et les 40 Violés », pour raconter en détail ce que mes 90 amis homosexuels violés m’avaient confié. Pour qu’on me croie. Pour sortir enfin du tabou. Car comme le dit le sociologue Daniel Welzer-Lang (qui est allé à la rencontre de groupes de parole où se trouvait une majorité de personnes gay, et qui est resté pourtant très discret sur la question de l’homosexualité), il existe une énorme chape de plomb sur les liens non-causaux entre désir homosexuel et peur, désir homosexuel et violence, désir homosexuel et souffrance : « À les écouter, il n’est pas abusif de parler de TABOU. Il ne s’agit pas seulement de honte. […] Comment expliquer que des hommes – qui pour certains ont lutté des années ensemble, revendiquant le droit de disposer de leur corps, de leurs désirs, des hommes qui, contrairement à d’autres mâles, ont pris l’habitude de se rencontrer pour parler d’eux, de leur vie la plus intime…– n’aient jamais parlé de ces scènes de viol entre eux ? Énoncent même qu’ils n’en ont jamais discuté avec leurs compagnons après plusieurs années de vie commune… Quel est le sens de ce tabou ? » (Daniel Welzer-Lang, Le Viol au masculin, 1988) Il est temps que ça cesse. C’est pour tous mes amis homosexuels (présents et à venir) qui ont subi des violences et d’énormes drames (avant coming out, après coming out, et en général avant et après) que j’écris ces lignes. Pour qu’on ne vous oublie pas !

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Coït homosexuel = viol », « Adeptes des pratiques SM », « Homosexuel homophobe », « Voleurs », « Violeur homosexuel », « Milieu homosexuel infernal », « Pédophilie », « Inceste », « Inceste entre frères », « Prostitution », « Oubli et amnésie », « Poupées », « Destruction des femmes », « Défense du tyran », « Entre-deux-guerres », « Amant diabolique », « Témoin silencieux d’un crime », « Déni » et « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée des bois », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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1 – PETIT « CONDENSÉ »

 

Rentrons dans le vif du sujet, avec ce petit condensé du code « viol », dans lequel j’aborderai les grandes lignes de réflexion sur les liens entre désir homosexuel et viol. Pour commencer, on ne dit pas assez, dans la production intellectuelle consacrée à l’homosexualité, que quelques scientifiques se sont déjà penchés sur la question des liens entre viol et orientation homosexuelle : Stoller, Finkelhor, Johnson, Shrier, Dorais, Welzer-Lang, etc. Je vous indique plus particulièrement les témoignages de sujets homosexuels violés dans l’essai L’Homosexualité dans tous ses états(2007) de Pierre Verdrager, l’essai Ça arrive aussi aux garçons (1997) de Michel Dorais, ainsi, bien sûr, que Le Viol au masculin (1988) de Daniel Welzer-Lang, précédemment cité.

 
 

Liens entre désir homosexuel et viol :

uniquement de coïncidence

 

Tennessee Williams a livré ce qui me semble être une des clés de l’énigme homosexuelle à travers la réplique d’Élisabeth Taylor « Le prologue fut la clairière des chênes » prononcée dans le film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1960) de Joseph Mankiewicz (Catherine s’est/se serait fait violer dans une forêt, et souffre d’amnésie suite à l’événement qu’elle assimile à l’homosexualité de son cousin Sébastien). Je crois en effet que le désir homosexuel est né d’un viol fantasmé – et parfois réel –, et de la hantise désirante de son retour. Le récit d’adolescence de Frédéric Mitterrand concernant un de ses camarades en fournit un exemple éloquent : « Un jour, il fait semblant de vouloir me violer pour faire rire la compagnie ; […] je me relève, j’insulte les rieurs, et je m’enfuis. Je me joue sans conviction la comédie de la blessure irréparable mais je ne triche pas longtemps, je préfère admettre la vérité : j’aimerais tellement être seul avec lui et qu’il recommence. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise vie (2005), p. 193) Ensuite, le désir de viol a pu se faire acte en s’intériorisant durablement en orientation homosexuelle, à défaut de s’actualiser en viol génital.

 

Le mot « viol », dans le sens courant du terme, désigne des relations sexuelles imposées avec pénétration et punies par la loi comme un délit, ou bien des attouchements sexuels non mutuellement consentis par les deux personnes qui les pratiquent. Mais, à mon avis, le viol réel n’est pas réductible à la pénétration ni aux rapprochements corporels visiblement sauvages. Nous pouvons très bien violer ou être violés à distance, sans nécessairement que les corps se touchent. Par exemple, les images brutales et policées que nous montre le cinéma nous violent bien souvent dans la mesure où elles nous ôtent partiellement nos sens, notre liberté, et nous éloignent de la Réalité. À mon sens, le viol doit s’entendre également comme le fait d’être pris pour Dieu (et non une créature humaine), pour quelqu’un d’autre que soi, pour une photocopie, pour une moitié d’homme, pour un Homme invisible, pour un objet, pour un mythe.

 

Ce qui me fait établir des liens entre homosexualité et viol, ce sont d’abord les vécus des personnes homosexuelles (certaines ont été abusées dans leur enfance, et cela de manière numériquement peu significative), et surtout l’univers symbolique qu’elles développent dans leurs créations. Très rares sont les productions artistiques homo-érotiques où le parallèle entre viol et homosexualité n’est pas fait, où la femme violée cinématographique n’apparaît pas comme un modèle esthétique à imiter.

 
 

Plus qu’un viol réel, un fantasme

 

Il ne faut pas perdre de vue que le viol à l’état de désir n’est pas le viol réel, même s’il a pu être suscité par un viol réel ou un regard réifiant. Le terme de viol est fortement soumis à notre subjectivité, et parfois employé à outrance par les personnes homosexuelles. Certaines prouvent à travers leurs jeux d’acteurs grandiloquents que leur identification au viol a l’excès des fantasmes. « Je suis le viol génital. Je suis la violence pure » déclarent certains hommes transsexuels (Psychosis, dans le documentaire « God Save The Queens », La Nuit gay, diffusé sur la chaîne Canal + le 23 juin 1995. Son discours fait écho à la chanson « Travesti » de Sadia dans le spectacle musical Starmania de Michel Berger : « Je suis le sexe démystifié, je suis la violence personnifiée. »). Il est par exemple fréquent d’entendre dans la bouche des femmes lesbiennes l’amalgame entre l’amour femme-homme et le viol (selon certaines, les hommes seraient tous des violeurs en puissance !).

 

On connaît mal l’origine de ce fantasme de viol. Il naît sûrement de l’ébahissement de l’Homme face à la découverte de sa liberté et de son unicité. Je reprendrai les termes de Jean-Paul Sartre pour décrire l’émergence de l’homosexualité : « On ne naît pas homosexuel ou normal : chacun devient l’un ou l’autre selon les accidents de son histoire et sa propre réaction à ces accidents. Je tiens que l’inversion n’est pas l’effet d’un choix prénatal, ni d’une malformation endocrinienne ni même le résultat passif et déterminé de complexes : c’est une issue qu’on découvre au moment d’étouffer. » (Jean-Paul Sartre, Saint Genet, comédien et martyr (1952), p. 94) Beaucoup de personnes homosexuelles ont cru très tôt – et continuent de croire à l’âge adulte – qu’elles doivent troquer leur réification déifiante (par la simulation de souffrances atroces ou d’euphorie extatique) contre leur liberté si elles veulent conserver l’amour des autres. Déjà petites, elles ont développé une passion secrète, existentielle même, pour le viol, ou plutôt l’image intérieure de ce qu’elles s’imaginaient être le viol, pour retenir toute l’attention de leur entourage (remémorons-nous les simulations de crises nerveuses d’André Gide, de Yukio Mishima, de Jean Cocteau, de Marcel Proust, etc.). Beaucoup se sont dites intérieurement que leur fantasme de viol, une fois représenté sur elles-mêmes, pouvait être une manière d’être reconnues et d’exister en tant que fétiche sacré. Elles recourent à un fantasme violent pour exister aux yeux d’autrui.

 

Le viol dont elles parlent est souvent une impression de viol née d’un fantasme de persécution : « J’étais convaincu que j’allais être violé, brutalisé, agressé sexuellement par un homme inconnu, d’une façon qui rappelle la réalité crue d’un viol. » (Rick Moody dans À la recherche du voile noir (2004) de Nelly Kaprièlian) Ce fantasme ressemble à l’enthousiasme qu’il est fréquent d’observer chez les jeunes enfants demandant aux adultes de leur entourage « de les attraper » et de les pourchasser, même si évidemment, ils désirent sans se le formuler explicitement que le viol reste uniquement sur le terrain du jeu et de la représentation.

 

Le désir de viol peut être aussi l’expression d’une peur de se reconnaître aimable, de sentir un regard désirant posé sur son corps érotisé : aux yeux du violeur comme du violé potentiels, tout ce qui est corporel ou lié à l’amour est considéré comme du viol, toutes les séparations nécessaires de l’existence (la coupure avec le sein de la mère – « Je dois quitter mon unité fusionnelle avec ma génitrice et sortir du ventre maternel pour vivre. » –, la reconnaissance de la différence des sexes – « Je ne serai jamais l’autre sexe. » –, le respect de la différence des espaces – « Je suis unique et je ne serai jamais les autres. ») sont vécues comme de cruelles injustices. La sexualité est mise à distance à travers l’expression d’une angoisse de viol qui parle du sexe sans le vivre. Le viol devient alors la création verbale de celui qui ne veut pas que sa souffrance soit démasquée. Comme l’écrit à juste titre Jacques Arènes, « dans le rapport à l’autre, la perte d’estime de soi peut être ressentie comme un vol ou un viol. Tout le monde semble témoin de notre humiliation. » (Jacques Arènes, Souci de soi, Oubli de soi (2002), p. 58) L’amour, mettant en lumière une réalité désagréable, concrète ou fantasmée, semble « faire violence » (quand bien même il ne la fasse pas), parce que sans son éclairage solaire, nous ne nous serions pas aperçus de l’existence de nos ombres portées. L’autre a découvert notre douleur d’exister, nos fragilités, notre homosexualité que nous voulions à tout prix cacher, et a fait irruption dans notre intimité honteuse. Comme il nous appelle à nous ouvrir au monde, et qu’il exerce une intrusion pour entrer en relation avec nous, nous pouvons croire qu’il nous viole. Le viol est parfois l’autre nom donné à la peur de ne pas être aimé, et à l’occasion que nous offrent les autres d’en sortir.

 

Quelquefois, ce que les personnes homosexuelles appellent « viol » est aussi tout simplement l’expression de la divergence entre leurs désirs et ceux des autres, divergence qu’elles traduisent en termes d’opposition brutale parce qu’elles veulent leur imposer leurs propres désirs. L’esprit adolescent qui crie au viol et au fascisme pour un oui pour non est celui qui se persuade qu’on lui a tout imposé, car en réalité c’est lui qui veut imposer sa volonté au reste du monde.

 
 

Le viol fantasmé, un avant-goût improbable du viol réel

 

Une chose est sûre : le viol ne provoque pas automatiquement l’homosexualité. Il existe entre eux des croisements qui ne relèvent pas de la causalité. L’homosexualité peut être tantôt le fruit d’un fantasme ne renvoyant à aucun viol réel, tantôt le fruit, et quelquefois l’arbre d’un viol réel. Je prends soin de souligner ce « quelquefois », parce que tout Homme est fondamentalement libre et qu’il n’est pas uniquement le produit de ce que les épreuves de la vie ont fait de lui, il ne reproduira pas forcément les agressions qu’il a subies. Cette capacité à s’adapter aux blessures de l’existence et à rebondir après les chocs, porte un nom : la résilience. L’attitude résiliente, qui passe par une nécessaire formulation des événements ou une analyse de leurs versions imagées, soutient qu’être traité injustement n’est rien, excepté si nous ruminons inlassablement les injustices dont nous avons/aurions pâti.

 

Si les liens entre désir homosexuel et viol restent assurément de coïncidence, et donc peu inquiétants, on peut se demander cependant dans quelle mesure le fait de les nier en diabolisant les liens de causalité cette fois (à travers notamment une fixation sur le viol uniquement génital), ne les encourage pas à s’actualiser imparfaitement dans la réalité concrète.

 

L’insistance sur la génitalité concernant le viol est due au phénomène de la sacralisation-déni du viol dans nos sociétés actuelles. L’opinion publique a été habituée à ne considérer le viol que sous l’angle du génital (autrement dit le plus spectaculaire et le plus paranoïaque), et plus rarement dans son sens figuré, psychologique et symbolique. C’est une manière pour elle de ne pas en parler et de cacher/nourrir ses propres frustrations sexuelles. Le viol, en même temps qu’il est nié ou banalisé par la société voyeuriste et frigide, est vu partout : dans les regards (le fameux « délit de regard » puni par certaines lois nord-américaines), les blagues potaches, les étreintes amicales, le moindre contact physique entre femmes et hommes, etc. C’est le désir sexuel lui-même qui est la cible d’une société qui ne voit les individus que par le génital, en oubliant paradoxalement les corps.

 

Le viol réel est toujours à entendre comme le viol génital, bien sûr, mais il est d’abord à envisager dans son sens symbolique, c’est-à-dire dans sa version fantasmatique non-actualisée : il signifie prioritairement l’intrusion violente du mythe, des objets, de l’image déréalisée, du fantasme, du paraître, dans la Réalité. Le passage du fantasme à la réalité concrète est toujours dramatique (il aboutit au meurtre, au viol, aux agressions, etc.). Mais le désir de viol, quant à lui, n’est pas nécessairement choquant, parce que non systématiquement actualisé : comme il agit davantage sur le terrain de l’imaginaire que de la réalité concrète, contrairement au viol génital, il peut être contré par la liberté humaine. Il constitue pourtant bien une bombe à retardement, mais il n’est pas de même nature que le viol génital. Il est plutôt synonyme de discours imposé du conteur, de kitsch, de douce captation de l’imaginaire par la fantaisie, de regard idolâtre qui dit « je vais te manger… », qui demande « dévore-moi ! transperce-moi ! ».

 

En effet, les regards aussi peuvent violer. Dès que nous observons une personne davantage comme un objet qu’en tant qu’Homme, en privilégiant son paraître à son être, nous lui faisons violence. Par exemple, Pedro Almodóvar montre bien que le drame initial de beaucoup de personnes homosexuelles est le fait d’avoir été considérées comme des objets. Dans son film « Tacones Lejanos » (« Talons aiguilles », 1991), Rebeca (Victoria Abril) est mise à prix, en boutade, par son beau-père dans un marché. Cet événement anodin aura des retombées dramatiques puisqu’une fois adulte, elle l’assassinera pour se venger. À partir du moment où quelqu’un veut nous faire image, y compris pour nous porter aux nues, il nous viole, et ce « viol symbolique » dont parle Pierre Bourdieu n’est pas moins réel que le viol génital avec contact forcé des corps. Jean-Paul Sartre, concernant Jean Genet, ne mâchait pas ses mots quand il écrivait dans Saint Genet (1952) que « Genet, sexuellement, est d’abord un enfant violé » : « Ce premier viol, ce fut le regard de l’autre, qui l’a surpris, pénétré, transformé pour toujours en objet. Qu’on m’entende : je ne dis pas que sa crise originelle ressemble à un viol, je dis qu’elle en est un. » (p. 96) Le regard du viol n’est pas toujours désagréable : il peut être, comme le décrit Marcel Jouhandeau dans Carnets de Don Juan (1947), « plus grave qu’une nuit d’amour » (p. 96). Ce n’est pas un hasard si les scènes de viol dans les œuvres homosexuelles se déroulent généralement pendant l’été, un soir de carnaval, à l’orée d’un bois, c’est-à-dire à un moment où le jeu l’emporte sur le respect de l’Homme, où le mythe, l’air de rien, contamine la réalité concrète, où la fête carnavalesque devient accidentellement sérieuse, où la conscience humaine est au repos.

 

Dans mon étude du désir homosexuel, je prends le viol d’abord dans son sens symbolique étant donné qu’il est un fantasme bien avant d’être parfois un fantasme actualisé. La conscience violée ou qui désire être violée, par réflexe de survie, se crée une fiction qui va occulter, dans le rose ou bien dans le noir, la réalité désagréable qu’elle a (peut-être) vécue. Parce qu’elle a probablement été utilisée, elle va se croire fétiche magique… même si concrètement ce sceptre est brisé. Comme, selon elle, elle a été cassée en deux, divisée en deux moitiés androgyniques, elle craint que la recherche de son unité agisse comme une rupture totale avec ce qu’elle est vraiment ; et paradoxalement, elle croit que la rupture totale avec elle-même va lui permettre de ne faire plus qu’Un. Le viol devient alors, dans son esprit, son unité. C’est ce qui fait dire à Neil, le héros homosexuel du film « Mysterious skin » (2004) de Gregg Araki, que le viol pédophile dont il a été victime dans sa jeunesse l’a rendu unique. En effet, en parlant de son violeur, il lui reconnaît la découverte de son unicité : « J’étais son seul amour, son seul trophée. J’étais unique. » Le viol a le pouvoir de donner à ses victimes une impression d’unité dans la réification et la contrefaçon d’amour (= je suis un fétiche donc je suis aimé), alors que pourtant, comme le montre la scène du viol pédophile de « La Mala Educación » (« La mauvaise éducation », 2003) de Pedro Almodóvar durant laquelle le visage d’Ignacio se scinde en deux à l’écran, il cultive en elles ce désir de l’androgyne, les brise en deux, et leur annonce que sans lui elles ne valent rien.

 
 

Viol génital homo

et fracture sociale entre les femmes et les hommes

 

Il est clair que même si la majorité des personnes homosexuelles n’ont pas été concrètement « violées » dans le sens commun et légal du terme, certaines se sont cependant fait violer par un membre de leur famille, du même sexe qu’elles ou du sexe opposé avec lequel elles n’étaient pas consentantes. Dans les cas recensés, nous trouvons par exemple Virginia Woolf, Vincent McDoom, Lawrence d’Arabie, Manuel Puig, Jean Genet, Marc Batard, François Augiéras, Carolyn Kage, Miguel Frías Molina, Juan Soto, Aleister Crowley, David Wojnarowicz, etc. Cela transparaît par le traitement particulièrement réitéré du viol dans les fictions créées par des auteurs homosexuels. Demandez à n’importe quel psychiatre s’il a parmi ses patients homosexuels des victimes de violences sexuelles : bien qu’il ne soit pas de son ressort d’en faire une généralité, il lui est difficile de le nier. Mais nul besoin d’être spécialiste pour constater par exemple la forte représentativité des personnes homosexuelles lors des galas de charité organisés pour la lutte contre les violences sexuelles, ou bien pour écouter les confidences d’amis homosexuels qui ont été abusés dans leur adolescence. Lorsqu’on aborde la question du lien entre viol et homosexualité dans une assemblée, elle soulève généralement un tollé fascinant à voir. Puis, en fin de réunion, il arrive qu’une poignée d’individus vienne nous voir pour nous dire le bien que cela leur a fait de voir leur drame – ou leur fantasme de drame – enfin dévoilé !

 

Le désir de viol n’est pas proprement homosexuel : tout Homme possède, à différents degrés, des fantasmes de viol (surtout dans les moments où ça ne va pas), quelle que soit sa nature sexuée et son orientation sexuelle. Le désir du viol existe en chaque personne homosexuelle, non du fait de son homosexualité mais simplement de son humanité ; mais néanmoins il convient de rajouter que, compte tenu du fait qu’ensuite ce désir est généralement plus développé chez l’Homme blessé ou désirant être blessé que chez l’Homme moins agressé sexuellement ou au désir moins masochiste, et que les personnes homosexuelles sont dans leur majorité des individus qui ont vécu la différence des sexes comme une blessure, il semble important de dire que le désir de viol chez elles tendance à être plus particulièrement marqué.

 

Le désir de viol chez beaucoup de personnes homosexuelles procède très souvent d’une peur panique de la sexualité. Ce qui l’illustre le plus explicitement sont les scènes cinématographiques où sont montrés des enfants observant un viol ou bien un adulte forcé d’être témoin d’un coït violent entre une femme et homme. L’enfant-voyeur se retrouve face au sexe (qu’il croit) violé. Il symbolise ce tiers exclu du spectacle coïtal, ce dernier s’organisant souvent dans l’esprit de certaines personnes homosexuelles comme une image de guerre dans le pire des cas (Bruce Chatwin, par exemple, affirme concernant ses parents que son « enfance fut la guerre et le sentiment de la guerre »), au mieux comme un fantasme de viol fascinant. Les personnes homosexuelles ont rarement résolu leur complexe d’Œdipe, et en veulent à leurs parents (réels et surtout symboliques/télévisuels) de les avoir trahies, abandonnées. Elles ont pu les surprendre en train de faire l’amour sans amour, et sont reparties dégoûtées du sexe en croyant le connaître. « D’où naît l’angoisse devant la scène primitive ? De la démesure d’une sexualité incompréhensible à l’enfant, de l’excitation qui l’assaille, de ce que les parents s’en mêlent… L’exclusion de la scène signe l’amour trahi. Au commencement était la trahison. » (Dominique Scarfone, De la trahison, 1999) Leur désir homosexuel nous dit que les fantasmes de l’inceste et du viol n’ont pas été intégrés. Or, comme l’écrit Jacques André, « pour être vraiment libre et heureux dans sa vie amoureuse, il faut s’être familiarisé avec la représentation de l’inceste » (Jacques André, « Le Lit de Jocaste », Incestes (2001), p. 19) et la violence naturelle inhérente à toute sexualité humaine.

 

C’est sans doute la raison pour laquelle la majorité des personnes homosexuelles ont vécu généralement leur première rencontre génitale avec la personne aimée beaucoup plus tardivement que les individus dits « hétérosexuels ». Elles sont venues à la sexualité à reculons, « parce qu’il fallait bien », passant ainsi d’un état subi (= l’adolescence continente) à un autre (= le sexe à la chaîne). Il est assez frappant, quand on discute avec certaines femmes lesbiennes, de constater leur vision très violente de la rencontre génitale avec les hommes : elles pensent qu’elles vont « se faire prendre par le mâle » (Muriel Bonneville, Mi-ange, mi-démon (2006), p. 11). Fantasmatiquement, beaucoup de personnes homosexuelles voient leur mère souffrir pendant qu’elle est possédée par les hommes. « Pendant longtemps, j’ai été jaloux de ma mère à cause de mon grand-père ; dans mon imaginaire, je le voyais en train de la violer avec son sexe énorme ; je voulais intervenir ; et c’était impossible. » (Reinaldo Arenas, Antes Que Anochezca (1990), p. 31)

 

Il est probable que le viol que les personnes homosexuelles ont cru subir est celui de la séparation excessive entre les sexes, mais aussi celui de l’absence de séparation. Socialement, l’effacement progressif des espaces féminins et masculins va crescendo. La parité et la mixité sont des valeurs de plus en plus imposées – et donc menacées – dans nos civilisations, et le trouble pour celui qui essaie de se construire une identité sexuée et d’apprivoiser son corps de femme ou d’homme s’accentue. La définition sexuelle semble être laissée non plus à la Nature, à l’extérieur, à la société, à la famille, aux parents, mais à l’appréciation personnelle de l’individu qui risque, du coup, de ne plus savoir qui il est. De l’excès du partage des sexes connu dans les siècles antérieurs, nous sommes passés à un autre, tout aussi handicapant pour la réalisation de la rencontre entre femmes et hommes : le retrait de la démarcation.

 

Il est handicapant dans la mesure où la séparation temporaire, loin d’impliquer nécessairement la rupture, peut dans le meilleur des cas signifier « reconnaissance », « condition préalable à la relation », « espace d’échanges », « préparation de la rencontre ». Une société qui laisse ses membres se regrouper et se séparer selon les âges, les sexes, les religions, les cultures, les pays, les passions communes, les affinités, les convictions politiques, les liens familiaux, etc., est une collectivité humaine qui respire la démocratie. L’encouragement à la distinction entre les sexes n’a rien de militaire ni de « fasciste » : c’est l’empêcher à tout prix (sous couvert d’« égalité de droits » ou « des sexes » par exemple) qui devient totalitaire.

 

Les personnes homosexuelles, par ce qu’elles sont et désirent, expriment ce malaise social de l’indifférenciation des sexes. La plupart du temps, elles le justifient : certaines n’acceptent pas la distinction filles/garçons faite dans les écoles, les hôpitaux, au seuil des toilettes et des vestiaires, chez le coiffeur, dans les dictionnaires, etc., parce que pour elles, elle équivaut à la séparation totale entre les sexes, et plus fondamentalement à la remise en cause de leur désir d’être tous les sexes. Mais de temps en temps, inconsciemment, elles regrettent que l’effacement de cette frontière empêche les femmes et les hommes de se rencontrer.

 

Le désir homosexuel est l’indicateur de la blessure que la femme et l’homme s’infligent dans leur couple par l’image médiatique d’abord, et parfois dans la réalité concrète. L’homme est actuellement de plus en plus condamné à porter l’étiquette du « beauf bourrin » et ennuyeux ou du parfait prince charmant qu’il n’est pas. La femme, quant à elle, est réduite à l’image de tigresse « salope » ou de femme au foyer, blonde et soumise. L’un comme l’autre se réifient à l’image… si bien qu’au final, certaines femmes et certains hommes réels ne veulent plus se côtoyer simplement, et prétendent parfois s’autosuffire dans l’affirmation d’une homosexualité ou d’un isolement fier de lui-même. Beaucoup de femmes et d’hommes actuels s’enlisent dans le débat sexiste, ou esthétisent leur angoisse par rapport à la disparition des membres du sexe « opposé » en questionnement disco (« Où sont les Femmes ? ») n’indiquant pas un renoncement aux mythes télévisuels de l’hypervirilité ou de l’hyperféminité, mais au contraire une réinstauration de ceux-ci.

 

Certaines personnes homosexuelles illustrent en image que c’est en partie l’abandon des femmes par les hommes, ou l’abandon des hommes par les femmes, qui ont fait d’elles « des homos ». Il est indéniable, même si nous ne pouvons pas en faire une règle, qu’il y a énormément d’enfants de parents divorcés parmi les personnes homosexuelles, ou bien de jeunes adultes dont les géniteurs restent ensemble par convenance ou pour l’image. Il n’est pas très étonnant non plus que les militants gay les plus intransigeants sur la pureté homosexuelle soient aussi ceux qui ont un passé hétérosexuel particulièrement lourd. Ce conflit (fantasmé) entre leurs parents peut se traduire par une intériorisation identificatoire, un sentiment de bâtardise (largement mis en mots par Rosa Bonheur, Violette Leduc, Jean Genet, ou encore William Shakespeare), une affirmation officielle d’une identité homosexuelle factice qui est à l’image du clash entre leur père et leur mère. Le « Je souffre de votre (possible) désunion » se mute en « Papa et maman, je suis homo… et je garderai secret votre (désir de) divorce. »

 

Pour conclure, je dirais que les liens entre désir homosexuel et viol n’ont pas à être centrés sur les individus homosexuels ni même sur leurs couples. Le désir homosexuel est d’abord le signe social du manque d’amour, voire des viols, au sein de certains couples femme-hommes. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas le banaliser, mais au contraire le considérer comme un prodigieux moyen de dénonciation des dysfonctionnements des couples hétérosexuels, pour aider justement les hommes et les femmes à mieux se rencontrer.

 
 

2 – GRAND DÉTAILLÉ

 

FICTION

 

Dans les fictions homo-érotiques, il est extrêmement fréquent, même dans celles qui veulent donner une image positive de l’homosexualité, que le personnage homosexuel ait vécu le viol ou vive dans la crainte/désir de son retour :

 
 

a) Le viol réel :

Affiche Concert "N°5" de Mylène Farmer au Stade de France, en 2009

Affiche Concert « N°5 » de Mylène Farmer au Stade de France, en 2009, en tournante… pardon, en tournée


 

On retrouve le thème du viol dans la B.D. Du côté des violés (1977) de Copi, le film « Abuse » (1983) d’Arthur J. Bressan JR, le film « Mauvais genres » (2001) de Francis Girod (avec l’homo violé), le film « Prends-moi » (2005) d’Everett Lewis, le film « Violent » (1950) de Nicholas Ray, le roman L’Amant des morts (2008) de Mathieu Riboulet (où Jérôme se fait violer par son père), le film « La Source ou la fontaine de la jeune fille » (1960) d’Ingmar Bergman, le film « Comment le désir vient aux filles (Je suis frigide mais je me soigne) » (1972) de Max Pécas, le film « Les Mille et une nuit » (1974) de Pier Paolo Pasolini, le film « Almost Normal » (2005) de Marc Moody, le film « Les Voleurs de chevaux » (2007) de Micha Wald, le film « Only The Brave » (1994) d’Ana Kokkinos, le film « Postcards From America » (1994) de Steve McLean, le film « L’Ombre d’Andersen » (2000) de Jannik Hastrup, le film « Zatoïchi » (2003) de Takeshi Kitano (avec l’enfant violé), le film « L’Homme de cendres » (1986) de Nouri Bouzid (avec l’homo violé), le film « L’Immeuble Yacoubian » (2006) de Marwan Hamed (avec l’homo qui a été violé par le domestique nubien noir), le film « Vil Romance » (2009) de José Celestino Campusano (avec Roberto qui jadis a été violenté par son père), le roman La Cité des rats (1979) (avec le viol collectif de l’albatros), le film « Jin Nian Xia Tian » (« Fish and Elephant », 2001) de Yu Li, le film « Bénis soient ceux qui ont soif » (1997) de Carl Jorgen Kioning, le film « Mon Capitaine, un homme d’honneur » (1997) de Massimo Spano, le film « Stir » (1980) de Stephen Wallace, le film « La Capote qui tue » (1997) de Martin Walz, le film « Tianshi Xin » (1995) de Lee Fu, le film « Pixote, la loi du plus faible » (1980) d’Héctor Babenco, la série The L World (dans laquelle une des héroïnes lesbiennes est violée dans une fête foraine), le one-man-show Cet homme va trop loin (2011) de Jérémy Ferrari (avec le Père Vert, curé gay et pédophile, jadis violé par son père et par ses profs), le film « Birth 3 » (2010) d’Anthony Hickling (avec le viol dans un parking), la série Julie Lescaut (dans un des épisodes, une lesbienne y est violée), la chanson « Coming out » d’Alexis HK (« Je remercie toute l’équipe de la Gare Saint-Lazare… »), le film « Adieu ma concubine » (1993) de Chen Kaige (avec l’homo violé), le film « Bad Boys » (1983) de Rick Rosenthal, le film « Squat » (1999) de Jean-Daniel Cadinot, le film « Ghosts Of The Civil Dead » (1989) de John Hillcoat, le film « Scum » (1979) d’Alan Clarke, le film « Gutten Som Kunne Fly » (1993) de Svend Wam, le film « Le Quatrième homme » (1983) de Paul Verhoeven, le film « Night Corridor » (2003) de Julian Lee (avec l’homo violé), le film « Cheap Killers » (1998) de Clarence Fok, le film « 2 by 4 » (1997) de Jimmy Smallhorne, le film « L’Été de Kikujiro » (1999) de Takeshi Kitano (avec l’enfant violé), le film « Khroustaliov, ma voiture ! » (1997) d’Alexei Guerman, le film « Hustler White » (1997) de Bruce LaBruce et Rick Castro (avec le viol collectif), le film « Out Back » (« Le Réveil dans la terreur », 1971) de Ted Kotcheff, le film « Cowboy Jesus » (1996) de Jamie Yerkes, le film « Olivier Olivier » (1991) d’Agnieszka Holland (avec Grégoire Colin violé), le film « Au-delà du bien et du mal » (1976) de Liliana Cavani, le film « Délivrance » (1971) de John Boorman, le film « Uroki V Kontse Vesnoy » (1989) d’Oleg Kavun, le roman Un Voyage au Mont Athos (1988) de François Augiéras, le film « Strange Fruit » (2004) de Kyle Schidkner, le film « Shinjuku Kurashakai » (« Les Affranchis de Shinjuku », 1995) de Takashi Miike, les films « Les Voleurs » (1996) et « J’embrasse pas » (1991) d’André Téchiné, le film « Gigola » (2010) de Laure Charpentier, le film « Sexual Dependency » (2002) de Rodrigo Bellott, le film « Évadés » (1994) de Frank Darabont, le film « Multiple Maniacs » (1971) de John Waters, le film « El Topo » (1971) d’Alejandro Jodorowsk, le film « Fièvre à Colombus University » (1995) de John Singleton (avec la lesbienne violée), le film « Lonesome Cowboys » (1968) d’Andy Warhol, les films « Violence et Passion » (1974) et « Rocco et ses frères » (1961) de Luchino Visconti, le film « Sleepers » (1996) de Barry Levinson, le film « Priscilla, folle du désert » (1995) de Stephan Elliot, le film « Verdict » (1974) d’André Cayatte, le film « The Mudge Boy » (2002) de Michael Burke, le film « American History X » (1998) de Tony Kaye, les pièces Roberto Zucco (1989), Quai Ouest (1985), et Dans la solitude d’un champ de coton (1985) de Bernard-Marie Koltès, le film « L’Homme blessé » (1983) de Patrice Chéreau, le roman Boquitas Pintadas (Le plus beau tango du monde, 1972) de Manuel Puig, les films « Pepi, Luci, Bom Y Las Chicas Del Montón » (« Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier », 1980), « Hable Con Ella » (« Parle avec elle », 2001) et « Kika » (1993) de Pedro Almodóvar, la nouvelle « Fiord » (1969) d’Osvaldo Lamborghini, le film « Raping ! » (1978) de Yasuharu Hasebe (avec le viol d’un homme par un gang de motards), le film « Le Jardin des délices » (1967) de Silvano Agosti, le roman Le Viol de Lucrèce (1946) de Benjamin Britten, le roman Querelle de Brest (1947) de Jean Genet, le film « Portier de nuit » (1973) de Liliana Cavani, le film « Les Valseuses » (1973) de Bertrand Blier, le roman Tout ce qui est à toi… (2000) de Sandra Scoppettone, le film « Violent Cop » (1989) de Takeshi Kitano, le roman Le Reflet d’une ombre (2004) de Jonathan Denis, le film « 5×2 » (2004) de François Ozon, le film « Reviens, Jimmy Dean, reviens » (1982) de Robert Altman, le film « Flying With One Wing » (2002) d’Asoka Handagama, le film « Multiple Maniacs » (1970) de John Waters, le film « Mysterious Skin » (2004) de Gregg Araki, le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar (avec Anamika, l’héroïne lesbienne violée dans un bus), le film « La Soif du mal » (1958) d’Orson Welles (avec le viol collectif), le film « Boys Don’t Cry » (1999) de Kimberly Peirce (avec le viol « correctif » de la lesbienne), le film « Él Y Él » (1980) d’Eduardo Manzanos, le film « Festen » (1998) de Thomas Vinterberg (avec Christian l’homosexuel violé), le roman Le Cœur volé (1871) d’Arthur Rimbaud, le film « Vito E Gli Altri » (1992) d’Antonio Capuano, le film « La Tendresse des loups » (1973) d’Ulli Lommel, le film « Les Désarrois de l’élève Törless » (1966) de Volker Schlöndorff, le film « Le Viol du vampire » (1967) de Jean Rollin, le film « Visage pâle » (1985) de Claude Gagnon (avec le viol collectif), le film « Sin Destino » (1999) de Leopoldo Laborde (avec l’homo violé dans son enfance), le film « Toto Che Visse Due Volte » (1998) de Daniele Cripi et Franco Maresco (avec la scène du viol collectif de l’ange), le film « Acla » (1992) d’Aurelio Grimaldi, le film « Irréversible » (2001) de Gaspar Noé, la pièce Penetrator (2009) d’Anthony Neilson (avec Dick, l’homo violé par les penetrator homosexuels), le film « Harvey Milk » (2009) de Gus Van Sant (avec Jack violenté par son père), le film « Rachel Getting Married » (« Rachel se marie », 2009) de Jonathan Demme (avec le coiffeur homosexuel abusé), le film « Claude et Greta » (1970) de Max Pécas (Claude a été violée dans sa jeunesse), le film « Baise-moi » (2000) de Virginie Despentes (avec le viol de Manu), le film « Les Amants criminels » (1998) de François Ozon (Luc est violé par un ogre), le film « AAPJMW » (2009) de Antoine+Manuel, le film « Little Gay Boy, Christ Is Dead » (2012) d’Antony Hickling (avec le viol du puceau, Jean-Christophe, à Paris), etc.

 

 

Par exemple, dans le film « Die Mitter der Welt » (« Moi et mon monde », 2016) de Jakob M Erwa), Glass a été mise enceinte à 16 ans aux États-Unis et vit désormais en Allemagne. Son fils, Phil, le héros homo, est fruit de ce viol. Dans le roman Julia (1970) d’Ana Maria Moix, Julia, une femme lesbienne, a été violée dans son enfance par un ami de la famille. Dans le roman A Sodoma En Tren Cobijo (1933) d’Álvaro Retana, Burney et son ami César endorment Nemesio pour le violer dans sa chambre. Mylène Farmer se fait violer dans les vidéo-clips de ses chansons « Plus grandir », « Je te rends ton amour », et « L’Annonciation ». Le viol est déclencheur de l’amour homosexuel dans le film « Drefting Gravity » (1997) de John Keitel. Dans le film « Priscilla, folle du désert » (1995) de Stephan Elliot, Félicia se rappelle d’un souvenir d’enfance : son oncle, nu dans son bain, l’a forcé(e) à plonger la main dans l’eau pour masturber son sexe, et lui a fait promettre de garder le secret. Dans la pièce Dépression très nerveuse (2008) d’Augustin d’Ollone, le Dr Labrosse, quand il était encore enfant de chœur, a été violé par le personnage qui joue le prêtre. Dans le film « Circumstance » (« En secret », 2011) de Maryam Keshavarz, Shirin, l’un des deux héroïnes lesbiennes, est forcée de voir un chauffeur de taxi (dans lequel elle est rentrée) se masturber avec son pied à elle. Dans le téléfilm « Clara cet été-là » (2003) de Patrick Grandperret, le lesbianisme de Clara survient du viol (par les mecs : le musicien, les autres garçons de la colo qui l’agressent verbalement et physiquement), de la peur de la génitalité, de la violence de la pression de la drague entre ados. Dans le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche, l’homosexualité d’Adèle naît de la pression sociale à « niquer », à « faire couple » à tout prix : les amies lycéennes d’Adèle la poussent littéralement dans les bras de Thomas, avec qui elle vivra un coït qui ne se passera pas bien. Dans la série Sex Education (2019) de Laurie Nunn, un automobiliste homophobe voit Éric, le héros homo, déguisé en travelo (« Enfoiré de gay ! »), le viole et le tabasse (c.f. épisode 5 de la saison 1). Et dans la chambre de Jackson (c.f. épisode 8 de la saison 1), les lesbiennes sont présentées comme des personnes violées et violentes : Jackson a un poster « Lesbians » où une poitrine de femme est touchée par plusieurs mains baladeuses.

 

Nombreux sont les personnages homosexuels qui utilisent le mot « viol » dans leurs répliques : « Le violoncelle, c’est plutôt gai/gay ! » (Camille dans son one-woman-show Vierge et rebelle (2008) de Camille Broquet) ; « Hélas ! Amour, que tu fus consterné lorsque tu vis ce temple profané. » (Voltaire, L’Anti-Giton, 1714) ; « Et bien moi, dans le poulailler, je me suis fait violer par Yves Lecoq ! » (Jean-Philippe, l’homosexuel de la pièce Coming out (2007) de Patrick Hernandez) ; « J’me suis fait violer ! » (Sébastien l’homosexuel dans la pièce Qui aime bien trahit bien !(2008) de Vincent Delboy) ; « T’as peut-être été violé. » (Corinne s’adressant au narrateur homosexuel, dans le one-man-show Jérôme Commandeur se fait discret (2008) de Jérôme Commandeur) ; « Ils ne pensaient qu’à eux-mêmes. Ils ne me voyaient pas. Ils me violaient. S’en rendaient-ils seulement compte ? C’était une routine pour eux. » (Hadda la servante noire violée, dans le roman Le Jour du Roi(2010) d’Abdellah Taïa, p. 202) ; « J’me fais violer tous les soirs par le même concombre. » (Albert dans le one-man-show Hétéro-Kit (2011) de Yann Mercanton) ; « Pawel lutta continuellement avec des sentiments de haine contre Smokrev, convaincu qu’il avait été volé et violé. » (Pawel Tarnowski, homosexuel continent, parlant de l’homosexuel pervers Smokrev, dans le roman Sophia House, La Librairie Sophia (2005), p. 308) ; « Ce que j’aurais fait à cette époque de ténèbres, d’autres me l’avaient fait. » (Pawel parlant du viol pédophile qu’il a subit par son mentor Goudron, idem, p. 441) ; « Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie, n’ont pas encore brodé de leurs plaisants dessins, le canevas banal de nos piteux destins, c’est que notre âme, hélas !, n’est pas assez hardie. » (c.f. la chanson « Au lecteur » de Mylène Farmer, reprenant Charles Baudelaire) ; etc.

 

B.D. "Femme assise" de Copi

B.D. « Femme assise » de Copi


 

Le viol dont il est question est parfois le viol social subi à l’école, au collège ou au lycée. « Mon surnom, c’est Toupie, tu sais très bien. Avec tes potes, vous me faites tourner… » (Benjamin s’adressant à son amant Arnaud, dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit) On peut citer par exemple le viol de l’homosexuel Mourad dans les vestiaires par ses camarades, dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot. Dans la pièce Ça s’en va et ça revient (2011) de Pierre Cabanis, Hugo l’homo s’est fait casser la gueule en classe de CM1 sur la cour de récré. Dans le film « No Se Lo Digas A Nadie » (« Ne le dis à personne », 1998) de Francisco Lombardi, le jeune Joaquín à 8 ans et un autre de ses camarades scouts se violent mutuellement sous une tente, et se promettent de garder le silence. Dans le film « Camionero » (2013) de Sebastián Miló, Randy est victime d’un viol collectif au lycée militaire. Dans le film « Imitation Game » (2014) de Mortem Tyldum, le mathématicien homosexuel Alan Turing s’est fait maltraiter au collège par ses camarades de pensionnat. Ils l’ont même séquestré sous un plancher de bois clouté. Dans le film « Moonlight » (2017) de Barry Jenkins, Chiron, le jeune héros homosexuel, est violenté par ses camarades parce qu’il ne sait pas se défendre et qu’il se fait traiter de « tapette » ou d’« homo ».

 

 

Mais le viol surgit surtout dans la sphère familiale. Certains héros gays ont été battus par leurs parents ou ont vu ces derniers se maltraiter. Par exemple, dans la pièce À toi pour toujours, ta Marie Lou (2011) de Michel Tremblay, Roger et ses frères sont les enfants du viol : « Comme les trois autres fois où tu m’as violée, tu m’as fait un autre petit ! » (Mari Lou, la mère de Roger, à son mari). Dans le film « Scènes de chasse en Bavière » (1969) de Peter Fleischmann, les deux protagonistes homos (Rovo, le semi-demeuré, et Abram, le héros principal) ont été maltraités. D’ailleurs, Barbara, la mère d’Abram, décrit inconsciemment les violences domestiques comme le terreau de l’homosexualité de son fils : « P’têt que j’aurais pas dû le battre comme ça. » Dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, Kévin s’est fait frapper par son père quand il était petit ; et la description des coups est suffisamment chargée d’ambiguïté (et d’inceste !) pour présenter le viol comme le détonateur du désir homosexuel du héros : « J’aurais voulu être Superman pour l’éclater. Mais un soir, il s’en est pris à moi. J’étais en CP, j’avais ramené un bulletin de notes un peu moins bon que d’habitude. Il m’a mis tout nu, m’a allongé sur le lit… j’étais terrifié. Il a défait sa ceinture et a commencé à me frapper, sans tenir compte de mon âge, comme si j’étais un adulte ou un criminel. Mais le bulletin, ce n’était qu’un prétexte. Il trouvait que j’avais l’air efféminé. À six ans ! Il me traitait de petit pédé, qu’il allait faire de moi un homme. » (p. 422)

 

Dans la pièce Ma belle-mère, mon ex et moi (2015) de Bruno Druart et Erwin Zirmi, Julien, le héros homosexuel, se rend compte qu’il a été violé par sa belle-mère Solange : « Pourquoi vous m’avez violé ?? » La belle-mère ricane : « Violé… Tout de suite les grands mots… » Finalement, Solange se rabat sur Yoann, l’amant efféminé de Julien. Elle lui fonce dessus, et ce dernier, au départ, résiste : « Elle voulait me violer ! C’est elle ! C’est moi qui était en-dessous. » Puis finalement, pour une affaire d’héritage, Yoann accepte de faire un gosse à la quinquagénaire.
 

Le viol, c’est tout simplement l’autre nom donné au manque d’amour, de désir (entre parents et enfant par exemple ; ou entre les parents). « Je cache des vérités importantes depuis que j’ai 13 ans. » (Erik, le héros homosexuel dépucelé à 13 ans, dans le film « Keep The Lights On » (2012) d’Ira Sachs) ; « J’ai toujours pensé que ce qui avait rendu Erika chaotique dans son comportement sentimental, c’est une enfance malheureuse. […] Et curieusement, elle ne semble pas avoir eu vraiment conscience de ce malheur. De son enfance, elle a toujours dit : ‘Ce n’était pas marrant, mais il y a pire.’ Évidemment, matériellement il y a pire. La première fois qu’elle a prétendu que sa mère la détestait, je ne l’ai évidemment pas crue. […] Pourtant, quand j’ai vu Elisabeth Westermann, j’ai su qu’Erika disait la vérité. Sa mère ne la détestait peut-être pas, mais elle lui manifestait une telle indifférence que cela revenait au même, ou pire. » (Suzanne, l’héroïne lesbienne du roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 189) ; « Bon, d’accord, ton mari t’a violée. » (Zulma parlant à sa fille Alba dans la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphan Druet) Le personnage homosexuel est souvent le témoin involontaire d’un viol entre un homme et une femme, et cette scène reste gravée en lui comme un traumatisme : « Stephen avait erré jusqu’à un vieux hangar où l’on rangeait les outils de jardinage et y vit Collins et le valet de pied qui semblaient se parler avec véhémence, avec tant de véhémence qu’ils ne l’entendirent point. Puis une véritable catastrophe survint, car Henry prit rudement Collins par les poignets, l’attira à lui, puis, la maintenant toujours rudement, l’embrassa à pleines lèvres. Stephen se sentit soudain la tête chaude et comme si elle était prise de vertige, puis une aveugle et incompréhensible rage l’envahit, elle voulut crier, mais la voix lui manqua complètement et elle ne put que bredouiller. Une seconde après, elle saisissait un pot de fleurs cassé et le lançait avec force dans la direction d’Henry. Il l’atteignit en plein figure, lui ouvrant la joue d’où le sang se mit à dégoutter lentement. Il était étourdi, essayant doucement la blessure, tandis que Collins regardait fixement Stephen sans parler. Aucun d’eux ne prononça une parole ; ils se sentaient trop coupables. Ils étaient aussi très étonnés. […] Stephen s’enfuit sauvagement, plus loin, toujours plus loin, n’importe comment, n’importe où, pourvu qu’elle cessât de les voir. Elle sanglota et courut en se couvrant les yeux, déchirant ses vêtements aux arbustes, déchirant ses bas et ses jambes quand elle s’accrochait aux branches qui l’arrêtaient. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), pp. 38-39) L’homosexuel croit qu’il est le résultat d’un viol. « Mon père viole Ourdhia, le couteau taillade son sexe, j’ai peur. » (Nina Bouraoui, La Voyeuse interdite (1991), p. 73) Par exemple, dans le roman La Cité des rats (1979) de Copi, le Diable des Rats apparaît à Gouri pour lui annoncer le secret de sa conception : « Je suis ton père que tu n’as pas connu ; j’ai violé ta pauvre souris blanche de mère vierge dans le caniveau de la rue de l’Ancienne-Comédie un soir de folie. » (p. 117) Dans la pièce Fixing Frank (2011) de Kenneth Hanes, Frank, le héros homosexuel, dit qu’il s’est fait battre par ses parents quand il était petit : « Mon père me frappait au visage. » Il explique que le fait que ses parents le battent tous les deux, « ça consolidait leur mariage ».

 

En général, le viol que subit le personnage homo concerne d’abord le/son couple, et les relations sentimentales entre héros homosexuels. Il se rapporte tout autant aux relations femme-homme qu’aux relations homme-homme ou femme-femme. Par exemple, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, R. raconte qu’il s’est fait violer par un certain Laurent, « un fils de pute qui voulait pas mourir seul et qui a violé ma jeunesse » (p. 71). Dans la pièce Gothic Lolitas (2014) de Delphine Thelliez, Rinn, l’une des héroïnes lesbiennes, force son amie Suki à l’embrasser sur la bouche, par jeu et « pour s’entraîner ». Cela finit mal car elles sont surprises par Juna et Kanojo. Suki est inanimée suite au baiser. Un peu plus tard, Rinn crie au viol à cause des actes de ses amies : « J’ai pas demandé à être tripotée comme ça. C’est pas de ma faute ! Laissez-moi ! Je ne veux pas qu’on me touche ! » Je reparle plus longuement du viol au sein du couple homo dans mon étude des codes « Coït homosexuel = viol » et « Liaisons dangereuses », ainsi que de l’homophobie homosexuelle avec le code « Homosexuel homophobe » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Il est fréquent que le viol que le héros homosexuel connaît soit tout simplement la pratique homosexuelle et qu’il soit perpétré par ses pairs homosexuels : cf. le film « Camionero » (2013) de Sebastián Miló (avec le viol collectif sur Randy au lycée militaire), etc. « Selon le rituel de nos frères de Russie, nous allons te purifier. » (les Virilius, commando d’homosexuels refoulés s’adressant à Jean-Marc, l’infiltré homosexuel, qu’ils vont torturer, dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis)

 

Enfin, le viol renvoie également à une violence dirigée vers soi-même, soit par la masturbation, soit par le suicide : « À l’avenir, je me violerai sur un tapis dans le pré. » (Anthony, l’un des hréos homosexuels du roman At Swim, Two Boys, Deux garçons, la mer (2001) de Jamie O’Neill) ; « Y yo / pillaba yo ! » (cf. le poème « Anales » de Néstor Perlongher); etc.
 
 

b) Le viol fantasmé (= craint et désiré) :

Comme on vient de le voir, la mention du viol ne repose pas toujours sur un viol réel. Il peut être l’expression d’une crainte de la sexualité en général et de la différence des sexes en particulier, parce que certaines personnes l’ont vue par accident abîmée (cf. je vous renvoie au chapitre « Peur de la sexualité » dans le code « Symboles phalliques » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Par exemple, dans le one-woman-show Wonderfolle Show (2012) de Nathalie Rhéa, l’héroïne lesbienne, en voyant arriver un homme vers elle alors qu’elle est au volant d’une voiture, croit d’abord qu’il s’agit d’un violeur, avant de découvrir que c’est un flic.

 

Vidéo-clip de la chanson "Mon coloc" de Max Boublil

Vidéo-clip de la chanson « Mon coloc » de Max Boublil


 

Le désir homosexuel du personnage homo semble survenir à la suite d’un viol ou d’une diabolisation paranoïaque de la sexualité, et des hommes en particulier (chez les héroïnes lesbiennes surtout) : « On hurle, on flâne, on regarde, on triche, on vole. Et ils violent. » (Nina Bouraoui, La Voyeuse interdite (1991), p. 9) ; « Les hommes, ils m’ont fait… j’étais toute petite en plus… ils m’ont fait… RIEN. » (Océane Rose Marie dans son one-woman-show La Lesbienne invisible, 2009) ; « Il [le mari de Rani] m’apparut en imagination, un type laid au visage grêlé et aux mains sales. Riant et la prenant à son corps défendant. Soulevant son sari pour l’envahir. Poussant un brusque gémissement avant de s’endormir. Exactement comme dans un film que j’avais vu à la télé. Je voulais le tuer. » (Anamika, l’héroïne lesbienne dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, pp. 58-59) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « Le Sable » (2005) de Mario Feroce, par exemple, la paranoïa du viol chez Mahaut, la protagoniste lesbienne, la fait aller vers le lesbianisme (on la voit se faire accoster puis agresser par un homme sur les quais de Seine, et immédiatement après, croiser le regard de sa future promise). Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent » de la série Joséphine Ange-gardien, diffusée sur la chaîne TF1 le 23 octobre 2017, Louison, l’héroïne lesbienne, est angoissée par sa première fois (sexuelle, et avec un mec). De son angoisse d’être dépucelée va naître la conviction qu’elle est vraiment homosexuelle. Dans le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, Suzanne traite tous les hommes de violeurs : « On ne peut pas m’objecter que mon expérience des hommes est courte : Gaston et quelques violeurs. » (pp. 84-85) D’ailleurs, quand sa meilleure amie, Anne, lui demande explicitement si elle a déjà été violée, Suzanne lui répond avec malice « Évidemment » (idem, p. 152). Dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, une femme travesti en homme, « Virgo Fortis », est pourchassée par « des soldats qui veulent la violer ». En restant célibataire et en cherchant à échapper à son sexe, elle prétend « échapper au mariage-inceste-viol ». Dans le film « Drool » (2009) de Nancy Kissam, Anora devient lesbienne parce qu’elle est maltraitée par son mari. Dans le film « Corps à corps » (2010) Julien Ralanton, c’est le même scénario : l’héroïne arrive au lesbianisme après s’être fait violer par deux inconnus dans un coin de rue.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Le violence cachée du couple homosexuel, calqué sur celle du couple hétéro, est devinée et crainte par beaucoup de personnages homosexuels : « J’ai échappé au viol ! » (Mimil, au moment où Jeff lui fait des avances, dans la pièce Les Babas cadres (2008) de Christian Dob) ; « Je crois que mon coloc [homosexuel] va me violer. » (cf. la chanson « Mon Coloc » de Max Boublil) ; « Pas elle ! Elle va me violer !! » (Camille face à sa nouvelle camarade de cellule carcérale Caroline, avec qui elle formera finalement un couple après sa conversion au lesbianisme, dans le one-woman-show Vierge et rebelle (2008) de Camille Broquet) ; etc. C’est parfois le regard réifiant ou un sourire violent (cf. la pièce Chroniques des temps de Sida (2009) de Bruno Dairou) qui a symboliquement violé le personnage homosexuel : « À cause de ce regard sur moi, la virginité en moi se sent soudain violée. » (cf. une réplique de la pièce Dans la solitude des champs de coton (1985) de Bernard-Marie Koltès) ; « T’as réagi comme si j’avais abusé de toi. » (Oliver rappelant à Elio la première fois où il lui a massé/touché l’épaule, dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino) ; etc.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Parfois, le spectateur ou le lecteur peut douter de la vraisemblance de ce viol, qui ressemble davantage à un bobard ou à un conte imaginaire inventé par le héros pour se faire plaindre, pour frémir et pour exister, qu’à un viol réel. « Je me bats contre une douleur fantôme qui me hante depuis des mois, des années. » (Muriel Bonneville, Mi-ange, mi-démon (2006), p. 7) ; « J’ai peur de devenir folle. Toutes les nuits je rêve qu’on me viole. » (cf. la chanson « Les Adieux d’un sex-symbol » de Stella Spotlight dans l’opéra-rock Starmania de Michel Berger).

 

C’est également la superstition populaire qui associe parfois l’homosexualité au viol. Par exemple, dans le film « Kick-Ass » (2009) de Matthew Vaughn, Dave est suspecté d’être gay après avoir été retrouvé nu suite à une agression urbaine. Cela dit, toute superstition trouve son explication sur un substrat de réalité (… réalité au moins désirante).

 

Le plus incroyable survient quand les héros homosexuels se mettent à transformer le viol en fantasme. Comme dit Genet, ils « bandent pour le crime ». Par exemple, dans la pièce Chroniques des temps de Sida (2009) de Bruno Dairou, le héros se découvre homo après avoir été violé, mais paradoxalement, définit son homosexualité comme « une perle intérieure ». Dans la chanson « Viole d’amour » du groupe Cassandre, le viol est à la fois avoué et dénié pour l’annonce de l’amour homosexuel futur (« Il a l’âge de ton père, c’est peut-être le tien, il t’a mis en enfer ce matin. Il a violé ton cœur […]. Mais oublie ce viol d’amour car moi je t’aime. »). Dans le roman très autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, Ednar, le héros homosexuel, couche à l’armée trois fois avec Octave, son violeur d’adolescence : « Je ressentais ce désir comme une sorte de revanche pour satisfaire égoïstement ma propre libido. » (p. 92) Dans le one-man-show Raphaël Beaumont vous invite à ses funérailles (2011) de Raphaël Beaumont, le narrateur homosexuel se rend sur un drôle de site internet, « Syndromedestockholm.com », pour y retrouver et draguer son violeur : « Quand j’étais enfant, j’ai été violé. Franchement, c’était génial. Et ce site m’a permis de retrouver la trace de mon violeur. Et je suis drôlement content d’avoir retrouvé mon grand-père. » Dans le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, le camionneur (Jupiter) a déjà violé Lio, et s’en prend à la jeune Europe, qui ne se dérobe même pas : « Tu as compris qui j’étais ? Je t’enlève, Europe. Ta vie ne sera plus jamais comme avant. Je te kidnappe. » La jeune lycéenne, au lieu de se révolter, se laisse faire : « Tu me sauves. » Dans son one-man-show Bon à marier (2015), Jérémy Lorca dit sa fascination pour Déborah, un piège-à-hommes : « C’était mon idole. » Et il se met à parodier la chanson de Nancy Sinatra « Bang-Bang » : « Vous étiez tous gendarmes et violeurs. Et je criais gang-bang. Et j’adorais gang-bang. »
 

Dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, la femme violée est considérée par l’héroïne lesbienne Jane comme une sœur jumelle : « Les filles qui se font violenter sont souvent hyper sexualisées. » (p. 55) ; « À partir de maintenant, Anna Mann était livrée à elle-même. Plus d’une fille sur deux était victime d’abus sexuels. C’était la façon dont tournait le monde et on n’y pouvait rien. » (idem, p. 89) ; « On aurait dit qu’elle se préparait pour un gang bang. » (idem, p. 99)
 

Dans le film « À trois on y va ! » (2015) de Jérôme Bonnell, Mélodie, l’héroïne bisexuelle, est avocate… mais au lieu de défendre la justice, elle se sert de son pouvoir de magistrat pour couvrir le délit ou le crime. Par exemple, face à un contrôle de police où son ami Michel manque de souffler dans un ballon alors qu’il est alcoolisé au volant, elle fait preuve de persuasion avec un policier pour échapper in extremis au retrait de permis… et ça marche. Plus tard, Mélodie a en charge un pervers qu’elle prend en pitié, qu’elle parvient à défendre en plaidoirie, en faisant passer les attouchements sexuels qu’il a fait sur une femme pour un dérapage : « Il s’agit d’un geste d’amour qui a mal tourné. » Mais à la fin du film, elle se retrouve face à une récidive beaucoup plus grave du même violeur, puisque cette fois, il est passé au viol. Elle a donc couvert et laisser courir en liberté un agresseur multi-récidiviste. Face à ses amis qui s’étonnent qu’elle ait défendu l’injustifiable, elle joue d’abord l’indifférence professionnaliste (« Bien sûr que je vais le défendre. C’est mon métier. ») avant de fondre carrément en larmes, surprise par une culpabilité inconsciente qui déborde en elle (« Je n’en peux plus de toute cette merde. Je ne sais plus à quoi m’accrocher ! ») Tout le film montre que, au même moment qu’elle vit son homosexualité, Mélodie défend à plusieurs reprises le viol : il y a une corrélation constante entre plaidoirie du viol et justification de la banalité/beauté de l’amour bisexuel/asexué.
 

Parfois, le héros homosexuel considère le viol comme SA Vérité profonde : « Je ne désespérais pas de lui avouer, un jour, ‘ma’ vérité. » (Ednar dans le roman autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, p. 181) ; « J’veux être une brouette. » (Sarah, l’héroïne lesbienne, dans le film « Respire » (2014) de Mélanie Laurent) ; « Qu’on me viole, qu’on m’attrape, j’ai besoin d’un bon coup. » (cf. la chanson « L’Hymne à l’amour » de David Courtin) ; etc.

 

Certains personnages homos disent explicitement qu’ils désirent le viol (et posent la question qu’on n’attendait pas : « Que faire quand on trouve notre violeur beau ? ») : « De ma vie, je ne m’étais jamais fait baiser sans le vouloir. Je sais maintenant que tout peut arriver. Et que, même sans le vouloir, on peut aimer cela. » (Bjorn, l’un des héros homos du roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, p. 154) ; « Je ne veux pas qu’elle s’introduise. J’aime être contrainte. Je ne veux pas qu’elle m’introduise. Même si elle me dit qu’elle m’aime. » (SweetLipsMesss dans le spectacle de scène ouverte Côté Filles au 3e Festigay du Théâtre Côté-Cour, en 2009) ; « Tu pries pour que ton frère, comme toi, au même moment, soit blotti dans les bras d’un beau jeune homme plein de vigueur, et qui prendrait soin de toi comme d’une poupée. » (Félix à propos d’un soldat allié, Bob, dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 132) ; « La façon dont elles l’avaient traité ne le choqua point ; il trouvait les deux vieux travelos adorables, il se mit à bander. » (le prince Koulotô désirant ses deux violeurs, dans la nouvelle « Les Vieux Travelos » (1978) de Copi, p. 90) ; « Nature du décès : j’me suis fait violer par trois beaux jeunes hommes. » (Lucienne dans la pièce Quand je serai grand, je serai intermittent (2010) de Dzav et Bonnard) ; « J’aimerais bien prendre un coup. » (Jules, le héros homosexuel dont la langue a fourché car il pensait dire à la serveuse « Je vais prendre un coup », dans la pièce Les Sex Friends de Quentin (2013) de Cyrille Étourneau) ; « J’préfère encore me faire tripoter par un prêtre comme mes copains cathos quand ils vont au caté. » (Laurent Spielvogel à propos du rabbin à qui il va rendre visite, dans son one-man-show Les Bijoux de famille, 2015) ; « Les garçons préfèrent toujours ceux qui les malmènent. » (idem) ; « Le jour, la nuit, surtout, j’aimerais qu’on me viole. Je mettrais ma parole tous les mâles sur mes genoux » (c.f. la chanson « Ah ! Si j’étais une fille ! » de Gabriello) ; etc.

 

L’excitation d’être violé et d’avoir été violé ressort chez tous les personnages homosexuels du roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, par exemple : « Cody dit ‘Je m’a suis fait voler. Nourdine il a tout volé, l’argent et la caméra de New York University que j’avais empruntée. Oh my god, on habitait ensemble, et cette matin, je m’est levé et tout avait disparu dans l’appartement.’ Je l’accompagne pour porter plainte. Je lui dis ‘Ça te plaît, hein, que ce mec t’ait volé ? C’est la preuve que tu avais raison d’avoir peur. Maintenant ça te fait jouir d’avoir été une femme violée et volée, c’est comme si ton rêve magique d’être une femme avait été poussé au maximum.’ Cody, pris en faute, me regarde de travers. » (Mike, le narrateur homosexuel, s’adressant à son pote gay nord-américain Cody, p. 111) ; « Cody cherche des Arabes. Il est obnubilé, il dit ‘Je sens que je pourrais être une femme avec eux parce qu’ils se servent de ton corps comme celui d’une femelle, tu vois, comme si t’étais une objet de plaisir et que tu n’existais pas comme personne. » (Cody, idem, p. 91) ; « Tu crois que c’est comme les pédés qui cherchent à se faire violenter dans le SM, tu finis toujours par t’apercevoir à un moment ou un autre que ce qu’ils recherchent dans cette violence contrôlée (parce qu’elle est donnée dans un cadre sexuel strict) c’est de vivre ce qu’ils ont le sentiment de mériter en tant que pédé. Genre je suis pédé, je mérite de me faire tabasser, je me fais honte, steplé, tabasse-moi pour que je sois en concordance avec moi-même. Tu crois pas ? » (Polly, op. cit., p. 47) ; « Vianney consent à une rencontre, chez moi, mais il ajoute ‘Les yeux bandés. Tu ne dois jamais voir ma laideur repoussante.’ J’accepte. Les jours qui précèdent la rencontre, je les passe dans un état de surexcitation incroyable. Le jour prévu, à l’heure prévue, il frappe trois coups contre la porte, notre code secret. Je place mon bandeau, et j’ouvre en me demandant si je n’ouvre pas ma porte à un voleur, un tueur de sang froid ou un violeur. Peut-être que j’en aurais envie… » (Mike racontant son « plan cul » avec un certain Vianney, op. cit., p. 84) ; « Polly [l’héroïne lesbienne] dit que le sida n’est pas une fatalité, que les pédés doivent arrêter de penser qu’ils le méritent. ‘C’est faux, c’est même archi-faux, affirme-t-elle, c’est comme quand vous pensez que vous méritez de vous faire agresser. Faut arrêter avec tout ça, on ne mérite pas le sida ni de se faire agresser quand on est pédé. Par contre, on peut se demander si cette propension des pédés à croire ça ne cache pas plutôt une forme d’auto-homophobie intériorisée.’ Elle a tort. » (Mike, op. cit., pp. 72-73) ; etc.

 

Dans la pièce Ma première fois (2012) de Ken Davenport, c’est quand sa copine lui résiste (« Arrête, lâche-moi ! ») qu’une des héroïnes lesbiennes se dit encore plus excitée (« Ça, ça me fait bander comme un cheval ! »). Dans la pièce Les Gens moches ne le font pas exprès (2011) de Jérémy Patinier, Lourdes demande à son public qu’il la fouette, la batte, et la viole. On retrouve le rêve d’être violé dans le film « Girls Will Be Girls » (2004) de Richard Day. Dans la pièce Tante Olga (2008) de Michel Heim, l’héroïne toute heureuse d’avoir été violée par « le Cosaque ». Dans la pièce String Paradise (2008) de Patrick Hernandez et Marie-Laetitia Bettencourt, Louna fait croire qu’elle a été violée pour exister aux yeux de ses amies. Dans la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand, au moment où Omar arrive chez Marcel pour lui demander l’hospitalité (« Allez, ouvre, j’vais pas t’violer. »), ce dernier lui répond en boutade : « Ah… c’est dommage… » Dans la pièce Chroniques d’un homo ordinaire (2008) de Yann Galodé, Didier, face à son psy, décrit le cambriolage dont il aurait été l’objet, comme un viol (on découvre ensuite que ce vol était en réalité fictif, pur produit de son imagination, simplement pour le plaisir d’avoir à crier « Au viol ! ») : « Donc j’ai été violé !!!… mais bien sûr au sens figuré ! J’parle de mon appartement ! […] Ils n’ont rien volé. Mais ils auraient pu ! » Dans la pièce Jerk (2008) de Dennis Cooper, il est fait référence à « l’obsession de violence » chez les personnages. Dans la pièce Dépression très nerveuse (2008) d’Augustin d’Ollone, le Dr Labrosse fantasme de se faire violer par un jeune Sénégalais de 16-17 ans appelé « Babacar ». Dans le film « Strangers In A Train » (« L’Inconnu du Nord-Express », 1951) d’Alfred Hitchcock, Bruno va essayer d’étrangler une vieille femme bourgeoise désirant connaître la sensation d’étouffement. Dans le film « L’Inconnu du lac » (2012) d’Alain Guiraudie, tous les personnages homosexuels désirent le viol et finissent par défendre l’amant qui va les violer/assassiner : Franck, le héros, soutient Michel jusqu’au bout ; et Henri, après avoir couché avec Michel pour préserver Franck, avouera dans son dernier souffle : « J’ai eu ce que je cherchais. » Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Dany, le héros homosexuel efféminé, attise, par sa provocation, la haine de ses agresseurs homophobes et met de l’huile sur le feu en les insultant. Dans le film « Homme au bain » (2010) de Christophe Honoré, quand Emmanuel commence à violenter le jeune étudiant en histoire qu’il va finalement violer (« Tu veux pas que je te fasse mal, non ? »), ce dernier, après un court moment d’hésitation, lui répond sérieusement : « Ben… je sais pas…[…] Ça me gêne pas, la brutalité. » Dans la pièce Les Faux British (2015) d’Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields, Thomas, le héros homosexuel, semble être tout excité de vivre des situations mortelles même fantasmées : « Quelqu’un a fermé la porte. Mon Dieu ! Nous sommes piégés !!! »

 

L’évocation du viol fantasmé est une technique de drague : le libertin homosexuel joue la victime pour mieux approcher sa proie, l’apitoyer. « Je me suis cyniquement engouffrée dans la brèche qu’elle m’offrait, et je lui ai parlé de mes violeurs. Il était temps, finalement, que ces garçons servent à quelque chose, et dans ce cas précis à justifier mon dégoût des hommes. Du dégoût des hommes au goût des femmes, il n’y a qu’un pas. » (Suzanne par rapport à Agnès, dans le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 225) ; « J’ai pris ce que tu m’as donné, de mon plein gré. Ce n’est pas de ta faute, Thérèse. » (Carol, l’héroïne lesbienne consolant son amante Thérèse en pleurs, culpabilisant d’avoir couché avec elle, dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes)

 

Par exemple, dans le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot, Marcel fait croire à Frédéric qu’il s’est fait violer, pour l’attirer à lui : « Marcel rapplique en expliquant qu’il a rencontré, dans la rue, un couple de garçons, il y a de ça deux jours. Il les a suivis chez eux. Ils l’ont saoulé ou drogué. Il ne se souvient pas du reste de la soirée ou de la nuit. Il s’est réveillé sur un banc, dans une station de métro, alors qu’un policier l’a secoué pour le chasser. Il a mal partout, surtout au cul. Il croit avoir été violé. Ils lui ont aussi pris son portefeuille. » (p. 22) On apprend un peu plus loin qu’il s’agit d’un mensonge amoureux fondé sur la victimisation : « Peut-être par remords d’avoir abusé de la situation, il lui écrit pour tout avouer, d’abord que le récit de Toronto était tout à fait faux, qu’il n’avait jamais quitté Montréal, qu’il s’agissait d’une histoire inventée de toutes pièces pour le rendre plus intéressant à ses yeux. » (p. 23) Pourtant, cela n’empêche pas Marcel de récidiver avec un autre amant, Bertrand : « Ce courriel contrarie Marcel au point qu’il fait attendre sa réplique à son tour pendant toute une semaine. Il envoie alors un message dans lequel il reprend son histoire de fugue à Toronto, son viol et son vol, la même qu’il avait inventée pour Frédéric. » (p. 39) Il faut savoir que le viol est une technique de drague très employée par les personnages homosexuels des fictions pour se faire aimer.

 

Dans le film « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne, Guillaume, le héros bisexuel, pour échapper au service militaire et à l’armée, invente tout un tas de sévices (il plaisante avec le calembour « Sévice militaire », d’ailleurs) qu’il a/aurait subis de la part de ses frères, ses camarades d’école (« Ils étaient 119 sur moi ! »), rapport qui se révèle dissuasif puisque le médecin militaire finit par l’exempter de son devoir d’État : « Il a imaginé des choses tellement immondes qu’il a écrit un rapport de 4 pages. »

 

Le plus curieux, c’est que parfois, le personnage homosexuel va se persuader d’avoir trouvé son unité dans la brisure du viol (réel) qu’il a subi. « Je plongeai dans la rivière. Baissant l’échine, je remontai un champ de vigne voisin, quand je sentis la masse de l’homme, comme un carapaçon de laine, me plaquer au sol en plein soleil. La chaleur de sa poigne se propagea jusqu’à mon cœur, et figea ma volonté. Il murmura à mon oreille les mots étrangers du manque et du désir. Il me lécha la nuque et le cou. Il écarta mes fesses et y colla ses joues râpeuses pour m’enduire de salive, tout en caressant mes hanches. J’avais plus que la chair de poule, mon corps tremblait tout entier comme si je n’étais plus qu’un cœur énorme, badoum, badoum… […] Quelque chose se tordait et craquait en moi. » (la voix narrative de la nouvelle « La Carapace » d’Essobal Lenoir, Le Mariage de Bertrand (2010), p. 15) ; « Je me sens si différent. Comme si avant, j’avais un corps mais j’étais pas dedans. » (Didier après son expérience homo, dans la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Sébastien Ceglia) ; « Je n’aimais pas son haleine à l’odeur de bière et de cigarette. […] Quand j’ai été dans sa bouche, j’ai trouvé ça divin. J’ai oublié qui j’étais. » (le jeune Mathan parlant de sa première fois homosexuelle, dans la pièce Un Cœur en herbe (2010) de Christophe et Stéphane Botti) ; etc.

 

Par exemple, dans le one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show (2013) du travesti M to F David Forgit, le viol et le désir de viol sont tellement imbriqués que le spectateur ne sait plus si c’est du lard ou du cochon : « On m’a encore droguée au GHB ! J’attire cette drogue ! » (la mère) ; « Bien sûr qu’on a abusé de moi ! 30 fois selon l’urgentiste ! Il aurait manqué plus que ça ! » (idem). Tous les personnages vivent leur viol scabreux comme une renaissance et un moment de jouissance incroyable. Par exemple, la jeune lycéenne transgenre M to F Gwendoline a été violée par « deux tapettes » racailles (dont un certain Mounir) dans une cave, et déclare que pour toutes les filles, « le viol et la double pénètr’, c’est le minimum ! » : « Aaaah… les tournantes, c’était vraiment génial ! ». Elle présente le viol comme le coup de grâce qui lui rend sa sainteté et sa virginité (on entend résonner l’« Alleluia » de Haendel) : « Je réalise qui je suis et quel sera mon destin ! »

 
 

c) Le personnage homosexuel ou gay friendly aime pousser le cri du viol en imitant l’actrice terrorisée des films d’épouvante :

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Appel déguisé », « Emma Bovary « J’ai un amant ! » » et « Clown blanc et Masques » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Ce qui m’a mis sur la piste des liens non-causaux entre désir homosexuel et viol, c’est l’insistance des artistes homosexuels à représenter et à s’identifier à l’actrice violée cinématographique.

 

La figure de la femme violée, notamment, revient très souvent, comme si les héros homosexuels (et leurs auteurs !) cherchaient à s’y identifier (cf. je vous renvoie surtout aux codes « Femme allongée », « Femme-Araignée » et « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée des bois » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : cf. le film « Du sang pour Dracula » (1972) de Paul Morrissey (avec la défloration de la petite Perla), le film « La Piel Que Habito » (2011) de Pedro Almodóvar (avec un père qui opère sa fille après qu’elle se soit fait violer), le film « La Reine Margot » (1994) de Patrice Chéreau, le roman Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos, le film « Ascetic : Woman And Woman » (1976) de Kim Shu-hyeong, la pièce Baby Doll (1956) de Tennessee Williams (où Archie viole Mégane), le film « Club de femmes » (1936) de Jacques Deval (avec Juliette violée), la comédie musicale Les Miséreuses (2011) de Christian Dupouy (où le Thénardier dit à sa femme qu’il « l’a violée un soir près de Versailles »), le film « La Vie privée de Sherlock Holmes » (1970) de Billy Wilder (Gabrielle, la femme violée amnésique), la chanson « Last Night » de Britney Spears, la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi (avec Solitaire, la femme violée et abandonnée), le film « Praia Do Futuro » (2014) de Karim Aïnouz (avec Dakota, la femme poursuivie par Ayrton), etc.

 

« Cette fille, Virginie, violée sur la place, et bien c’est moi. […] J’ai toujours été un peu joueuse avec les touristes… […] T’imagines ce que c’est, un viol ?? T’imagines pas ?? C’est l’inverse de donner la vie. On vous prend la vie. Un sentiment de mort. » (Léa, l’héroïne hétérosexuelle de la pièce Scènes d’été pour jeunes gens en maillot de bain (2011) de Christophe et Stéphane Botti) ; « Je suis sentimentale et parfois femme fatale. » (cf. la chanson « Je suis toutes les femmes » de Dalida) ; « Alejandro, please, just let me go ! » (Lady Gaga dans sa chanson « Alejandro ») ; « Je je suis si fragile qu’on me tienne la main ! » (cf. la chanson « Libertine » de Mylène Farmer) ; « Sauvez-moi ! Quand il me soulève et qu’il me prend la main, ma voix se dérègle ! » (cf. la chanson « Sauvez-moi ! » de Jeanne Mas) ; « Elle me montre la première page d’Ici-Paris : une imitatrice de Marilyn Monroe s’est pendue dans sa cellule dans la prison de Regina Celi à Rome : c’est Marilyn, la mienne ! » (le narrateur homosexuel du roman Le Bal des Folles (1977) de Copi, p. 51) ; « Dorita se donna à lui [Silvano] pour la première fois la nuit des adieux, dans la salle de classe, sur le bureau de Silvano, tandis que la pluie fouettait les carreaux. Dorita était vierge. L’expérience fut douloureuse pour tous les deux. » (Copi, La Vie est un tango (1979), p. 12) ; « Rien n’est plus émouvant qu’une belle femme qui souffre. » (Anamika, l’héroïne lesbienne du roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 77) ; « C’était comme si certaines filles portaient une marque secrète que seuls les pervers pouvaient voir. Une fois qu’elles avaient été abusées, d’autres salauds parvenaient à le sentir d’une façon ou d’un autre, et ils les pistaient pour prendre leur tour. […]Pourquoi est-ce que tu cherches sans cesse des excuses à ces hommes ? Ils ont cherché à gagner ta confiance pour abuser de toi. Même le prêtre ; il a préféré ignorer quel âge tu avais. Tu ne fais pas du tout dix-sept ans. Au fond de son cœur, il savait que tu étais trop jeune. Tu ne le vois pas ? » (Jane, l’héroïne lesbienne s’adressant à la jeune Anna, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 242) ; « Encore une fois l’histoire d’une femme trompée. Une de plus… » (Atos Pezzini, homosexuel, parlant des Noces de Figaro, dans le film « Marguerite » (2015) de Xavier Giannoli) ; etc. Par exemple, à la fin du téléfilm « Le Clan des Lanzacs » (2012) de Josée Dayan, on apprend que le requin d’entreprise qu’est devenue Élisabeth (Fanny Ardant) a été violé dans son adolescence. Dans le film « Incidences » (2012) d’Andromak, Anne a été victime d’un viol dès son plus jeune âge. Dans le film « Le Roi de l’évasion » (2009) d’Alain Guiraudie, Armand, homo de 43 ans, empêche le viol d’une jeune femme, Curly, menacée par quatre jeunes hommes. Dans le film « La Robe du soir » (2010) de Myriam Aziza, Juliette, l’héroïne lesbienne, subit un viol d’intimité : son grand frère Adrien rentre dans sa chambre alors qu’elle se déshabille. Dans le one-(wo)man-show Charlène Duval… entre copines (2011), le travesti M to F Charlène Duval s’identifie à Tina Turner, la femme battue par son mari. Dans la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand, Catherine, part dans la forêt et y croise un homme diabolique avec « une tête de fou, démoniaque, le sexe à l’air », qui la fait hurler. Tous les personnages de la pièce avouent leur fantasme de viol : « Les sales types, les voyoux comme Herbert, j’adore ça. » (Fabien, le jeune héros homosexuel)

 

Film "Cabaret" de Bob Fosse

Film « Cabaret » de Bob Fosse


 

On retrouve ce goût homosexuel pour le cri de la femme violée cinématographique dans le film « Cabaret » (1972) de Bob Fosse (avec Sally aimant hurler au passage des trains), les film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1960) de Joseph Mankiewicz ou bien « Reflection In A Goldeye » (« Reflets dans un œil d’or », 1967) de John Huston (Elizabeth Taylor y poussent des cris d’anthologie), le film « Passion » (1964) de Yasuzo Masumara (avec le personnage de Mitsuko), la chanson « And I Hate You » de Mélissa Mars, le poème « Cri écrit » (1925) de Jean Cocteau, le film « Strangers On A Train » (« L’Inconnu du Nord-Express », 1951) d’Alfred Hitchcock, le film « L’Attaque de la Moussaka géante » (1999) de P. H. Koutras (avec l’affiche géante d’une actrice de film d’épouvante sur le mur de la chambre), le film « Psycho » (« Psychose », 1960) d’Alfred Hitchcock (avec la scène de Marion sous la douche), le film « Girls Will Be Girls » (2004) de Richard Day (avec l’affiche « My Fair Evie »), le film « La Flor De Mi Secreto » (« La Fleur de mon secret », 1995) de Pedro Almodóvar (avec le concours télévisuel du meilleur cri d’effroi), le film « The Others » (« Les Autres », 2001) d’Alejandro Amenábar (avec Nicole Kidman, la femme violée hurlante), le film « Faster, Pussycat ! Kill ! Kill ! (1985) de Russ Meyer, le film « Office Lady Rape : Disgrace ! » (1990) d’Hisayasu Sato, le film « Sudden Fear » (1952) de David Miller (avec Joan Crawford), le film « Screaming Mimi » (1958) de Gerd Oswald, le film « La Plainte de l’Impératrice » (1990) de Pina Bausch, la comédie musicale Panique à bord (2008) de Stéphane Laporte, les chansons « Fallait pas commencer » de Lio ou « Embrasse-moi Idiot » de Bill Baxter (avec les cris des choristes), la chanson « Me Persigue un Chulo » de Las Ketchup, etc. Par exemple, dans la pièce La Famille est dans le pré (2014) de Franck Le Hen, la sonnerie de téléphone portable de Graziella, la présentatrice-télé, ce sont des cris continus de femme agressée.

 

Le viol ressemble alors davantage à une posture esthétique tragi-comique qu’à un viol réel : « Il ne me reste qu’à […] hurler qu’on m’a violé et que je vais tout répéter à mes très violents frérots. » (Vincent Garbo qui veut incriminer le prêtre qu’il a perverti, dans le roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, p. 134) ; « Au secours ! Au viol ! » (le gode vibreur parlant, dans le one-man-show Raphaël Beaumont vous invite à ses funérailles (2011) de Raphaël Beaumont) ; « Papa, ils ont violé mon cœur ! » (cf. la chanson « Libertine » de Mylène Farmer) ; « T’es tellement fou que tu pourrais tous nous violer ! » (Pénélope dans le one-man-show Jérôme Commandeur se fait discret (2008) de Jérôme Commandeur) ; « Ne râlez pas comme ça ! On dirait qu’on vous égorge ! » (une réplique de la pièce Loretta Strong (1974) de Copi) ; « Je suis absolument bouleversée, il vient de m’arriver une chose atroce ! Je me suis fait violer par mon chauffeur, c’est le mari de ma gouvernante, ce sont des gens terrifiants, elle s’habille en gitane pour me faire honte lors de mes réceptions. Elle surveille tous mes gestes, je l’ai surprise à me photographier dans ma baignoire ! Et son mari est un colosse qui m’a violée à deux reprises ! » (« L. » à Hugh dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi, p. 13) ; « Quel enlèvement ? Vous avez avalé l’histoire de cette morveuse ? […] La simulation du viol est sa spécialité. » (le Gros en parlant de Graciela à Silvano, dans le roman La Vie est un tango (1979) de Copi, pp. 63-64. C’est moi qui souligne) ; « Jane pensait avoir rêvé de Greta, la mère d’Anna, qui reposait sous le plancher du deuxième étage, mais dans son rêve Greta se mélangait avec des putes d’Alban et la fille assassinée du film ; la façon dont ses yeux s’étaient écarquillés quand le couteau s’était enfoncé. » (Jane, l’héroïne lesbienne du roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 79) ; etc. Dans la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro, la voix narrative lesbienne exprime son envie de pousser le cri des petites filles aux garçons qui les poursuivent sur la cour d’école : « Que vous ne nous attrapiez pas ! »

 

Dans les romans de Thibaut de Saint-Pol, en général, transparaissent justement les fantasmes de persécution homosexuels. On voit que l’auteur, tout masculin qu’il soit, aime particulièrement jouer les Grandes Folles perdues fugitives, se mettre dans la peau de la Drama Queen aux prises avec un ignoble Méchant de dessin animé. C’est palpable dans À mon cœur défendant (2010), où son héroïne Madeleine est poursuivie par un Nazi… et c’est afffffreux : « Je dois quitter Paris au plus vite ! À n’importe quel prix. […] Désemparée, ne sachant pas où aller. […] Pour la première fois de ma vie, je sens la mort qui plane sur moi. Il faut fuir, et vite. » (pp. 20-21) ; « Je voudrais tellement lui dire ce qui m’est arrivé aujourd’hui ! Comment vais-je réussir à garder mon secret ? » (Idem, p. 22) ; « Je risque ma peau. Pour qui ? Pour quoi ? Je n’ai que vingt-quatre ans ! » (idem, p. 49) ; « Je suis la maîtresse d’un espion, d’un traître, d’un ennemi ! » (idem, p. 78) ; « Comment le sort a-t-il pu mettre un Boche sur ma route ? […] Comme je regrette ces nuits d’ivresse ! […] Je suis en danger. Où que j’aille, les nazis me rechercheront. » (idem, p. 78) ; « J’étouffe ! Je me revois dans les bras de cette brute. Grâce au ciel, j’ai échappé au pire. » (idem, p. 86) ; « Ai-je eu raison de fuir ? » (idem, p. 136) La vierge effarouchée s’exprime !

 

Dans le roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, on retrouve cette même identification esthétisante au viol : je me suis amusé à relever toutes les fois où Lord Bigot a employé l’adjectif « atroce » (… et tous les autres adjectifs avec des « r » ou des « a » dedans, dont la communauté homosexuelle raffole : « affreux », « affligeant », « abominable », « désastreux », « glauque », « pathétique »…). D’ailleurs, ce n’est pas un hasard que dans ce même roman, l’identification à la femme violée soit si marquée (cf. le viol d’Irène par Trudel, ou encore le récit de Bathilde s’identifiant à lady Philippa) : « J’avais rêvé que j’observais le viol de lady Philippa par les vitraux brisés de la chapelle. En même temps, j’étais lady Philippa moi-même. » (p. 303)

 

Soit parce qu’ils ont vécu un viol réel, soit parce qu’ils ont au moins vécu un effondrement identitaire qui les angoisse et les appelle à vouloir être dominés et être quelqu’un d’autre ( = l’actrice violée sublimée par le cinéma et qui redevient forte en se vengeant), beaucoup de héros homosexuels cherchent à s’identifier et à se faire violer par la femme machiste phallique : « Je ferai comme une fille qui se défend. » (cf. la chanson « Le Grand Secret » d’Indochine) Je vous renvoie évidemment au code sur Catwoman dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

d) Le drame du personnage homosexuel est d’être pris pour un objet ou de désirer être un objet :

N.B. : Je vous renvoie aux codes « Pygmalion » et « Poupées » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Je vous renvoie aussi au film « Showboy » (2002) de Christian Taylor et Lindy Heyman, au film « Adieu forain » (1998) de Daoud Aoulad-Syad, au film « Prends-moi » (2005) d’Everett Lewis, etc. Par exemple, dans le film « Les Mille et une nuit » (1974) de Pier Paolo Pasolini, Zoumourroud est vendue sur un marché aux esclaves. Idem pour Rebeca (Victoria Abril) dans le film « Tacones Lejanos » (« Talons aiguilles », 1991) de Pedro Almodóvar. Dans le film « No Se Lo Digas A Nadie » (1998) de Francisco Lombardi, Joaquín, le héros homosexuel, à 15 ans est traité de « poupée de porcelaine » par son père. Dans la pièce très autobiographique Mi Vida Después (2011) de Lola Arias, Vanina, l’héroïne lesbienne, dit avoir souffert d’être utilisée comme « faire-valoir » par son père militaire. On retrouve le thème de l’identification du « je » homosexuel à un fétiche immolé dans les chansons « Marchand de fleurs » des Valentins, « Le Brasier » d’Étienne Daho. Le personnage homosexuel exprime souvent son impression d’être réifié, ou son désir d’être consommé : « On se le passe de mains en mains, le Vincent, de bras en bras, tel un joujou Celluloïd, et personne alentour, jamais personne pour le sauver de cette inadmissible emprise sur son corps. » (cf. le roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, p. 39) ; « Tanguy s’était habitué à être ballotté par-ci, par-là… » (Michel del Castillo, Tanguy, (1957), p. 182) ; « Ne suis-je que fausse monnaie ? » (un personnage homosexuel de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Tu vas me faire le plaisir de t’endurcir, mon fils ! » (le Père 2 homo s’adressant à son fils homo Gatal, dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud) ; « Je ne suis pas un homme et je n’ai pas le droit d’être une femme. Je suis un jouet, on a ignoré que j’ai un cœur ! » (Reine Gertrud dans le film « Hamlet » (1921) de Sven Gade) ; « Me voilà objet. » (Julien dans la pièce Une rupture d’aujourd’hui (2007) de Jacques-Yves Henry) ; « Je suis de la terre glaise, on fait de moi ce que l’on veut, de la terre malléable à merci. Je ne sais pas ce que je suis. » (Cécile dans le roman À ta place (2006) de Karine Reysset, p. 42) ; « J’ai vraiment un corps de base. Si j’étais une voiture, je serais sans option. Mon père m’a eue en soldes. C’est un radin. » (Shirley Souagnon dans son concert Free : The One Woman Funky Show, 2014) ; « Je ne criais jamais, j’étais tellement heureuse d’être ton objet, d’exister. » (Cécile à son amante Chloé, idem, pp. 39-40) ; « J’adore qu’on profite de moi. […] Personne ne me force. » (Matthew Ferguson, le gigolo du film « Eclipse » (1995) de Jeremy Podeswa) ; « J’ai envie d’être l’outil de sa jouissance. » (la narratrice lesbienne du roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 65) ; « Je voudrais être un objet. » (Cyril dans la pièce Parce qu’il n’avait plus de désir (2007) de Lévy Blancard)

 

L’esthétisme artistique réifiant altère chez les héros homosexuels l’impression d’être violés et utilisés… alors que pourtant, c’est souvent le cas.

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

a) Certaines personnes homosexuelles ont vécu réellement le viol génital :

Je vous renvoie à l’essai Une Vie violente (1959) de Pier Paolo Pasolini, à l’ami gay violé dans l’autobiographie Quitter la ville (2000) de Christine Angot, à l’essai L’Envers des cimes (1996) de l’alpiniste Marc Batard, au dossier de témoignages de sujets homosexuels violés dans la revue Histoires d’Elles (n°3, février 1978), aux témoignages de l’essai Le Viol au masculin (1988) de Daniel Welzer-Lang et de l’essai L’Homosexualité dans tous ses états (2007) de Pierre Verdrager, au documentaire « Viol : elles se manifestent » (2014) d’Andrea Rowling-Gaston (où plusieurs intervenantes sont lesbiennes). Je rappelle aussi qu’il y a eu une campagne féministe contre le viol en 1976 en France (et chacun sait combien les mouvements lesbien et féministe se télescopent).

 

Toile de Francis Bacon

Toile de Francis Bacon


 

Un certain nombre de personnes homosexuelles ont déjà pu être violées au sein de leur famille, par la violence d’un inceste, par le divorce des parents, par l’abandon amical ou familial, par le visionnement d’images porno qui a blessé en elles l’image de la différence des sexes, par un mariage malheureux : « La jeunesse du futur poète [Oscar Wilde] s’écoule, non pas dans le calme, mais dans les échos et les remous d’un scandale qui désagrège sa famille : la maîtresse de son père fait du chantage, intente un procès aux Wilde en prétendant avoir été endormie au chloroforme puis violée par sir William. Les amis de collège d’Oscar, qui suivent le procès dans les journaux, ne lui épargnent aucun détail… ‘Voilà donc où conduit ce grossier amour des hommes pour les femmes, à cette boue !’ écrira-t-il plus tard, en parlant de cette lamentable affaire. » (Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 170) ; « À sept ans, ce garçonnet [Ednar] subit des attouchements sexuels de la part d’un collègue de travail de son père. Malheureusement, sachant que personne ne s’intéresserait à son problème, il ne put se confier. Man Éloi (Adesse), sa mère, ne détectait pas les soucis de son fils, ni à quel point il était martyrisé par son frère. Il ne put jamais trouver les mots pour exprimer son désarroi et sa souffrance. […] Et voilà qu’en plus de toutes ces difficultés, un autre drame s’ajouta à son calvaire. Une nouvelle tentative d’agression sexuelle perpétrée par Octave [23 ans], l’un des meilleurs copains de son frère Hugues. À onze ans, la vie d’Ednar commençait par une descente aux enfers, cet abîme qui déjà le convoitait en le livrant à la merci et à l’incompréhension des personnes censées l’aimer et le protéger. Affecté par ce sentiment de culpabilité, cet enfant ne put dévoiler les secrets trop lourds à porter dans son cœur. Jamais dans sa famille il n’osa avouer son malheur dans le sous-bois. Il en parla à demi mots à ses copains de classe, qui eux non plus n’avaient pas le droit de répéter ces choses-là aux grandes personnes. À l’époque, il n’était pas permis aux jeunes enfants de dénoncer les perversités ni les égarements des anciens. […] Ce traumatisme inavouable fut l’un des plus grands secrets de sa vie. Et lorsqu’il devint adulte lui-même, il évoqua cette mauvaise rencontre comme ‘l’incident’ qui n’aurait jamais dû être […]. Décidément, le malheur s’acharnait sur cet enfant ; l’adolescent venait d’avoir treize ans, lorsqu’il tomba dans un autre piège. Cette fois un ancien collègue de son père l’attira chez lui dans un guet-apens ; lorsqu’il comprit le but de l’invitation, il voulut s’enfuir. L’homme le retint ; il se débattit, parvint à se libérer et, enjambant la fenêtre, il s’enfuit et escalada le mur du cimetière voisin. Dans le crépuscule, il prit la poudre d’escampette pour échapper au viol. L’homme le poursuivit, en vain. Là non plus, il ne put se confier à un adulte et, pire, c’est lui qui culpabilisait. » (Jean-Claude Janvier-Modeste, dans son roman très autobiographique Un Fils différent (2011), où il raconte à travers son personnage Ednar les trois viols pédophiles qu’il a subis dans l’adolescence, pp. 12-14) ; « Mon cousin a profité de moi. Mon cousin avec qui il s’est passé des choses… très dures. C’était avec lui que j’ai perdu une partie de moi. Une fois mariée avec lui, il m’a fait payer le fait que j’aie été avec une fille avant. Il m’a séquestré. Il y a eu des coups. J’étais juste un corps. » (Amina, jeune femme de 20 ans, lesbienne, de culture musulmane, dans le documentaire « Homos, la haine » (2014) d’Éric Guéret et Philippe Besson, diffusé sur la chaîne France 2 le 9 décembre 2014) ; « Sexuellement, ça se passait de manière catastrophique. » (Irène, une femme lesbienne de 65 ans, jadis mariée avec un homme, idem) ; « Je pourrais également être prostitué – et même travesti, navré si cela vous choque. Violé à l’âge de 12 ans, j’ai grandi dans une famille où l’inceste était monnaie courante. Les hommes de mon enfance – à commencer par mon père – n’étaient pas à la hauteur. Pire, ils auraient dû me dégoûter d’être un homme. » (Père Jean-Philippe Chauveau, Que celui qui n’a jamais péché… (2012), p. 17) ; « Ces souffrances profondément déstabilisatrices ont souvent pour origine un passé de viols et de violences. » (Père Jean-Philippe parlant des personnes transsexuelles, idem, p. 233) ; « ‘J’aurais voulu naître femme. Rendez-moi mon vrai corps.’ Voilà ce que les transsexuels demandent aux médecins. Christopher, par exemple. J’avais un feeling spécial avec lui car ses parents étaient alcooliques et j’imaginais sans mal les sévices de son enfance. Il a commencé la prostitution à 14 ans, Porte Dauphine. Il s’est retrouvé ligoté et violé par plusieurs mecs en même temps. Un jour, il a décidé de se faire opérer pour devenir transsexuel. » (idem, p. 245) ; « La transsexualité ça a sauvé ma vie parce que ça m’a permis de rejeter un corps qui avait été violé. » (Sébastien/Victoria, homme trans M to F de 43 ans, dans le documentaire « Pédophilie, un silence de cathédrale » (2018) de Richard Puech) ; etc.

 

 

Pour ce qui est des cas de personnes homosexuelles violées connues, je vais tenter de vous en dresser la liste, même si elle est très incomplète (d’autant plus qu’entre le viol réellement effectif et le ressenti du viol, la frontière est ténue). Par exemple, le chanteur homo argentin Miguel Frías Molina a été abusé par un prêtre dans sa jeunesse. Frank Worthen a été violé et est homosexuel. À l’université, Andrew Comiskey contracte une maladie vénérienne et est victime d’un viol collectif à son domicile. Le romancier Juan Soto, à 12 ans, a été violé par un soldat italien. Le comédien homosexuel Jean Marais ou bien encore le philosophe Michel Foucault ont été abusés dans leur adolescence. Dans l’essai de Fernando Olmeda El Látigo Y La Pluma (2004), on peut lire le récit d’Isabel, une femme lesbienne violée. Dans le documentaire « Verzaubert » (1993) de Dorothee Van Diepenbroick, on nous montre une femme lesbienne qui a été violée par son beau-père. Le poète mystique anglais Aleister Crowley est abusé dans sa jeunesse par un ecclésiastique de Trinity College. Marc Batard, alpiniste homosexuel, a été violé par son oncle. L’écrivain français Jean Genet est violé dans le centre pénitentiaire où il est interné pendant son adolescence : il raconte cette expérience dans Le Journal du voleur, en 1949. Durant sa jeunesse, l’écrivain François Augiéras est violé par son oncle, puis par ses précepteurs. En avril 1871, Arthur Rimbaud se fait violer dès son arrivée à Paris par une bande de soldats de la Commune. L’acteur Vincent McDoom a été violé par son oncle. Virginia Woolf a été l’objet d’agressions sexuelles de la part de ses deux demi-frères, George et Gerald Duckworth. La première expérience de l’amour que le journaliste britannique J. R. Ackerley raconte dans Mon Père et moi (1968) est celle des menaces d’attouchements sexuels du responsable du dortoir auxquelles il résiste. S’en suit une autre expérience peu de temps après avec un camarade où cette fois, il réprime son dégoût et s’habitue peu à peu à trouver cela normal. En novembre 1917, Lawrence d’Arabie est capturé lors d’une opération de reconnaissance à Deraa. Dans Les Sept piliers de la sagesse (1916), il explique comment il est torturé et violé par un officier turc, puis par ses hommes : « Cette nuit, dans le Déraa, la citadelle même de mon intégrité personnelle a été irrévocablement perdue. » (Lawrence d’Arabie cité dans le Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres (1997) de Michel Larivière, p. 213) Dans son autobiographie Libre (2011), Jean-Michel Dunand relate comment il s’est fait toucher par un homme plus vieux que lui dans les toilettes publiques du sanctuaire de Lourdes. Dans le documentaire « Católicos Gays » de l’émission Conexión Samanta sur la chaîne Play Cuatro (juin 2011), un des intervenants, Vicente, a été violé par un prêtre à l’âge de 13 ans. Le témoignage Franck ou le sida vaincu par l’espérance (1987) de Daniel Ange, expose que Franck, homosexuel, a été violé étant enfant. À 12 ans, la photographe lesbienne Claude Cahun est victime d’une agression à caractère antisémite et sera retirée du lycée de Nantes. Dans le documentaire « Vivant ! » (2014) de Vincent Boujon, Mateo, homosexuel et séropositif, raconte qu’il a été violé à l’âge de 15 ans, dans un bar gay, par « un type qui avait mis une saloperie dans son verre ». Il dit qu’il ne se souvient plus de rien. Pour ce qui me concerne, j’ai été encerclé par la quasi totalité des garçons de ma classe de 5e au collège Jeanne d’Arc de Cholet (France) et me suis fait « gentiment » passer à tabac. Dans le documentaire « Bixa Travesty » (2019) de Kiko Goifman et Claudia Priscilla, Linn, jeune homme brésilien travesti en femme, avoue avoir été « abusée ».

 

L’hypothèse du viol comme stimulus du désir homosexuel avait déjà été soulevée par Aristote dans Éthique de Nicomaque (-335). Plutarque fait également mention du viol concernant l’étiologie de l’homosexualité dans Dialogue sur l’amour (Ier siècle ap. J.-C.). Bien plus tard, Proudhon met à tort le lien entre homosexualité et viol sur le terrain de la causalité : « Sans aller jusqu’à la mort, je regrette que cette infamie qui commence à se propager parmi nous, soit traitée avec autant d’indulgence. Je voudrais qu’elle fût, dans tous les cas, assimilée au viol, et punie de vingt ans de réclusion. » (Proudhon, Amour et mariage, 1858)

 

À notre époque, on continue de parler du viol homosexuel, même si ces discours restent particulièrement méconnus et minoritaires. Par exemple, le chercheur américain David Finkelhor n’hésite pas à affirmer que les garçons agressés avant l’âge de 13 ans auraient quatre fois plus tendance que les autres à revivre des expériences homosexuelles (David Finkelhor, « Four Preconditions : A Model », dans Child Sexual Abuse : New Theory And Research, 1984). À la lumière de leur expérience clinique, les psychologues Johnson et Shrier constatent que beaucoup plus de garçons agressés par des hommes se désigneront plus tard comme homosexuels ou bisexuels – six à sept fois plus, en moyenne – que de garçons qui furent agressés par des femmes (R. L. Johnson et D. K. Shrier, « Sexual Victimisation Of Boys : Experience At An Adolescent Medecine Clinic », dans Journal Of Adolescent Health Care, n°6, 1985, pp. 372-376). Une thérapeute américaine, Susan Wachob (citée par E. Jansen, « Daddy Dearest », dans la revue Genre, n°21, septembre 1994, p. 37), fait remarquer que les garçons « pré-homosexuels » sont des victimes toutes désignées d’abus sexuels. Dans le documentaire « Homo et alors ?!? » (2015) de Peter Gehardt, le réalisateur se dessine en train de se rendre dans une boîte gay appelé « Violence ». Et plus tard, il relève ceci : « D’après une étude publiée par l’Union Européenne, plus d’un quart d’entre nous ont été passés à tabac au moins une fois, et 29% ont vécu une agression sexuelle. »

 

Beaucoup de personnes homosexuelles se sont retrouvées en situation de viol, comme l’explique Gore Vidal dans ses Mémoires (1995) : « Il y avait de dangereux hommes plus âgés, comme celui qui s’était assis à côté de moi au Keith’s Theater et avait posé sa main sur mon entrejambe. Je m’étais enfui. Tous les garçons que j’ai connus avaient eu une expérience similaire. » (p. 428) Et la question de l’activité ou de la passivité lors du coït n’est pas centrale. Je me souviens par exemple de ce jeune homme du Québec, qui a été abusé parce qu’il est tombé dans un guet-apens, et qui m’a écrit ces quelques lignes le 4 avril 2011 dernier (prouvant qu’on peut très bien être violé tout en se retrouvant en apparences dans la position de « l’actif ») : « La question sur l’homosexualité me secoue depuis plus de 14 ans aujourd’hui. Depuis bien longtemps, j’ai voulu comprendre cela. Je n’en savais pas grand-chose, jusqu’au moment ou par faiblesse, peur, – je ne sais pas comment le dire – je suis tombé, je dis bien, je suis tombé dans un piège. Une personne adulte, de plus de dix ans que moi, m’a introduit dans ce monde d’homosexualité. La personne m’a violé, bien que ce soit moi qui jouais le rôle de l’homme… »

 

Dans le film biographique « Girl » (2018) de Lukas Dhont, Lara/Victor, garçon trans M to F de 16 ans, se maltraite lui-même en voulant devenir quelqu’un d’autre, en se droguant, en « affaiblissant son corps » (expression tirée du film) : il ne se nourrit plus, ne dort quasiment plus, s’impose des cours de danse classique qui lui détruisent les pieds et la santé, se coupe le sexe aux ciseaux. Sa prof-chorégraphe, Marie-Louise Wilderijckx, est témoin de cette maltraitance (« Je sais que tu souffres. […] Tu ne te facilites pas la tâche, hein ? Vraiment pas. »), que Lara s’impose beaucoup plus à lui-même qu’elle ne vient des autres… même si, à un moment donné, à une soirée « entre filles », il est encerclé par ses camarades féminines danseuses, chapeautées par la cruelle Loïs, qui le somment de se déshabiller devant elles et de leur montrer son sexe : « Montre ! Montre ! Montre ! », dans une scène d’une grande humiliation. À un moment donné, à une soirée « entre filles », il est encerclé par ses camarades féminines danseuses, chapeautées par la cruelle Loïs, qui le somment de se déshabiller devant elles et de leur montrer son sexe : « Montre ! Montre ! Montre ! », dans une scène d’une grande humiliation.
 

Le viol que certaines personnes homosexuelles ont vécu a pu être un viol social, une dictature vécue lors de leur cursus scolaire ou du climat social oppressant où elle ont évolué. « J’avais souffert d’abus dans mon enfance, de harcèlement scolaire, je n’avais pas une très bonne relation avec ma mère. » (Christine Bakke, ex-ex-lesbienne, interviewée à Denver, dans le Colorado, fin 2018, dans l’essai Dieu est amour (2019) de Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre, Éd. Flammarion, Paris, p. 79) ; « Copi, lui, reflète cette part obscure de la culture argentine : une violence qui n’a jamais été résolue. » (Alfredo Arias dans l’interview « Copi, ma part obscure » d’Hugues Le Tanneur, pour le journal Eden du 6 janvier 1999) ; « Enfant, Yves Saint Laurent a été maltraité par ses camarades d’Oran. Il se réfugiait dans les toilettes. » (Janie Samet dans le documentaire « Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld : une guerre en dentelles » (2015) de Stéphan Kopecky, pour l’émission Duels sur France 5) ; etc. Par exemple, dans son autobiographie Folies-fantômes (1997), Alfredo Arias raconte les bizutages qu’il a connus avec son compagnon Ernestino au collège militaire argentin : « Ils épiaient surtout les plus faibles : nous [Ernestino et moi] appartenions à ce lot. Ils se jetaient alors sur leurs proies, avec une réserve de tortures ‘inoffensives’, telles que le rasage des poils du pubis quand ils ne nous vidaient pas le contenu d’un tube de pâte dentifrice dans l’anus. Ou bien encore ils y introduisaient des craies et des bougies. Ces viols n’étaient pas considérés comme des crimes, mais comme des divertissements totalement acceptés. » (p. 190)

 

Et plus tard, à l’âge adulte, il arrive souvent que le viol que vivent les personnes homosexuelles se réactualise (à travers des rencontres « amoureuses » entre sujets dits « mûrs ») étant donné que la violence de l’épisode d’enfance n’a pas été reconnue par la victime. Ça n’en retire pas pour autant la brutalité de ce nouveau viol… même si celle-ci se pare de « responsabilité » et d’un drôle de ravissement. « ‘Tu m’appartiens désormais’, me dit-il. C’était des mots d’homme, des mots possessionnels et j’en avais la cognition. À seize ans, je n’étais plus le même. J’avais soudainement comme une impression de vide, ce vide qui semblait être ma mort et mon humiliation. […] Qu’étais-je devenu, pour un jour, une nuit, toute une vie ? […] Si je n’avais pas l’intention de ressembler à une fille, bien que certaines filles passent complètement inaperçues après un viol, c’est que cette situation de ‘Tel est pris, qui croyait prendre’, désignait un cauchemar marqué à jamais. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 70)

 

Il est temps que notre société reconnaisse aux hommes (et notamment aux personnes homosexuelles nées garçons) le statut de personne violée, quand tel est vraiment le cas. « Lorsque j’ai été invité au stage d’été, dont le thème était l’identité masculine, j’ai hésité à prendre mon magnétophone. La relecture des quelques notes prises sur le viol d’hommes, sur les rapports entre viol et homosexualité m’a amené à élaborer l’hypothèse que peut-être les homosexuels (ils étaient largement majoritaires dans ce stage prévu pour une rencontre d’homo-hétérosexuels) pourraient me donner des informations. […] Je recommençai l’expérience : sur les 8 hommes interrogés, 4 me décrivirent des scènes de viol où ils étaient acteurs, 3 en étaient victimes et 1 avait été agresseur. » (Daniel Welzer-Lang, Le Viol au masculin (1988), pp. 181-182) ; « Je pourrais multiplier les traces discursives qui démontrent que le viol d’hommes existe hors des milieux carcéraux ou militaires. […] Les responsables du service de recherche du ministère de la Justice (Centre de sociologie du droit, CNRS) me disaient leur étonnement au vu des résultats d’une enquête récente de victimisation auprès de 11 000 personnes en France : pour 40 personnes déclarant avoir subi des agressions sexuelles, un quart étaient des hommes. » (idem, p. 190) ; « En 1977, lorsque les féministes engageaient la campagne contre le viol, quelques cas de viols d’hommes apparaissaient, très liés à cette mouvance sociale. » (idem, p. 180) ; « Il est généralement très difficile de savoir si l’orientation homosexuelle ou bisexuelle d’un jeune homme fut antérieure ou ultérieure à son agression, la plupart des abus survenant en bas âge. » (Michel Dorais, Ça arrive aussi aux garçons (1997), p. 110) ; « Sera-t-on étonné d’apprendre que les participants à cette étude ont révélé avoir eu des fantasmes de nature homosexuelle dans une proportion de deux cas sur trois, quelle que soit par ailleurs leur orientation sexuelle affirmée ? » (Michel Dorais, parlant de ses 30 études de cas de jeunes hommes abusés par un homme dans leur enfance/adolescence, idem, pp. 186-187) ; « Les recherches nord-américaines les plus récentes avancent que un garçon sur six serait victime d’abus sexuels. […] Parmi certains sous-groupes plus vulnérables de la population masculine, la proportion de victimes d’abus sexuels serait encore plus élevée. Une enquête menée par la même commission Badgley auprès de 229 jeunes prostitués indique pour un tiers de ces garçons, le premier rapport sexuel avait eu lieu lors d’une agression sexuelle. […] Les garçons d’orientation homosexuelle ou bisexuelle pourraient aussi être – ou avoir été – davantage sujets à des agressions sexuelles. D’après une enquête menée par le magazine gay ‘The Advocate’ (n°661-662, 23 août 1994) auprès de ses lecteurs (2500 questionnaires en retour), 21% des répondants considéraient en effet avoir été victimes d’abus sexuels avant l’âge de 16 ans. » (idem, pp. 31-32)

 

Et aux sceptiques qui me diront : « Ouais, mais ce que tu dis sur les homos, c’est pareil pour les hétéros… Tout hétéro a pu vivre ses premières expériences sexuelles comme un viol, car c’est toute la sexualité humaine qui est violente », je leur répondrais que le viol, même s’il n’est pas spécifiquement homosexuel, qu’il ne concerne qu’une minorité de personnes homosexuelles (moi même, je n’ai jamais été violé, au sens « sale » et « légal » du terme !), et qu’il ne sera jamais (et heureusement) « homosexualisable », est quand même plus présent et plus marqué dans les sphères bisexuelles qu’ailleurs. Ce n’est pas moi qui le sors de mon chapeau pour diabolisée l’union homosexuelle. C’est une tendance prouvée par les statistiques (même si le défaut des statistiques, c’est qu’elles encouragent à la causalité, alors que le lien entre désir homosexuel et viol n’est ni causal ni systématique) : « Les personnes ayant déjà eu des pratiques homo-bisexuelles ont beaucoup plus souvent que les autres subi des rapports sexuels contraints (tentatives ou rapports imposés) : 45,4% des femmes homo-bisexuelles contre 14,9% des femmes hétérosexuelles, 23,9% des hommes homo-bisexuels contre 3,9% des hommes hétérosexuels. » (Enquête sur la sexualité en France (2008) de Nathalie Bajos et Michel Bozon, p. 262) « Les attouchements sexuels sont rapportés par 12,9% des femmes et 4,1% des hommes. […] Ils surviennent très majoritairement pendant l’enfance ou l’adolescence : 50% des femmes concernées ont subi ces attouchements avant l’âge de 10 ans et 50% des hommes avant l’âge de 11 ans. Près de la moitié des attouchements ont été immédiatement suivis d’une tentative de rapport forcé ou d’un rapport forcé (50% pour les femmes, 44% pour les hommes). […] Au total, les femmes rapportent trois fois plus souvent que les hommes avoir été confrontées à une agression à caractère sexuel, qu’il s’agisse d’un attouchement, d’une tentative ou d’un rapport forcé : 20,4% des femmes et 6,8% des hommes de 18-69 ans. […] Parmi les personnes qui ont vécu ces agressions, 59% des femmes et 67% des hommes ont subi des premiers rapports forcés ou tentatives à moins de 18 ans. […] Chez les hommes, c’est dans le groupe âgé de 35 à 49 ans que les individus disent avoir subi le plus de rapports forcés avant la majorité (plus de 4% des hommes de cet âge, et 77% de ceux qui ont connu des rapports forcés. […] Les personnes qui ont eu des partenaires du même sexe déclarent beaucoup plus de rapports forcés que les personnes qui n’ont eu que des partenaires de l’autre sexe. Ainsi, 44 % des femmes ayant eu des rapports homosexuels dans leur vie déclarent avoir subi des rapports forcés ou des tentatives (contre 15% des hétérosexuelles), dont 31% avaient moins de 18 ans la première fois ; c’est le cas de 23% des hommes qui ont eu des rapports homosexuels (contre 4,5% des hétérosexuels), dont 15% avaient moins de 18 ans la première fois. » (idem, pp. 385-389) ; « Il est dérangeant de constater qu’alors que moins de 4% de garçons (en population générale) ont été victimes d’agressions sexuelles de la part d’hommes adultes, une étude majeure récente démontre que le taux de victimes d’agression sexuelle par des hommes adultes dans une population d’hommes homos et bisexuels était presque dix fois supérieure (35%). Il est également rapporté que 75% des hommes homosexuels ont eu une première expérience homosexuelle avant l’âge de 16 ans, contre 22% d’expérience hétérosexuelle précoce chez les hommes hétérosexuels. » (cf. l’article de Jeff Johnston)

 

Ce lien entre viol et homosexualité dérange évidemment la majorité des personnes homosexuelles pratiquantes, qui d’abord s’étonnent, avant de s’énerver parce qu’elles-mêmes ont la bêtise de le causaliser : « À croire que tous les gays italiens, ou presque, sont des jeunes gens abusés et violés, des prostitués ou des travestis, quand ce n’est pas les trois à la fois… » (Didier Roth-Bettoni en observant la production cinématographique homosexuelle en Italie, dans L’Homosexualité au cinéma (2007), p. 482)

 

B.D. "Femme assise" de Copi

B.D. « Femme assise » de Copi


 

On apprend parfois les viols de l’enfance de manière accidentelle, au détour d’une « banale » crise conjugale (vécue par une personne homosexuelle encore en transition avec son passé « hétérosexuel »), crise présentée comme une révélation « libérante » d’homosexualité. On parle à peine des antécédents violents de jeunesse : ils sont même enfermés dans des crochets qui les transforment en anecdotes ! : « Ça n’allait pas avec mon mari, je suis allée voir une conseillère conjugale car je me posais des questions sur moi. […] Elle m’a dit : ‘Est-ce que tu n’as pas pensé que tu pouvais être homosexuelle ?’ Et alors là, c’était comme si d’un seul coup, j’étais rincé et que d’un seul coup, je voyais clair. Donc à partir de ce moment-là, je voulu en parler à mon mari. Mais je n’y arrivais pas, je ne trouvais pas les mots. J’avais une ou deux amies à l’hôpital où je travaillais et avec elles je discutais de ce que j’avais subi étant jeune [Elle parle de violences sexuelles subies dans l’enfance]. » (Agathe, femme lesbienne de 48 ans, interviewée dans l’essai Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010) de Natacha Chetcuti, pp. 67-68. C’est moi qui souligne) La reconnaissance de l’influence du viol dans l’apparition du désir homosexuel sera souvent zappée, au profit d’une glorification de l’amour homosexuel nouveau et d’une remise en cause du mariage femme-homme. Encore une fois, on préfère ne pas regarder la réalité en face.

 
 

b) Le viol fantasmé (= craint et désiré) :

La mention du viol chez les personnes homosexuelles ne repose pas toujours sur un viol réel. Il peut être l’expression d’une crainte de la sexualité en général et de la différence des sexes en particulier, parce que certaines personnes l’ont vue par accident abîmée (cf. je vous renvoie au chapitre « Peur de la sexualité » dans le code « Symboles phalliques » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « Un jour, chez des amis, alors que les parents étaient fort occupés à deviser dans le fond du parc, je fus le témoin d’une véritable orgie enfantine, à laquelle, d’ailleurs, je ne pris aucune part, me sentant trop décontenancé à la vue des petites filles. Des frères, des sœurs, d’autres garçons se livraient à des expériences sexuelles très poussées et je garderai toujours en mémoire le spectacle de la sœur d’un de mes camarades ‘utilisée’ par quatre garçons à la suite… Cette scène (qui se renouvelait, d’ailleurs, paraît-il, à chacune des réunions familiales, à l’insu des parents, naturellement) fut interrompue, ce jour-là, par l’entrée intempestive de la mère de l’une des fillettes… Ce fut un beau scandale. Il y eut des scènes pénibles. Un procès faillit en résulter mais, au cours des interrogatoires, chacun se tira d’affaire par des mensonges. Cet épisode aux couleurs crues s’imprima profondément dans mon esprit et me fit, plus que jamais prendre en horreur les filles et les femmes. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans Jean-Louis Chardans, Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), p. 79)

 

Cependant, le rapport des sujets homosexuels pratiquants est d’attraction-répulsion. Une sorte de mélange (inextricable ?) entre peur et attirance. Il arrive que le viol réel et ses étapes préliminaires soient présentés par certaines personnes homosexuelles comme un conte de fée ou sous l’angle d’un jeu amico-artistico-amoureux, comme pour en édulcorer la violence (cf. je vous renvoie à la partie « Déni du viol » dans le code « Déni » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). « Comment une vie bascule à travers une main qui s’aventure… Je suis devenue une vraie femme. » (Thérèse, 70 ans, parlant de sa toute première fois lesbienne, où une ancienne camarade de classe dévergondée l’a dépucelée, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) Par exemple, dans le documentaire « La Dany : la Diva du Parc Bolivar » (2010) de Julie Giles et Jim Giles, la Dany est un artiste de rue trans M to F de Medellín en Colombie : il improvise des shows avec des descriptions crues et comiques de kidnapping, viols, infidélités. Et dans le documentaire « Beauty And Brains » (2010) de Catherine Donaldson, on voit que les concours de beauté sont une manière pour certaines personnes transgenres du Népal de camoufler/vaincre les viols et les abus qu’elles ont réellement subis.

 

Entre désir et viol et passage à l’acte, la frontière est très floue. Par exemple, dans son autobiographie Le Flamant noir (2004), Berthrand Nguyen Matoko, homosexuel, raconte comment il s’est fait violer à l’adolescence par son confesseur, un certain père Basile. Fait étonnant : le viol pédophile ne semble pas horrible à ses yeux : « Le temps nous enveloppa dans un tourbillon difficile à définir, celui de la léthargie du bonheur. J’avais fini par me dévoiler comme une fleur qui étale ses pétales en plein soleil. » (p. 34) ; « Dans son office où il me recevait les après-midi, il y avait non seulement de quoi manger et boire, mais également un piano où je m’amusais à jouer n’importe quoi et n’importe comment. » (idem, p. 35) ; « Je ressentais parfois du dépit d’être ainsi désacralisé, parce que le père Basile aidait des barrières à s’affranchir de leur idée de la réalité. » (idem, p. 36). La relation entre le violeur et le violé a même pris une tournure spirituelle : « Pour m’éviter de sombrer dans un chagrin qui risquait d’éveiller de nombreux souvenirs, il se contentait de marquer une priorité par des prières. […] Inconsciemment nos rapports se fortifiaient par le pouvoir infini de Dieu. » (idem, p. 38) Plus tard, dans ses relations homosexuelles adultes, la violence du viol sera amortie par les sentiments, le consentement mutuel et la satisfaction éphémère de la séduction : « Un sentiment de honte et de culpabilité vint adoucir cette douleur dans les derniers instants de doutes affreux, d’où jaillirent des idées d’orgueil féminin : Mon corps plaisait. » (idem, p. 68)

 

Concernant le désir violent, je crois que le fantasme de viol peut aussi faire violence, et dire un viol qui l’a précédé. « Il [Copi] était en train de répéter un monologue : les péripéties d’un astronaute perdu dans l’espace après avoir été violé par les rats de je ne sais quelle planète. » (Alfredo Arias, Folies-fantômes (1997), p. 12) Ce n’est pas pour rien si Jean-Paul Sartre écrit que l’imaginaire est l’autre nom du « mal » ! Dans son essai Homoparenté (2010), le psychanalyste Jean-Pierre nous explique à juste raison qu’il existe « une autre violence : le refus du réel » (p. 115)

 

Par exemple, dans le roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule (2014) d’Édouard Louis, le désir de viol, la sublimation de la violence, et la complicité paradoxale d’Eddy Bellegueule sont palpables, aussi bien quand il se fait violer par deux camarades de classe au collège, qu’ensuite quand il se fait sodomiser par ses cousins dans un hangar, puis à l’âge adulte lorsqu’il s’essaie (en vain) à l’hétérosexualité et qu’il décide d’assumer de pratiquer l’homosexualité avec des hommes censés le brutaliser pour lui donner la force masculine qu’il n’aurait pas : « Ils sont revenus. Ils appréciaient la quiétude du lieu où ils étaient assurés de me trouver sans prendre le risque d’être surpris par la surveillante. Ils m’y attendaient chaque jour. Chaque jour je revenais, comme un rendez-vous que nous aurions fixé, un contrat silencieux. […] Uniquement cette idée : ici, personne ne nous verrait, personne ne saurait. […] Dans le couloir, je les entendais s’approcher, comme les chiens qui peuvent reconnaître les pas de leur maître parmi mille autres, à des distances à peine imaginables pour un être humain. » (p. 38) ; « Le grand roux et l’autre au dos voûté me mettent un ultime coup. Ils partaient subitement. Aussitôt ils parlaient d’autre chose. » (p. 41) ; « Je ne sais pas si les garçons du couloir auraient qualifié leur comportement de violent. » (p. 42) ; « J’ai senti son sexe chaud contre mes fesses, puis en moi. Il me donnait des indications ‘Écarte’, ‘Lève un peu ton cul’. J’obéissais à toutes ses exigences avec cette impression de réaliser et de devenir enfin ce que j’étais. » (pp. 152-153) ; « J’ai d’abord imaginé que je lui faisais l’amour, à elle, Sabrina, sachant qu’une pareille image ne pouvait pas me faire bander. Puis j’ai imaginé des corps d’hommes contre le mien, des corps musclés et velus qui seraient entrés en collision avec le mien, trois, quatre hommes massifs et brutaux. J’ai imaginé des hommes qui m’auraient saisi les bras pour m’empêcher de faire le moindre mouvement et auraient introduit leur sexe en moi, un à un, posant leurs mains sur ma bouche pour me faire taire. Des hommes qui auraient transpercé, déchiré mon corps comme une fragile feuille de papier. J’ai imaginé les deux garçons, le grand aux cheveux roux et le petit au dos voûté, me contraignant à toucher leur sexe, d’abord avec mes mains puis avec mes lèvres et enfin ma langue. J’ai rêvé qu’ils continuaient à me cracher au visage, les coups et les injures ‘pédé’, ‘tarlouze’ alors qu’ils introduisaient leur membre dans ma bouche, non pas un à un mais tous les deux en même temps, m’empêchant de respirer, me faisant vomir. Rien n’y faisait. Chaque contact de Sabrina avec ma peau me ramenait à la vérité de ce qui se passait, de son corps de femme que je détestais. » (p. 193) La morbidité à l’état brut.
 

Il est difficile d’isoler le viol fantasmé du viol réel. Celui qui désire le viol, on l’apprend en découvrant peu à peu son histoire, est bien souvent quelqu’un qui a connu le viol ou qui est proche d’en commettre un. Cependant, je me dois, au nom de notre inaliénable liberté humaine et de la probabilité du lien homosexualité/viol, d’aborder aussi le viol en tant que désir uniquement, ou subjectivité. « La violence, c’est d’abord ‘les violences’, physiques et symboliques, celles que l’on sent, que l’on voit et que l’on interprète comme telles. » (cf. l’article « Violence » de Sébastien Chauvin, dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 422. C’est moi qui souligne) Par exemple, Diane de Margerie évoque le « désir d’agression » inhérent à la personnalité de Yukio Mishima (Yukio Mishima, Correspondance 1945-1970 (1997), p. 22). Dans l’affaire Matthew Shepard, l’adolescent homosexuel (séropositif) nord-américain sauvagement assassiné en 1998 dans le Wyoming, il a été prouvé l’élan d’attraction étrange et masochiste de Matthew envers ses deux agresseurs qu’il a essayé de draguer avant que ces derniers ne le battent à mort. En 1971, la féministe Susan Griffin frappe l’opinion publique en déclarant : « Je n’ai jamais pu me débarrasser de la peur du viol. » (Susan Griffin, « Rape : The All-American Crime », Remparts, septembre 1971) Aussi étrange que puisse paraître le syndrome de Stockholm (celui qui consiste à dire qu’une victime d’agression défend parfois son agresseur), un certain nombre de personnes homosexuelles ne sont pas réfractaires à l’idée de viol, voire recherchent le viol (entre peur et désir, la frontière est mince !) : « Je rêve d’être kidnappé, attaché, offert, je rêve d’être à la merci. » (Christophe Honoré, Le Livre pour enfants (2005), p. 55) ; « Pour moi, le viol, avant tout, a cette particularité : il est obsédant. J’y reviens tout le temps. […] J’imagine toujours pouvoir un jour en finir avec ça. […] Impossible. Il est fondateur. De ce que je suis en tant qu’écrivain, en tant que femme qui n’en est plus une. C’est en même temps ce qui me défigure, et ce qui me constitue. » (Virginie Despentes, King Kong Théorie (2006), p. 53) ; « Les femmes préfèrent les salauds, nous aussi parfois. » (Pascal Sevran, Le Privilège des jonquilles, Journal IV (2006), p. 75) ; « Y avait-il chez moi une certaine attirance pour ce plaisir bestial et interdit ? […] J’avais aussi compris que j’y trouvais un plaisir malsain. » (Brahim Naït-Balk, Un Homo dans la cité (2009), pp. 58-61) ; « J’allais devenir célèbre en me faisant kidnapper. » (Brüno dans le docu-fiction « Brüno » (2009) de Larry Charles) ; « Lola Sola se débat. Mais on comprend tout de suite qu’elle aime ça. Qu’elle aime un homme puissant. » (Alfredo Arias dans l’essai Folies-fantômes (1997), p. 253) ; « Par instants, je m’attendais à le voir me sauter dessus et me faire violer après m’avoir roué de coups… Rien de tout cela ne se produisit. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 101) ; « Une certaine proportion d’homosexuels sont dans une sublimation de la séropositivité ou revendiquent une séroconversion volontaire […]. La séropositivité permet d’annoncer son homosexualité, de faire en quelque sorte partie du ‘club’. » (Thomas Montfort, Sida, le vaccin de la vérité (1995), p. 30) ; « J’ai rêvé que je me faisais violer par des hommes et au final ils m’avaient tué. J’ai aussi rêvé que je suis avec un homme, j’ai eu une forte érection, mais dans le rêve, nous étions allongés corps contre corps. Il me serrait dans ses bras comme si c’était un père, comme si c’était l’énergie qui me manquait et pas le corps qui m’attirait. Ça me procurait une sécurité qui m’a mis en érection, qui me redonnait mon sexe dans toute sa force. J’ai aussi rêvé d’un jeune homo qui était excité à côté de moi, et par haine envers lui, je lui ai parlé comme s’il était un gars pervers qui voulait mon doigt dans son cul, en le traitant de salope. Et je m’exécute avec mépris, et je ressors mon doigt plein de merde avec un profond dégoût de cette situation. » (cf. le mail d’un ami homo, Pierre-Adrien, 30 ans, reçu en juin 2014) ; « Dans cette fascination du chef et de la force, il y avait beaucoup de féminité latente, une certaine forme d’homosexualité. Au fond, chez la plupart de ces intellectuels fascistes, je pense à Brasillach, à Abel Bonnard, à Laubreaux, à Bucard, il y avait le désir inconscient de se faire enculer par les S.S. » (Emmanuel Berl s’adressant à Patrick Modiano, cité dans la biographie Ramon (2008) de Dominique Fernandez, p. 140) ; etc.

 

Dans son Journal (1889-1939), André Gide définit l’homme inverti comme celui qui « dans la comédie de l’amour, assume le rôle d’une femme et désire être possédé » (p. 671).

 

Dans son autobiographie Une Mélancolie arabe (2008), le romancier Abdellah Taïa affiche sans complexe son soutien pourtant choquant au viol, quand il raconte ses premières expériences sexuelles avec les hommes qui l’ont violé : « Il croyait que j’avais peur. Ce qu’il me proposait m’allait très bien. […] Je me sentais bien, bizarrement bien, et je ne luttais pas contre ce bien-être. » (pp. 15-17) ; « Je ne dormais pas. J’attendais. Couché sur le ventre, j’essayais de retrouver dans ma tête des images du chef barbu de la bande qui, je devais me rendre à l’évidence, m’avait séquestré. » (idem, p. 18) ; « Je dois toutefois avouer que, même en plein enfer, une partie de moi était heureuse, aimait ça, ce machisme, cette dictature… Je me disais alors : ‘C’est ça l’amour, c’est ça l’amour… j’ai de la chance… Il faut tenir le coup… C’est ça l’amour…» (idem, p. 117.)

 

Dans son autobiographie Retour à Reims (2010), Didier Éribon décrit les lieux de drague communément fréquentés par la population homosexuelle comme la scène privilégiée – et malgré tout aimée, c’est ça le pire ! – du viol (autant homophobe qu’homosexuel) : « On est confronté dans ces lieux de drague, hélas, à de multiples formes de violence. On y croise des gens bizarres ou des demi-fous et il faut être sur ses gardes. Et surtout on s’expose à être l’objet d’agressions physiques par des voyous ou bien à des fréquents contrôles d’identité par la police, qui y pratique un véritable harcèlement. Cela a-t-il changé ? J’en doute. […] Les lieux gays sont hantés par l’histoire de cette violence : chaque allée, chaque banc, chaque espace à l’écart des regards portent inscrits en eux tout le passé, tout le présent, et sans doute le futur de ces attaques et des blessures physiques qu’elles laissèrent, laissent et laisseront derrière elles – sans parler des blessures psychiques. Mais rien n’y fait : malgré tout, c’est-à-dire malgré les expériences douloureuses que l’on a soi-même vécues ou celles vécues par d’autres et dont on a été le témoin ou dont on a entendu le récit, malgré la peur, on revient dans ces espaces de liberté. » (pp. 219-221)

 

Film "L'Amour violé" de Yannick Bellon

Film « L’Amour violé » de Yannick Bellon


 

Beaucoup de femmes lesbiennes ont un « passé hétéro » chargé, qu’elles préfèrent taire quand il s’agit de justifier de le mettre en lien avec la découverte de leur homosexualité, et grossir quand il s’agit de diaboliser la gent masculine. « Ma mère était inquiète pour moi, parce qu’elle savait que j’avais beaucoup souffert avec mon ancien amant, donc elle devait se dire que c’était de sa faute si j’étais devenue lesbienne. » (Lise, femme lesbienne de 30 ans, dans l’essai Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010) de Natacha Chetcuti, p. 103) Mais quand on creuse un peu, on découvre assez vite que leur dénonciation du viol ne se base pas sur la réalité, ni sur des preuves tangibles. Leur obsession pour le viol rejoint la paranoïa misandre (= anti-hommes). Par exemple, Susan Brownmiller et Andrea Dworkin affirment que le viol fait partie intégrante de la sexualité masculine (cf. citées dans l’essai X Y de l’identité masculine (1992) d’Élisabeth Badinter, p. 212) Puisque selon elles le patriarcat et ladite « domination masculine » sont des données universelles indiscutables, elles en viennent à penser que tous les hommes sont des violeurs potentiels ! « Tout homme est un violeur en puissance. » (cf. Manifeste de juin 1976, dans la revue Le Quotidien des femmes, n°10, vendredi 25 juin 1976, cité dans l’essai Les Lois de l’amour : Les politiques de la sexualité en France (1950-2002) (2002) de Janine Mossuz-Lavau, p. 240) ; « C’est pas de notre faute si on est violées. » (Anne Zelensky dans le documentaire « Debout ! : Une Histoire du Mouvement de Libération des Femmes 1970-1980 » (1999) de Carole Roussopoulos) ; « J’ai très vite renoncé à passer à l’acte parce que j’étais confrontée au regard de garçons imbus de leur supériorité et je sentais que je serais ‘baisée. » (Paula Dumont, Mauvais Genre (2009), p. 82) ; « Je suis partie aux États-Unis avec un pote. Et un jour dans une boîte, j’ai failli me faire violer et là je me suis dit : ‘Non, je ne suis pas un homme, mais habillée comme cela ça ne me correspond pas, il y a quelque chose qui ne va pas.’ Et la séduction que j’exerçais à l’égard des hommes ne me plaisait pas, leur regard ne me plaisait pas. Pas parce qu’ils étaient libidineux, mais parce que je ne voulais pas cela avec les hommes. Pour moi, les hommes c’était mes frères. Alors, la seule fois où j’ai embrassé un homme (j’ai eu quelques flirts comme ça), j’avais l’impression d’une relation incestueuse, tu vois un truc tu touches avec la langue et tu as l’impression de ramasser des fraises, tu vois ? (rires). » (Gaëlle, une femme lesbienne de 37 ans, dans l’étude Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010) de Natacha Chetcuti, pp. 80-81) ; « Je suis consciente de vivre dans une société où les femmes ont une place à part et où, du jour au lendemain, on peut m’attaquer, m’agresser, me violer, où je n’ai pas encore mon salaire comme mon collègue masculin. Donc je suis une femme et j’ai aussi la sensibilité d’une femme lesbienne. » (Lidwine, femme lesbienne de 50 ans, idem, p. 90) Comme l’explique très bien Tony Anatrella dans Le Règne de Narcisse (2005), « l’idéologie du gender consiste à informer toute femme du fait que la pénétration hétérosexuelle, étant un pouvoir de l’homme sur la femme, est une violation. » (p. 123)

 

Le problème majeur que pose cette obsession du viol chez beaucoup de femmes lesbiennes, c’est qu’au lieu d’aider à la reconnaissance du viol (et donc à la reconnaissance de la nature semi-aimante semi-violente du désir homosexuel) pour mieux y remédier, elle contribue à sa banalisation. Comme l’écrit à juste raison Michel Schneider dans La Confusion des sexes (2007), « si tout est viol, rien ne l’est. » (p. 48)

 

Le viol peut d’ailleurs être (non sans raison, même s’il ne s’agit pas ici de justifier la démarche, bien sûr ; je ne fais qu’expliquer) une présomption des personnes homophobes sur les personnes homosexuelles : il arrive par exemple qu’un homme macho, blessé dans sa virilité (bisexuel refoulé certainement), va se mettre à traiter la femme lesbienne de « mal baisée » ou l’homme gay de « vieux gars coincé » pour camoufler une blessure au niveau de sa propre sexualité (comme on peut le constater dans l’émission d’Olivier Delacroix et Mathieu Duboscq Dans les yeux d’Olivier, du 12 avril 2011, sur France 2, où Jessica, lesbienne, se fait insulter par ses agresseurs en des termes certes injustifiés mais mine de rien particulièrement signifiants : « Sale gouine ! Tu t’es fait violer par ton père ! »). Ce qui est pervers dans l’histoire du lien entre homosexualité et viol, c’est que celui-ci est généralement occulté par la communauté homosexuelle, notamment parce qu’il est parfois employé comme justificatif et comme moteur de viols dits « correctifs » opérés par les agresseurs bisexuels/homophobes à l’encontre de leurs presque-jumeaux homosexuels qu’ils prétendent « corriger de leur déviance sexuelle ». Dans certains cas dramatiques, un viol se rajoute à l’autre, tout simplement parce que, que ce soit du côté homophobe comme du côté homosexuel (deux camps qui se font miroir et qui n’en forment qu’un, en réalité), le lien de coïncidence entre le désir homosexuel et le viol est à la fois ignoré et causalisé. On peut citer comme exemples de faits divers scabreux (et si rarement analysés !) les viols des individus transsexuels en Amérique du Sud (et ailleurs), ainsi que le tout récent viol « correctif » de la militante lesbienne de 24 ans Noxolo Nogwaza en Afrique du Sud, survenu en mai 2011. Comme le constate Jeanne Broyon et Anne Gintzburger dans leur reportage « Des Filles entre elles » (2010), « les lesbiennes agressées, c’est monnaie courante. » Et cela ne va pas aller en s’arrangeant si on ne fait que constater ce viol dans une victimisation qui transforme à tort la nation lesbienne en martyre de la « domination masculine/homophobe » !

 

Le viol est, pour certains militants LGBT, le trophée ou le fond de commerce qui permettra de se victimiser et donc de gagner tous les combats politiques et économiques (contre la prétendue « domination masculine ») : « Avant, on avait le Sida. Maintenant, on a des psychopathes ou des espions qui peuvent nous violer. » (Xav, l’un des héros homosexuels de la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand) Par exemple, dans le documentaire « Debout ! » (1999) de Carole Roussopoulos, on voit clairement que les femmes féministes, lesbiennes ou non, sont attirées par la « femme violée du bout du monde », afin de se servir d’elle comme « opportunité » pour prouver l’oppression machiste qui les domine/dominerait. : « Les femmes battues, c’était parfait ! Parce que si les femmes étaient battues, c’est bien parce qu’il y avait quelqu’un pour les battre. » (Annie Sugier)

 
 

c) Le cri de la femme violée :

La figure de la femme violée, notamment, revient très souvent, comme si les personnes homosexuelles cherchaient à s’y identifier : cf. la tournée de concerts Fatale (2011) de Britney Spears, etc. « Cette résurgence du thème de l’androgyne à la fin du XIXe siècle est peut-être le revers de l’obsession de la femme fatale. » (cf. l’article « Monsieur Vénus et l’ange de Sodome : L’androgyne au temps de Gustave Moreau » de Françoise Cachin, dans l’ouvrage collectif Bisexualité et différence des sexes (1973), p. 90) ; « Tu n’étais pas contente de me voir pleurer, mais j’éprouvais une tendresse particulière pour la Princesse indienne de Patagonie. Le jour où on l’a fait prisonnière et où la sorcière de la tribu ennemie lui a arraché ses boucles d’oreilles, j’ai trouvé le monde injuste. J’aurais voulu pouvoir voler jusqu’à la Terre de Feu et la reprendre aux mains d’êtres aussi sauvages. Je sais : c’était un feuilleton radiophonique. Mais il me donnait un avant-goût des atrocités à venir. » (Alfredo Arias s’adressant à sa grand-mère, dans l’autobiographie Folies-Fantômes (1997), pp. 157-158) ; etc. Comme je le montre abondamment dans mes travaux, même si bien sûr on ne peut pas dire que toutes les personnes homosexuelles ont été violées, en revanche on peut constater que le fantasme de viol est l’autre nom des désirs homosexuel et hétérosexuel : les icônes d’identification des personnes homosexuelles (pratiquantes ou sur le point de l’être) sont celles de la femme violée cinématographique (plus une chanteuse ou une actrice interprètera ce rôle sur les écrans, plus elle a des chances d’être choisie comme « icône gay ») ou du violeur Superman asexué (le cowboy et toutes les figures donjuanesques de l’Éternel Masculin).

 

Par exemple, dans le documentaire « Francis Bacon » (1985) de David Hinton, Francis Bacon dit être fasciné par les bouches criantes des films d’épouvante. Michael Jackson, quant à lui, a esthétisé ses petits cris aigus en les intercalant dans beaucoup de ses chansons. Gore Vidal, dans ses Mémoires – Palimpseste (1995), raconte comment le cri de l’actrice de film d’épouvante l’habite éternellement : « À la fin de Fall River Legend d’Agnès de Mille, le hurlement de Norma Kaye, au moment où elle se lève au centre de la scène, la robe couverte du sang de ses parents, résonnera toujours dans ma tête comme un vrai cri. » (p. 198) Dans son autobiographie Le Livre pour enfants (2005), Christophe Honoré fait de même quand il parle d’Isabelle Adjani lors d’une émission de radio qu’ils doivent faire ensemble : « Elle m’offre une grimace hurlant la peur, l’angoisse et je la crois, je suis de son côté, dans l’effroi. » (p. 11)

 

Soit parce qu’elles ont vécu un viol réel, soit parce qu’elles ont au moins vécu un effondrement identitaire qui les angoisse et les appelle à vouloir être dominées et être quelqu’un d’autre ( = l’actrice violée sublimée par le cinéma et qui redevient forte en se vengeant), beaucoup de personnes homosexuelles cherchent à s’identifier et à se faire violer par la femme machiste phallique : « Je crois que si les hymnes gays sont souvent interprétés par des femmes, c’est parce qu’on peut tout à fait s’identifier à elles, à leur position d’opprimées. Et opprimées, elles le sont toujours, malheureusement. C’est pour ça qu’on est enclin à s’identifier à une femme qui se défend, qui garde la tête haute. » (Barbie Breakout, dragqueen, interviewé dans le documentaire « Somewhere Over The Rainbow » (2014) de Birgit Herdlitschke, diffusé en juillet 2014 sur la chaîne Arte) ; « C’est des filles qui sont comme des garçons. Elles n’ont pas froid aux yeux. Elles sont fortes. » (Michel Gaubert, idem) ; « Les icônes gays ont souvent un destin tragique. Elles chantent des chansons impressionnantes, excessives, mais elles ont une existence difficiles parce qu’elles vivent constamment sous le regard du public. On entend sans cesse parler d’elles dans les médias. On sait que leur vie amoureuse est un fiasco. Ce sont des vies assez tragiques. Et c’est ce qui les rend attirantes à nos yeux. » (Steve Blame, idem) Par exemple, la chanteuse Madonna, qui est l’égérie gay mondiale le plus connue, a craché le morceau : elle a été violée à l’âge de 19 ans à New York. Idem, dernièrement, avec Lady Gaga, violée elle aussi à 19 ans. Le viol ou l’étiquette de victime justicière que le viol cinématographique ravit les personnes en panne d’identité et orgueilleuses. Je vous renvoie à la partie « Mélodrame » du code « Emma Bovary ‘J’ai un amant !’ » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

d) Le drame intime des personnes homosexuelles est d’être prises pour des objets ou de désirer être objet :

Si on prend le temps d’écouter simplement les personnes homosexuelles, on lit très souvent dans leur propos l’histoire intime d’une exploitation, d’un viol, d’une instrumentalisation consentie : « C’est difficile pour moi d’avoir une vision saine de l’homosexualité. Les hommes que j’ai aimés m’ont toujours abandonné après s’être servis de moi. » (Justin, 34 ans, abusé dès l’âge de 4 ans par son père, son oncle, et son frère aîné, cité dans Ça arrive aussi aux garçons (1997) de Michel Dorais, p. 251) ; « Je suis un bouchon au fil de l’eau, un naufragé qui tente de s’agripper à une bouée de sauvetage, on peut faire de moi ce que l’on veut, je suis prêt à toutes les aventures. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise vie (2005), p. 154) ; « On a tous envie d’être objet. » (un témoin homosexuel cité dans Le Viol au masculin (1988) de Daniel Welzer-Lang, p. 55) ; « Des fantasmes de viol […], moi aussi j’en ai. » (Gilles, idem, p. 131) « Je pense aux photos que je laisse derrière moi. […] Ces photos que je réservais à qui ? Un photographe professionnel ? Oui, et qui me prendrait en main, je n’aurais pas le choix, me dénuderait, exposerait enfin mon corps mince, rose imberbe, ferait de moi un modèle offert et vicieux, une si jeune pute. Évidemment qu’on ne racontera pas au petit frère mon impressionnant potentiel pour devenir idole. » (Christophe Honoré, Le Livre pour enfants (2005), pp. 51-52) ; « J’avais désormais une image. Une étiquette officielle. Un label. Le garçon efféminé. La petite femme. On allait passer sur moi. On allait chaque jour et de plus en plus abuser de moi. » (Abdellah Taïa, Une Mélancolie arabe (2008), p. 28) ; etc.

 

Je vous parlais un peu plus haut de cette étonnante impression d’unité et de « bonheur » que la victime d’un viol trouve dans sa réification sacralisante… même si elle ne s’aperçoit pas qu’elle a été traitée comme un trophée inerte brisé. On retrouve ce réenchantement du viol à travers les mots de Christophe Tison, écrivain racontant comment il en est arrivé à « aimer » son agresseur pédophile parce qu’il a été adoré/détruit par lui : « Didier m’accueillait comme si j’étais l’enfant-roi. » (Christophe Tison, Il m’aimait (2004), pp. 20-21) ; « Je ne me représentais que les plaisirs que ce séjour chez lui m’apportait. Cette liberté d’enfant-roi, d’enfant choisi et chéri. D’enfant qui se décompose et se morcelle doucement. (La peur tirait son fil et me décousait, et me décousait…) » (idem, pp. 49-50)

 

L’esthétisme artistique réifiant altère chez beaucoup de personnes homosexuelles l’impression d’être violées et utilisées… alors que pourtant, c’est souvent le cas.

 
 

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Ai-je déjà été attiré par mes élèves du fait d’être homo ?

Les questions à 1000 euro… Est-ce que, de par mon métier de prof, je représente un danger pour la jeunesse ? Ai-je déjà été attiré par des élèves ? Est-ce que le fait que je parle ouvertement de mon homosexualité ne risque pas de perturber mes classes ? Ne suis-je pas en train de mélanger vie privée et vie sociale, ou de faire un quelconque prosélytisme ? Pour répondre à toutes ces questions, je dirais que parler de sexualité et de ses horizons de sens n’a rien de privé ni d’exhibitionniste : cela concerne tout le monde, les grands adolescents comme les adultes. Ce sont des questions qui doivent cesser d’être tabou. Et d’autre part, que mes élèves se rassurent. Fantasmatiquement, au niveau des désirs, je commence à me connaître, et je sais maintenant que je ne suis pas du tout attiré par les adolescents post-pubères. Pour vous parler franchement, les petits minets imberbes à peine sortis du nid m’emmerdent prodigieusement (je parle au niveau des fantasmes, bien sûr). Comme Jean-Louis Bory, je serais tenté de dire que, si dans cette histoire d’homosexualité il y en a qui pourraient trembler de souffrir mes avances, ce ne sont pas mes élèves… mais uniquement les papas de mes élèves ! Mon désir homosexuel est typiquement narcissique et œdipien (voire incestueux). Donc vous pouvez me confier vos bébés, vos écoliers du primaire, vos collégiens, vos petits boys scout blondinets en colo, et même vos lycéens pas encore mûrs : je ne les toucherai, je pense, jamais.