Le règne de l’Antéchrist, le prince de ce monde, n’est pas loin, étant donné que la royauté (ou le royalisme) a le vent en poupe en ce moment. On en entend parler un peu partout (surtout depuis le Roi Lion, le Seigneur des Anneaux, Games of Thrones, Star Wars, la Reine des Neiges et autres blockbusters nord-américains). Même dans les publicités pour hamburgers (Burger King) ou pour café, ils nous enjoignent à « être royal » (c.f. le Café Royal avec son slogan « Be Royal »… et en sous-titre : « La vraie couronne est dans la tête. »… comme si la puce électronique ou bien la conscience portaient le nom de « couronne » invisible et autrement plus puissante et noble qu’une couronne de diadèmes en toc.).
C’est simple. Tout le monde prétend être roi de quelque chose ! Et le Peuple veut/voudrait un Roi (un Roi, bien évidemment, qui n’est pas Jésus) ! Le concept de royauté, loin d’être proprement catholique et d’être tombé en désuétude, fascine beaucoup nos contemporains athées – ou plutôt agnostiques -, déçus de la politique, horripilés par les fonctions archaïques de « président », de « patron » et de « chef », mais paradoxalement nostalgiques des titres de « Roi », de « Maître », de « Héros », de « Génie », de « Chevalier », de « Seigneur », de « Monarque », de « Prince » ou de « Dieux », plein de majesté, de magnificence et de puissance cinématographiques, de brillance (héliocentrique : vive les néo Roi Soleil !), de naturalité (la Bête « voudrait déjà être roi »), de solennité ancestrale et du mysticisme chevaleresque qui plait tant aux francs-maçons mais également aux cathos bobos d’extrême droite (millénaristes monarchistes de la Réacosphère).
Les uns comme les autres n’ont rien compris à la réelle royauté de Jésus, les premiers (les antithéistes) parce qu’ils associent la royauté à la puissance individualiste et à l’insoumission, les seconds (suiveurs du Cardinal Sarah) parce qu’ils l’associent à leur idolâtrie de la soumission et de l’obéissance, et qu’ils oublient que Jésus n’est pas un Roi au-dessus de nous mais un Roi pauvre, impuissant, qui s’est fait serviteur et qui nous lave les pieds, qui ne nous appelle plus « serviteurs » mais « amis » (Jn 15, 15).
Très prochainement au cinéma en France va sortir le film « Wedding Nightmare » de Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin (un film d’horreur anti-mariage catholique, distribué par les studios Disney, consistant à décourager les rares personnes encore tentées de passer à l’église de se marier). Et l’une des répliques-phare, c’est quand la future mariée, qui s’apprête en réalité à signer un pacte avec le diable et sa famille, dit à son futur mari : « Je n’arrive pas à croire que d’ici une demi-heure, je ferai partie de l’incroyable lignée ou dynastie des… » et ce dernier lui coupe la parole en rectifiant le propos : « Le Royaume. On préfère ‘Royaume’. ».
Les principautés démoniaques et lucifériennes ont à cœur d’instaurer un Royaume, elles aussi. Contrairement à ce que s’imaginent les catholiques royalistes, qui pensent être les seuls à chérir la royauté et à vouloir son retour politique, le monarchisme, loin de faire peur ou de dégoûter à nos contemporains, vit un regain d’intérêt puissant. Et nous, catholiques, y sommes pour quelque chose dans l’installation prochaine de ce dernier. Le Roi des insoumis (l’Antéchrist) va succéder – pour un temps très court – au Roi des soumis (Jésus et les catholiques authentiques). Ne nous plantons pas de royauté, y compris au nom du Christ-Roi. La Royauté de Jésus n’est pas de ce monde (Jn 18, 36).