Déni de Réel
Nous le constatons tous les jours, à tout instant. Quand les êtres humains s’éloignent du Réel, ils s’éloignent aussi au bout du compte de l’humain, de ce que sont vraiment les personnes, de l’amour durable et heureux. C’est ce qui est précisément en train de se passer à l’heure actuelle en France avec le projet de loi sur « la proposition du mariage pour tous ceux qui le désirent ». Nos législateurs et gouvernants ont quitté intellectuellement le Réel et s’avancent pour Le gommer sous des prétextes paradoxalement humanistes et corporels. On les entend nous soutenir, avec une franchise confondante, que « L’amour n’a pas de sexe, n’a pas d’âge, n’a pas de frontière, n’a pas de règles, n’a pas d’autre maître que notre subjectivité humaine, nos sentiments, nos intentions individuelles, notre sensibilité, notre sincérité, notre tendresse, le désir de notre partenaire amoureux, etc. ». Mine de rien, ils nient l’existence des quatre « rocs » du Réel sur lesquels notre Humanité se fonde et peut rester concrètement aimante : la différence des sexes, la différence des générations, la différence des espaces, et la différence entre Créateur et créature(s). Dans l’idée, ils aiment tout le monde… mais pas leur prochain, là, présent, en chair et en os, nécessairement inégal à nous. Ils défendent la « vie » et la « liberté » sans en reconnaître les limites et le prix. Ils donnent corps à leurs fantasmes bien-intentionnés et à leurs pulsions sous couvert d’un humanisme athée, certes libertaire, sensitif et chargé d’émotions mais peu incarné et peu libre.
C’est cette fuite du Réel qui explique, à mon sens, la violence inouïe du projet de loi du « mariage pour tous ceux qui le désirent » que la France s’apprête à voter les yeux fermés. Une fois passé le joli discours sur les discriminations et la sincérité des couples homosexuels, nous réalisons et devinons tous que le couple homosexuel, aussi possible soit-il, n’est pas, par nature, ancré dans le Réel puisqu’il en éjecte purement et simplement le roc principal : la différence des sexes qui, je le rappelle, est le socle fondamental du Réel humain/humanisant, sans lequel nous ne serions même pas là pour en parler ! Notre société mesure également que la filiation que certains couples homosexuels souhaitant se marier défendent est conjugalement irréelle : l’union homosexuelle, par nature, n’est pas procréative. Par la légalisation du « mariage pour tous », l’adoption, la présomption de paternité, la PMA (Procréation Médicalement Assistée) et la GPA (Gestation Pour Autrui), ce sont maintenant les trois autres rocs du Réel qui secondaient la différence des sexes – à savoir la différence des générations, des espaces, et Créateur/créature – que nos idéologues-apprentis-sorciers veulent faire sauter. C’est très grave, leur éloignement du Réel, car il nous pousse collectivement vers l’inhumain, l’irraisonné, le désincarné, le manque d’amour, la négation des personnes. Et le rappeler n’est pas alarmiste ni religieux : c’est réaliste ! Il en va de la sauvegarde de l’Amour ! Cet Amour que socialement nous n’aimons plus assez et que nous ne voulons plus reconnaître !
Il est urgent (et il n’est pas trop tard) que nous sortions de nos spéculations sentimentalistes, victimisantes et législatives, pour revenir au Réel et aux personnes qui vont le plus pâtir de ce projet de loi sur le mariage – les enfants, certes, mais avant tout et surtout les personnes homosexuelles, qui sont les « dindons aux plumes roses » de cette farce sérieuse.