Curé gay
NOTICE EXPLICATIVE :
Les Oiseaux qui se cachent pour vomir, version gay… Avant que certains cathos se choquent ou que certains anti-cathos sautent de joie, je tiens à préciser que ce code va traiter du cliché du prêtre ou de la religieuse représenté(e) dans les fictions traitant d’homosexualité, comme « gay » (ou « lesbienne »). Je parle bien des clichés de l’homosexualité, pas d’abord de la réalité improbable de ces clichés (merci de bien comprendre le fonctionnement de mon Dictionnaire en lisant le mode d’emploi, avant de me faire dire ce que je ne dis pas ou de prendre au pied de la lettre les codes).
J’ai pour habitude de dire qu’il n’y a pas de cliché sans feu… et que, donc, s’il y a dans les fictions parlant d’homosexualité autant de prêtres homosexuels refoulés, pervers et pédophiles, et de bonnes sœurs lesbiennes frustrées, c’est qu’il y a un fond de vérité. Et pourtant… le cliché du « curé gay » fait presque exception à la règle !
Jésus porte le péché du monde sans être pour autant pêcheur. Il est donc logique que nos prêtres, qui ont revêtu le Christ, subissent le même sort que Lui. Ça ne veut pas dire que l’accusation d’homosexualité soit avérée pour eux, mais bien qu’ils sont habités par le Christ… et pour le coup, plus attaqués par le démon !
La délirante présomption d’homosexualité des prêtres (ou, ce qui revient au même, d’homophobie intériorisée) était déjà une accusation et une manœuvre courante des Nazis pour discréditer l’Église et ses serviteurs : « J’estime qu’il y a dans les couvents 90 ou 95 ou 100% d’homosexuels. […] Nous prouverons que l’Église, tant au niveau de ses dirigeants que de ses prêtres, constitue dans sa majeure partie une association érotique d’hommes, qui terrorise l’humanité depuis mille huit cents ans. » (Heinrich Himmler dans son discours du 18 février 1937, cité dans l’essai Le Triangle rose (1988) de Jean Boisson, p. 73)
J’en ai rencontrés, des prêtres homosexuels. Et même un nombre plus important que je n’aurais pu imaginer, j’avoue. Cependant, ma vision du phénomène n’est d’une part pas très représentative de l’ensemble du Clergé (car mon statut médiatique de « Catho homo » m’expose évidemment plus à recevoir prioritairement les confidences des curés touchés par l’homosexualité), et d’autre part, les prêtres homos restent une minorité (et de toute façon, la question de leur orientation sexuelle se pose à peine une fois passée leur ordination puisqu’ils font vœu de continence, qu’ils se sentent homos ou attirés par l’autre sexe ; ce qui pose uniquement problème, c’est quand ils passent à l’acte).
Seule la réalité de terrain nous permet de comprendre que, de par leur recherche de pureté (recherche souvent fructueuse et épanouissante, quoi qu’en disent les médias qui prennent leurs mythes pornographiques pour des réalités), les célibataires consacrés attisent les sarcasmes et les jalousies, et que le clergé n’est pas – même au tiers, comme on l’entend parfois, comme qu’il s’agissait d’une statistique avérée – un « repère d’homosexuels ». En revanche, à l’extérieur de l’Église, on observe beaucoup de fascination mêlée de rancœur, de la part des personnes homos qui se rêvent « religieuses à la place des religieux », car les prêtres, par leur choix de vie radical, les renvoient forcément à leur inconstance et à leur détournement de l’Idéal d’Amour. Par conséquent, elles projettent souvent sur eux leurs propres fantasmes libertins de saints ratés.
N.B. : Je vous également aux codes « Attraction pour la « foi » », « Se prendre pour Dieu », « Putain béatifiée », « Pédophilie », « Viol », « Homosexuels psychorigides », « Homosexuel homophobe » et « Blasphème », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.
Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.
FICTION
Le personnage homosexuel est un prêtre ou une religieuse :
Les curés gays ou les nonnes lesbiennes sont très nombreux dans les œuvres artistiques homosexuelles. J’ai dressé une liste non-exhaustive : cf. le film « Entre Tinieblas » (« Dans les ténèbres », 1983) de Pedro Almodóvar (avec la Mère supérieure lesbienne), la pièce La Belle et la Bière (2010) d’Emmanuel Pallas, le film « La Mala Educación » (« La mauvaise éducation », 2003) de Pedro Almodóvar, la B.D. Muchacho (2006) d’Emmanuel Lepage (avec Gabriel de la Serna, séminariste homo), le film « Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot » (1965) de Jacques Rivette, le film « Lilies, les Feluettes » (1996) de John Greyson (avec l’évêque homosexuel), la pièce Dépression très nerveuse (2008) d’Augustin d’Ollone (avec le prêtre gay et pédophile), le film « La Vie est un long fleuve tranquille » (1988) d’Étienne Chatiliez (avec Patrick Bouchitey en curé efféminé chantant « Jésus revient »), le film « The Devil’s Playground » (1976) de Fred Schepisi, le film « Les Loups de Kromer » (2003) de Will Gould (avec les dernières images du film montrant la queue de loup – signe d’homosexualité dans l’histoire – dépassant de la soutane du prêtre homophobe qui s’éloigne sur le chemin…), le film « Au nom du Père » (1972) de Marco Bellocchio, le roman L’Agneau carnivore (1975) d’Agustín Gómez Arcos, le film « The Boys Of St Vincent » (1992) de John N. Smith (avec les frères de l’orphelinat St Vincent), le film « Another Gay Movie » (2006) de Todd Stephens, le film « In The House Of Brede » (1975) de George Schaefer, le roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude (avec le pasteur Elvström), le film « La Cage aux Folles II » (1981) d’Édouard Molinaro, le film « La Nonne et les sept Pécheresses » (1972) de Sergio Garrone, le film « C.R.A.Z.Y. » (2005) de Jean-Marc Vallée, la pièce Les deux pieds dans le bonheur (2008) de Géraldine Therre et Erwin Zirmi (avec le vicaire homo), le roman inachevé La Religieuse (1780) de Denis Diderot (avec les prêtres homosexuels chez le Comte de Mirabeau), le film « La Pire de toutes » (1990) de Maria Luisa Bemerg, le film « Mais ne nous délivrez pas du mal » (1970) de Joël Séria, la pièce Jeffrey (1993) de Paul Rudnick, le roman Ser Gay No Es Un Pecado (1994) d’Óscar Hermes Villordo, la pièce Les Longues Vacances de Salazar (1997) de Manuel Martínez Medeiro (avec le cardinal Cerise, homosexuel frustré voulant revivre ses premiers homosexuels de pensionnat avec le dictateur Salazar), le film « Les jours et les nuits de China Blue » (1984) de Ken Russell, le film « Les Amitiés particulières » (1964) de Jean Delannoy (avec le père de Trennes, homosexuel refoulé), le film « Pianese Nunzio, 14 Anni A Maggio » (1996) d’Antonio Capuano (avec le père Alonso), le roman El Ángel descuidado (1965) d’Eduardo Mendicutti, le roman Los Nietos De San Ignacio (1916) de Joaquín Belda, le film « Le Nom de la Rose » (1986) de Jean-Jacques Annaud, le film « Conan le Barbare » (1981) de John Milius, le roman A.M.D.G. (1910) de Pérez de Ayala, le film « Butterfly » (2004) de Yan Yan Mak, le film « Couvent de la Bête sacrée » (1974) de Norifumi Suzuki (Mayumi, jeune femme libérée, décide de rentrer dans les ordres), le film « Extramuros » (1985) de Miguel Picazo, le film « Manuel Y Clemente » (1985) de Javier Palmero, le roman Pasión Y Muerte Del Cura Deusto (1924) d’Augusto d’Halmar, le film « Le Canardeur » (1974) de Michael Cimino, le roman Extramuros (1978) de Jesús Fernández, le film « Le Narcisse noir » (1947) de Michael Powell-Emeric Pressburger, le film « If… » (1968) de Lindsay Anderson, le film « Fantasmes » (1967) de Stanley Donen, le film « Jeunes filles au couvent » (1972) d’Eberhard Schroeder, le film « Storia Di Una Monaca Di Clausura » (1973) de Domenico Paolella, le film « Les Religieuses du Saint Archange » (1973) de Domenico Paolella, le film « Flavia la Défroquée » (1974) de Gianfranco Mingozzi, le film « Intérieur d’un couvent » (1976) de Walerian Borowczyk, le film « Lettres d’amour d’une Nonne portugaise » (1976) de Jess Franco, le film « Le Confessionnal » (1995) de Robert Lepage, le film « Wet And Rope » (1979) de Koyu Ohara, le film « Prêtre » (1994) d’Antonia Bird (avec le père Greg), le film « Un Printemps sous la neige » (1983) de Daniel Petrie, le film « Lilies » (1996) de John Greyson, le film « Het Sacrament » (1989) d’Hugo Claus, le film « Sister Emmanuelle » (1981) de Joseph Warren, le film « Quam Mirabilis » (1994) d’Alberto Rondalli, le film « Dominique Suor Sorriso » (2001) de Roger Deutsch, le film « Pecata Minuta » (1998) de Ramón Barea, le film « Les Destinées sentimentales » (1999) d’Olivier Assayas, le film « Split Wide Open » (1999) de Dev Benegal, la pièce Homosexualité (2008) de Jean-Luc Jeener (avec Pierre le jeune prêtre homosexuel, en couple avec Pierre), la chanson « Ils en sont tous » (1949) de Robert Rocca, le one-man-show Cet homme va trop loin (2011) de Jérémy Ferrari (avec le Père Vert), la pièce Le Gai Mariage (2010) de Gérard Bitton et Michel Munz, la chanson « Jesus Is Gay » de Gaël, le film « Une Chose très naturelle » (2010) de Christophe Larkin (avec David, l’ancien séminariste), le film « Homme au bain » (2010) de Christophe Honoré, la publicité étrangère « Love For All » pour la marque de vêtements Björn Borg (avec les deux prêtres mariés à l’Église par une femme pasteur), la comédie musicale Peep Musical Show (2009) de Franck Jeuffroy (avec le père François), le film « Souffle au cœur » (1971) de Louis Malle (avec le jésuite pédéraste), le film « Toto qui vécut deux fois » (1998) de Daniele Cipri et Francesco Maresto (avec Fefe, le curé gay), le film « Il y a des jours… et des lunes » (1989) de Claude Lelouch (où Francis Huster joue le rôle d’un prêtre en couple avec un antiquaire), la série Ainsi soient-ils de la chaîne Arte (2012) de David Elkaïm (avec des portraits de cinq séminaristes, très romancés et caricaturaux ; et l’un d’entre eux est évidemment homo), le roman Deux garçons, la mer (2013) de Jamie O’Neill (Jim, l’un des héros homos, se destine à la prêtrise), le film « In The Name Of » (2012) de Malgoska Szumokska (avec Adam, un jeune prêtre engagé et populaire, qui finit par se découvrir homo), la pièce L’Émule du Pape (2013) de Michel Heim (avec Tazzio, l’amant du Pape), le film « No Se Lo Digas A Nadie » (1998) de Francisco Lombardi (avec le prêtre montré comme homosexuel refoulé), l’opéra King Arthur (2009) d’Hervé Niquet (avec les deux moinillons homosexuels), le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer (avec le pasteur Ralph, homophobe et secrètement homosexuel), la pièce Les Feluettes (2015) de Michel Marc Bouchard (avec Monseigneur Bilodeau), le film « Benedetta » (2021) de Paul Verhoeven, etc.
Séminaristes « nouvelle génération »
Les allusions à l’homosexualité latente des prêtres sont plus ou moins directes : « Un ecclésiastique, un abbé pédalait. Mon Dieu, qu’il pédalait, pédalait bien l’abbé. » (cf. la chanson « L’Abbé à l’harmonium » de Charles Trénet) ; « Les curés, ce sont des hommes comme les autres : des obsédés. » (Nana dans son one-woman-show Nana vend la mèche, 2009) ; « Drag-queen avec moins de paillettes = un curé. » (une réplique du one-man-show Jérôme Commandeur se fait discret (2008) de Jérôme Commandeur) ; « Le pays a été sodomisé par la religion. » (Nasser dans le film « My Beautiful Laundrette » (1985) de Stephen Frears) ; « Je payais en toute hâte, empochai mon ticket et me jetai sur les portes du théâtre sans regarder vers la queue où, j’en étais convaincu, une dizaine d’homosexuels – dont un prêtre –, plus méchants les uns que les autres, riaient de ma déconvenue. » (le narrateur homosexuel à l’opéra, dans le roman La Nuit des princes charmants (1995) de Michel Tremblay, p. 35) ; « J’préfère encore me faire tripoter par un prêtre comme mes copains cathos quand ils vont au caté. » (Laurent Spielvogel à propos du rabbin à qui il va rendre visite, dans son one-man-show Les Bijoux de famille, 2015) ; etc.
Par exemple, dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Jim, le jeune adolescent homosexuel, s’est fait attouché par un prêtre, le frère Pocycarpe (ce dernier lui a déboutonné sa chemise et caressé le torse). Cet abus donne raison aux suspicions anticléricales émises par Doyler, l’amant de Jim : « Ces curetons, c’est tous des pervers et des frustrés. Attention aux curés de tous les côtés ! ». Dans la pièce L’Héritage était-il sous la jupe de papa ? (2015) de Laurence Briata et Nicolas Ronceux, Géraldine, la femme de Nicolas le héros homosexuel, sort des propos hyper homophobes, et soupçonne Mgr Lanu le prêtre qui doit présider l’enterrement du père de Nicolas, d’être homosexuel : « Je pense qu’il est un peu huhuhu. C’est un pédé, quoi ! » Nicolas fait des jeux de mots salaces entre le nom de famille Lanu et l’anus, bien entendu. Dans son one-man-show Bon à marier (2015), Jérémy Lorca hallucine, avec l’application I-phone GrindR, de découvrir des homos partout autour de lui : « J’étais pas habitué, moi ! Je viens du Nord-pas-de-calais. À part le curé, y’avait personne ! » Dans le film « Tout mais pas ça » (« Se Dio vuole », 2015) d’Edoardo Falcone, Andrea, veut devenir prêtre, mais n’ose pas encore le dire à ses parents. Tommaso, son père anticlérical, voit Andrea partir en mobylette avec son pote Furio, et s’imagine déjà qu’ils couchent ensemble… alors qu’ils ne font que se rendre à des réunions d’enseignement chrétien animées par un prêtre. La prêtrise est mise sur le même plan que le coming out.
Cette réputation est parfois confirmée par le personnage homosexuel lui-même. « Ton père est différent des autres pères. » (le père travesti M to F, ancien curé et ancien évêque de Bruxelles, faisant son coming out à son fils Peter et parlant de lui à la troisième personne, dans le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau ; il veut fonder l’Association des Travestis Évêques Belges, l’ATEB) On retrouve quelques héros homosexuels religieux vivant en couple homo, ou bien fréquentant les lieux de drague homosexuelle tels que les saunas ou les parcs. Par exemple, dans la biopic « Yves Saint-Laurent » (2014) de Jalil Lespert, lors d’un de leurs premiers dîners, Pierre Bergé compare son futur amant Yves Saint-Laurent à un prêtre pour le dragouiller : « Quand vous êtes venus saluer [à la fin du défilé Dior], vous aviez l’air d’un séminariste. »… ce à quoi Yves lui fait cet aveu : « Je suis passé chez les curés, oui. » Dans le roman Par d’autres chemins (2009) d’Hugues Pouyé, Adrien, séminariste, se voit dans une situation et dans des actions qui ne lui ressemblent pas : « Et Adrien était là aussi [sur la Place Dauphine, lieu de prostitution]. Adrien faisait comme eux. Il était l’un d’eux. Il en éprouvait de la honte. Comment lui, le prêtre, pouvait-il être impliqué dans ce vil commerce des corps, côtoyer ces êtres en manque de chair, se mettre en chasse comme eux ? » (p. 27) Le personnage homosexuel fige l’acte schizophrénique en question esthétique pour ne pas agir selon sa conscience. Dans la pièce Le Gai Mariage (2010) de Gérard Bitton et Michel Munz, le père d’Henri est prêtre. Et à la fin de la pièce, Edmond se marie avec le père Gilbert.
L’homosexualité de l’ecclésiastique est parfois une projection fantasmatique du héros/de l’auteur gay. « Le président se faisait sodomiser par le pape de l’Argentine. » (la voix narrative du roman L’Uruguayen (1972) de Copi, p. 56) ; « Un prêtre sur trois en est. » (Julien dans la pièce Homosexualité (2008) de Jean-Luc Jeener) ; « Si les jeunes imitaient leurs profs homos, il y aurait davantage de bonnes sœurs. » (Harvey Milk dans le film « Harvey Milk » (2009) de Gus Van Sant) ; « Mais entrez donc Monseigneur. Toujours toujours, tu t’y frottes… typique. » (cf. la chanson « Bouchon rue de Liège » du Beau Claude) ; « Y’a deux semaines, j’ai postulé pour rentrer dans les ordres. » (Jarry dans son one-man-show Atypique, 2017); etc. Par exemple, dans la pièce Le Bossu de Notre-Dame (2010) d’Olivier Solivérès, le méchant Frollo est homosexualisé et comparé à Blanche-Neige. Dans le film « Madre Amadísima » (2010) de Pilar Tavora, l’un des personnages s’adresse à la photo du pape Benoît XVI en le suspectant d’être affilié à plein d’homos dans ses proches collaborateurs. Dans la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel, les papes sont tous féminisés : les comédiens nous parlent de « la Jean-Paul II, la Pie XII, la Paul VI, la Benoît XVI ». Dans la pièce Bang, Bang (2009) des Lascars Gays, le pape Benoît XVI est transformé en gay. Dans son one-man-show Anthony Kavanagh fait son coming out (2010), Kavanagh compare le pape à une « vieille drag-queen ». Dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, lorsque la narratrice transgenre F to M se travestit en moine ermite, « un samedi soir, la veille de Pâques » ; et elle évoque « la Papesse Jeanne ». Dans les fictions traitant d’homosexualité, même Jésus est transformé en pédale : « Oh je n’ai fait que prendre exemple sur Jésus… mais si vous voyez… Jésus (elle mime une folle sur la croix – mime les clous, la couronne, la chaleur) » (Lise dans la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier) ; « Plus tard, Jésus-Christ est crucifié. Il aimait beaucoup les hommes. » (une phrase de la B.D. de Cuneo, dans la revue Triangul’Ère1 (1999) de Christophe Gendron, p. 130).
Dans le film « Pédale douce » (1996) de Gabriel Aghion, dans la boîte gay Chez Eva, Adrien, le héros homo, pour se débarrasser d’Alexandre (l’hétérosexuel), fait croire à son pote sadomasochiste Bibiche que ce dernier est un « ex-séminariste grand amateur de flagellation » pour qu’il le maltraite physiquement… ce qui excite Bibiche encore plus. Et un peu plus tard, Fripounet, l’un des serveurs homos de la boîte, se montre aussi très entreprenant avec un prêtre puisqu’il n’hésite pas à le toucher. Il fantasme également sur le Christ : « Qu’il est beau, ce Jésus… ».
Parfois même, le personnage homosexuel est à l’origine de l’acte homosexuel du prêtre. Dans le roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, par exemple, c’est le héros gay lui-même qui, juste pour braver l’interdit de la profanation, va pervertir un curé et le faire basculer dans l’homosexualité, en attribuant ensuite son acte aux séminaires : « Qu’est-ce qu’on leur apprend, bon Dieu, dans les écoles à curés ? […] Ce pauvre type s’est défroqué ! » (p. 134) On voit bien, à travers ce roman, que les curés en question sont en réalité des hommes homosexuels déguisés en curés pour s’amuser/faire scandale, et porter à confusion sur la véritable identité des prêtres. D’ailleurs, Vincent Garbot, une fois son infamie opérée, vole sa soutane au pauvre curé rongé de culpabilité, et la porte avec complaisance et narcissisme, comme un trophée : « Il faut dire que le noir de l’habit boutonné jusqu’au col me va comme un gant. » (idem, p. 135) Autre exemple : dans le film « Marguerite » (2015) de Xavier Giannoli, deux hommes barbus déguisés en nonnes fréquentent le cabaret anar de Kyril. Dans le docu-fiction « Christine de Suède : une reine libre » (2013) de Wilfried Hauke, la Reine Christine, pseudo « lesbienne », a une liaison avec le cardinal Azzolino.
L’image caricaturale du curé pédé peut répondre à un fantasme (d’amour ou/et de viol) projeté : « Moi, c’que je veux, c’est violer le curé ! » (Camille dans la chanson finale du one-woman-show Vierge et rebelle (2008) de Camille Broquet) ; « Voilà la bonne sœur… ! » (Emory, homosexuel très efféminé, se moquant d’Alan, le héros homosexuel refoulé, dans le film « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; « La religieuse était pleine de vie et, bien qu’elle ne fût pas jolie, je fus attirée par elle. […] J’étais insensiblement attirée et sous le charme de la sœur. […] Je concentrai mon esprit sur les pensées choquantes qui me traversaient l’esprit. Je l’imaginais déshabillée et en situation de me donner ce que j’aurais voulu d’elle sur l’instant. […] J’avais souvent pensé que dans les couvents, parmi ces femmes enfermées, certaines devaient entre elles trouver un peu de satisfaction… » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, pp. 221-223) ; « Était-elle en train de flirter ? […] Ils remontèrent le chemin blottis l’un contre l’autre comme des jeunes mariés hésitants. » (Jane, l’héroïne lesbienne à propos du jeune père Walter, dans le roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 48) ; etc. Dans le film « Le Cavalier noir » (1960) de Roy Baker, un prêtre s’oppose aux agissements d’un bandit de grand chemin qui sème la terreur sur son passage… et ce bandit tombe justement amoureux de son bienfaiteur en habit.
L’homosexualisation de l’homme clérical qui est en chemin de pureté est souvent le fruit d’une vexation féminine ou d’une jalousie homosexuelle de ne pas parvenir à le séduire ou à l’égaler. Pour faire fléchir un prêtre, certains personnages homosexuels vont prêcher le faux pour savoir le vrai : « Peut-être que t’es pédé d’ailleurs… » Par exemple, dans le film « La Mante religieuse » (2014) de Natalie Saracco, Jézabel, l’héroïne bisexuelle, traite de « pédé » le beau père David dont elle est amoureuse, par jalousie et test, parce qu’il se refuse à elle.
En général, le sacerdoce n’est pas considéré par le héros homosexuel comme une vie, un engagement, une intériorité ouverte sur l’extérieur, mais uniquement comme un déguisement, une apparence, une extériorité tournée vers un égocentrisme, un bout de tissu : « Wanda passa son bras autour de la taille de Mary et elles s’éloignèrent en glissant, couple incongru, l’une vêtue aussi sombrement qu’un prêtre, l’autre dans sa robe de soirée de flou chiffon bleu. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 489) Dans la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand, Omar se surnomme « Sœur Omar de la Perpétuelle Indulgence ». La parodie de religion, ce ne sont pas les prêtres réels, mais les personnages homosexuels eux-mêmes. Par exemple, dans la pièce L’Opération du Saint-Esprit (2007) de Michel Heim, Dieu est un bourgeois aristo homosexuel, Jésus une grande folle, Marie un travesti, et l’Esprit Saint le désir homosexuel.
On lit souvent chez le personnage homosexuel se prenant pour un curé un fantasme de sainteté inversé. Il cherche le salut et la pureté dans la perdition. L’homosexualité pratiquée lui apparaît comme une forme de sainteté inédite, originelle. Il rentre au bordel comme il rentrerait au couvent. « Pietro s’est décidé à changer définitivement de sexe, il veut devenir carmélite. » (la voix narrative dans le roman Le Bal des Folles (1977) de Copi, p. 146) Par exemple, dans la pièce Hétéro-Kit (2011) de Yann Mercanton, l’une des salles du sauna où se rend le protagoniste homo est appelée « la Chapelle Fistine » (jeu de mots entre le fist-fucking et la fameuse Chapelle Sixtine au Vatican). Dans le roman La Cité des Rats (1979) de Copi, les ecclésiastiques sont en réalité des imposteurs homosexuels déguisés en curés, « les folles habillées en abbesses » (p. 113) : « Mimile se souleva la soutane et nous montra son postérieur. » (p. 115) ; « Mimile vint nous rejoindre dans le lit de l’archevêque pour coucher avec nous. » (Gouri, p. 95) Tout cela sont des mises en scène libertines volontairement blasphématoires, peu réalistes, mais voulues authentiques, y compris dans la dérision et le sarcasme. « Je veux faire le prêtre. Je veux être une traînée ! » (Paul, héros homo chantant dans le film « The Big Gay Musical » (2010) de Casper Andreas et Fred M. Caruso)
Le personnage homosexuel, vexé d’avoir mal répondu à sa vocation à la sainteté, se venge sur les prêtres réels de son entourage. Pourtant, il se sentait originellement « appelé ». « Savais-tu qu’avant de devenir médecin, j’avais résolu d’entrer dans les ordres ? » (Randall dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 235) Dans son one-man-show Ali au pays des merveilles (2011), Mr Folaste, qui voulait initialement devenir jésuite, « a fini pédophile, comme tous ces pédérastes ». Dans le one-man-show Jefferey Jordan s’affole (2015) de Jefferey Jordan, le héros homosexuel commence son spectacle par une blague sur les prêtres pédophiles qui, dans les magasins de vêtements Kiabi, « rentrent dans du 8 ans »… même si au départ, il annonce qu’il ne le fera pas : « Je ne ferai pas de vannes vulgaires sur les prêtres. »
FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION
PARFOIS RÉALITÉ
La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :
Dans les faits, les prêtres « homosexuels pratiquants » ne manquent pas. Parmi les cas les plus connus, on retrouve André Baudry (ancien séminariste et fondateur d’Arcadie dans les années 1950 en France), Salvador Guasch, Antonio Roig, Ernesto Jiménez, Antonio Rocco, Vitaliano Della Sala, Franco Barbero (cf. le documentaire Les Règles du Vatican (2007) d’Alessandro Avellis), José Mantero, Hugues Pouyé (prêtre pendant 13 ans), Jean-Michel Dunand, etc. Dans le documentaire « Católicos Gays » de l’émission Conexión Samanta sur Play Cuatro, (2011), une sœur « défroquée », María-José Casillo, témoigne de sa souffrance d’être partie du couvent – et plus largement de l’Église catholique – parce qu’elle a connu l’amour lesbien avec une autre religieuse, et qu’elle a rompu ses vœux. Dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, Christian, le dandy quinquagénaire homosexuel, dit avoir aimé toucher (chez les Jésuites) le sexe des hommes plus âgés que lui. Dans son autobiographie Le Flamant noir (2004), Bertrand N’Guyen Matoko raconte comment il s’est fait violer, adolescent, par son confesseur le père Basile.
Je vous renvoie également à l’autobiographie Confidences dérangeantes d’un homme d’Église (2006) de William Nasarre, au blog du père Jonathan sur Facebook (itinéraire d’un prêtre qui se dit ouvertement homosexuel, mais qui parle à visage caché), à tous ces films de « nunsploitation » (dont parle l’essayiste Didier Roth-Bettoni) dans lesquels des œuvres cinématographiques lient homosexualité et ordres religieux, au documentaire « Axel von Auerperg » (1973) de Rosa von Praunheim, au documentaire croate « Nuns in your Business ! » (2020) d’Ivana Marinić Kragić, etc.
Comme le reconnaît très honnêtement le prêtre catholique Xavier Thévenot, maintenant décédé, mais pionnier de la réflexion ecclésiale en matière d’homosexualité, dans son essai Homosexualités masculines et morale chrétienne (1985), « il n’est pas rare, quoique cela ne soit pas systématique (comme on l’a parfois affirmé), que l’homosexualité soit une des composantes de la prêtrise. » (p. 181) Par ailleurs, dans son essai Je vous appelle amis (2010), le maître de l’Ordre des dominicains Timothy Radcliffe explique qu’il y a parmi ses frères ordonnés un certain nombre d’individus homosexuels, mais que cela ne pose pas de problème ni de distinction fondamentale entre eux étant donné que l’exigence de la continence dans le célibat s’applique à tous, qu’ils soient homos ou non. Et on retrouve un certains nombres de religieux liés de près ou de loin aux associations et aux communautés comme la Fraternité Aelred, l’association David et Jonathan (D&J), le mouvement Devenir Un En Christ (DUEC), la Communion Béthanie, l’association Courage international, etc.
Certains prêtres ou séminaristes, en vivant une double vie parce qu’ils refusent de concilier leur obéissance à l’Église avec leurs penchants homosexuels, racontent parfois le rêve éveillé (un cauchemar schizophrénique) qu’ils vivent quand ils fréquentent les lieux de drague homosexuelle et qu’ils ne pratiquent pas ce qu’ils savent vrai : « En raison de mes horaires, différents de ceux des frères, j’avais les clés de la porte d’entrée du carmel. Je n’étais pas supposé disparaître le soir après le dîner. Mais je m’en arrogeais discrètement le droit et filais vers les lieux de rendez-vous homosexuels. » (Jean-Michel Dunand, Libre : De la honte à la lumière (2011), p. 49) ; « J’avais solutionné le problème en divisant ma vie en deux parties. Studieux et chaste au séminaire, je me dissipais pendant les vacances scolaires. J’avais découvert que les saunas servaient de lieux de rencontre et je les fréquentais de manière totalement compulsive. » (idem, p. 71)
Il est certain que la pratique homosexuelle guette tous les regroupements humains où la différence des sexes est absente ou méprisée/sacralisée, où la tentation de se prendre pour Dieu est fatalement plus forte (cf. je vous renvoie au code « Se prendre pour Dieu » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels), les ordres religieux ne faisant pas exception à la règle. Ce fut le cas des Templiers au XIIe et XIIIe siècles : « Quelque opinion que l’on adopte sur la règle des Templiers et l’innocence primitive de l’Ordre, il n’est pas difficile d’arrêter un jugement sur les désordres de son dernier âge – désordres analogues à ceux des ordres religieux. Les Templiers, jugés, avouèrent leurs mœurs. L’Ordre du Temple fut, sur ordre de Philippe le Bel et du Pape Boniface VIII, anathémisé, aboli et ses membres suppliciés. » (l’historien Jules Michelet, cité dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 130) L’histoire humaine regorge d’anecdotes démontrant une pratique réelle de l’homosexualité aux séminaires, au sein des couvents et des abbayes. « Dans les couvents [pendant la Renaissance française], on croit trouver des vierges, on tombe sur des lesbiennes. » (Louis-Georges Tin, L’Invention de la Culture hétérosexuelle (2008), p. 115) ; « Le Vatican compte une forte majorité d’homosexuels. Et je vais vous expliquer pourquoi. Dès ses débuts, le christianisme a exclu et fustigé les femmes, condamné la société et milité pour le célibat. » (Uta Ranke-Heinemann dans le documentaire « Du Sollst Nicht Schwul Sein », « Tu ne seras pas gay » (2015) de Marco Giacopuzzi) ; « Au début, je croyais que ce n’était que des ragots, ces histoires d’orgies dans les locaux du séminaire. Mais la rumeur s’est confirmée. Le sexe était partout. On nous encourageait presque. On nous disait : ‘Si vous êtes homos, de nos jours, ce n’est plus un obstacle pour devenir prêtre’. Je ne m’attendais pas du tout à ça. Les homosexuels étaient sur-représentés. Je dirais qu’ils formaient la moitié des séminaristes, voire un peu plus. » (Daniel Bühling, jeune prêtre défroqué, idem) ; etc.
Jean de Prévallier, professeur à l’Académie de Médecine de Paris (1715-1792), a écrit en 1780 des mots fatalistes sur la prêtrise, qui se présentent pourtant sous un jour « objectif » et « scientifique » : « Si l’on examine le chiffre brut des sodomistes que donnent les dossiers de la police, quant à la qualité de l’individu, on est frappé de la prédominance du clergé et de la domesticité. Toutefois, à notre époque, si l’on fait la comparaison entre la quantité des sodomistes de chaque catégorie, et la totalité des individus appartenant à cette catégorie, le clergé prend la première place. Quant à la continence que les moines, les prêtres, les religieux et les religieuses observent soi-disant, en vertu du privilège spécial conféré par les ordres sacrés, il y a longtemps que l’on sait positivement à quoi s’en tenir à cet égard par les désordres scandaleux d’un certain nombre d’entre eux. Il n’y a plus d’illusion possible, car il est avéré et reconnu par les casuistes mêmes que les plus chastes, ne résistant souvent le jour qu’au prix des plus violentes luttes de la chair, sont tourmentés la nuit par des hallucinations lubriques, des rêves libidineux, des images érotiques qui les amènent à des pollutions ou à la masturbation. Leur célibat n’est plus qu’un grossier trompe-l’œil pour les simples et les ignorants, cachant une nécessité indispensable au maintien de sa hiérarchie et de son autorité. Que peuvent faire ces jeunes hommes de vingt à vingt-cinq ans, souvent vigoureux et pleins de vie ? Un jour ou l’autre, contre leur gré dans la plupart des cas, la chair triomphe et le vice de Sodome s’installe en eux, malgré leur désir de rester purs… »
Dans son roman-documentaire La Maison battue par les vents (1996), le père Malachi Martin, qui a été un proche du Pape Jean XXIII puis de Paul VI, ouvre la Boîte de Pandore du Vatican et du clergé international : « La Maison des Saints Anges – nom de ce monastère – avait la réputation d’être un havre pour plusieurs membres de l’Ordre ayant une orientation homosexuelle. » (pp. 448-449); « La propagation de l’homosexualité active dans les séminaires d’Amérique du Nord comme dans l’ensemble du clergé. » (Pape Jean-Paul II, p. 370) ; « une homosexualité et une pédophilie cléricales apparemment devenues frénétiques ; les contours d’une profonde crise morale. » (p. 384) ; « Il existe un système de protection mutuelle qui va de la Chancellerie d’O’Cleary jusqu’au Collège des Cardinaux. Et beaucoup de types qui voudraient en sortir n’en ont pas le cran. Un groupe de prêtres homosexuels, vœux rompus, de vocations avortées et de trahison abyssale de la confiance que leurs congrégations avaient placée en eux. Ce club ecclésiastique pratiquant l’homosexualité et la pédophilie comprenait aussi le clergé de haut rang, jusqu’à des évêques auxiliaires et titulaires. Cela fonctionnait comme une mafia cléricale.[…] Innocent ou non, quiconque vendait la mèche était sûr de finir comme lui, isolé et enterré sous une avalanche de contre-accusations. » (Père Michael O’Reilly, p. 466 à 481) ; « Des évêques mutaient continuellement leurs jeunes amants de paroisse en paroisse » (p. 481) ; « nombre croissant d’ecclésiastiques activement homosexuels, de la complicité de certains évêques avec les pratiques en question et de la connivence que montraient vis-à-vis d’elles ceux qui n’y étaient pas directement impliqués. » (p. 484) ; « un réseau plus vaste qu’aucun de nous s’y attendait. » (p. 498) ; « l’homosexualité était un mode de vie ‘parfaitement acceptable’ » (p. 580) ; « Ce qui lui meurtrissait l’âme, c’était la malignité des Dominicains entre eux. D’une manière troublante, ses frères religieux de la Maison des Saints Anges constituaient un groupe d’hommes ayant choisi de vivre ensemble et excluant tout esprit qui leur était étranger. » (p. 472) ; « La documentation montrait que l’activité homosexuelle et le satanisme rituel avaient atteint un niveau organisationnel au sein du clergé américain, mais parce que les mêmes noms et les mêmes lieux revenaient dans chacune des deux séries de données. » (p. 532) ; « connexion de fait entre l’homosexualité pédophile et le satanisme ritualiste au sein du clergé » (p. 533) ; « Il apparaissait tout à coup comme incontestable que l’organisation catholique romaine comprenait désormais – pendant le pontificat de Jean-Paul II en cours – un contingent permanent de clercs qui adoraient Satan et qui aimaient ça, d’évêques et de prêtres qui sodomisaient des jeunes garçons et se sodomisaient entre eux, ainsi que des religieuses qui accomplissaient des ‘Rites noirs’ de la Wicca et qui entretenaient des relations lesbiennes à l’intérieur comme à l’extérieur de la vie conventuelle. […] Non seulement il s’accomplissait des rites et des actions sacrilèges aux Autels du Christ, mais cela se faisait avec la connivence ou, du moins, la permission tacite de certains Cardinaux, archevêques et évêques. La liste des prélats et des prêtres concernés avait de quoi causer un énorme choc à quiconque la découvrait. Au total, ces hommes ne formaient qu’une minorité comprise entre un et dix pour cent du clergé total. Mais parmi cette minorité, nombreux étaient ceux qui occupaient des positions incroyablement élevées par le rang et l’autorité au sein des chancelleries, séminaires et universités. De ces deux faits, le plus crucifiant pour le Pape slave était le pouvoir d’un tel réseau, si disproportionné eu égard au statut minoritaire de la mouvance en question dans les rangs de l’Église. L’influence prépondérante du réseau tenait d’une part aux alliances de ce dernier avec des groupes laïcs extérieurs à la sphère catholique romaine, d’autre part au nombre écrasant de professeurs des séminaires, des universités et des écoles catholiques affichant une opposition ouverte et comme allant de soi aux dogmes et enseignements moraux de l’Église. Mais il existait un troisième fait : C’était ce Souverain Pontife qui avait rendu une telle influence possible. Il avait vu la corruption. Mais sa décision avait été de ne pas excommunier les hérétiques. » (pp. 583-584)
Suite à la publication du document de 2005 du pape Benoît XVI (appelant à la prudence concernant les séminaristes qui présentaient des tendances homosexuelles profondément enracinées), j’ai su par exemple qu’aux Philippines, le frère prieur et supérieur d’une communauté religieuse que je connais a vu la moitié des séminaristes faire leur valise ! Et à force de m’entretenir avec certains prêtres et religieux, je sais que dans telle ou telle congrégation religieuse (Frères de saint Jean, Jésuites, Dominicains, etc.), dans tel ou tel média catho (revue, radio… Dans certaines radios en France, 40 % du personnel « en est », je peux l’attester !), dans tel ou tel diocèse, et même au Vatican (où il existe une petite « mafia rose » enserrant le Pape : véridique), la proportion des frères à avoir des tendances homosexuelles se retrouverait, à la louche, dans une fourchette de 1/3 à ½. Cette homosexualité dans le Clergé n’est pas à ignorer, car elle est croissante… même si elle est peu quantifiable et peu révélatrice d’une soi-disant « frustration ou homophobie ou homosexualité refoulée » qui serait générée par le célibat consacré.
Si on veut prouver que les prêtres sont aussi des hommes comme les autres, on y arrivera toujours ! Car ils le sont. Tous les Hommes sont pécheurs (… sauf Jésus et Marie). Le plus gênant dans ce discours de l’évidence, c’est que ceux qui se focalisent sur les défaillances des prêtres oublient pour le coup que la majorité d’entre eux sont non seulement humains mais surtout divinisés par le sacrement du sacerdoce, remplis par la grâce et la liberté du don entier de sa personne à Jésus et à son Église. Et là, en effet, c’est la question de la foi en Dieu qui rentre en ligne de compte, et qui fait que les incrédules (emprisonnés par leurs pulsions et jaloux de voir que les prêtres les contrôlent avec succès et joie) s’arrêtent en route, et les confiants continuent le chemin.
La mauvaise foi génère des caricatures de curés gays, provenant bien souvent de pseudo « catholiques pratiquants », ou même de prêtres défroqués, froissés de ne pas avoir suivi jusqu’au bout leurs idéaux, ou blessés par des gens d’Église peu charitables : « Le conflit entre Amour et Église, ce sont les évêques et les cardinaux qui l’ont causé, parce qu’ils sont tous des homosexuels refoulés. » (le père Franco Barbero dans le documentaire Les Règles du Vatican (2007) d’Alessandro Avellis) ; « Il y a bien des pédés asociaux, mais souvent ceux-là sont prêtres. » (cf. le blog du chanteur Nicolas Bacchus) ; « Si on faisait des statistiques dans le clergé catholique espagnol, certains diocèses présenteraient un pourcentage élevé d’homosexuels. » (José Mantero, ex-prêtre catholique, cité dans l’essai El Látigo Y La Pluma (2004) de Fernando Olmeda, p. 151) ; « C’est clair : ce sont des concubines notoires. » (Gustav, homosexuel, décrivant cyniquement deux religieuses italiennes qui ont répondu négativement à sa défense du DICO – le PaCS local – lors d’un micro-trottoir, dans le documentaire « Homophobie à l’italienne » (2007) de Gustav Hofer et Luca Ragazzi) ; etc.
Certains vont tellement vite à homosexualiser tout le clergé qu’ils en arrivent, parfois avec une sincérité incroyable, à proposer des théories abracadabrantes sur l’homosexualité du Christ (en lien par exemple avec saint Jean, le disciple que Jésus « aimait », ou bien avec l’iconographie ambiguë du baiser de Judas). Par exemple, lors d’une interview publiée le 19 février 2010 dans le magazine Parade, le chanteur homosexuel Elton John affirme que « Jésus était un gay compatissant, super-intelligent ».
Il semblerait que beaucoup de personnes homosexuelles, croyantes mais non pratiquantes, et tellement persuadées qu’elles sont des fidèles plus authentiques que les vrais catholiques pratiquants parce qu’elles n’obéiraient pas « bêtement/scolairement » à l’Église comme des grenouilles de bénitier, se soient prises pour leurs propres caricatures : les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence (ces hommes excessivement grimés en nonnes provocatrices lors des Gay Pride) en fournissent un bel exemple. Elles voient leur détournement des préceptes de l’Église comme une inversion révolutionnairement sainte. Parfois, ce sont les hommes homosexuels qui, en se déguisant en prêtres fréquentant les lieux de drague gay, alimentent eux-mêmes l’amalgame entre homosexualité et prêtrise : rappelons par exemple que le philosophe français Roland Barthes allait au club parisien Le Rocambole déguisé en ecclésiastique, juste pour porter préjudice à l’institution vaticane et mal agir en toute impunité. La parodie homosexuelle d’Église peut être très sérieuse, comme nous le constatons avec les hordes de FEMEN (seins nus, affichant des messages anticléricaux, portant le voile) lancée par Caroline Fourest, oubien dans le documentaire « Mamá No Me Lo Dijo » (2003) de Maria Galindo, où l’on voit des femmes lesbiennes déguisées en prêtres, célébrant des messes en plein air sur la place publique, et réclamant le mariage des prêtres ou l’ordination des femmes prêtres pour combattre le supposé « sexisme » de l’Institution vaticane.
C’est par leurs provocations anticléricales collégiennes, ou leurs pastiches sincères de rites cultuels catholiques, qu’une grande majorité des personnes homosexuelles prouve que la perversion et l’obsession sexuelle ne viennent pas d’abord des prêtres mais de ceux qui les jalousent/ignorent/détruisent : « Dans ma prochaine nouvelle, j’me tape des curés dans la grotte de Lourdes ! » (l’écrivain Ron l’Infirmier dans l’émission Homo Micro de la radio RFPP, le 12 février 2007) ; « Évidemment, je ne vois pas le prêtre en charge de ma paroisse venir m’embrasser sur la bouche. Mais alors, qu’il laisse cela à celui qui en aurait envie parce que cela monterait naturellement de son être accordé à cet embrassement. » (Henry Creyx, Propos décousus, propos à coudre et propos à découdre d’un chrétien homosexuel (2005), p. 32) ; etc.
Est-il besoin de rappeler que l’idée des prêtres catholiques gays ou du séminaire comme « repaire d’homosexuels » étaient un des arguments fréquemment employés par les Nazis pour pourchasser les personnes homosexuelles et l’Église ? « J’estime qu’il y a dans les couvents 90 ou 95 ou 100% d’homosexuels. […] Nous prouverons que l’Église, tant au niveau de ses dirigeants que de ses prêtres, constitue dans sa majeure partie une association érotique d’hommes, qui terrorise l’humanité depuis mille huit cents ans. » (Heinrich Himmler dans son discours du 18 février 1937, cité dans l’essai Le Triangle rose (1988) de Jean Boisson, p. 73)
L’homosexualité attribuée aux curés prouve justement par défaut la ténacité, l’intégrité et la force exceptionnelles de la grande majorité des vrais prêtres. Plus on est dans la Vérité, plus on est attaqués. Et l’homosexualisation de ceux qui sont en chemin de pureté (homosexualisation prenant au départ la forme de la revendication du mariage des prêtres, de la cessation de leur voeu de célibat, ou du sacerdoce des femmes) est souvent le fruit d’une vexation féminine ou d’une jalousie homosexuelle de ne pas parvenir à les séduire ou à les égaler. Pour faire fléchir un prêtre, on va prêcher le faux pour savoir le vrai : « Peut-être que t’es pédé d’ailleurs… »
Cela ne veut pas pour autant dire que les hommes d’Église sont parfaits, n’ont pas leurs défaillances, et qu’ils ont tous une sexualité équilibrée. Cependant, ils doivent tendre à la perfection et être exemplaires, car ils sont davantage responsables que des laïcs du salut des autres âmes, ayant été ordonnés pour habiter le Christ. Les prêtres et religieuses, parce qu’ils sont sanctifiés et ont reçus des grâces en abondance, ont moins d’excuses de mal agir. Et il est urgent pour eux, s’ils se sont écartés en actes de leur engagement religieux (en pratiquant des actes homosexuels par exemple), de revenir à la Vérité. Car ils risquent gros : la Vie éternelle. Certains – et j’en connais beaucoup – sont en grand danger, je le dis honnêtement. En danger de mort. L’enfer est peuplé précisément de ces gens-là qui savent mais qui ne font pas, de ces croyants non pratiquants. D’ailleurs, le seul véritable croyant non pratiquant, c’est/c’était le diable.
Soyons lucides. Depuis ma récente visibilité médiatique en tant que catho homo continent, beaucoup de prêtres, de séminaristes, viennent se confier à moi, me parler de leurs pratiques homosexuelles clandestines (parfois, il arrive aussi qu’ils me draguent !). J’ai même entendu des témoignages d’amis séminaristes, vivant leur homosexualité dans le plus grand secret, alternant les phases de continence avec des moments d’orgie sexuelle sur les lieux de drague, qui m’avouaient qu’à l’intérieur de leur séminaire, certains de leurs camarades sortaient ensemble. Je sais qu’ils ne me mentent pas, car ils m’ont vidé leur sac avec une grande transparence, un véritable attachement à leur Église, et sans volonté de scandale. Tout cela sont des faits. Je n’invente rien de ce que je vous raconte, même si je suis tenu au secret de la « confession », et qu’au-delà de ces révélations, je n’en aime que davantage mon Église et son incarnation humaine. Je sais que malgré leur nombre important, ces prêtres « homos pratiquants » restent une MINORITÉ dans l’Église catholique (en revanche, ce que j’observe de plus en plus, c’est que ce sont les frères de sang des prêtres catholiques qui ont tendance à faire des coming out ! C’est mon cas puisque mon grand frère est prêtre, mais j’ai eu l’occasion de le constater dans la famille de beaucoup de jeunes prêtres ; dans les cas connus, le frère jumeau du cardinal Jean Daniélou). Parfois une minorité puissante, qui exerce des chantages dignes d’une mafia gay (je pense à l’inadmissible groupuscule d’ecclésiastiques homosexuels qui exerce actuellement un petit pouvoir à la Curie romaine). Mais cette réalité d’Église n’enlève rien à la force et l’authenticité du célibat continent de l’ensemble des consacrés. Tout le contraire. L’Église catholique, parce qu’Elle est grande et belle, et qu’Elle est globalement conduite par des hommes et de femmes droits qui font ce qu’ils disent, ne souffrira pas excessivement de ces croyants non pratiquants qui La trahissent. Cependant, c’est pour ces prêtres égarés (et parfois blessés dans leur affectivité, voire malades : eh oui, appelons un chat un chat !) que j’écris ce code : s’ils me lisent, qu’ils se convertissent au plus vite, qu’ils se purifient, qu’ils reviennent en actes à ce qu’ils savent. Calmement, fermement, rapidement, et dans la joie. Le fardeau de la continence concrètement vécue est plus léger que celui de l’intuition non-actée de la vérité de la continence.
Lors de son passage à l’émission On n’est pas couché de Laurent Ruquier sur la chaîne France 2 le 1er octobre 2011, la religieuse-sexologue québécoise Marie-Paul Ross disait que ce qui l’a poussée à écrire son essai Je voudrais vous parler d’amour et de sexe (2011), c’était la grande détresse dans le domaine de la sexualité qu’elle avait entrevue au contact de ses compagnons prêtres et moniales. Je me situe dans la même démarche, cette fois sur le sujet spécifique de l’homosexualité. C’est de l’intérieur que l’Église doit se sanctifier et devenir ce qu’Elle est. C’est par les actes – non pas qu’on est sauvés (car l’Amour n’est pas une question de mérite) mais – qu’on trouve le vrai bonheur.
Je finirai en proposant une porte de sortie à tous ces prêtres gays « pratiquants » qui se reconnaissent dans la lecture de ce code, qui savent très bien intellectuellement tout ce que j’écris, mais qui n’ont pas de lieu pour en parler. Un ami prêtre catholique solide, d’une discrétion absolue, et d’une profonde écoute, en tombant sur mes lignes, s’est spontanément proposé pour créer une sorte de « Conversion Info Service », et pour accueillir tout prêtre qui aurait besoin de parler avec un véritablement « frère de ministère » (que je ne suis pas ^^). Une seule adresse : jeveuxaimer@live.fr
Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.