Joie d’être allé à l’enterrement de ma marraine. Peine et colère aussi. Malheureusement/heureusement également, la présence de ma soeur pour en rire gravement… parce que j’aurais pu cocher toutes les cases du code « Enterrement bobo » de mon livre Les Bobos en Vérité. Que voulez-vous… quand la génération des enfants et des petits-enfants essaient de faire spirituel et de rendre hommage à leurs ancêtres dont ils ont rejeté la foi et la pratique religieuse, ça donne un pastiche sincère mais pathétique : on a quand même eu droit à 6 témoignages différents au micro, dignes des plus grandes simulations de réception de trophées aux Oscars (avec un ressassement des souvenirs et des goûts avec/de la disparue, parfois carrément des révélations de secrets de famille ou des critiques sévères à l’égard de ma marraine, des portraits psychologiques avec la colonne des défauts plus remplie que celle des qualités!) : on ne savait plus où se mettre. On a même appris par le beau-frère que ma marraine aurait été prête à se « remarier » (What The Fuck?). Ça glose sur l’ « Amour » (même au nom de saint Paul) mais Jésus est complètement zappé. On a même entendu par une amie de la défunte une déclaration en anagramme (comme au collège) avec chaque lettre du prénom THÉRÈSE. À l’église Notre-Dame de Cholet, quoi!
Le moment le plus énorme, ça a été quand la Croix de Jésus a été oubliée (il a fallu retrouver le crucifix en 4ème vitesse) : les bobos veulent bien de la « lumière de la Résurrection », des bougies… mais certainement pas de Jésus ni de la Croix! Ils profitent sincèrement des deuils pour pleurer sur eux, pour s’épancher sur leur propre athéisme, pour s’endimancher comme ils peuvent (y’avait même une nana qui portait une couronne de fleurs, comme les mariées bobos), pour singer (sincèrement!) des étreintes Bataclan… Sérieux, pas besoin de venir dans une église pour faire ça. À mes yeux, la messe d’enterrement de ma maman il y a 4 ans a été un modèle de dignité, de sobriété, de Vérité, d’Amour, car Jésus était vraiment présent, et il n’y avait aucune place aux narcissismes.
Le plus révoltant (même si, sur le moment, j’en ai souri), ce n’est pas les maladresses d’ignorance des bobos. Car comment en vouloir à ceux qui parodient sérieusement les enterrements qu’ils ont vus dans les films ou dans leurs fantasmes? Beaucoup de gens rejettent Jésus par méconnaissance plus que par orgueil. En revanche, ma colère se dirige sur ceux qui connaissent la Vérité-Jésus et qui la renient en connaissance de cause : en l’occurrence ici, le prêtre qui célébrait (le père Pouplard) ainsi que la caste de vieux cathos soixante-huitards de la bourgeoisie choletaise (qui trouvent tout « beau » et « normal », et qui ont été infoutus de transmettre le goût de la foi à leurs enfants et petits-enfants enfants ; ils sombrent dans le relativisme subjectiviste le plus grave : « Pour nous, croyants, l’eau représente l’eau du baptême » : pas que pour nous, bon sang! ). Le curé, qui pourtant connaissait la foi de ma marraine et de mon parrain, a laissé faire cette messe avec ses accents païens. Le clou du « spectacle », ce fut, lors de son homélie sur le texte d’Evangile du Jugement Dernier « J’avais faim et vous m’avez donné à manger », le moment où il a sorti que le Jugement Dernier (le texte a d’ailleurs été tronqué à sa première partie, la moins « culpabilisante », comme par hasard…) n’était qu’une « parabole » donc « qu’une image » et que « ça ne se passera pas comme ça ». Ma soeur et moi, on s’est regardés à ce moment-là, pour être sûrs d’avoir bien entendu ce qu’on avait entendu. Même mon papa (qui animait les chants) a cherché mon regard dans l’assemblée et a deviné à distance que mon sang n’avait fait qu’un tour. C’était scandaleux. Intérieurement, j’ai aussi pu partager ce moment d’anthologie avec ma marraine, qui elle, de Là-haut, sait désormais que le Jugement Dernier n’est pas qu’une « image ».
Donc à ceux parmi vous qui m’avez demandé comment s’est passé l’enterrement de ma marraine, je dis « mal », même si ça a été une joie de revoir certains Choletais, mon père et ma soeur.
Je suis sur le chemin du retour vers Paris.