Je le sentais venir, étant donné la grande confusion mondiale actuelle des valeurs et du langage. Et c’est logique que ça arrive plus particulièrement sur un sujet aussi complexe que l’homosexualité ou bien Dieu ! : les prêtres tiktokers « gays friendly », genre James Alison ou James Martin (côté Outre-Atlantique), ou genre le « curé beau gosse » le père Matthieu (dans la veine du charismatique père Zanotti-Zorkine qui, s’il avait eu 20 ans de moins, aurait certainement adopté un canal similaire et le discours du prêtre qui met les pieds dans le plat et défend l’Évangile de l’Amour et de la déculpabilisation par rapport à l’homosexualité, en mettant en scène son soi-disant « courage » sacrificiel de mettre en jeu son statut de pasteur par le caractère transgressif et scandaleux de ses propos) débarquent sur les réseaux sociaux et arrivent en grands réformateurs du discours ecclésial (qu’ils jugent « poussiéreux », « faux », « homophobe ») sur l’homosexualité pour le dézinguer en deux, trois vidéos bien senties.
Ça dure 3 minutes. C’est efficace, et en apparence irréfutable, car ces prêtres enchaînent les poncifs langagiers du relativisme culturel (ils surcontextualisent par exemple les phrases bibliques pauliniennes les plus radicales pour les diluer dans une traduction-maison ou une exégèse approximative qui les relègue « savamment » au rang d’« anachronismes » : en gros, saint Paul = ta gueule !), enchaînent également les confusions mal identifiées par nos contemporains sur l’homosexualité (confusion entre franchise/sincérité et Vérité – top franc-mac’ au passage ! – ; confusion entre mal et péché ; confusion entre « signe de péché » – tous les héritages non-choisis du péché originel – et péchés – choix volontaire de se couper de Dieu ; confusion entre ressenti homosexuel et « identité/acte/amour/couple » homosexuels; confusion entre miséricorde et censure de la Vérité – le « Va et ne pèche plus » de Jésus devrait suivre le « Qui suis-je pour juger la personne pécheresse gay ? » du Pape François – ; et la pire – et quasi imparable puisqu’elle est maintenant adoptée par tous les catholiques officiels – la confusion entre différence des sexes et « hétérosexualité » – cette dernière étant le diable déguisé en différence des sexes).
Dans mon cœur, je ressens évidemment une profonde tristesse. Car tout cela n’arriverait pas si ça ne venait pas combler un vide, un flou, et même pire, une censure et un rejet. En effet, les personnes capables de parler correctement du sujet tout en incarnant/défendant le véritable message de l’Église sur l’homosexualité (et je pense en faire partie) ont été écartées, méprisées, muselées, et continuent de l’être. Et le documentaire « Les Folles de Dieu » n’est pas partagé sur les réseaux, est très peu relayé. Oui : quelle tristesse de voir le mensonge ou la confusion promotionnés et alimentés à présent par nos propres pasteurs, pourtant censés nous soutenir. Comme le chantait Teri Moïse dans sa chanson « Encore fou » : « Forts sont ces hommes qui ont tort quand la mémoire s’endort. Encore et encore. ».
Il faut bien mesurer une chose. Ces télévangélistes à col romain parlent en notre nom, à nous personnes homosexuelles croyantes et parfois continentes. Ils nous ignorent pour prétendre ensuite que nous n’existons pas, qu’il n’y a personne avant eux qui a osé parler du sujet, ou bien que personne ne leur a donné de réponse convaincante. Ils se gargarisent des argumentaires homophobes les plus simplistes pour ne pas avoir à aborder les arguments catholiques d’opposition à la pratique homo plus subtils et consistants. Ils balaient d’un revers de main les juste oppositions ou résistances à la pratique homo, en ironisant sur la bêtise de ce qu’ils nomment un peu vite « homophobie » afin de décrédibiliser les « cathos coincés » et « pharisiens » dont ils se croient l’antithèse. Ils frétillent de s’emparer d’un sujet aussi clivant, et socialement attirant que l’homosexualité (évidemment, il va sans dire que leurs vidéos sur cette thématique fait exploser leur propre compteur de vues et les propulsent au rang de stars de TikTok de 3 minutes jetant un pavé dans la mare de leur propre Église et les hissant à la place de courageux traîtres à leur propre camp !). Ils se sentent tout-puissants d’aborder un tabou aussi peu ou mal traité par les prêtres, les évêques et les fidèles catholiques en règle générale. L’homosexualité (et j’en sais quelque chose puisque j’en parle depuis plus de 20 ans, et que je n’ai pas fini d’en découvrir toutes les entrées !), c’est la poule aux œufs d’or, c’est une aubaine incroyable pour se faire une visibilité facile.
Un boulevard s’ouvre à eux… même si le discours de l’« Amour inconditionnel », dénué d’analyse et d’explication en profondeur des limites et des ambiguïtés du ressenti et de la pratique homosexuels, ne va pas pouvoir tourner indéfiniment en boucle ni faire long feu : la seule alternative de renouvellement/rafraîchissement du filon « homosexualité » pour ces curés gays friendly, je suis désolé de le leur apprendre, ça ne pourra être, à terme, que leur propre « coming out »… au moins bisexuel ! (coming out déjà annoncé à leur insu par leur narcissisme). Allez, encore un petit effort, les bellâtres « cools » en col romain… Pour faire plaisir à vos suiveurs… Pour parachever en couleurs votre apostasie…
N.B. : Il y aurait aussi beaucoup à dire sur les « réponses » formulées à la vidéo du père Matthieu, pas davantage concluantes que cette dernière, soit parce qu’elles sont dogmatiques, scolaires et pas argumentées (citer le Catéchisme de l’Église Catholique n’a jamais constitué un argument, et ne prouve rien!), soit parce qu’elles sont lâches et se focalisent sur les effets (le bordel ou scandale ou la controverse générés) plus que sur les propos en eux-mêmes (le fr Paul-Adrien esquive la question de la qualification de la pratique homo de « péché grave » et botte en touche, sans régler le réel objet du scandale : et le pire, c’est que Famille Chrétienne et beaucoup de catholiques appellent ça une réponse convaincante. C’est pathétique…).