Médecines parallèles
NOTICE EXPLICATIVE :
Tous des psys du Loft
et des médecins bidon ?
Si vous commencez à nous écouter, nous individus homosexuels, vous remarquerez que nous éprouvons une aversion ou une simple méfiance pour la science, mais que paradoxalement, nous ne jurons que par elle. Dans notre discours – notamment celui des personnes transsexuelles – la croyance aux progrès de la science est quasi absolue. Et à l’intérieur de nos œuvres, nos personnages lorgnent sans arrêt sur les médecins. En critiquant avec virulence la communauté scientifique (cf. je vous renvoie au code indispensable à la compréhension de celui-ci, à savoir « Médecin tué » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels), beaucoup de personnes homosexuelles créent, soit par l’art et le sentiment, soit en vrai, des médecines parallèles dans lesquelles elles reproduisent/détruisent ce qu’elles reprochent (souvent à tort) à la médecine humaniste. C’est ainsi qu’elles finissent bien souvent par devenir en partie leur propre caricature de la science adulée-méprisée. En somme, la majorité des personnes homosexuelles (et leurs suiveurs gay friendly) cherchent à devenir des scientifiques dans le mauvais sens du terme, à savoir des savants fous de laboratoire, des thérapeutes de comptoir, des médecins de seconde zone usant de méthodes peu orthodoxes (hypnose, voyance, médecine verte, massages, clonage, etc.). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que beaucoup d’auteurs homosexuels transforment le psy en être lubrique cachant ses appétits sexuels derrière le masque de la rigueur scientifique et de la compassion du médecin pour le patient, parce qu’ils projettent bien souvent sur lui leurs propres fantasmes. Ils reprennent le jargon universitaire à leur compte, puis attribuent le fanatisme de leurs recherches (en génétique notamment) à leurs homologues scientifiques. Par exemple, leur tentative pour prouver scientifiquement que l’homosexualité est normale et naturelle engendra l’argument du gène récessif qui fit le cauchemar de la communauté homosexuelle pendant la Seconde Guerre mondiale. Au fond, beaucoup de personnes homosexuelles détestent la science parce qu’elle leur renvoie une dictature qu’elles exercent parfois elles-mêmes sur les corps sous l’excuse du progrès scientifique (chirurgie esthétique, fécondation in vitro, opération de changement de sexe, GPA, etc.).
N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Médecin tué », « Frankenstein », « « Plus que naturel » », « Jardins synthétiques », « Infirmière », « Folie », « Se prendre pour Dieu », « Se prendre pour le diable », « Attraction pour la « foi » », « Différences physiques », « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu », « Bobo », « Fresques historiques », « Clonage », « Amoureux », « Ennemi de la Nature », « Adeptes des pratiques SM », « Faux intellectuels », « Faux révolutionnaires », « Milieu psychiatrique », à la partie « Homophobes repentants » du code « Mère gay friendly », à la partie « Sorcières » dans le code « Destruction des femmes », et à la partie « Amour sorcier » du code « Désir désordonné », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.
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FICTION
a) La prétention d’être scientifique :
Beaucoup de héros homosexuels, pour justifier leur désir homosexuel et les actes (amoureux et génitaux) qu’il les engage à poser, le présentent comme « naturel », « scientifique » et indiscutable (cf. je vous renvoie au code « « Plus que naturel » » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Leurs sympathisants hétéros gay friendly, notamment des médecins et des thérapeutes, soucieux de se racheter une bonne image auprès d’eux, ou de les sortir du marasme sentimental dans lequel leurs amis homos s’engluent, vont généralement dans le sens de cette sincérité et de cette croyance en la scientificité de l’homosexualité. Dans les fictions homo-érotiques, on voit de plus en plus de « psys du Loft » compréhensifs, de psychiatres de comptoir soucieux d’afficher une image d’ouverture et de tolérance que n’auraient pas eues leurs poussiéreux aïeux, et de s’adresser au personnage homosexuel en des termes rassurants pour défendre la normalité de son/leur homosexualité et combattre « l’Hydre de la Culpabilité » ou de « l’Homophobie intériorisée » ! Par exemple, dans le film « Elena » (2010) de Nicole Conn, Tyler Montague, le conseiller conjugal gay friendly, écrit des livres sur la théorie bisexuelle des « âmes jumelles », se définit lui-même comme le « gourou de l’amour »), et sert d’entremetteur entre Elena et Peyton. Dans le film « 22 Jump Street » (2014) de Phil Lord et Christopher Miller, le psychologue scolaire du campus universitaire, particulièrement gay friendly, essaie d’unir, mielleusement mais artificiellement quand même, les deux potes Jenko et Schmidt pendant la consultation. Dans le téléfilm « Baisers cachés » (2017) de Didier Bivel, Catherine, la prof de maths, est lesbienne.
Dans le film « Imagine You And Me » (2005) d’Ol Parker, la jeune Hache, la petite sœur de Rachel l’héroïne lesbienne, justifie l’« amour » que vit sa grande sœur avec Luce, par l’astro-physique : elle fait, à l’école primaire, des exposés publics de mécanique quantique et d’astronomie sentimentalisés… et c’est à ce moment-là que dans l’obscurité du public le « couple » Rachel/Luce commence à se former. La bouche sort de la bouche des enfants « savants » ! Et en plus, face au futur « couple » lesbien, elle se met à « philosopher » en réduisant l’amour à une équation astrale et chimique : « Que se passe-t-il quand une force qu’on ne peut pas arrêter rencontre un objet qu’on ne peut pas bouger ? » Même Heck, le mari de Rachel, finit par s’avouer vaincu par la « force » que ressent sa femme pour une autre : « Ce que tu ressens en ce moment, c’est cette force qu’on ne peut pas arrêter. »
Ensuite, un certain nombre de héros homosexuels se targuent d’être d’éminents scientifiques… et même des soignants plus puissants, plus humains, plus désintéressés, que les médecins traditionnels (cf. je vous renvoie au code « Médecin tué » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) ! : « Ici, la Science c’est moi ! » (la Reine dans la pièce La Pyramide ! (1975) de Copi) ; « Je suis scientifique. » (le très efféminé Dr Frankenstein Junior, dans la comédie musicale Dr Frankenstein Junior (1974) de Mel Brooks) ; « J’écris des articles pratiquement scientifiques. » (la figure maniérée d’Anton Tchekhov, dans la pièce Anton, es-tu là ? (2012) de Jérôme Thibault) ; « À seize ans, moi, j’étais encore seulement un fils. Le fils d’un très grand médecin, le saviez-vous ? L’agrégation, la faculté, l’Académie, la faculté, l’Académie, toutes ces choses en imposent à un fils. Je me souviens d’une ombre portée sur nos vies, d’un homme plus grand que nous tous, sans que nous sachions véritablement si cette grandeur était une aubaine ou un malheur pour notre futur d’homme. Aujourd’hui, avec le recul, sans doute, je dirais que notre indifférence réciproque était plus feinte que réelle, et qu’au final j’aurai appris de mon père. » (Vincent, le jeune héros homosexuel du roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, p. 54) ; « Au fin fond d’une forêt, des personnes sont enfermées dans un hôpital psychiatrique. […] Elles se sont inventées une nouvelle thérapie. » (la voix-off du début de la comédie musicale Les Divas de l’obscur (2011) de Stéphane Druet)
Par exemple, dans la pièce Mon frère en héritage (2013) de Didier Dahan et Alice Luce, Gabriel est gay, et il est la caricature du psychanalyste puisqu’il fait plein de métaphores freudiennes chiantes qui saoulent tout le monde. Dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha, Gabriel, le héros efféminé et émotif, qui suit une thérapie psychanalytique de plus de 10 ans avec sa psychanalyste, joue à se soigner lui-même par un jargon « psy » ronflant et ridicule : il recherche « une psychologie autrichienne de l’amour ». Dans le film « Imitation Game » (2014) de Mortem Tyldum, Alan Turing, le mathématicien homosexuel, est présenté comme un génie (« un prodige des mathématiques ») qui aurait sauvé 14 millions de vies pendant la Seconde Guerre mondiale parce qu’il a décodé Enigma, un programme de guerre nazi. Dans la pièce La Princesse Rose et le retour de l’ogre (2019) de Martin Leloup, le Prince est campé par un jeune homme peu sûr de sa masculinité, terrorisé par sa Princesse, et qui laisse deviner qu’« entre deux patient » son métier de dentiste le passionne davantage que celui de chevalier : « Je ne peux pas être chevalier. Je veux être dentiste ! »
Dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, Ronit, l’héroïne lesbienne, prétend se substituer à sa thérapeute, et inverse un court instant les rôles : « Le Docteur Feingold a prétendu que cette obsession vestimentaire trahissait une activité de substitution. Elle m’a dit que j’avais besoin de ritualiser mon chagrin et que cette manie de choisir des vêtements remplaçait dans mon esprit une expression plus profonde de la perte. J’ai eu envie de lui demander : ‘Et vous, docteur Feingold, vous vous êtes déjà interrogée sur ce que cela signifie, pour vous, de vivre seule dans un appartement blanc immaculé, avec un chat impeccable que vous appelez Bébé ?’ Bien sûr, je me suis contentée de l’écouter et d’acquiescer, car je n’avais aucune envie d’entamer de nouveau une conversation sur mon agressivité, mes limites et ma tendance à ‘résister au processus’, comme elle dit. Ce qu’elle ignore, c’est que ma vie est bâtie sur cette résistance au processus. » (p. 67)
Certains héros homosexuels se piquent au jeu de l’analyse et de l’auto-analyse psychanalytique, pensent qu’une personne n’a la légitimité de parler d’un sujet de société qu’à partir du moment où elle est « en analyse », ou bien si elle a reçu une « formation ». Sinon, elle n’a pas l’habilitation ! On les voit faire des interprétations tirées par les cheveux, saupoudrées de jargon scientifique et de mots ronflants qu’apparemment ils ne comprennent pas. Ils recrachent scolairement du concept : « Polly [l’héroïne lesbienne] dit que la sexualité, de toute façon c’est dans la tête, et en réinterprétant Freud, ‘On est tous des bisexuels qui faisons des choix.’ » (Mike, le narrateur homosexuel du roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, pp. 67-68) ; « Depuis qu’elle est en analyse, elle voit des doubles sens partout. » (Nina parlant de son amante Lola, dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio) ; « Pourquoi tu ne vas pas raconter ça sur le divan d’un psy ? » (Vera s’adressant à Nina, idem) ; etc. Par exemple, dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz, la mère de Howard, qui, au départ, était homophobe, organise, le jour du mariage hétérosexuel de son fils gay, une sorte de cercle d’alcooliques anonymes improvisé, dans l’église avec les vieilles qui restent.
La science, c’est parfois le terrain professionnel officiel du protagoniste homosexuel. Il est soit étudiant en médecine ou en « psycho », soit infirmier, médecin, ou dans les métiers de la santé : cf. le film « Pharmacien de garde » (2001) de Jean Veber, la pièce La Muerte De Mikel (1984) d’Imanol Uribe (avec le pharmacien Mikel), la B.D. Anarcoma (1983) de Nazario (avec les frères Herr), le film « L’Art de la fugue » (2014) de Brice Cauvin (avec Adar, le héros homosexuel psychologue), la B.D. Le petit Lulu (2006) de Hugues Barthe (avec Hugues, le pharmacien gay), le film « Dus Gezginleri » (1994) d’Atif Yilmaz, le film « Ich Möchte Kein Mann Sein » (1933) de Reinhold Schünzel (avec le médecin gay), le film « Dentist On The Job » (1961) de C.M. Pennington-Richards, le film « Quatre garçons dans le vent » (1964) de Richard Lester, le film « Le Fouineur » (1969) d’Ettore Scola, le film « Kaput Lager, Gli Ultimi Giorni Delle SS » (1976) de Luigi Batzella, le film « Fraulein Doktor » (1968) d’Alberto Lattuada, le film « Frontière chinoise » (1965) de John Ford (avec la doctoresse lesbienne), le film « Garçon stupide » (2003) de Lionel Baier, le film « Que Me Maten De Una Vez » (1986) d’Óscar Blancarte, le film « Simon » (2004) d’Eddy Terstall (avec le dentiste homo), le film « Delitto Al Blue Gay » (1984) de Bruno Corbucci, le film « Thulaajapoika » (« Le Fils prodigue », 1992) de Veikko Aaltonen (avec le psychiatre gay), le film « Lapsia Ja Aikuisia » (« Production d’adultes », 2004) d’Aleksi Salmenpera (avec la doctoresse bisexuelle), le film « Liv Og Dod » (« Vie ou mort », 1980) de Svend Wam et Peter Vennerod, le film « Hotel Y Domicilio » (1994) d’Ernesto del Rio, le film « Une Vie normale » (1996) d’Angela Pope, le film « Charlotte For Ever » (1986) de Serge Gainsbourg, le film « The Clinic » (1983) de David Stevens, le film « Karakara Hiraku » (1992) de Joji Matsuoka, le film « Dead Ringers » (« Faux-semblants », 1988) de David Cronenberg, la pièce Les Z’héros de Branville (2009) de Jean-Christophe Moncys (avec le Dr Gay), le sketch « J’vous ai pas raconté ? » de Franck Dubosc (avec l’orthopédiste lesbienne), le film « Homme au bain » (2010) de Christophe Honoré (avec Omar, étudiant en psycho), le film « Chloé » (2009) d’Atom Egoyan (avec Catherine, la gynécologue lesbienne), le film « Le Vilain » (2008) d’Albert Dupontel (avec le médecin homosexuel refoulé), le film « Le Refuge » (2010) de François Ozon (avec Serge, le médecin gay), le film « Patrik, 1.5 » (« Les Joies de la famille », 2009) d’Ella Lemhagen (avec Göran, le médecin homo), la pièce Psy (2009) de Nicolas Taffin (avec Mr Baubois, le psy gay), le film « Toute première fois » (2015) de Noémie Saglio et Maxime Govare (Antoine, le futur « mari » de Jérémie, est titulaire de chirurgie dans un grand hôpital parisien), le film « Je te mangerais » (2009) de Sophie Laloy (avec Emma, étudiante en médecine), le film « Cachorro » (2004) de Miguel Albaladejo (avec le dentiste homosexuel), la pièce Y a comme un X (2012) de David Sauvage (avec le psy joué par le père transsexuel M to F), le film « Parfum d’Yvonne » (1993) de Patrice Leconte (avec le Dr René Meinthe, s’exclamant : « Je suis la reine des Belges ! »), le film « MASH » (1970) de Robert Altman (avec le dentiste homo), la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand (avec Hugues, le médecin gay, ainsi que son ami psychiatre Guy, secrètement amoureux de lui), etc. Par exemple, dans énormément de films de Pedro Almodóvar, on retrouve la figure récurrente du faux/beau médecin, du docteur-acteur « folle », ou bien du duo (homosexuel ?) de deux infirmiers. Dans le film « Il Compleanno » (2009) de Marco Filiberti, Mateo est psychanalyste. Dans le film « Bug Chaser » (2012) de Ian Wolfley, Ian, l’ex de Nathan, est infirmier. Dans le film « Verde Verde » (2012) d’Enrique Pineda Barnet, Alfredo est médecin. Dans la pièce Mon frère en héritage (2013) de Didier Dahan et Alice Luce, Gabriel, le psy d’Alex, est homo. Dans le film « Yossi » (2012) d’Eytan Fox, Yossi Hoffman, le héros homo, est devenu cardiologue. Dans le film « Dallas Buyers Club » (2014) de Jean-Marc Vallée, Ron, le héros hétérosexuel sidéen, dit, par provocation (mais aussi parce qu’il a identifié en lui une véritable homosexualité) que le docteur Sevard bande pour lui.
b) Les détournements de la science :
L’appartenance du héros homosexuel au monde scientifique est peut-être bien inscrite noir sur blanc sur son badge… mais dans les faits, on constate bien souvent qu’il joue de son statut de médecin ou de docteur pour laisser libre cours à ses fantasmes les plus incontrôlés et les plus fous. Dans son esprit, il semble avoir substituer la technique (celle qui peut servir l’Homme tout comme L’asservir) à la science (celle qui n’est là que pour servir, guérir et soulager l’Homme). Cette confusion entre science et technique l’entraîne généralement dans une quête effrénée de la performance, du profit, de la productivité, de la consommation, du pouvoir. « Time is money. » (Caroline, la psy avare, dans la pièce Drôle de mariage pour tous (2019) de Henry Guybet).
b) 1 – Le détournement de la science par le sentiment et le génital : l’Amour réduit à une solution chimique ; le sexe envisagé comme une expérience scientifique
Il semblerait pour commencer que le héros homosexuel médecin ait souvent du mal à garder sa place de thérapeute, et ne respecte pas la bonne distanciation avec son patient. Par exemple, dans le roman Pavillon noir (2007) de Thibaut de Saint Pol, les rapports entre patient et médecin sont inversés et beaucoup trop affectifs : « Cyril va me rendre folle. » (p. 193) déclare la psychiatre par rapport au garçon qu’elle suit en thérapie criminologique. Dans le film « Shortbus » (2005) de John Cameron Mitchell, Sofia la psy/conseillère conjugale gay friendly, finit par être déboussolée dans sa propre vie sexuelle par le couple homosexuel qui la consulte. Dans le film « C’est une petite chambre aux couleurs simples » (2013) de Lana Cheramy, Mister Jones, vieux peintre aveugle et admirateur de Van Gogh, est soigné dans une maison de repos par Bob, un jeune infirmier dont il tombe amoureux. Dans le film « Sexual Tension : Volatile » (2012) de Marcelo Mónaco et Marco Berger, un homme, au bras dans le plâtre, se fait laver par la sensuelle éponge d’un infirmier. Dans la pièce Et Dieu créa les fans (2016) de Jacky Goupil, Tom, le fan de Mylène Farmer, se voit conseiller par son médecin de « persévérer » pour sortir de sa pathologie. Il entend dans cet encouragement une invitation à le draguer.
Pièce « Une Visite inopportune » de Copi
Pis encore. Il verse quasi systématiquement dans la compassion amoureuse. Très souvent les fictions homo-érotiques font s’entrelacer le docteur et son malade. Il n’y a qu’un pas entre le divan et le lit, entre le billot et la chambre à coucher ! : cf. la série gay espagnole Physico-Chimie, le film « La Sonde urinaire » (2006) de Camille Ducellier, la pièce Les Homos préfèrent les blondes (2007) d’Eleni Laiou et Franck Le Hen (avec Romu, le héros homosexuel, amoureux de son psy), le roman Adrienne Mesurat (1927) de Julien Green (avec Adrienne, l’héroïne, amoureuse du Dr Maurecourt), le film « The Children’s Hour » (« La Rumeur », 1961) de William Wyler (avec Karen et le Dr Joe Cardin), le film « Mauricio mon amour » (1977) de Juan Bosch, le film « Psy » (1980) de Philippe de Broca, la pièce Confidences (2008) de Florence Azémar (avec Stéphane amoureux de son médecin), la pièce Je suis fou de ma psy ! (2007) de Chris Orlandi, le film « Anne Trister » (1985) de Léa Pool (avec Anne amoureuse de sa psy), le film « Parisian Love » (1925) de Louis Gasnier (avec le savant gay), le film « Doctors In Love » (1960) de Ralph Thomas, le film « ¿ Qué He Hecho Yo Para Merecer Esto ? » (« Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? », 1984) de Pedro Almodóvar (avec le dentiste homo et pédophile), la pièce Fixing Frank (2011) de Kenneth Hanes (avec Frank, le héros homosexuel, en couple avec un psychiatre, le Dr Baldwin), la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi (avec l’infirmière amoureuse du professeur Vertudeau), la pièce Tante Olga (2008) de Michel Heim (avec le fantasme très marqué du beau médecin Yuri), etc.
Par exemple, dans le film « A Single Man » (2009) de Tom Ford, George tombe amoureux de son « infirmier » Kenny. Dans le film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin, Emory est tombé amoureux de son camarade d’enfance Peter, qui, une fois adulte, devient dentiste ; pour le draguer dans son cabinet et avoir le plaisir d’être consulté, il va s’inventer des faux problèmes dentaires. Dans le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, Adam soigne et lave Lukacz, qui va tomber amoureux de lui. Dans le film « Die Frau » (2012) de Régina Demina, la femme-fillette anonyme embrasse sa soignante. Dans la pièce Copains navrants (2011) de Patrick Hernandez, Nono se « fait sauter » par son psy « à chaque séance, deux fois par semaine ». Dans le roman J’apprends l’allemand (1998) de Denis Lachaud, Ernst dit « bien aimer » (pp. 15-16) son ophtalmo et veut lui offrir un collier de perles, ce qui n’est pas du tout du goût de son père. Dans le film « Dis bonjour à la dame » (1976) de Michel Gérard, Rémi Laurent, un adolescent, met la main sur la cuisse de son psy. Dans le roman Pavillon noir (2007) de Thibaut de Saint Pol, la psychiatre (double androgynique de Cyril) est amoureuse du professeur G. Dans la pièce Les Monologues du pénis (2007) de Carlos Goncalves, Sylvain, le personnage homosexuel, tombe amoureux de son médecin. À la fin du film « Le Zizi de Billy » (2003) de Spencer Lee Schilly, Billy, le héros homosexuel, sort avec le médecin qui l’a soigné. Dans la pièce Moi aussi, je voudrais avoir des traumas familiaux… comme tout le monde (2012) de Philippe Beheydt, Eddy se fait draguer par un médecin qui lui fait une « petite moue » pleine de sous-entendus. Dans le film « Laberinto De Pasiones » (« Le Labyrinthe des passions », 1983) de Pedro Álmodóvar, la psychanalyste s’occupe de Sexi uniquement pour coucher avec le père de celle-ci, lui-même scientifique. Dans le téléfilm Fiertés (2018) de Philippe Faucon, diffusé sur Arte en mai 2018, Jérémie Elkaïm, l’interne à l’hôpital, est homosexuel et le futur amant de Victor. Dans le film « Pédale dure » (2004) de Gabriel Aghion, Darling, le héros travesti M to F, presse les couilles du médecin hétéro qui vient à domicile chez Marie.
Dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio, Lola sort avec sa prof de physique quantique Vera qui construit méticuleusement autour d’elle une relation tout à fait chimique et intellectuelle. Nina, la maîtresse de Lola, décrit la « mécanique des fluides » circulant entre Lola et Vera. Vera fait le parallèle entre les aventures « extraconjugales » de Lola avec Nina et sa propre activité professionnelle « scientifique » : « Pendant que tu t’enverras en l’air, moi je regarderai sauter les neutrons. » Quant à Nina, elle tombe amoureuse d’un dentiste, Pierre-André, qui la flatte sur ses faux talents artistiques.
Dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit, le Dr Katzelblum suit en thérapie un couple gay Benjamin/Arnaud parce qu’Arnaud ne s’assume pas comme homo. Et il se trouve que ce thérapeute est homosexuel et va, pour sauver ses patients du naufrage « conjugal », coucher avec Arnaud pour le guérir de l’hétérosexualité. Il leur soumet l’échelle de Kinsey pour les forcer à l’homosexualité. Il élabore une thérapie intrusive, le « Deep in your house », par laquelle il cherche à vivre un couple homosexuel à trois. Il finira même par coucher avec Arnaud à l’insu de Benjamin.
« Anna envoyât chercher le docteur. Trouvant que la petite n’avait rien de grave, il prescrivit une dose de poudre de Grégoire. Stephen [l’héroïne lesbienne] avala l’odieux breuvage sans un murmure, presque comme si elle l’aimait ! » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 38) ; « Moi, j’l’ai su dès la naissance, quand je suis tombé amoureux de l’infirmier. » (Samuel Laroque évoquant son premier éveil homosexuel, dans son one-man-show Elle est pas belle ma vie ?, 2012) ; « On va faire l’amour dans ton cabinet. » (Fabien s’adressant à son amant et médecin Hugues, dans la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand) ; « Le premier homme avec lequel Romain franchit le gué fut le psy. » (Françoise Dorin, Les Julottes (2001), p. 97) ; « Le psychanalyste l’excite, voilà pourquoi Irena refuse de se soumettre au traitement. » (Molina, le héros homosexuel du roman El Beso De La Mujer-Araña, Le Baiser de la Femme-Araignée (1979) de Manuel Puig, p. 35) ; « C’est des années plus tard que je me suis demandé si je n’avais pas un peu extrapolé la situation. » (Jarry, le héros pourtant homosexuel, disant son émoi par rapport à l’infirmière, dans le one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman) ; « J’adore mon dentiste. » (Benjamin, un des héros homosexuels de la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade) ; « Il est mignon ce chirurgien. » (Jefferey Jordan, mimant la réaction du bébé découvrant son gynéco à sa naissance, dans son one-man-show Jefferey Jordan s’affole, 2015) ; etc.
La psychanalyse ou la médecine sont substituées par le mot « amour » (… et surtout, en acte, par le sexe sans Amour !). Que le héros homosexuel soit concrètement diplômé de médecine ou non, peu importe. Avec son amant, ils font comme s’ils vivaient une expérience (scientifique, fusionnelle) ! « À défaut d’une infirmière, je me suis rabattue sur Chloé. » (la P’tite Blan dans la B.D. Coming soon : naissance d’une déviante (2009) de Blandine Lacour et Galou) ; « Jouis tout ce que tu confesses. […] Il glisse l’abdomen dans l’orifice à moi. […] Confidence sur divan, on se psychanalyse. […] Jouis tout ce que tu sussures. » (cf. la chanson « L’Âme-stram-gram » de Mylène Farmer) Par exemple, dans la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphan Druet, Roberto/Octavia, le héros transsexuel M to F, conseille à Elsa de suivre une analyse, et s’improvise psychothérapeute de charme : « J’ai étudié la psychothérapie pendant des années. Tu t’allonges ? » Dans la nouvelle « La Chambre de bonne » (2010) d’Essobal Lenoir, la pénétration anale de la sodomie homosexuelle est euphémisée par la métaphore comparative de l’insertion du thermomètre dans l’anus : « Je pris donc sa température. » (p. 59).
Sans être nécessairement médecin de métier, le libertin homosexuel fictionnel s’achète une conscience par le biais de la science, présente un joli certificat médical en espérant qu’on ne voit pas que la signature en bas est bidon, qu’il est nu sous sa blouse blanche, que son discours est beaucoup plus sentimentaliste que réellement fonder sur les faits, que le docteur qu’il joue à être n’est en réalité qu’un prétexte de plus (le serment d’hypocrite !) pour aller baiser à droite à gauche sans (se) l’avouer (« Je ne drague pas et je ne nique pas ! : je vis juste une Expérience sensible, une Exploration sensuelle ; c’est pour une étude sociologique… » soutient-il sincèrement) : « Ce serait pas le tromper : ce serait de l’expérimentation. » (Ninette parlant de son mari à son amante et amie Rachel, dans la pièce Three Little Affairs (2010) d’Adeline Piketty) ; « Laisse-toi cueillir âme sœur exquise, à la marge, limite, banquise, le désordre des sens, le démon qui te pique, comme la nature chimique de mon attachement à toi. » (cf. la chanson « Les Fleurs de l’interdit » d’Étienne Daho) ; « Un homme pense en général au sexe 13 fois par jour… oui, je suis anthropologue… » (la femme à propos de son ex-compagnon Jean-Luc converti en homo, dans la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier) ; « Oui, j’étudie les hommes depuis des années, professionnellement… un peu comme une prostituée en somme… » (idem) ; « Les rapports sexuels augmentent la production d’adrénaline et de cortisol, deux stimulants de la matière grise : le sexe rend donc plus intelligent ! C’est scientifique. » (le Comédien dans la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour (2011) de Jérémy Patinier) ; « J’adore toutes les expériences. Surtout les sorties de corps. » (le compositeur homosexuel Érik Satie dans la pièce musicale Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou) ; « Je décidai de devenir le polytechnicien de l’amour. » (Eugène, le héros homosexuel du one-man-show Un Barbu sur le net (2007) de Louis Julien) ; etc.
Souvent, le héros homosexuel élabore une théorie scientifiste jargonnante d’intensification de la libido humaine, de guérison de l’être par l’orgasme et le bien-être. Par exemple, dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, Johnny a peur de s’abandonner sur l’eau, et donc son amant Romeo lui apprend à faire « la planche » dans la mer : « Pour flotter, il faut lâcher prise et tout oublier. » On retrouve la même scène d’atelier sophrologique dans le film « W imie… » (« Aime… et fais ce que tu veux », 2014) de Malgorzata Szumowska, avec Adam qui apprend à son futur amant Lukacz à ne pas avoir peur de l’eau.
À entendre le personnage homosexuel, il « aime » comme il fait un calcul mathématique (on pourrait tout à fait parler, dans son cas, d’« algèbre du désir »), comme il crée un parfum. Il « fait l’amour » comme il mènerait une opération délicate : avec la froideur et la précision d’un chirurgien de laboratoire. Bip… Bip… Bip… Gants… Vaseline… Menottes… Caresses… Succion… Pénétration… Objectif : atteindre le point G ! … et, au fond, transformer l’amant et lui-même en objets sacrés. « Je veux poser sur le papier la résolution définitive que j’ai prise hier soir : tout mettre en œuvre pour accéder au plaisir que je prends à la compagnie des femmes. Tout combiner des situations, utiliser les sentiments des autres pour accéder au charnel et à ses paroxysmes. Le seul espace où je me sente appartenir au monde des vivantes, quand l’esprit disparaît enfin devant les sensations du corps. » (Alexandra, l’héroïne lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 26) ; « Je revins à son ‘principal’ [comprendre : le clitoris] avec une lenteur et une précision que je voulais parfaites. […] De nouveau j’approchai ma bouche de son ‘principal’ et repris le travail que tout à l’heure j’avais commencé. » (idem, pp. 200-201) ; « Après l’avoir laissée [l’amante] dans le bâtiment Puchkine, je sentis mon cœur déborder d’un savoir que je ne sus pas identifier sur-le-champ. J’avais tant de fois imaginé ce qu’avait dû ressentir Newton quand la pomme lui était tombée sur la tête, lui révélant brusquement les lois de l’attraction universelle. […] J’aurais aimé qu’il y ait eu un objet tout simple comme une pomme, quelque chose de palpable que je pourrais observer de près et tenir en main, humer et mordre. » (Anamika, l’héroïne lesbienne, étudiante particulièrement forte dans les matières scientifiques, dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 11) ; « Toute personne censée comprendre le calcul différentiel et intégral, et la dérivation des formules sur la force centrifuge, devrait être autorisée à avoir des relations amoureuses, pensai-je. » (idem, p. 19) ; « Je regrettai de ne pas avoir prêté plus d’attention aux détails techniques dans le livre de Vatsyayana. » (idem, p. 60) ; « Dans le car qui me ramenait chez moi, je décidai que trois était le chiffre parfait. Avec deux liaisons, on était écartelé entre deux choix simples. Il y avait là quelque chose de linéaire. J’étais en train de lire un livre en vogue sur la théorie du chaos, d’après lequel le chiffre trois impliquait le chaos. Je désirais le chaos parce que grâce à lui je pourrais créer mon modèle personnel. Je regardais les beaux objets fractals illustrant le volume et voyais Sheela, Linde et Rani [les trois amantes simultanées d’Anamika] dans l’un d’eux, s’amenuisant au fur et à mesure, le motif se répétant à l’infini. Je refermai le livre, convaincue d’avoir choisi la façon de mener ma vie. Le chaos était la physique moderne, c’était la science d’aujourd’hui. » (idem, pp. 64-65) ; « La physique, c’est faire l’amour. » (idem, p. 96) ; « Même à la piscine, le chlore sentait bon. Puissions-nous trouver un jour, le dosage de ce mélange chimique, qui une fois injecté, nous maintiendrait amoureux toute la vie, dans cet état second où tout paraît si beau. » (Bryan s’adressant à son amant Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 98) ; « Pourquoi mon cœur, qui n’a pas d’yeux, s’agite-t-il autant quand je te croise […] ! Quelle réaction chimique déclenche cette agitation ? » (Bryan s’adressant à son amant Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 306) ; « Quand est-ce qu’on refait l’amour ? On le réinvente maintenant comme à chaque fois. L’amour est le facteur exponentiel des corps. On se multiplie l’un l’autre. Rien de tout ça ne nous a été transmis, appris. Tout ça on l’avait dedans. » (cf. la pièce Mon cœur avec un E à la fin (2011) de Jérémy Patinier, pp. 18-19) ; « L’esprit fort est le roi. Il règne ainsi sur la matière. » (cf. la chanson « Méfie-toi » de Mylène Farmer) ; etc.
« Aie confiancccce » dans le film « Le Livre de la Jungle » de Walt Disney
Sans le vouloir, car son esprit d’esthète romantique le lui interdit, le héros homosexuel traite ses amants comme des souris de labo, sur lesquelles il va pouvoir tester sa culture (« sa » science !), sa sincérité et son pouvoir de séduction. On le voit parfois enrouler/enrôler son patient-compagnon (qu’il a préalablement anesthésié avec des drogues et des mots doux) dans son corps de serpent par la voie de la séduction et de l’hypnose (cette animalisation diabolisante ne doit pas nous paraître excessive, d’autant plus quand on pense que l’héraldique de la médecine est le caducée !). On retrouve beaucoup d’hypnotiseurs dans les œuvres homo-érotiques : cf. le roman The Jungle Book (Le Livre de la Jungle, 1894) de Rudyard Kipling, le film « Adam et Steve » (1995) de Craig Chester, le film « Abre Los Ojos » (« Ouvre les yeux », 2002) d’Alejandro Amenábar, le film « Les Enfants terribles » (1949) de Jean-Pierre Melville (avec Élisabeth hypnotisant son frère Paul), le film « Ô Belle Amérique ! » (2002) d’Alan Brown (avec Brad, le héros homosexuel qui pratique l’hypnose), la série Dante’s Cove (saison 2, 2006) de Michael Costanza (avec le personnage de Grace), le film « Suddenly Last Summer » (« Soudain l’été dernier », 1960) de Joseph Mankiewicz (avec les séances d’hypnose de Catherine), le film « Dormez, je le veux ! » (1997) d’Irène Jouannet, le film « Cat People » (« La Féline », 1942) de Jacques Tourneur, le vidéo-clip de la chanson « Monkey Me » de Mylène Farmer (avec le loup envoûtant le Petit Chaperon Rouge), le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde (les yeux de Dorian Gray sur Lord Henry), etc. « Aies confianccce. » (Doris, l’héroïne lesbienne s’adressant à sa servante, Peggy, en chantant la fameuse chanson du « Livre de la Jungle », en l’hypnotisant, dans la pièce Doris Darling (2012) de Ben Elton) Par exemple, dans la biopic « Yves Saint-Laurent » (2014) de Jalil Lespert, on assiste à un spectacle d’hypnotiseur de Karl Lagerfeld qui manipule son amant Jacques à distance et le transforme en tigre soumis, devant un public de dandys décadents. Dans le film « Lilting » (« La Délicatesse », 2014) de Hong Khaou, Richard fait des massages de front relaxants à son amant Kai. Dans le roman The Girl On The Stairs (La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh), le Docteur Mann met de la drogue dans le café de Jane, l’héroïne lesbienne, pour l’endormir (p. 183)/
Le jeu d’hypnose se retourne presque systématiquement contre le héros homosexuel, littéralement pétrifié/réifié par le regard et la voix de son amant : « La nuit, je m’imaginais hypnotisé, épinglé dans ses collections, entre un papillon et une mygale. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « La Carapace » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 14) ; « Il faut que je ferme les yeux. » (Charlène Duval, le travesti M to F, opposant théâtralement une résistance à un amant captivant, dans son one-(wo)man-show Charlène Duval… entre copines, 2011) ; « On dirait qu’il t’a hypnotisé ! » (Jean-Henri s’adressant à son camarade homo Jean-Jacques à propos de l’amant de ce dernier, Jean-Marc, dans la pièce Les Virilius (2014) d’Alessandro Avellis) ; « Le père Walter leva la main droite et il redevint l’illusionniste qui avait hypnotisé les fidèles pour leur faire croire que leur dieu était parmi eux. » (Jane, l’héroïne lesbienne du roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 209) ; « Sa voix était douce et hypnotique. » (Jane parlant du Dr Mann, idem, p. 227) ; etc.
b) 2 – Le détournement de la science par l’humour et le jeu :
Film « Taxi Zum Klo » de Frank Ripploh
La « science » que le héros homosexuel met en place se réduit souvent à un jeu de rôles, de séduction, où l’enjeu n’est pas tant le combat contre la souffrance et en faveur de la vie, mais plutôt une stratégie ludique de conquête de l’amour et de sa soi-disant « légèreté », une mise en scène adolescente : « À dix ans, je jouais les infirmières avec Laurence. » (Nathalie Lovighi dans le spectacle de scène ouverte Côté Filles (2009) au Troisième Festigay du Théâtre Côté Cour) Par exemple, dans le roman Courir avec des ciseaux (2007) d’Augusten Burroughs, Augusten, le jeune héros homosexuel, veut devenir « star, ou docteur, ou coiffeur ». Dans la pièce Une Cigogne pour trois (2008) de Romuald Jankow, Sébastien fait semblant de psychanalyser Paul, son amant. Dans la pièce Une Nuit au poste (2007) d’Éric Rouquette, Diane s’improvise psychanalyste avec sa compagne de cellule Isabelle.
Beaucoup d’auteurs homosexuels, sur le mode comique mais parfois aussi sur un registre beaucoup plus sérieux, nous proposent des théories « scientifico-artistiques » fondées sur l’inversion parodique et le détournement libertin : cf. le roman Sperme (2011) de Jacques Astruc (avec la typologie des différents spermes), la nouvelle « La Déification de Jean-Rémy de la Salle » (1983) de Copi (avec la fausse histoire anthropologique de la tribu des Boludos), la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot (avec la catégorisation diversifiée de toutes les sortes de pénis existant sur Terre), la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier (avec le panorama des zizis du monde entier que dévoile la Comtesse Conule de la Tronchade dans son Musée des bites), etc.
En dépit des apparences, le médecin gay friendly et pro-gaynie le sexe et la sexuation en mettant en avant le génital et la métaphore ; il tue le Sens et l’Humain en privilégiant les Sens ; il décorporéise le vivant en le regardant/disséquant de trop près au scalpel ou au microscope. Par exemple, dans le film « Morrer Como Um Homem » (« Mourir comme un homme », 2009) de João Pedro Rodrigues), le docteur Francisco, pour employer une image simple et illustrante, présente l’opération du changement de sexe M to F comme un simple pliage de papier. Une cocotte en papier, quoi !
L’homosexualité est (au départ ironiquement… mais au final, sérieusement) parodié par certains héros gays friendly ou homosexuels comme un virus qui se transmettrait de personne à personne. Par exemple, dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz, toute une assemblée de parents et d’élèves venue assister à la remise des récompenses des profs de l’université, joue à « être gay » par contamination avec le prof de lettres homo, Howard Beckett, qu’elle rêve de voir gagner le prix du « meilleur prof de l’année ». Ce genre d’analogies entre homosexualité et maladie, que ces personnages gays friendly s’empresseront d’attribuer aux autres « homophobes », est en réalité la preuve de leur propre homophobie intériorisée.
b) 3 – Le détournement de la science par la transcendance « artistique » ou « religieuse » :
La croyance du héros homosexuel en la science est tellement idolâtre et déconnectée du Réel (à force d’être puriste et cartésienne… voilà le paradoxe !) qu’elle se mute souvent en superstition religieuse ou amoureuse. « Le soleil était devenu, année après année, une grande obsession morbide pour Khalid. Il en parlait tout le temps. Il en avait une connaissance scientifique, intime, amoureuse. » (Abdellah Taïa, Le Jour du Roi (2010), p. 70) ; « Savais-tu qu’avant de devenir médecin, j’avais résolu d’entrer dans les ordres ? » (Randall, l’un des héros homosexuels du roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 235) ; « Vous avez ouvert la Voie ! » (Arnaud, le héros homo qui ne s’assumait pas comme tel, et s’adressant à son médecin, dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit) ; etc.
La science devient à ses yeux une déesse à posséder comme un sceptre, ou bien une Muse cosmique et dominatrice. Par exemple, dans la pièce Le Frigo (1983) de Copi, « L. », le héros homosexuel, se prosterne devant la poupée de la Doctoresse Freud : « Vous êtes si belle, doctoresse ! Je serai sage, doctoresse, je serai sage ! » Dans le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs, Mindy, l’hétérosexuelle bobo, fait de la chronothérapie.
Dans les œuvres de fiction traitant d’homosexualité, on assiste à de drôles de croisements entre science et mythologie (en général une mythologie du viol ou de la mort), entre médecine et sentiment, entre confrérie scientifique et secte artistique : cf. le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, le one-man-show Hétéro-Kit (2011) de Yann Mercanton (avec le cercle de parole queer et son atelier sophrologique intitulé « Mon corps est une construction sociale »), le film « Elena » (2010) de Nicole Conn (et les conférences New Age d’un psy pro-gay), le film « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud, etc.
La jalousie pantoise du héros homosexuel vis à vis de la science est palpable, et ne tarde pas à se montrer sous un jour plus agressif, comme nous allons le voir maintenant…
b) 4 – Le détournement de la science par le militantisme politique « progressiste », techniciste, mégalomaniaque, pro-gay et finalement homophobe :
Le personnage homosexuel est à ce point persuadé qu’il peut incarner à lui tout seul la science (il suffit de la posséder, de la revêtir, de la « sentir », d’en connaître par cœur les formules alambiquées « qui font sérieux », croit-il) qu’il finit par se prendre pour Dieu, pour le Créateur des Hommes et de l’Amour, pour le Maître de la vie : cf. le film « Making Love » (1982) d’Arthur Hiller. C’est la Terre entière et ses habitants qui sont finalement englobés dans sa conception techniciste, sensibleriste, et donc anthropocentrée, de la science et du Réel. « J’ai toujours aimé expérimenter. Observer jusqu’à quel point je pouvais transformer les gens. C’est mon côté docteur Frankenstein. » (Amande, la peste du roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, p. 95) ; « Il doit exister quelque part une physique quantique de la rencontre, et il faudra bien l’inventer, croyez-moi, et nous l’inventerons. » (Vincent Garbo, le héros bisexuel du roman éponyme (2010) de Quentin Lamotta, p. 228) ; etc.
Par exemple, dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, Félix, l’un des héros homosexuels, est chimiste de formation, et envisage les contacts humains – et surtout amoureux – comme des solutions chimiques : « Tu sais que les réactions chimiques sont comme les relations humaines. » (p. 45) ; « Tu considères l’engrenage de la vie. » (idem, p. 71). Son discours est truffé de mariages consanguins entre science et sentiment : « Tu sais qu’un jour, la chimie reviendra à toi, qui lui restes fidèles. » (p. 71) Se prenant pour un médecin divin capable de fusionner avec sa Mère la Science, il prétend contrôler la beauté, créer l’Amour par ses propres moyens, devant son écran d’ordinateur.
Paradoxalement, le dandy homosexuel, complètement fleur bleue (voire comique) à certains moments, devient tour à tour dangereux, robotique et vulgaire dès qu’il passe à l’action et tente d’actualiser « scientifiquement » ses fantasmes amoureux : il parle de l’Amour de manière clinique et dépoétisée, comme s’il s’agissait d’une solution chimique entre deux robots, d’un processus physico-psychologique de causalité absolument imparable, d’un échange « logique » et contrôlable de phéromones corporels dans lequel Dieu et les Hommes n’auraient rien à voir, d’un scénario déjà écrit d’avance, où la liberté humaine – et même la douceur ! – n’ont pas du tout leur place.
En même temps que le héros homosexuel scientifise le sentiment et romantise la pulsion pour les faire fusionner, il annule les deux ! On retrouve des parodies de scientifiques – autrement dit des savants fous de laboratoire ou des sorciers – dans énormément de fictions homo-érotiques : cf. le film « L’Attaque de la Moussaka géante » (1999) de P. H. Koutras, le film « De la chair pour Frankenstein » (1974) d’Antonio Margheriti et Paul Morrissey, le film « The Rocky Horror Picture Show » (1975) de Jim Sharman (avec le Dr Frank-N-Furter, travesti qui crée son amant Rocky, un Monsieur Muscles), le one-man-show Le Jardin des dindes (2008) de Jean-Philippe Set (avec le « Docteur Queen »), le film « Frissons » (1970) de David Cronenberg (avec le savant fou), le film « Les 5000 doigts du Docteur T » (1952) de Roy Rowland, le film « La Fiancée de Frankenstein » (1935) de James Whale (avec les docteurs Frankenstein et Pretorius, en binôme homosexuel), le film « Island Of Lost Souls » (1933) d’Erle C. Kenton, le film « I Was A Teenage Frankenstein » (1957) d’Herbert L. Strock, le film « Beneath The Valley Of The Ultra Vixens » (1980) de Russ Meyer, le film « L’Effrayant Docteur H. » (1969) de Teruo Ishii, le roman L’Apprenti Sorcier (1964) de François Augiéras, le film « Amours mortelles » (2001) de Damian Harris (avec le psychiatre pervers), le film « Killer Kondom » (1996) de Martin Walz (avec la doctoresse folle), etc. Par exemple, dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier, Adèle fait une grosse salade entre ses compétences d’« infirmière urgentiste » et la voyance (Son frère homo, William, s’en étonne : « Comment une personne telle que toi peut croire ce que disent les cartes ? ») ; et on ne peut pas dire que son chantage aux sentiments pour justifier à tout prix l’homosexualité de son frère soit des plus psychologiquement doux et honnêtes. Dans la pièce Happy Birthgay Papa ! (2014) de James Cochise et Gloria Heinz, Marie-Ange est une psychologue de métier… un peu carrément marabout.
« Dire qu’il m’est venu des dons de sorcier juste au moment où ça ne peut me servir de rien. » (le narrateur homosexuel dans le roman L’Uruguayen (1972) de Copi, p. 42)
Au-delà du caractère surréaliste et risible du cliché du savant fou ou du médecin légiste libidineux (cf. je vous renvoie aux codes « Clonage », « Adeptes des pratiques SM », « Frankenstein » et « Liaisons dangereuses » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels), les résultats de la confusion entre science et fantasme sont une hybridation à la fois banale et monstrueuse : sous couvert de la science et de la bonne intention, le héros homosexuel libertin justifie et pratique mine de rien la pression psychologique (cf. le film « La Manière forte » (2003) de Ronan Burke, avec le vol de sperme opéré par le couple de lesbiennes), le chantage sentimental/sensuel (cf. la pièce Dépression très nerveuse (2008) d’Augustin d’Ollone, avec le Dr Labrosse, l’obsédé homosexuel complet), le vol (cf. le film « Comme les autres » (2008) de Vincent Garenq, avec la mère porteuse dont le couple gay prend le bébé à la fin), le viol (cf. le film « Hable Con Ella », « Parle avec elle » (2001) de Pedro Almodóvar, avec Benigno, l’infirmier homosexuel chargé de soigner une jeune femme dans le coma, et qui finira par la violer), le meurtre, la manipulation génétique, la mutilation chirurgicale sur les personnes transgenres, etc. Par exemple, dans le téléfilm « Just Like A Woman » (2015) de Rachid Bouchareb, Mona, l’héroïne lesbienne, tue accidentellement sa belle-mère en lui administrant les mauvais médicaments.
Film « Production d’adultes » d’Aleksi Salmenpera
Au bout du compte, on comprend que le héros homosexuel a tendance à ne s’intéresser à la science que pour les progrès artificiels ou dangereux qui flattent son Ego (la procréation médicalement assistée, le clonage, la chirurgie esthétique, l’opération pour changer de sexe, les moyens de contraception, le tantrisme, l’hypnothérapie, etc.), et non pour les avancées scientifiques plus « sociales » et bénéfiques au bien commun.
Face au constat et à l’ampleur de ses échecs à élaborer l’élixir d’Amour et de Réel, il arrive qu’il se mette à « maudire scientifiquement » ses solutions romantico-libertines et les créatures difformes que son orgueil a créées. La première de ses inventions étant ce qu’il a cru être « l’Amour » ou « Dieu ».
Non seulement il n’éradique aucune maladie, mais en plus, il en crée de nouvelles ! – « l’hétérosexualité », « l’homophobie », « l’amour », et même « l’homosexualité » –, maladies qu’il n’analyse pas, qu’il ne cherche surtout pas à comprendre, qu’il laisse germer, qui ne sont que des nomenclatures pseudo scientifiques qui occultent les réalités violentes qu’elles sont censées dénoncer – le couple femme-homme non-aimant et bisexuel dans le cas de la « maladie de l’hétérosexualité » ; la haine de soi, le désir homosexuel pratiqué, ou le viol dans le cas de la « maladie de l’homophobie », les désirs superficiels homos et hétérosexuels dans le cas de la « maladie d’amour » et « de l’homosexualité » – étiquettes dont la création pourra lui être ensuite imputée par la communauté scientifique bisexuelle (parfois sous forme d’agressions homophobes, pour le coup !).
Par exemple, dans la pièce Jeffrey (1993) de Paul Rudnick, la réticence à la soi-disant « Vérité identitaire et amoureuse de l’homosexualité » est montrée du doigt comme une maladie, un signe pervers d’homophobie intériorisée. Dans le film « Plus jamais honte » (1998) de John Krokidas, l’hétérosexualité est considérée comme une maladie. Dans la pièce My Scum (2008) de Stanislas Briche sont proposées des sessions dans des centres (voire même des camps de concentration !) pour soigner les « femmes-mâles » et les « hommes auxiliaires masculins » hétérosexuels. Dans le spectacle Madame H. raconte la saga des transpédégouines (2007), Madame H. invite le public – majoritairement homosexuel ou gay friendly – à chasser le virus de l’homophobie, en finissant par demander à chaque spectateur de se frapper lui-même.
Le héros homosexuel croit tellement que l’identité ou que l’amour homosexuels sont des données uniquement physiologiques et subies que, fatalement, dès que ceux-ci montrent leurs faiblesses (et Dieu sait combien ils en ont !), il se retourne contre eux en les définissant comme des viles pulsions, des maladies incurables, follement « sexy » (et, par ricochet, il s’autoproclame « malade » !) : cf. le roman Un histoire d’amour radioactive (2010) de Antoine Chainas.
« C’est la plus belle des maladies, celle dont il ne faut surtout pas guérir… » (Bryan s’adressant à son amant Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 107) ; « Je compris soudain pourquoi on parlait de maladie d’amour. J’étais vraiment malade. » (Bryan, op. cit., p. 272) ; « Je ne cesse de vous écrire dans ma tête. C’est comme une maladie, une douce maladie. Il y a des douleurs qu’on dit exquises. » (Émilie à son amante Gabrielle, dans le roman Je vous écris comme je vous aime (2006) d’Élisabeth Brami, p. 18) ; « J’aimerais tellement que vous soyez atteinte du même mal que moi ! » (idem, p. 72) ; « Sexy coma… sexy trauma… Sexy coma… sexy trauma… » (cf. la chanson « Dégénération » de Mylène Farmer) ; « Ednar luttait contre ce désir qui l’accablait sans relâche. Il se crut d’abord victime d’une mystérieuse maladie ou d’une malédiction avant de prendre conscience de cette sexualité qui s’éveillait en lui. » (Jean-Claude Janvier-Modeste dans son roman semi-autobiographique Un Fils différent (2011), p. 20) etc. Par exemple, dans le film « Sitcom » (1997) de François Ozon, l’homosexualité se transmet par les rats, comme la peste.
Par la création de ces nouvelles maladies partiellement mythologiques (« l’homophobie », « l’hétérosexisme », etc.) et de leurs faux remèdes (« l’homosexualité » déclinée en couple ou en identité fondamentale), le héros homosexuel ne supprime le mal, mais au contraire le nourrit secrètement, l’occulte, et désigne comme « ennemis » ses réels antidotes (réconciliation avec soi-même, accueil du mystère de la différence des sexes, découverte de l’existence d’un Dieu aimant et plus grand que l’Homme), les seuls qui mettent en péril son unicité/son fantasme de toute-puissance, et qui l’appellent à se décentrer pour aimer vraiment librement (et non plus seulement « techniquement »).
L’expérimentateur homosexuel se focalise sur l’innovation (notion ô combien publicitaire et éphémère !) pour délaisser le progrès. Pire, il reproduit la barbarie et la tyrannie qu’il prétend combattre ! Par exemple, dans sa chanson « Réévolution », Étienne Daho proclame que « les arts et les sciences, et la différence, dans un monde réévolué » seront le nouveau genre humain.
Il arrive que le héros homosexuel louvoie et couche, à travers la science, avec ses clones scientifiques homophobes. Par exemple, dans le vidéo-clip de la chanson « Dégénération » de Mylène Farmer, le bloc opératoire des savants fous nazis se transforme en bacchanales. Loin d’apporter des solutions aux maux qu’il veut combattre, il crée ou mime des souffrances parallèles. Par exemple, dans le film « Un Año Sin Amor » (2005) d’Anahi Berneni, la dictature du sadomasochisme homosexuel répond à l’enfer du milieu hospitalier et de la trithérapie. Dans la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi, le professeur Vertudeau pratique des lobotomies. Dans la pièce Fixing Frank (2011) de Kenneth Hanes, les psychiatres, qu’ils soient homophobes ou homosexuels, se font miroir, tout en étant soi-disant concurrents : en effet, le Dr Apsey essaie de convertir à l’hétérosexualité Frank, le petit copain de son ennemi juré, le Dr Jonathan Baldwin… mais il cultive une telle ambiguïté pour son jeune patient qu’on ne doute pas une seule seconde de son homosexualité latente. Quant à Jonathan, il exprime aussi un élan d’attraction-répulsion mi-homosexuel mi-homophobe pour son confrère psychiatre : « Il arrive que des patients s’attachent à leur thérapeute. Si je l’avais comme psy, il pourrait peut-être me faire bander. » (Jonathan parlant ironiquement à son amant Frank du Dr Apsey, dans la pièce Fixing Frank (2011) de Kenneth Hanes)
c) La supercherie scientifique homosexuelle débusquée :
L’illusion de science que le héros homosexuel a créée ne fait pas long feu. Comme il s’est appuyé davantage sur ses fantasmes de toute-puissance et de possession que sur le Réel et l’Amour, il apparaît comme un charlatan, un inutile, un prétentieux, un savant mi-homosexuel mi-homophobe, ou un fou, aux yeux de la réelle confrérie scientifique planétaire. « Ce sont eux qui me poussent à quitter ma chaire à la Faculté. Mes méthodes de guérison leur paraissent de plus en plus suspectes. Ma médecine est trop humaine pour le monde glacé des laboratoires. […] Et vous, si vous voulez un conseil, soignez-vous par les plantes. » (le professeur Vertudeau dans la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi) ; « Pensez-vous qu’ils étudient ? […] Les médecins ne peuvent faire penser les ignorants. » (Adolphe Blanc, médecin parlant des invertis à Stephen, l’héroïne lesbienne, dans le roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 508) ; « Toi tu arrêtes d’analyser tout le monde, tu commences par t’analyser toi. » (l’héroïne lesbienne Claude à son pote homo Mike, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, pp. 108-109) ; « Polly [l’héroïne lesbienne] dit que la sexualité, de toute façon c’est dans la tête, et en réinterprétant Freud, ‘On est tous des bisexuels qui faisons des choix.’ » (Mike Nietomertz, op. cit., pp. 67-68) ; « Jane n’arrivait pas à croire en Dieu et elle n’avait jamais vraiment été douée en sciences. » (Jane, l’héroïne lesbienne du roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 86) ; etc.
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :
a) La prétention d’être scientifique :
Beaucoup de personnes homosexuelles, pour justifier leur désir homosexuel et les actes (amoureux et génitaux) qu’il les engage à poser, le présentent comme « naturel », « scientifique » et indiscutable (cf. je vous renvoie au code « « Plus que naturel » » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « L’homosexualité a toujours été la plus spontanée des attirances. » (Karin Bernfeld, Apologie de la passivité (1999), p. 30) Elles créent des ponts langagiers abusifs, des connexions peu évidentes entre science et homosexualité : je vous renvoie par exemple aux nombreux discours hygiénistes sur l’amour en temps de Sida, à la défense de la naturalité de l’homosexualité à travers la lutte contre l’exclusion des personnes homosexuelles au don du sang, etc. Elles reprennent à leur compte les mots à la mode du jargon scientifique traditionnel (« résilience », elles aiment bien ^^) … mais souvent de manière très scolaire (cf. Sylvia Jaén dans l’article « Sí, Se Puede Tocar Una Utopía » de l’essai Primera Plana (2007) de Juan A. Herrero Brasas, p. 131).
Film « House Of Boys » de Jean Claude Schlim
Leurs sympathisants hétéros-gay friendly, notamment des médecins et des thérapeutes, soucieux de se racheter une bonne image auprès d’elles, ou de les sortir du marasme sentimental dans lequel elles s’engluent, vont généralement dans le sens de cette sincérité et de cette croyance en la scientificité de l’homosexualité. Dans les médias, on voit de plus en plus de « psys du Loft » compréhensifs, de psychiatres de comptoir, afficher une image d’ouverture et de tolérance que n’auraient pas eues leurs poussiéreux aïeux, et s’adresser à nous en des termes rassurants pour défendre la normalité de l’homosexualité et combattre « l’Hydre de la Culpabilité » ou de « l’Homophobie intériorisée » ! En général, celui que les journalistes présentent comme un « psychiatre des hôpitaux, psychanalyste, thérapeute familial et conjugal », s’exprime devant les caméras avec un faux calme, une décontraction travaillée (bobo, quoi), comme si on avait cinq ans d’âge mental. J’en tiens pour preuve les récentes interventions des « psys médiatiques » tels qu’Élisabeth Rudinesco, Serge Hefez, Benjamin Lubszynski (ci-dessous), Stéphane Nadaud, Stéphane Clerget, Yves Ferroul, Joseph Agostini, etc. Et le pire, c’est que leur comédie est très sincère !
Je vous invite à écouter également la psy « trop cool » de l’une des femmes lesbiennes interviewées, Charlotte, dans le documentaire « Homos, et alors ? » de Florence d’Arthuy de l’émission Tel Quel, diffusée sur la chaîne France 4, le 14 mai 2012.
Ensuite, un certain nombre de personnes homosexuelles se targuent d’être d’éminents scientifiques… et même des soignants plus puissants, plus humains, plus désintéressés, plus modernes, que les médecins traditionnels (cf. je vous renvoie au code « Médecin tué » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) ! « Comme le dit Foucault, il faut liquider la psychologie. » (Albert Le Dorze, La Politisation de l’ordre sexuel (2008), pp. 151-152) ; « C’est l’antipsychiatrie qui correspond le mieux, au niveau conceptuel, à la pensée queer. […] C’est en débarrassant le sujet de tout cadre qu’on donne au patient la possibilité de se retrouver. » (p. 193) ; « Nous devrions nous conduire, Foucault nous y invite, jour après jour, en médecins de nous-mêmes. » (cf. la conclusion d’Albert Le Dorze, op. cit., p. 230) ; « Je me sens, par moments, non pas, comme certains voudraient le faire croire, ‘l’égal des dieux’, mais parfaitement capable de traiter mon engouement pour les hommes ‘en médecin, en naturaliste, en moraliste même, en sociologue et en historien’. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 91)
Elles prétendent souvent se substituer à leur thérapeute, et inversent les rôles : « J’ai fait le psy moi-même ! » (Nancy, un homme transsexuel M to F, dans le documentaire « Nous n’irons plus au bois » (2007) de Josée Dayan)
Certaines personnes homosexuelles se piquent au jeu de l’analyse et de l’auto-analyse psychanalytique, pensent qu’une personne n’a la légitimité de parler d’un sujet de société qu’à partir du moment où elle est « en analyse », ou bien si elle a reçu une « formation ». Sinon, elle n’a pas l’habilitation ! On les voit faire des interprétations tirées par les cheveux, saupoudrées de jargon scientifique et de mots ronflants qu’apparemment elles ne comprennent pas. Elles recrachent scolairement du concept. Par exemple, dans son autobiographie Mauvais genre (2009), l’essayiste Paula Dumont raconte qu’elle consulte de temps à autre le Petit Larousse de la Médecine pour tirer des conclusions sur les pathologies des gens de son entourage.
La science, c’est parfois leur terrain professionnel officiel : pensons à toutes les personnalités homosexuelles qui ont une formation de soignants ou qui ont travaillé dans les hôpitaux (Gertrude Stein, Michel Foucault, Jean Cocteau, etc.). Et attention, ça ne rigole plus ! Il existe, aujourd’hui et partout dans le monde, des groupes de parole thérapeutiques spécifiquement homos, des associations LGBT consacrées à la prévention et à l’hygiène sexuelle, des confréries de psys gay, des AMG comme on dit (Association de Médecins Gays). À quand les hôpitaux gay… ?
Pour ma part, j’ai rencontré beaucoup de personnes homosexuelles sur les bancs de la fac de médecine et de « psycho », ou bien dans les métiers de la santé (infirmiers, médecins, chirurgiens, psychologues et psychiatres). Il y aurait, à mon avis, plein de conclusions intéressantes à tirer de cet effet-aimant là (le psy qui cherche à se soigner lui-même en croyant soigner les autres) ! Un homme homosexuel d’une cinquantaine d’années m’a écrit un mail le 22 mars 2021 me confessant ceci : « Pratiquement dès le début, tout le monde me disait que je devais aller voir un psychiatre, et que l’insomnie est une maladie psychiatrique. Quand j’ai dit à mon premier psychiatre – je changeais souvent mes psychiatres, tant ils étaient cons et incompétents – que je me faisais des soucis à cause de mes désirs homosexuels, j’ai reçu comme réponse: “Oh, si ce n’est que ça! On va résoudre ton problème très vite. Tu dois juste t’accepter tel que tu es, et te débarrasser de tous les obstacles qui t’empêchent de vivre ton homosexualité pleinement. Et la première chose que tu dois bannir, c’est la religion.” Je te jure, Philippe, que tous les psychiatres et psychologues que j’ai vus – ça doit être au moins 15 au total – m’ont dit que je dois arrêter de croire pour devenir heureux. Sauf un qui a avoué que ce n’est pas si simple que ça (il était plus âgé que les autres). Je peux te confirmer aussi que la plupart des psychologues à qui j’ai parlé sont eux-mêmes homosexuels et athées convaincus. Les milliers d’heures de thérapies n’ont rapporté rien, sauf le fait que je sais maintenant que la psychologie comme elle est pratiquée à notre époque est tout à fait inutile pour aider une personne croyante qui se sent homosexuel. Dire à une personne qu’il doit arrêter de croire, c’est le conseil le plus stupide que j’ai jamais entendu. Et la phrase “Oh, si ce n’est que ça!” me fait mal encore aujourd’hui, alors que ça fait 14 ans depuis que ce psychiatre stupide me l’a dite. ».
b) Les détournements de la science :
Certaines personnes homosexuelles conspuent la communauté scientifique, bien souvent parce qu’elles la jalousent et l’idéalisent trop. C’est pourquoi elles en font souvent une caricature sérieuse, un détournement qu’elles prennent beaucoup plus souvent au premier degré que leur sincérité ne l’imagine. Leur appartenance au monde scientifique est pourtant inscrite noir sur blanc sur leur badge… mais dans les faits, on constate qu’elles jouent régulièrement de leur statut de médecins ou de docteurs pour laisser libre cours à leurs fantasmes les plus incontrôlés et les plus fous. Dans leur esprit, elles semblent avoir substituer la technique (celle qui peut servir l’Homme tout comme L’asservir) à la science (celle qui n’est là que pour servir, guérir et soulager l’Homme). Cette confusion entre science et technique les entraîne généralement dans une quête effrénée de la performance, du profit, de la productivité, de la consommation, du pouvoir.
b) 1 – Le détournement de la science par le sentiment et le génital : l’Amour réduit à une solution chimique ; le sexe envisagé comme une expérience scientifique
Il semblerait pour commencer que les personnes homosexuelles/bisexuelles médecins aient souvent du mal à garder leur juste place de thérapeutes, et qu’elles ne respectent pas la bonne distanciation avec leur patient (parfois lui-même homosexuel). J’en connais beaucoup qui encouragent ce dernier à un mode de vie conjugal homosexuel, à la recherche de « l’amour », sans mesurer les conséquences souvent désastreuses de leur relativisme « décomplexant et dédramatisant ».
Pis encore. Il arrive avec lui qu’elles versent dans le copinage gémellaire d’orientation sexuelle, voire la compassion amoureuse !
La pub « Sugar Baby Love » d’AIDES (c’est surtout la fin qui est intéressante)
L’un des contes de fée cachés (et incestuels) que se racontent beaucoup de personnes homosexuelles, c’est celui qui orchestre qu’elles finissent miraculeusement leur vie dans les bras d’un beau médecin musclé. Par exemple, la romancière nord-américaine Carson McCullers, pourtant lesbienne, croit se mourir d’amour pour le médecin qui l’a soignée, le Dr Robert Myers. Quant à Max Jacob, pourtant mourant, il chuchotera à l’oreille du médecin qui s’est penché sur lui : « Vous avez un visage d’ange. » (Max Jacob cité dans le Dictionnaire gay (1994) de Lionel Povert, p. 277) Dans l’essai Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010) de Natacha Chetcuti, Catherine, femme lesbienne de 32 ans, raconte qu’elle est tombée vraiment amoureuse de sa gynéco (p. 130). Dans le docu-fiction « Brüno » (2009) de Larry Charles, Brüno drague son psy.
« Une seule fois dans ma vie, après le gros coup de fatigue que j’ai subi en 1993, je suis allée consulter un psychiatre, pendant sept mois, à raison de deux séances par semaine. J’étais ravie de ne pas avoir affaire à une femme, car j’avais très peur de faire un transfert, c’est-à-dire de tomber amoureuse de ma psy hypothétique. » (Paula Dumont, Mauvais genre (2009), p. 113) ; « Mes parents ont fini par me demander si je voulais voir un psychiatre. Et j’ai dit oui. Donc ils m’ont pris rendez-vous avec le psy de l’université. Je suis allé le voir. Je suis rentré dans son cabinet. On s’est regardés et on a compris tous les deux qu’on était tous les 2 homos. » (Philip Bockman, vétéran gay, dans le documentaire « Stonewall : Aux origines de la Gay Pride » de Mathilde Fassin, diffusé dans l’émission La Case du Siècle sur la chaîne France 5 le 28 juin 2020).
Il n’y a qu’un pas entre le divan et le lit, entre le billot et la chambre à coucher ! Les faits nous le prouvent… Je connais personnellement des médecins qui, en consultation, en ont profité pour draguer et coucher avec leur patient ; ou bien des amis homos qui se sont laissés caresser, embrasser, sucer, par leur médecin traitant, pendant leur adolescence, le tout en justifiant le dérapage par la « nécessité du soin » et le plaisir physiologique ressenti par cette « expérience » inédite ! Le secret professionnel sert parfois de couverture à l’acte homosexuel, voire même au viol. Ne soyons ni paranos ni naïfs !
Par ailleurs, je vois combien les démarches préventives de santé, les interventions en milieu scolaire, les campagnes médiatico-scientifiques de lutte contre le Sida, sont, pendant les Gay Pride et dans les associations LGBT militantes notamment, les cautions morales d’une drague frénétique et d’une consommation sexuelle souterraines : on peut niquer tranquille et comme on veut, puisque c’est safe ! Et maudit soit celui qui ose remettre en cause le « travail formidable des médecins gay » au sein de la communauté homosexuelle !!!
Au sein de la communauté homosexuelle, la psychanalyse ou la médecine sont substituées par le mot « amour » (… et surtout, en acte, par le sexe sans Amour !). Que les individus homosexuels soient concrètement diplômés de médecine ou non, peu importe. Avec leur(s) amant(s), ils font comme s’ils vivaient une expérience (scientifique, fusionnelle) ! La « science » dont ils parlent est en réalité un expérimentalisme hédoniste et libertin : « Je suis contre tous les tabous sexuels. Je suis pour toutes les libérations. Je ne m’effraye d’aucune combinaison d’ordre sentimental ou érotique, estimant que chaque individu a le droit de disposer de son corps comme il lui plaît et de se livrer à certaines expériences. » (Gérard de Lacaze-Duthiers cité dans l’article « Inversion sexuelle » d’Eugène Armand, dans l’essai L’Homosexualité de Platon à Foucault (2005) de Daniel Borillo et Dominique Colas, p. 398) Par exemple, Patrice Maniglier parle de fonder « une communauté homosexuelle sans rôle complémentaire, où les identités sont réversibles, […] un champ d’expérimentation des possibilités du corps » (cf. l’article « Penser la Culture gay » de Patrice Maniglier, dans le Magazine littéraire, n°426, décembre 2003, p. 59).
Sans être nécessairement médecin de métier, certains libertins homosexuels s’achètent une conscience par le biais de la science, présentent un joli certificat médical en espérant qu’on ne voit pas que la signature en bas est bidon, qu’ils sont nus sous leur blouse blanche, que leur discours est beaucoup plus sentimentaliste que réellement fonder sur les faits, que les docteurs qu’ils jouent à être n’est en réalité qu’un prétexte de plus (le serment d’hypocrites !) pour aller baiser à droite à gauche sans (se) l’avouer (« Je ne drague pas et je ne nique pas ! : je vis juste une Expérience sensible, une Exploration sensuelle ; c’est pour une étude sociologique… » soutiennent-ils sincèrement).
Souvent, ils élaborent une théorie scientifiste jargonnante d’intensification de la libido humaine, de guérison de l’être par l’orgasme et le bien-être. À les entendre, ils « aiment » comme ils font un calcul mathématique (on pourrait tout à fait parler, dans leur cas, d’« algèbre du désir »), comme ils créent un parfum. Ils « font l’amour » comme ils mèneraient une opération délicate : avec la froideur et la précision d’un chirurgien de laboratoire. Bip… Bip… Bip… Gants… Vaseline… Menottes… Caresses… Succion… Pénétration… Objectif : atteindre le point G ! … et, au fond, transformer l’amant et eux-mêmes en objets sacrés.
Sans le vouloir, car leur esprit d’esthètes romantiques le leur interdit, ils traitent leurs amants comme des souris de labo, sur lesquelles ils vont pouvoir tester leur culture (« leur » science !), leur sincérité et leur pouvoir de séduction. On les voit parfois enrouler/enrôler leur patient-compagnon (qu’ils ont préalablement anesthésié avec des drogues et des mots doux) dans leur corps de serpent par la voie de la séduction et de l’hypnose (cette animalisation diabolisante ne doit pas nous paraître excessive, d’autant plus quand on pense que l’héraldique de la médecine est le caducée !). « Il n’était pas mon genre. Pas du tout même. Mais il me regardait. Ses yeux étaient noirs, grands, profonds. Quand il les braquait sur moi, je ne savais que faire. Je devenais timide, petit enfant bien élevé. Malgré moi j’étais comme hypnotisé par un je-ne-sais-quoi en lui qui me dépassait, me transportait et qui se logeait dans son regard perçant et légèrement ironique. » (Abdellah Taïa parlant de son amant Javier, dans son autobiographie Une Mélancolie arabe (2008), p. 36) J’en ai rencontrés beaucoup, des « gourous non-agréés » à la voix anesthésiante et grisante de steward de Minitel rose, des beaux parleurs entreprenants-mais-pas-trop, des Don Juan « thérapeutes » (prétentieux et insouciants à 20 ans, « vieux beaux » non moins prétentieux à 40-50…) qui vous draguent nonchalamment, très nonchalamment…, en vous racontant des mots doux, en vous « proposant » l’air de rien leurs mains « d’experts » (en massages tantriques, bien sûr), leurs yeux langoureux, … leurs bites (oh pardon ! Ma braguette s’est ouverte accidentellement, à l’insu de mon plein gré…).
b) 2 – Le détournement de la science par l’humour et le jeu :
La « science » que certaines personnes homosexuelles mettent en place se réduit souvent à un jeu de rôles, de séduction, où l’enjeu n’est pas tant le combat contre la souffrance et en faveur de la vie, mais plutôt une stratégie ludique de conquête de l’amour et de sa soi-disant « légèreté », une mise en scène adolescente : « Nous montâmes un intermède d’un auteur espagnol. Je faisais le coiffeur du village et Ernestino le médecin. » (Alfredo Arias, Folies-fantômes (1997), p. 196) ; « Petit déjà… Je sais maintenant d’où vient cette curiosité excessive que j’avais de zieuter les autres garçons dans les vestiaires de la piscine x). Faut dire aussi que les seules fois où j’ai joué au docteur, c’était avec des garçons. La curiosité, bien sûr. » (cf. le témoignage d’Erwan, homosexuel, dans la rubrique « Déjàtoutpetit » du site Yagg, publié le 7 février 2012)
b) 3 – Le détournement de la science par la transcendance « artistique » ou « religieuse » :
Beaucoup d’auteurs homosexuels, sur le mode comique, mais aussi parfois sur un registre spirituel plus sérieux, nous proposent des théories « scientifico-artistiques », des méthodes analytiques parallèles (par exemple : la pataphysique et l’adolphisme d’Alfred Jarry – le dramaturge a souhaité fonder « une société de recherches inutiles et savantes » –, la paranoïa critique de Salvador Dalí, le surréalisme anti-surréaliste de Jean Cocteau, la schizo-analyse de Gilles Deleuze, le mouvement bisexuel-asexualisant queer actuel, etc.), des raisonnements conceptuels limite « universitaires » mais fondés sur l’inversion et le détournement libertin. C’est la raison pour laquelle des artistes tels que le cinéaste italien Pier Paolo Pasolini, sont décrits comme des scientifiques de laboratoire, « des expérimentateurs incessants » (cf. l’article « Pier Paolo Pasolini » de Francesco Gnerre, sur le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 353) Certains chercheurs homosexuels tentent de faire passer l’art pour un substitut de la science : « La science ne pourrait-elle devenir fictionnelle ? » (Roland Barthes, Roland Barthes par Roland Barthes (1975), p. 87) D’ailleurs, dans les universités d’été organisées par les associations LGBT, lors de leurs séminaires et colloques « scientifiques », ou même dans les clubs de bien-être, de remise en forme de massage, ou les ateliers « sophrologie/interprétation des rêves » et les groupes de parole queer, la frontière est floue/mince entre la démarche scientifique et la réunion d’« artistes ».
En dépit des apparences, les médecins gay friendly et pro-gay nient le sexe et la sexuation en mettant en avant le génital et la métaphore ; ils tuent le Sens et l’Humain en privilégiant les Sens ; ils décorporéisent le vivant en le regardant/disséquant de trop près au scalpel ou au microscope. Par exemple, dans son essai Le Genre démasqué (2011), Élizabeth Montfort explique avec pertinence que la Gender & Queer Theory « dissocie le genre (sexe social) du sexe biologique » (p. 21), autrement dit cette idéologie fait de nous des anges asexués et inhumains. Comme l’a fort bien développé Michel Boyancé lors de sa conférence « La Théorie du Genre dans les manuels scolaires : comprendre et discerner » au Collège des Bernardins le 6 décembre 2011, il s’agit pour les promoteurs du Gender de « se libérer de la nature par le droit et par la science ». Quel paradoxal rapport à la Nature…
La croyance des personnes homosexuelles en la science est tellement idolâtre et déconnectée du Réel (à force d’être puriste et cartésienne… voilà le paradoxe !) qu’elle se mute souvent en superstition religieuse ou amoureuse. La science devient à leurs yeux une déesse à posséder comme un sceptre, ou bien une Muse cosmique et dominatrice. On retrouve pas mal d’astrologues et d’adeptes d’ésotérisme parmi les personnalités homosexuelles (Didier Derlich, Gavin Arthur, Karl-Günther Heimsoth, René Crével, etc.). Lucía Etxebarría, la romancière espagnole bisexuelle, dit être fascinée par la psycho-analyse, les sciences occultes. Dans le documentaire Ouganda : au nom de Dieu (2010) de Dominique Mesmin, Joseph, le sorcier gay, a dans sa chambre un énorme poster des Spice Girls.
« J’avais remarqué depuis un bon moment l’engouement de mes amis et connaissances homos pour les pseudo-sciences qu’elles soient divinatoires (horoscopes, numérologie) ou médicales (par exemple phytothérapie, se traduisant par des consommations de tisanes en tout genre destinées à de multiples offices). Mais au palmarès des ‘thérapies’ bidon, on en trouve pas mal qui s’accompagnent de contact corporels plus ou moins rapprochés (j’ai un très bon ami qui pratique le Reiki à un haut niveau et n’est jamais à court pour me proposer une séance ; mais on pourrait aussi trouver des choses du côté du massage ayurvédique). En réalité l’intention thérapeutique me semble parfois quelque peu confuse… Pour citer d’autres illustrations intéressantes de tes propos, j’ai dans ma famille un de mes oncles qui a été marié avec une femme qui s’est révélée par la suite être lesbienne et dont il s’est séparé après en avoir eu une fille. Il est tombé un jour sur son journal où elle écrivait qu’elle ne s’était mariée que pour faire une ‘expérience’ avec une froideur assez ‘scientifique’. La même ex-tante, à quelques temps de là, avait décidé, avec quelques amies à elles, de sortir de sainte Anne pour prendre en charge une malheureuse patiente psychotique (c’était au beau milieu de la vague antipsychiatrique des années 1970) sous prétexte qu’elle n’était soignée que par des médecins hommes qui, par définition, ne pouvaient comprendre les femmes (on n’est pas très loin de l’état d’esprit de l’association des médecins gays). Je crois me souvenir que l’expérience s’était terminée par un appel en urgence de la police suite à un carnage de l’appartement par la fameuse patiente (et oui! la psychiatrie c’est un métier comme disait un de mes anciens patrons). Et je ne te raconte pas le pire… Soit dit en passant, je me suis bien amusé, en allant sur le lien de l’association des médecins gays. Bon, disons que je ne pense pas que la délicatesse dans la façon d’interroger un patient et la compétence soit une question d’orientation sexuelle… mais si ça peut faire plaisir à certains de le penser, c’est plutôt un moindre mal… » (un ami quarantenaire par mail, en 2011)
Dans leurs discours et dans leur vie, on assiste à de drôles de croisements entre science et mythologie (en général une mythologie du viol ou de la mort), entre médecine et sentiment, entre confrérie scientifique et secte (artistico-religieuse) : « À l’époque, je ne connaissais pas les trucs sur l’intersexe, mais j’ai pensé que j’étais un homme. Et je m’étais dit très scientifiquement, pour évaluer si j’étais vraiment un homme, je vais me féminiser et donc là je me suis mise à avoir des cheveux longs, à me maquiller, à avoir des robes, etc., et dans la même période, je suis partie aux États-Unis avec un pote. Et un jour dans une boîte, j’ai failli me faire violer et là je me suis dit : ‘Non, je ne suis pas un homme, mais habillée comme cela ça ne me correspond pas, il y a quelque chose qui ne va pas.’ Et la séduction que j’exerçais à l’égard des hommes ne me plaisait pas, leur regard ne me plaisait pas. Pas parce qu’ils étaient libidineux, mais parce que je ne voulais pas cela avec les hommes. Pour moi, les hommes c’était mes frères. Alors, la seule fois où j’ai embrassé un homme (j’ai eu quelques flirts comme ça), j’avais l’impression d’une relation incestueuse, tu vois un truc tu touches avec la langue et tu as l’impression de ramasser des fraises, tu vois ? (rires). » (Gaëlle, une femme lesbienne de 37 ans, dans l’essai « sociologique » Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité, représentation de soi (2010) de Natacha Chetcuti, pp. 80-81) ; « La Chola [un travesti M to F] avançait d’un pas décidé, malgré le déséquilibre que provoquaient ses talons aiguilles qui s’enfonçaient dans le chemin de terre battue. Sur son passage, flottait un délicieux parfum douceâtre. Ses formes étaient exaltées par un tailleur blanc moulant et une petite ceinture rouge. La Chola s’arrêta devant une maison basse, peinte à la chaux et surmontée d’un énorme écriteau où l’on pouvait lire ‘Église scientifique’. De part et d’autre de la porte étaient peints deux angelots assis chacun sur son nuage. Elle frappa. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 233)
La jalousie pantoise des sujets homosexuels vis à vis de la science est palpable, et ne tarde pas à se montrer sous un jour plus agressif, comme nous allons le voir maintenant…
b) 4 – Le détournement de la science par le militantisme politique « progressiste », techniciste, mégalomaniaque, pro-gay et finalement homophobe :
Beaucoup de personnes homosexuelles sont à ce point persuadées qu’elles peuvent incarner à elles toutes seules la science (il suffit de la posséder, de la revêtir, de la « sentir », d’en connaître par cœur les formules alambiquées « qui font sérieux », croient-elles) qu’elles finissent par se prendre pour Dieu, pour le Créateur des Hommes et de l’Amour, pour le Maître de la vie : cf. le festival de cinéma gay et lesbien L’Amour est à réinventer organisé en 1996. Au nom du « progrès » et du « changement » (« Le changement, c’est maintenant ! »), elles frisent souvent la mégalomanie : « On voit les immenses possibilités qui s’offrent à nous et nous emportent bien loin des recherches menées en biologie sur le clonage et autres technologies de la reproduction. Nous sommes à un tournant de l’histoire. Depuis la découverte de la pilule et la maîtrise de la fécondité par les femmes elles-mêmes, plusieurs choix s’offrent à nous. Le développement des techniques reproductrices, et leurs insolubles conflits éthiques (comment refuser le ‘progrès’ ?), mais aussi la possibilité de donner d’autres buts à la sexualité que la reproduction. » (Marie-Jo Bonnet, Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ? (2004), p. 129)
L’ère de la performance, de l’ingénierie, de la toute-puissance matérialiste, numérique et technologique, va de pair avec la volonté du Gouvernement Mondial de promouvoir l’homosexualité. C’est logique. Le robot et l’objet sont eux-mêmes asexués, virent la différence des sexes. Rien qu’en entendant Anne Hidalgo, la maire de Paris, revenant de la Gay Pride et s’adressant à David Abiker au sujet de la communauté homosexuelle et de la communauté technologique, à la Conférence « Starts-up et Étudiants » lors de la première édition du Salon VIVA TECH, le 2 juillet 2016 au Parc des Expos de Paris, on comprend très vite la corrélation : « Ces deux univers ne sont pas si différents. Tous les deux sont ouverts à la différence, au progrès. Ils n’ont pas peur des différences. » Sans transition, Abiker a introduit le discours de clôture des deux initiateurs du VIVA TECHNOLOGY, les PDG Francis Morel et Maurice Lévy, en les comparant à une « Famille homoparentale » : « Un enfant peut avoir deux pères. »
C’est la Terre entière et ses habitants qui sont finalement englobés dans leur conception techniciste, sensibleriste, et donc anthropocentrée, de la science et du Réel. Selon elles, le monde ne se divise plus entre les hommes et les femmes, mais uniquement selon les orientations sexuelles définies à la fin du XIXe siècle par la médecine légale (« homos/hétéros ») et selon les sentiments (« les ennemis de l’amour » d’un côté, « naturellement homophobes », et « les amoureux » bisexuels de l’autre, « naturellement gay friendly voire homosexuels »).
Elles envisagent les contacts humains – et surtout amoureux – comme des solutions chimiques, autrement dit des feux d’artifice incontrôlés, des coups de foudre censés se produire quand on s’y attend le moins. Leur discours est truffé de mariages consanguins entre science et sentiment. Se prenant pour des médecins divins capables de fusionner avec leur Mère la Science, elles prétendent contrôler la beauté, créer l’Amour par leurs propres moyens, devant leur écran d’ordinateur.
Paradoxalement, ces dandys homosexuels, complètement fleur bleue (voire comiques et coquins) à certains moments, deviennent tour à tour dangereux, robotiques, méthodiques et vulgaires dès qu’ils passent à l’action et tentent d’actualiser « scientifiquement » leurs fantasmes amoureux : ils parlent souvent de l’Amour de manière clinique et dépoétisée, comme s’il s’agissait d’une solution chimique entre deux robots, d’un processus physico-psychologique de causalité absolument imparable, d’un échange « logique » et contrôlable de phéromones corporels dans lequel Dieu et les Hommes n’auraient rien à voir, d’un scénario déjà écrit d’avance, où la liberté humaine – et même la douceur ! – n’ont pas du tout leur place.
En même temps qu’ils scientifisent le sentiment et romantisent la pulsion pour les faire fusionner, ils annulent les deux !
Au-delà du caractère surréaliste et risible du cliché du savant fou ou du médecin libidineux (cf. je vous renvoie aux codes « Clonage », « Adeptes des pratiques SM », « Frankenstein » et « Liaisons dangereuses » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels), les résultats de la confusion entre science et fantasme sont une hybridation à la fois banale et monstrueuse : sous couvert de la science et de la bonne intention, beaucoup de personnes homosexuelles libertines justifient et pratiquent mine de rien la pression psychologique, le chantage sentimental/sensuel, le vol, le viol, le meurtre, la manipulation génétique (cf. le recourt à l’AMP – l’Assistance Médicale à la Procréation –, à la GPA – Gestation Pour Autrui –, à la PMA – Procréation Médicalement Assistée –, etc.), la mutilation chirurgicale sur les personnes transgenres, etc.
Au bout du compte, on comprend que la majorité des personnes homosexuelles ont tendance à ne s’intéresser à la science que pour les progrès artificiels ou dangereux qui flattent leur Ego (la procréation médicalement assistée, le clonage, la chirurgie esthétique, l’opération pour changer de sexe, les moyens de contraception, le tantrisme, l’hypnothérapie, etc.), et non pour les avancées scientifiques plus « sociales » et bénéfiques au bien commun.
Face au constat et à l’ampleur de leurs échecs à élaborer l’élixir d’Amour et de Réel, il arrive que les personnes homosexuelles se mettent à « maudire scientifiquement » leurs solutions romantico-libertines ratées et les créatures difformes que leur orgueil a créées (il n’y a qu’à constater le mépris des personnes transsexuelles et transgenres dans le « milieu homosexuel », ainsi que la vague de suicides qui les emporte). La première de ses inventions étant ce qu’elles ont cru être « l’Amour » ou « Dieu ». Car, que devient la science uniquement tournée vers l’Homme (et non au service de l’Homme-Dieu qu’est Jésus en tout Homme) sinon monstruosité ?
Non seulement les individus homosexuels n’éradiquent aucune maladie, mais en plus, ils ont tendance à en créer de nouvelles ! – « l’hétérosexualité », « l’homophobie », « l’amour », et même « l’homosexualité » –, maladies qu’ils n’analysent pas, qu’ils ne cherchent surtout pas à comprendre, qu’ils laissent germer, qui ne sont que des nomenclatures pseudo scientifiques qui occultent les réalités violentes qu’elles sont censées dénoncer – le couple femme-homme non-aimant et bisexuel dans le cas de la « maladie de l’hétérosexualité » ; la haine de soi, le désir homosexuel pratiqué, ou le viol dans le cas de la « maladie de l’homophobie », les désirs superficiels homos et hétérosexuels dans le cas de la « maladie d’amour » et « de l’homosexualité » – étiquettes dont la création pourra leur être ensuite imputée par la communauté scientifique bisexuelle ou homosexuellement refoulée (parfois sous forme d’agressions homophobes, pour le coup ! Je vous renvoie aux écrits homophobes et à la scientificité très discutable de Krafft-Ebing – qui a arbitrairement normativisé et opposé « l’hétésexualité » à l’homosexualité dans sa Psychopathia Sexualis en 1886 –, de Chekib Tijani, de Jean-Louis Chardans, de tous ces savants qui ont abusé de la psychiatrie, de la lobotomie, de la castration, des traitements hormonaux, pour « convertir les invertis en hétéros ») : « D’ores et déjà, dans les représentations dominantes, à une norme hétérosexuelle qui considérait l’homosexualité comme une déviance, se substitue parmi les élites faiseuses d’opinion une norme homosexuelle qui caractérise l’hétérosexualité comme ringarde, voire à son tour, pathologique. » (Michel Schneider, La Confusion des sexes (2007), p. 73) Par exemple, dans son essai De Sodoma A Chueca (2004), Alberto Mira utilise la métaphore filée de la maladie pour décrire l’homophobie (p. 617) : il diagnostique la maladie d’homophobie des stars masculines qui se refusent au soupçon d’homosexualité sous le nom de « Syndrome Alejandro Sanz » (p. 70). Il n’est pas le seul à pathologiser ce qu’il essaie de diaboliser via une rationalisation excessive. Voici quelques exemples de ce discours pseudo-scientifique de plus en plus employé par le militantisme homosexuel actuel : « L’homophobie est en chacun de nous, sous la peau, dans nos chairs. C’est une maladie qui infecte nos tissus et parasite nos neurones. Elle est chez nos proches, nos voisins, elle pourrit notre société et nos institutions. C’est une épidémie ! Si on ne dresse pas de cordons sanitaires, elle se répand. » (Julien Picquart, Pour en finir avec l’homophobie (2005), pp. 17-18) ; « L’homophobie est un mal insidieux. Elle n’éclate au grand jour que par crises sporadiques ; les manifestations anti-PaCS n’étaient que l’épisode virulent d’une affection qui, d’ordinaire, incube sourdement. Elle contamine en silence les pensées et les discours, elle empoisonne le débat démocratique. » (Bertrand Desfossé, Henri Dhellemmes, Christèle Fraïssé, Adeline Raymond, Pour en finir avec Christine Boutin (1999), p. 7). Pour ma part, sur les réseaux sociaux tels que Twitter, je lis sur mon compte de plus en plus de diagnostics « médicaux » qui m’envoient à l’HP pour « graves troubles psychiatriques ».
La majorité des personnes homosexuelles croient tellement que l’identité ou que l’amour homosexuels sont des données uniquement physiologiques et subies que, fatalement, dès que ceux-ci montrent leurs faiblesses (et Dieu sait combien ils en ont !), elles se retournent contre eux en les définissant comme des viles pulsions et d’incurables maladies (et, par ricochet, elles s’autoproclament « malades » !) À grand renfort de statistiques et de syllogismes pseudo universitaires, d’une part elles essentialisent le désir homosexuel sous forme d’amour et d’espèce humaine à part – « les » homosexuels –, clairement identifiables (et, selon les moments, clairement stigmatisables : souvenons-nous Magnus Hirschfeld qui, par ses théories essentialistes bien intentionnées, voulait prouver la normalité et la validité du « Troisième sexe », a créé le retour de bâton des camps de concentration nazis…), d’autre part elles scientifisent et justifient le génital/le sentiment/l’affectif pour donner droit de cité à n’importe quel type de pulsions (à commencer par les pulsions homophobes !) à partir du moment où elles les qualifient d’« amour » ou d’« identité naturelle ».
Par la création de ces nouvelles maladies partiellement mythologiques (« l’homophobie », « l’hétérosexisme », etc.) et de leurs faux remèdes (« l’homosexualité » déclinée en couple ou en identité fondamentale), elles ne suppriment pas le mal, mais au contraire le nourrissent secrètement, l’occultent, et désignent comme « ennemis » ses réels antidotes (réconciliation avec soi-même, accueil du mystère de la différence des sexes, découverte de l’existence d’un Dieu aimant et plus grand que l’Homme), les seuls qui mettent en péril leur unicité/leur fantasme de toute-puissance, et qui les appellent à se décentrer pour aimer vraiment librement (et non plus seulement « techniquement »).
Les expérimentateurs homosexuels se focalisent sur l’innovation (notion ô combien publicitaire et éphémère !) pour délaisser le progrès. Pire, ils reproduisent la barbarie qu’ils prétendaient combattre ! Par exemple, les seuls endroits où j’ai vu des pilules en sachet censées guérir de l’homosexualité et rendre hétéro, c’était… dans des librairies homosexuelles à Paris ! : elles étaient vendues sur le promontoire des Mots à la bouche ou de Bluebook en 2008 (avec des titres comme « Instant Orgasm Pills », ou bien des inscriptions telles que « comment hétérosexualiser son enfant » ou « lutter contre l’homophobie de sa mère »). Malgré la blague de farces et attrapes, tout était fait pour que l’acheteur naïf croie en de vrais médicaments créés par des scientifiques homophobes, alors qu’en réalité c’est une artiste canadienne, Dana Wyse, qui est à l’origine de cette contrefaçon ambiguë.
De même, la création d’une confrérie scientifiquement homosexuelle de « psys gays » (les AMG – Associations de Médecins Gays – dont je parlais tout à l’heure) va dans ce sens de l’auto-stigmatisation par le biais de la victimisation. Être en présence d’un personnel soignant étiqueté homosexuel, paraît-il que ça mettrait en confiance les pauvres victimes d’homophobie (que seraient toutes les personnes homosexuelles) d’être en présence de leurs jumeaux d’orientation sexuelle, et même que ces derniers comprendraient mieux, soigneraient mieux, culpabiliseraient moins… Je ne doute pas que le travail d’accompagnement de ces « médecins gay » ait parfois son utilité, son efficacité. Mais a-t-il pour autant sa raison d’être ? La qualité d’un médecin se mesure-t-elle à son orientation homosexuelle ? Choisit-on son soignant selon le discours idéologique qu’on a envie d’entendre de lui ? Je ne crois pas. Cette homosexualisation du monde médical, aussi généreuse qu’elle puisse paraître, est en réalité homophobe : elle copie en tous points l’arsenal « scientifique » mis en place par les opposants aux personnes homosexuelles. Les thérapies de groupe pour « guérir les homos » laissent juste la place aux thérapies de groupe pour « guérir les homophobes » ; le discours scientifique homophobe du « contre-nature » est juste supplanté par un discours freudien frelaté tuant la culpabilité – et pour le coup, la responsabilité – ; la croyance en la nation de « sidaïques » et d’« homosexuels » est juste remplacée par la croyance en la nation de « genres » bisexualisante et asexualisante ; la recherche du « gène gay » et des « causes » de l’homosexualité nourrit à la fois la diabolisation et la sacralisation du désir homosexuel, etc.)
Loin d’apporter des solutions aux maux que ces « scientifiques » pro-gay voulaient combattre, ils créent ou miment en général des souffrances parallèles. Par exemple, dans son livre Serial Fucker, Journal d’un barebaker (2003), Érik Rémès remplace le despotisme aseptisé du safer sexpar le culte non moins totalitaire des rapports sexuels non protégés (le « no capote » appelé bare-backing).
Autre exemple avec la création scientifico-légale de la « famille homosexuelle ». Lors de sa conférence sur « L’homoparentalité aux USA », à Sciences-Po Paris, le 7 décembre 2011, le jeune professeur Darren Rosenblum raconte comment il s’est lancé illégalement dans un projet de GPA (Gestation Pour Autrui) avec son compagnon et une mère porteuse aux États-Unis, en se justifiant de la normalité de sa situation par un verbiage scientifico-émotionnel d’apprenti sorcier, fortement anti-naturaliste, ou plutôt, ce qui revient au même, surnaturaliste (cf. je vous renvoie au code « « Plus que naturel » » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels) : « Je me sentais enceinte. » ; « On ne voulait pas savoir qui était le père biologique. On sait maintenant qui est le père biologique, mais on garde le secret. » ; « Je soutiens une interprétation de la biologie. » : « Je trouve que ces rôles de père ou de mère ne sont pas essentiels. Si dans une famille un homme veut être la mère, il doit pouvoir le faire. Le sens de ces termes, je pense, va fondre. » Il se montre favorable à l’instauration d’une « philosophie de genres », à une « parentalité androgyne », et parle très sérieusement de « désexuer la parentalité ». En filigrane, on sent pourtant dans son discours une peur que sa supercherie scientifiste soit démasquée. Avec son copain, ils ont fui l’État de New York (où la GPA est illégale) pour venir habiter incognito dans le Marais à Paris, avec leur petite fille de deux ans et demi… mais Darren avoue qu’ils rasent les murs : « J’ai un peu peur d’être maltraité par les gens au moment où je suis avec ma fille. » Peu fiers de ce qu’ils ont fait au nom et grâce à la technique (plus qu’à la science à proprement parler).
c) La supercherie scientifique homosexuelle débusquée :
L’illusion de science que beaucoup de personnes homosexuelles ont créée ne fait pas long feu. Comme elles se sont appuyées davantage sur leurs fantasmes de toute-puissance et de possession que sur le Réel et l’Amour, elles apparaissent (à leur grande honte) comme des charlatans, des inutiles, des prétentieux, des savants mi-homosexuels mi-homophobes, ou des fous, aux yeux de la réelle confrérie scientifique planétaire.
Je m’aligne à leurs constats. Par exemple, le 8 juin 2010 dernier, un peu avant que je donne ma conférence sur la mixité gay/lesbiennes à l’Hôtel Millenium de Paris devant les membres de l’association homosexuelle l’Autre Cercle, j’ai pu assister le même soir au topo insipide de quatre médecins, qui se présentaient comme des « Psys gays », et qui se proposaient de nous parler de l’homophobie : ils n’ont fait que survoler et minorer le phénomène de l’homophobie intériorisée, en noyant le poisson dans une lecture misérabiliste et victimisante. J’étais intérieurement affligé du niveau de réflexion.
En somme, on se rend compte que les médecins homosexuels deviennent de vrais charlatans (ou bien que leurs patients homosexuels n’arrivent pas à comprendre les vrais médecins sérieux et solides) dès qu’ils se mettent à justifier la croyance en l’identité homosexuelle, en l’amour homosexuel, dès qu’ils pratiquent des actes homosexuels.
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