Traduction en français de mon passage-télé sur RFI


 

J’ai enfin pris le temps de traduire en français l’une de mes meilleures interviews télé, qui a été tournée en mai 2021 sur RFI (Radio France Internationale) en espagnol, et que les non-hispanophones ne pouvaient pas comprendre. Le mal est réparé. Merci une nouvelle fois au journaliste Jordi Batallé, qui brille par son professionnalisme et sa bienveillance.
 

 

JB : Bonjour à tous, et bienvenue aujourd’hui à notre nouvel invité du jour sur Radio France Internationale. L’écrivain français Philippe Ariño vient de sortir sur les réseaux sociaux son documentaire « Les Folles de Dieu », dans lequel il traite, à travers le portrait de 7 témoins homosexuels, transgenres et bisexuels, de l’articulation complexe entre homosexualité et Foi catholique. Et justement, pour nous parler de ce film, et de sa propre expérience en tant qu’homo et croyant, Philippe Ariño a eu l’amabilité de venir nous rendre visite dans nos studios de RFI. Bonjour Philippe.
 

P : Bonjour Jordi. Nan mais toi aussi, tu es un peu une Folle de Dieu…
 

JB : C’est aussi ce que disait ma maman quand j’étais petit.
 

P : (éclat de rire)
 

———————–1’35———————–
 

JB : Alors pour te présenter un peu, Philippe, tu es donc né dans la ville de Cholet, non loin de Nantes, dans le nord-ouest de la France. Tu es issu d’une famille catholique pratiquante, d’origine espagnole. J’aimerais que tu nous racontes ce que ça a impliqué pour toi, en naissant dans ce terreau familial, la découverte de ton homosexualité ( ?).
 

P : Bon. Comme l’illustre mon tee-shirt, j’étais le mouton – non pas noir mais – arc-en-ciel de la famille ! Je crois que les membres de ma famille ont toujours considéré mon homosexualité comme une richesse. C’est vrai que dans notre société on oppose beaucoup Foi et homosexualité. Mais personnellement, j’ai découvert, notamment grâce à ma famille, que ces deux « conditions » n’étaient pas incompatibles. Et ça, ça me réjouit beaucoup, parce que je sais que ça n’est pas souvent le cas dans les autres familles. Mais dans la mienne, ils ont accueilli l’existence de ma tendance sexuelle, et en même temps mon observance/obéissance aux prescriptions de l’Église, c’est-à-dire la non-pratique de cette tendance : vivre la continence, donc une abstinence donnée à Dieu et aussi au Monde.
 

———————–2’40———————–
 

JB : Qu’est-ce qui a fait qu’à l’âge de 20 ans, tu as décidé de rendre publique ton homosexualité, à travers ton blog, mais aussi ta foi et ton désir de continence sexuelle ?
 

P : Je me suis rendu compte déjà à cette époque-là que le sujet de l’homosexualité était totalement tabou. Y compris pour les personnes qui se présentent comme « gays friendly », et qui applaudissent ou justifient l’homosexualité sans savoir ce que c’est. En fait, personne ne prend le temps de simplement l’expliquer. Les livres qui en parlent sont très idéologiques, très identitaires : ils défendent soit « l’identité homo » soit « l’amour homo ». Moi, avant de justifier quoi que ce soit, avant d’être « pour » ou « contre », je veux savoir de quoi on parle ! Et il y avait un grand vide d’analyse sur ce sujet. En constatant ça, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose ! J’ai écrit un Dictionnaire des Codes homosexuels ; je tiens un blog qui s’appelle L’Araignée du Désert ; et puis arrive maintenant ce documentaire avec rien moins que 25 parties ! C’est ce grand manque d’analyse et d’explication de l’homosexualité qui m’a poussé à écrire tout ça.
 

———————–3’37———————–
 

JB : On va parler du film tout de suite après. Mais j’aimerais revenir d’abord sur la position de l’Église Catholique à propos de l’homosexualité, qui avance extrêmement lentement, même si certaines récentes prises de parole du pape François semblent inverser la tendance. Par exemple, quand il a déclaré : « Qui suis-je pour juger les homos ? » Quel est ton regard sur ces évolutions de l’Église ?
 

P : Alors quand on parle d’« évolution », ou de « progrès », je demande à voir ce qu’on met derrière ces mots-valise. Moi, je crois que l’Église est vivante. Elle n’a pas à s’adapter à la modernité… qui parfois est plutôt une régression. Et le message de l’Église concernant l’homosexualité est très simple : aimer les personnes, mais EN VÉRITÉ, c’est-à-dire sans justifier toutes leurs pratiques, a fortiori si celles-ci ne comblent pas, ne rendent pas pleinement heureux.
 

JB : Ta famille ne t’a pas jugé non plus ?
 

P : Elle ne m’a pas jugé. Mais (rire) il faut reconnaître que ce n’est pas toujours facile d’assumer un « drôle d’oiseau » comme moi dans ses rangs ! Vraiment. En plus, les membres de ma famille découvrent peu à peu la réalité de l’homosexualité, qui demeure une énigme et un casse-tête, y compris pour moi ! Donc ils tâtonnent. Comme moi.
 

———————–4’47———————–
 

JB : Philippe Ariño, tout récemment, les médias internationaux ont relayé l’info selon laquelle une centaine de bénédictions de couples homosexuels avaient été célébrées par l’Église allemande. N’est-ce pas un mouvement de rébellion qui risque d’ébranler le Vatican ?
 

P : Euh… je ne crois pas. Il s’agit d’un épiphénomène que certains médias tentent de monter en épingle et d’amplifier pour provoquer une polémique ou un schisme… schisme qui ne risque pas d’arriver (tout de suite), puisque je suis actuellement en contact direct avec le cardinal Omella, le n°1 des évêques en Espagne, et le cardinal Marx, le n°1 des évêques en Allemagne, et les deux sont très au clair sur la question des bénédictions de couples homos et s’accordent pour dire qu’elles n’ont pas leur place dans l’Église et ne sont pas conformes au Magistère. Et, de toute façon, nous « bénir » ce n’est pas nous aimer. Il faut arrêter de nous mentir. L’Église nous aime d’une autre manière : en étant exigeante, et sans céder à tous nos caprices.
 

———————–5’48———————–
 

JB : Toi, au moment du passage du mariage gay en France en 2013, tu as fait partie du mouvement d’opposition, en tant qu’homo, n’est-ce pas ?
 

P : Tout à fait. Et si c’était à refaire, je le referais ! Quant à l’agenda politique LGBT, je dénonce en ce moment le projet de loi d’interdiction des thérapies de conversion de l’homosexualité. En amont, il émane d’une directive du Parlement Européen qui a été votée en 2018. Cette loi va certainement passer comme une lettre à la Poste et être imposée à la France, puisque la ministre Elisabeth Moreno et la députée lesbienne Laurence Vanceunebrock-Mialon présentent les thérapies comme une « torture », alors que je sais qu’il s’agit en réalité de simples groupes d’accompagnement – soit psychologique soit religieux – des personnes homosexuelles, sur la base du volontariat, en plus ! Personnellement, je ne suis pas « pour » les thérapies. Je dis juste qu’il y a mieux. Mais je suis « contre » leur interdiction. Car cette loi de prohibition des thérapies va encore plus restreindre les libertés des personnes homosexuelles croyantes qui désirent simplement être aidées, soit par un psychologue, soit par un groupe fraternel religieux. Et c’est pour ça que ce projet de loi est très grave. Parce que de plus en plus on impose aux personnes homos une censure, y compris en leur nom ! Pour qu’on ne puisse plus être accompagnées. Or, il ne faut pas perdre de vue que l’homosexualité, la plupart du temps, est corrélée à des suicides, des divorces, des dépendances aux drogues, des mal-être, etc., donc nécessite un accompagnement. Et ça, il faut le dire ! Est-ce que c’est trop demander de simplement pouvoir aborder ces sujets-là, sans être systématiquement taxés d’« homophobes » ? C’est un truc de fous ! Et cette loi va passer. Elle a déjà été votée il y a peu en Angleterre, dans l’indifférence et le plébiscite général(e). Et le pire, c’est que les gens ne savent pas ce que sont les thérapies, mais peu importe, ils se disent tous « contre » !
 

———————–7’34———————–
 

JB : Le problème, c’est que, quand il est question de « thérapies », ça sous-entend qu’on parle de « maladie »… ( ?)
 

P : Oui. Et c’est la raison pour laquelle nous les Folles de Dieu, dans notre documentaire, prenons bien soin de préciser que l’homosexualité n’est pas une maladie. Une peur – et l’homosexualité, par essence, est une peur de la différence des sexes (et ça, toutes les personnes homo peuvent le constater dans leur propre vie) – n’est certes pas une maladie… mais, pour autant, elle nécessite un accompagnement.
 

———————–7’54———————–
 

JB : Tu parles de cette continence sexuelle. Mais toi-même tu as évoqué que tu as été en couple, non ?
 

P : Oui. Et encore aujourd’hui, je suis amoureux d’un homme ! Mais (rires) j’ai renoncé au couple homo car Dieu est plus fort ! J’ai conscience que c’est une réalité difficile à comprendre étant donné qu’elle touche au surnaturel. Quoi qu’il en soit, voilà, je suis le seul témoin de l’équipe du film qui est amoureux. Et par-là même, je prouve que je n’ai pas choisi la continence par défaut, pour des raisons négatives, par déception amoureuse ou par dégoût des hommes (du fait que je ne serais tombé que sur des mecs qui n’en valaient pas la peine). Pas du tout. Au contraire, j’ai même rencontré la personne avec qui je pourrais encore être en couple au jour d’aujourd’hui ! C’est pour ça que je dis que j’ai choisi la continence pour des raisons positives. Et ces raisons positives portent deux prénoms : « Jésus » et « Jérémy ». Par conséquent, je ne tiens absolument pas le discours aigri : « Les couples homos ne doivent pas être vécus vu qu’ils ne valent rien et que c’est de la merde ! ». Au contraire ! Je dis : « Le couple homo c’est bien… mais ça ne suffit pas ! »
 

JB : Raconte-nous, Philippe, comment est née l’idée de faire un documentaire réunissant des personnes à la fois homosexuelles et croyantes catholiques.
 

P : Eh bien c’est parti du constat que beaucoup de personnes homos ont la Foi. Beaucoup aussi rentrent en Franc-Maçonnerie. J’en rencontre énormément en ce moment qui sont initiés francs-maçons. Beaucoup de personnes homos ont certes la Foi mais la cachent parce qu’elles ont peur de passer pour des « homophobes intériorisés ». Voilà pourquoi elles ne parlent pas de leur Foi. Il n’en demeure pas moins qu’une grande majorité d’entre elles ne se sent pas attirée par le mariage, mais au contraire préfère le célibat consacré. Et nous avons même un volet de notre documentaire dédié aux prêtres homos : car c’est une réalité d’Église.
 

———————–9’40———————–
 

JB : Dans de plus en plus de pays maintenant est approuvée la législation sur les Unions Civiles. L’Église Catholique n’a-t-elle pas un train de retard par rapport à tout ça ?
 

P : Je vais me répéter. Mais tout dépend de ce qu’on entend par « progrès » ou « retard ». L’Église doit défendre les personnes. En les aimant… mais en Vérité. Si « aimer » équivaut à « se plier à toutes leurs revendications », ce n’est pas les aimer véritablement. Et le « mariage » homo, qui impose à toute personne qui ressent une tendance homo d’être en couple, ce n’est pas ça le respect de la liberté, ce n’est pas ça non plus nous aimer, je regrette. Ce n’est pas parce qu’on est homos qu’on doit forcément être en couple. Ça ne doit pas être une obligation ! Non mais ho !
 

———————–10’36———————–
 

JB : Soit. Parlons maintenant du film « Les Folles de Dieu ». Il est « tout public » et s’adresse à tous, n’est-ce pas ?
 

P : Oui ! Enfin… particulièrement aux fous et folles ! (rires)
 

JB : Il sort en 5 langues ( ?)
 

P : Tout à fait. 5 langues !
 

JB : Et vous avez mis les petits plats dans les grands puisque vous avez non seulement assurer le doublage en 5 langues mais aussi le sous-titrage ( ?).
 

P : Exactement : en anglais, français, espagnol, italien et allemand ! La version italienne sort d’ailleurs aujourd’hui ! Et le film contient 25 parties. La Journée 1, qui comporte les 3 premières parties, traite de la dimension personnelle de l’homosexualité. La Journée 2, c’est la dimension familiale. La Journée 3 c’est la dimension amoureuse et sexuelle. La Journée 4 c’est la dimension culturelle et communautaire. La Journée 5 c’est la dimension politique internationale, à propos des lois. La Journée 6 c’est sur l’homophobie. La Journée 7 c’est la dimension ecclésiale (on y parle aussi de l’Islam et du Judaïsme). Et la Journée 8 c’est la dimension sainte. Donc vous voyez, c’est une sacrée somme ! Ça ressemble à une encyclopédie !
 

———————–11’40———————–
 

JB : Raconte-nous un peu comment s’est passé le tournage et comment tu as recruté les autres protagonistes de ton documentaire.
 

P : Alors j’ai attendu 10 ans avant de les trouver ! Parce qu’il me fallait vraiment des témoins suffisamment fous pour se lancer dans une aventure pareille ! Et c’est réellement des grands malades (rire) ! Quand je vois par exemple les risques qu’a pris Gerson, le Péruvien, ou Christian, le Mexicain, ou encore Santiago, le Colombien, il faut être un peu fou pour s’afficher comme ils l’ont fait ! Car dans leurs pays respectifs, dès que tu parles explicitement d’« homosexualité », on te sort tout de suite le mot « thérapies » ou bien « guérison ». Tu ne peux pas aborder l’homosexualité sans qu’on te réponde « Ah… mais tu peux changer ! » ou bien « Tu n’es pas que ça ! », ou encore « C’est le diable ! » ou « Ça n’existe pas ! ». C’est pour ça que je dis que ce sont des folles… mais des folles dans le bon sens du terme ! Puisque, contre toute attente, ils ont accepté de venir en France. Nous avons tourné principalement à Lourdes, mais aussi à Paris, et un peu à Cholet ma ville natale. Ils ont accepté mon invitation les yeux fermés. Sans même que je les paye. Totalement gratuitement. Et en prenant parfois des risques monumentaux ! Gerson, par exemple, n’avait même pas fait son coming out. Et à cause de leur participation, ils pouvaient perdre leur travail. Dans certains pays d’Amérique latine, les personnes qui font leur coming out peuvent même perdre leur vie. Les témoins de mon documentaire ont, pour certains, risquer leur vie ! Alors rien que pour admirer leur courage, ça vaut le coup d’aller voir sur YouTube « Les Folles de Dieu ». Car il y a de la générosité. Y compris le photographe et caméraman du film, Jean-Yves Morvan, qui n’est pas homosexuel – personne n’est parfait… (il est à moitié catho, à moitié juif) – a dit en écoutant tous nos témoignages : « Wow… Je vous trouve tellement courageux ! ».
 

———————–13’30———————–
 

JB : « Courageux », c’est aussi le cas du titre du film « Les Folles de Dieu ». Ce choix a d’ailleurs eu l’effet d’un pavé dans la mare à l’intérieur de l’Église, non ?
 

P : Et comment ! Par exemple, Gerson, rien qu’à cause du titre, a reçu carrément des lettres d’insultes de la part de prêtres péruviens, qui sortaient de leurs gonds et disaient : « Les folles ?!? Mais vous n’êtes pas folles ! » ; « Avec un titre pareil, vous êtes en train de défendre le lobby LGBT ! Quelle honte ! » ; « Vous vous transformez en caricatures de vous-mêmes ! C’est un scandale ! ». Moi, j’ai choisi volontairement ce titre et je le trouve absolument parfait. Car il dévoile l’homophobie des personnes soit catholiques soit incroyantes mais rejetant les personnes efféminées. Et notre titre parle à la fois de Dieu (avec humour !) et d’homosexualité, en incluant même les personnes les plus rejetées et décriées dans la communauté homosexuelle, à savoir les efféminées, autrement dit les fameuses « folles ».
 

———————–14’38———————–
 

JB : C’est intéressant, ce que tu dis. Ça me fait penser à une phrase qu’a écrite sainte Thérèse (d’Avila) : « La folle de la maison, c’est l’imagination. »
 

P : J’adore l’image ! (rire).
 

JB : Il a fallu beaucoup d’imagination pour réaliser ce documentaire ?
 

P : Oui. Parce que nous ne savions pas exactement où nous allions. Mais nous y sommes allés ensemble ! Et nous n’arrivons pas du tout en orgueilleux pères-la-morale qui assèneraient : « Voilà : le message de l’Église sur l’homosexualité, c’est ça ! Vous devez être continents et renoncer au couple ! » Non. Et même si nous l’avions voulu, de toute façon, nous sommes pécheurs. Et rien qu’en voyant par exemple la situation actuelle de Guillaume, le témoin allemand transsexuel, difficile de crier victoire : il est en ce moment même en train de tourner dans des films pornos ! Donc on serait bien mal placés, lui comme mes camarades et moi-même, pour jouer ensuite les blanches colombes ! Les gens, en voyant le contenu du film, pourraient très bien nous attaquer sur nos incohérences… mais ils ne le feront pas. Car nous ne nions pas que notre imperfection. Nous ne sommes pas parfaits. Simplement, nous disons que nous croyons en Dieu, que nous aimons l’Église, et que nous essayons de vivre ce qu’Elle demande. Et nous marchons tous ensemble. Et ça, à mes yeux, c’est le meilleur témoignage ! Cela dit, nous vivrons mieux ce que nous annonçons si nous y obéissons. Alors bien sûr, nous sommes pécheurs. Mais nous nous efforçons de nous aimer malgré nos différences et les désaccords entre nous.
 

———————–15’51———————–
 

JB : Dis-moi, Philippe, quelles ont été les premières réactions suscitées par la publication de ton documentaire.
 

P : Nous n’avons eu jusque-là que d’excellents retours. Parce que c’est vrai que, d’un point de vue simplement technique et visuel, il est très bien réalisé. Les gens, après avoir visionné le début, sont souvent impatients de voir la suite. D’ailleurs, à ce propos, si vous voulez voir la totalité, nous avons besoin d’aide financière, car Gerson et moi sommes les seuls à travailler. Les plates-formes, qu’elles soient catholiques ou profanes, nous ont toutes rejetés : nous leur faisons peur, soit du fait d’être catholiques, soit du fait d’être homos ! Donc nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous travaillons beaucoup, mais le film sort très lentement, au compte-gouttes. Alors ceux qui m’entendent maintenant, vous pouvez nous aider pour accélérer le rythme des publications. Mais voilà, nous n’avons eu que des réactions dithyrambiques. Ceux qui s’arrêtent au titre, c’est qu’au fond ils refusent de nous rencontrer. Mais ils n’ont pas vu le film. Ceux qui ont vu le film, y compris ceux qui ne croient pas en Dieu, se laissent toucher par notre vécu. Par exemple, Guillaume parle de sa transsexualité, explique pourquoi il a renoncé à la transition. Car s’il avait poursuivi sa transition, ou les opérations, il s’exposait soit à un cancer du cerveau, soit du foie. Il donne les raisons de sa détransition. Donc bon, une vie comme celle-là, ça s’écoute ! Et ça force le respect ! Vous pourrez aussi entendre le témoignage d’une femme lesbienne, Perrine. Bref, les 6 témoins du film, nous avons une histoire passionnante à découvrir ! Vraiment passionnante ! Moi, j’incarne « l’amoureux » de l’équipe (rire). Mais tous, nous avons notre couleur, notre particularité, notre charme. Je crois que nous sommes très attachants.
 

———————–17’30———————–
 

JB : Vous avez tourné pendant 10 jours entre Lourdes et Paris. Peux-tu nous raconter une anecdote croustillante de ce tournage si intense ?
 

P : Oula… ! Il y en a tellement ! Par exemple, on nous a foutus dehors de la Cité Saint Pierre ! Alors que la Cité Saint Pierre, normalement, accueille vraiment tout le monde… mais il faut croire que « tout le monde sauf nous » ! (rire).
 

JB : Explique-nous ce qu’est la Cité Saint Pierre.
 

P : La Cité Saint Pierre, c’est un lieu qui accueille et héberge beaucoup de pèlerins de Lourdes : même les gitans, les personnes handicapées, les prostituées, etc. TOUS… sauf nous ! (rire). Parce que les gens sont effrayés par le message de l’Église sur l’homosexualité. Vraiment, quand je vous dis que nous sommes folles, c’est la vérité. Mais j’ai envie de dire : « MERCI ! MERCI Seigneur d’être aussi folles pour toi ! » (rires). Et quoi d’autre encore ? Ah oui ! J’ai fait la rencontre, à Lourdes, quelques jours avant le tournage, d’une femme qui venait de sortir avec une religieuse, et qui m’a tout raconté. Car le mot « homosexualité » est un mot magique. C’est la clé des cœurs. Elle m’a raconté toute sa vie. Elle m’a dit qu’elle était sortie avec une nonne ! Et j’ai pu parler de cette anecdote dans le documentaire puisque nous avons eu une table ronde sur l’homosexualité y compris au sein des communautés religieuses féminines. Donc pour moi, la rencontre avec cette femme a été un petit cadeau de Dieu.
 

———————–18’52———————–
 

JB : Eh bien ici, à RFI, nous n’avons pas eu peur de vous, ni de présenter ce film !
 

P : C’est un peu normal ! Tu es une folle, je te dis ! (rire).
 

JB : Un immense merci, Philippe, d’être venu jusqu’à nous. Vous venez d’entendre Philippe Ariño, réalisateur du documentaire « Les Folles de Dieu », d’ores-et-déjà disponible sur Internet, et en particulier YouTube. Je remercie également Stéphane Défossez et Thibault Baduel à la technique. Et je salue particulièrement tous les téléspectateurs qui nous suivent dans toute l’Amérique Latine, sûrement depuis Lima ou encore Mexico, d’où sont originaires certains des protagonistes de ton film, grâce à un diffuseur international qui s’appelle UCL, un réseau latino qui émet depuis Montevideo (Uruguay) pour tout le continent américain. Et à nouveau, je vous adresse, chers téléspectateurs, un immense merci pour votre fidélité. Nous vous donnons rendez-vous bientôt pour un prochain numéro de l’« INVITÉ spécial de Radio France Internationale ».